THE BOSTON PUBLIC LIBRARY
JOAN OF ARC COLLECTION
3f9fq0r7fS'JSi-é-
:,^0g^
JEANNE D'ARC.
Les formalités prescrites ayant été remplies , je
poursuivrai les contrefacteurs suivant toute la rigueur
des lois.
V'VWX'V w^-v-vw^^v
Cet ouvrage se iroiwe aussi à Paris :
Chez NÈVE, libraire, au Palais de Justice ,
Et à Londres :
Chez Bossange et Masson , Dulau , Berthoud et Whealley.
DE L IMPRIMERIE DE PILLET.
JEANNE D'ARC,
ou
COUP-D'ŒIL
SUR LES RÉVOLUTIONS DE FRANCE
AU TEMS DE CHARLES Yl ET DE CHARLES YH,
ET SUR-TOUT DE
LA PUCELLE D'ORLÉANS.
PAR M. BERRIAT SAINT-PRIX.
AVEC UN ITINERAIRE EXACT DES EXPEDITIONS DE JEANNE D ARC ,
SON PORTRAIT,
DEUX CARTES, l'oNK DO SIÈGE Tl'oRllANS,
KT l'aDTRE du THtATRE DE LA GUERRE AU TEMS DE CHARLES Vil ,
PLUSIEURS PIECES JUSTIFICATIVES INEDITES, ET DES TABLES
CHRONOLOGIQUES ET ALPHABÉTIQUES.
A PARIS,
CHEZ PILLET, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
ÉDITEUR DE LA COLLECTION DES MŒURS FRANÇAISES,
RUE CHRISTINE, îs° 5.
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JEANNE D'ARC,
ou
COUP-DOEIL SUR LES RÉVOLUTIONS
DE FRANCE,
AU TEMS DE CHARLES VI ET DE CHARLES VII,
ET SUR-TOUT
DE LA PUCELLE D'ORLÉANS. '>
Vers la fm du i4® siècle, le successeur des
deux premiers Valois =) avait fait disparaître
les maux accumulés sur la France par leur
imprudence ou leur opiniâtreté, et rendu ce
royaume plus florissant que jamais.
Au dehors , on comptait plusieurs cliens ou
alliés , et l'on n'avait presque point d'ennemis.
Naguère maîtres de la moitié de notre terri-
toire, les Anglais se voyaient non-seulement
confinés 3) dans les ports de Rordeaux,
Rayonne et Calais , mais réduits à veiller à la
^'- A l'égard des dates mises en marge , çoyez ci-après les notes.
Observons seulement que l'année commençait alors à Pâques ;
de sorte que les derniers mois étaient janvier , février et mars ,
et quelquefois une partie d'avril. Voyez la note i , n" iv.
I
2 JEATSfTSfE D ARC.
défense de leurs propres Etats , que nos
flottes 4) menaçaient à chaque instant. Le
prince Noir n'était plus ; ^) un enfant^) occu-
pait le trône d'Edouard III ; les rênes du
gouvernement flottaient entre les mains d'au-
tres princes divisés '^) , et plus occupés de
leurs intérêts que du bien de leur pays
Tout nous rassurait contre des invasions
d'outre-mer.
Au midi , la maison de Castille nous devait
sa couronne ; et quoique la reconnaissance ne
soit pas la vertu des gouvxrnemens , cette
espèce de pudeur qui arrête quelque tems
les démarches trop souvent immorales de la
politique , nous promettait que les héritiers
de lionriTranstamare n'oublieraient point de
sitôt les services de Duguesclin.
L'Italie, à l'Orient, n'était pas en état de
faire même une menace. Le grand schisme de
la papauté amortissait les foudres spirituelles ;
Gênes voulait se donner à nous ; ^) la reine de
Naples nous demandait un successeur ; le duc
de Milan craignait d'en manquer ; les progrès
des Turcs et le soin de son commerce ab-
sorbaient l'attention de Venise ; 9) la Savoie
était trop faible pour penser à une agression :
occupée à repousser celles de l'Autriche et à
étendre sa confédération , la Suisse nous ser-
JEANNE d'arc. 3
vait de boulevart contre PAllemagne ; la Bour-
gogne appartenait à Pun de nos princes du
sang à qui plusieurs provinces des Pays-Bas
étaient déjà dévolues ; le souverain de la Lor-
raine cherchait un gendre et un héritier dans
la maison d'un autre ; toutes les forces de
TEcosse étaient à notre disposition : enfin , si ,
par une aberration passagère, notre monarque
avait voulu réunir la Bretagne^») à son em-
pire , le duc , satisfait de recouvrer ses Etats,
devait offrir au roi les moyens de réparer sa
faute sans déshonneur. >
Dans rintérieur, plus de séditieux ni de re-
belles ; une armée nombreuse et bien disci-
plinée , des généraux habiles , une noblesse
pleine de valeur , une marine déjà égale à celle
deCastille, supérieure à celle d'Angleterre ; ^^)
des revenus considérables , quoique les taxes
fussent modérées ; des finances bien adminis-
trées , un trésor immense ; des magistrats et
des fonctionnaires de tout genre formés par
l'expérience à une bonne gestion de leurs em-
plois; l'agriculture ranimée par l'expulsion
des bandes d'aventuriers qui l'opprimaient
jadis ; le commerce et l'industrie encouragés ;
les sciences , les arts et les études tirés du
long sommeil des siècles féodaux ; les citoyens,
enfin, tous réunis, ^2) et ne. formant, pour
i38c
^ JEANNE D ARC.
ainsi dire , qu'an faisceau autour d'un gou-
vernement dont ils appréciaient d'autant mieux,
les bienfaits et les services , qu'ils en jouis-
saient après vingt années de troubles ou de
dévastations Yoilà ce qu'était la France
vers i38o.
Cet état si prospère pouvait le devenir da-
vantage ; Charles V, à qui on le devait , était
jeune encore Hélas! la félicité de plusieurs
millions d'hommes est souvent attachée à
l'existence d'un seul. Le roi meurt ; ^4) l'admi-
nistration est transmise à un régent ; ^^) et
presqu'aussitôt un déluge de maux vient inon-
der la France pendant plus long-tems que
celui que Charles avait eu l'art de tarir.
Les dernières épreuves qu'on en a fait ont
inspiré contre les régences une prévention
qui s'est étendue jusqu'à nos jours : elle eût
été plus fondée et sur-tout plus utile au siècle
de Charles. Aujourd'hui , un régent n'est que
le premier sujet du monarque ; alors , c'était
quelquefois vm souverain : aujourd'hui , il
peut être tenté de grossir sa fortune aux dé-
pens des revenus de son prince ; alors , il de-
vait être induit à augmenter sa domination , à
l'aide et des capitaux et des forces de l'Etat.
Charles Y avait craint le premier inconvé-
nient ; il ne fut pas assez frappé du second ,
JEAN^E d'arc. 5
ou peut-être son cœur généreux lui en avait-il
atténué le danger : qui sait , d'ailleurs , si les
lois et l'opinion eussent admis ou toléré les
mesures propres à le prévenir ? Quoi qu'il
en soit, Charles n'usa que de précautions ti-
mides, et par conséquent inefficaces.^^) Le
premier soin du régent , le duc d'Anjou , son i38i.
frère puîné, fut de s'emparer des trésors»?)
de la monarchie. C'est sur ces trésors qu'on
en avait sur-tout fondé la prospérité , et avec
d'autant plus de raison que les finances des
pays voisins étaient entièrement délabrées.
Mais avait-on pu compter qu'un tel motif les
ferait respecter d'un homme dans le cœur
duquel un orgueil inouï semblait n'admettre
que la cupidité propre à le satisfaire ? La qua-
lité de premier prince du sang , la dignité
éminente de régent , offraient de trop légers
alimens à sa vanité : il lui fallait une cou-
ronne ; »^) et l'espérance de conquérir Naples
légitima à ses yeux son attentat , le pillage »9)
des peuples dont il le fit suivre, faute de moyens
pour combler le déficit qu'il avait produit :
enfin , l'établissement de nouveaux impôts
pour suppléer à la ressource insuffisante des
exactions ; ^o) impôts qui causèrent des révoltes
et forcèrent le gouvernement à des mesures
de rigueur, par lesquelles il commença à s'a-
6 JEANNE d'arc.
liéner le respect et Taffection des citoyens.
Le lëgent n'avait pas achcA^é les préparatifs
de l'expédition où, en juste punition de ses
fautes, il perdit bientôt la vie,=^0 qu'un de
ses frères , Philippe-le-Hardi , duc de Bour-
gogne , entraîna , pour son propre intérêt , =^2)
le jeune fils de Charles Y à une autre guerre.
La Flandre , qui devait écheoir un jour à son
épouse, ne donnait qu'une puissance précaire,
parce que les Flamands , enrichis par le com-
merce , luttaient sans cesse contre leurs sou-
verains : on fit marcher le roi avec une armée
formidable pour les réduire. La victoire de
i382. Rosbecq, 2^) en leur portant un coup dont ils
ne se relevèrent plus , affermit l'autorité des
comtes , et, par la suite, celle de la maison de
Bourgogne. Ainsi , les revenus de la monar-
chie et le sang dé nos aïeux servirent à cimen-
ter un Empire qui, vingt ou trente ans après,
faillit à renverser le nôtre. Ce n'est pas que
Philippe manquât de vertus ou d'attachement
pour la France ; mais l'ambition étouffait en
lui tous les bons sentimens : il ne se permet-
tait guère d'être honnête homme qu'autant
qu'il gouvernait l'Etat , et que par-là il pou-
vait faire le bien de sa famille. ^4)
Quoique le second frère de Charles V,
Jean, duc de Berry, ne cherchât point de
JEANNE B ARC. ^
couronne, ^^) il n'en contribua pas moins aux
malheurs publics. Sa vie fut une continuité
de dissipations si extravagantes , qu'il ne resta
absolument rien -6) des rapines de toute espèce
qu'il commit pendant trente-six années , et
sur presque tout le royaume , pour assouvir
sa prodigalité, si ce n'est quelques palais ou
églises, et beaucoup de reliques. ^7) A celte
passion , il joignait une basse et pernicieuse
jalousie. Des préparatifs avaient été faits pour
une expédition contre l'Angleterre, qui, selon
toute apparence , eût prévenu pour long-tems
une guerre entre les deux pays. ^8) On était
sur le point de mettre à la voile ; on n'atten-
dait plus que lui, et, devenu premier prince
du sang , on était forcé de l'attendre : il fit
manquer l'entreprise, de crainte que CharlesYI iSSG.
n'en eût seul tout l'honneur. ^g)
Avoir peint ces princes , c'est avoir donné
une idée de ce que fut et de ce qu'éprouva la
France pendant les huit premières années du
règne de Charles YI , époque de leur admi-
nistration , et de ce qu'elle dut éprouver dans
la suite et jusqu'à leur mort, lorsque la dé-
mence de ce monarque leur permit de ressai-
sir le pouvoir, ou de combattre ou intriguer
pour l'obtenir.
Cependant, qui l'eût cru? nos aïeux au-
8 JEANNE d'arc.
raient été cent fois moins à plaindre si Philippe
et Jean eussent yécu autant que Charles, ^o)
et si celui-ci eût été toujours en clémence ^0
et sous leur tutelle.
i388 à 1392. Et d'abord , l'administration qu'exerça
Charles directementpendant quatre années, ^^)
depuis qu'il les eut éloignés , ne fit que livrer
l'Etat à de nouveaux déprédateurs , les mi-
nistres et les courtisans, plus hardis 3^) que
les deux princes, parce qu'il leur fallait ac-
quérir là où ceux-ci n'avaient besoin que d'ac-
cumuler; et que Charles, bouillant, emporté,
sans caractère , sans application , plein de ca-
prices et de fantaisies , se livrait entièrement
à leurs conseils , ^4) pourvu qu'ils le débarras-
sassent du fardeau du gouvernement, qu'ils
fournissent des alimens à son esprit inquiet, ^^)
avide de plaisirs , ^^) de distractions et de pro-
jets chimériques. L'un d'eux, du reste recom-
mandable par ses exploits , ^7) Olivier de
Clisson, successeur de Duguesclin , poussa
l'abus de son crédit jusqu'à faire déclarer la
guerre au duc de Bretagne , sur le simple
soupçon que ce prince donnait un asile à un
ennemi , non du roi , mais du connétable. ^8)
Les ducs de Berry et de Bourgogne , irrités
de ce que d'autres s'étaient saisis des dé-
pouilles de la France , d'une proie qu'ils s'é-
JEANÎsE d'arc. g
taient accoutumés^ à regarder comme leur pa-
trimoine , attendaient avec impatience , et en
frémissant , une occasion de se venger.
Le mauvais génie de la France la leur four-
nit bientôt , si toutefois ils ne la firent pas
naître. L'apparition du prétendu spectre ^9) 5 août iSgi.
qui causa le premier accès de folie de Charles;
cette apparition au commencement de l'ex-
pédition de Bretagne , à laquelle ils s'étaient
opposés, parce que le duc était leur allié;
leur soin de ne faire aucune recherche sur
cette manœuvre , leur empressement à aban-
donner l'expédition en reprenant l'autorité ,
leurs poursuites instantanées et actives contre
les ministres qui 4©) auraient pu saisir le fil de
la trame que cachait l'apparition , tout
donne le droit de les en accuser. 40
Quoi qu'il en soit, on pressent , d'api'ès le i.itjaàK^oH.
caractère de ces tuteurs, que la France ne
devint guère plus heureuse , parce qu'ayant à
réparer le tems perdu sous le règne des mi-
nistres , il était naturel qu'ils s'attachassent
avec plus d'ardeur aux moyens propres à fa-
ciliter leurs déprédations et augmenter leur
pouvoir; et, en effet, ce seul trait suffit à
l'histoire des six années pendant lesquelles ils
disposèrent du royaume sans contradiction.
Hélas î il faut le répéter : cet état déplorable
10 JEAÎ^NE D ARC.
devait faire place à un plus déplorable encore î
Pendant cet intervalle, le frère du roi, Louis,
duc d'Orléans, et la reine, avançaient dans rage
de la maturité. Louis avait un extérieur très-
avantageux : affable , gracieux , maniant la pa-
role avec facilité et éloquence, obligeant , gé-
néreux, il gagnait l'esprit, subjuguait l'affec-
tion avant qu'on eût pu l'approfondir ; mais
sa conduite dévoila bientôt les secrets de son
caractère et de son cœur. 4^) Fastueux par
goût , dissipateur sans mesure , déprédateur
non moins audacieux que ses oncles , dé-
pourvu des talens militaires et administratifs
de l'un, 43) il portait à l'excès un vice qu'on
n'imputait à aucun des deux. Immolant tout
à son penchant pour la débauche , il osa
souiller jusqu'au lit de son frère , de son sou-
verain ; et cela , dans le tems où il observait
avec scrupule les pratiques de la plus vile su-
perstition! 44)
On juge aussi par -là du caractère de sa
complice , Isabelle de Bavière Arrêtons-
nous ; son nom seul apprend tout : quatre
siècles n'ont pu effacer l'horreur qui y est
attachée dans la mémoire des Français.
Ce couple criminel devait désirer le pou-
voir ; il n'eut pas de peine à l'obtenir dans un
instant où Charles jouissait d'une lueur de
JEAÎÎÎ^E d'arc. II
raison ; 4^) et , il faut Tavouer, la régence sem-
blait appartenir à Louis, 4^) être dévolue à
son rang de premier prince du sang. Il n'eut
l'art ni de Pexercer ni de la conserver : taxes
sur taxes , concussions sur concussions , 4:)
étaient toute sa science politique ; encore ne
savait-il en voiler l'odieux que par des pré-
textes ridicules, qu'il abandonnait même aussi-
tôt qu'il en avait recueilli le fruit. Ce sys-
tème , dont on ne pouvait entrevoir le terme ,
puisque Louis, noyé de dettes, 4^) faisait
chaque jour des emprunts, et avait à conten-
ter l'avarice insatiable d'Isabelle, acheva de
ruiner sa réputation , déjà ébranlée par sa
liaison avec cette femme perfide. 49)
Le duc de Bourgogne , profitant des fautes
de son rival, s'attacha à le décrier. ^o) Userait
tout au plus digne de blâme , peut-être même
aurait-il droit à des éloges , s'il se fût borné
à préparer la disgrâce de Louis ; mais il établit
le crédit de sa famille sur les ruines de l'au-
torité légitime , et il ne fallut pas moins de
trente années pour dessiller à cet égard les
yeux des Parisiens , dont l'aveuglement n'avait
pu être guéri , ni par les maux où il les avait
précipités, ni par les crimes du successeur
de Philippe. Un second éclair de raison 5» de
Charles donna à Philippe le gouvernement,
12 JEANNE d'arc.
que Louis chercha à ressaisir dans d'autres
momens lucides. Charles servait de jouet ^2)
ou de mannequin aux deux factions qui de'so-
laient la monarchie ; il ne recouvrait quelques-
unes de ses facultés que pour apercevoir Thor-
reur de sa situation , et fournir des armes
propres à Taggraver : retombé en démence ,
il était abandonné à un dénuement dont on
frémit, ^^) lorsqu'on en lit les détails. Plus
malheureux que ce prince dont le premier
des poètes a dit avec tant d'énergie :
L'imbëcille Ibraïm, sans craindre sa naissance,
Trame, exempt de pe'rils , une éternelle enfance;
Indigne e'galement de vivre et de mourir ,
On l'abandonne aux mains qui le daignent nourrir.
Plus malheureux qu'Ibraïm, Charles savait
que ceux qui disposaient de ses revenus , que
son frère , que son épouse , quoique plongés
dans le faste, ne daignaient pas même lui
faire fournir, que dis- je ? faire aussi donner à
ses enfans des habits , et jusques à du pain ! ^4)
Cinq années s'étaient écoulées dans cet état
de troubles. Philippe meurt au commence-
ment de i4o4 :^^^ aussitôt Isabelle et Louis ^
croyant n'avoir désormais personne à ménager
ou à craindre , se livrent à tous les emporte-
mens dé leurs passions ; ils ne gardent aucune
JEANNE d'arc. i3
mesure 5^) dans leurs déprédations et leurs dé-
bauches.
On est fatigué de n'avoir à peindre que des
êtres courbés sous le poids de l'immoralité ,
et cependant il reste à remplir une tâche bien
autrement pénible ; il faut parler d'un des
plus grands scélérats qui aient souillé les fastes
de l'histoire , du fils de Philippe , de Jean-
sans-Peur, qu'on nommerait plus justement
Jean-sans-Yertus , s'il n'avait pas montré des
talens pour la guerre , et de l'éloignement
pour une vie licencieuse. Il serait plus facile
de citer les vices qu'il n'avait pas , que d'énu-
mérer ceux dont il était gangrené : orgueil ,
ambition, audace, haine, vengeance, cruauté,
perfidie Coupons court à cette liste révol-
tante , en indiquant le trait que nous aurions
réservé pour le dernier coup de pinceau , si
nous avions eu le courage de la terminer.
Jean avait l'art de se déguiser complètement
à l'aide d'une hypocrisie ^7) cent fois plus dan-
gereuse que tous ces mêmes vices. ^^)
Fort de semblables armes , à peine les
cendres de Philippe sont froides , que Jean se
lance dans l'arène. Charles avait nommé Louis avril 140a.
lieutenant-général du royaume ; mais il avait
aussi créé un conseiP9) composé des princi-
paux personnages de l'Etat , dont les décisions
l4 JKANNE d'arc.
i4o4- devaient faire loi. Jean y demande et obtient
une place ; outre qu'elle était due à son rang,
on ne connaissait point son caractère. La
première fois que Louis veut user de sa mesure
favorite d'administration (on devine qu'il s'agit
d'une nouvelle taxe), Jean s'y oppose ;^o) il
peint avec chaleur la misère des peuples, les
concussions des maltôtiers : son avis n'est
point suivi , ainsi qu'il s'y attendait et le dé-
sirait. Il a soin de faire circuler le résultat de
l'assemblée , et de rappeler la conduite et les
dilapidations des Orléanais. Les Français , et
sur-tout les Parisiens, étaient déjà trop bien
disposés pour sa famille : dans un instant , il
en devient l'idole , autant que Louis et Isa-
belle en sont le mépris et l'horreur. ^0 II a
ensuite l'art d'accroître leur affection et d'ai-
grir leur haine , en feignant d'être forcé de
chercher un asile dans ses Etats ; ^^) mais ,
afm de ne pas leur donner le tems de se re-
froidir, il revient bientôt avec un corps de
i4oj, troupes. Isabelle et Louis s'enfuient ^^) et
arment. Les gens sages préviennent une guerre
civile; on parvient à réconcilier ^4) ou plutôt
à apaiser les deux factions , en partageant le
gouvernement entre ceux qui les dirigeaient.
Il semble que cet échec et les années au-
raient dû inspirer quelque retenue au duum-
JEKLANE d'arc. i5
virât : Isabelle n'en fut que plus empressée à
thésauriser, et Louis à dissiper et redoubler
d'impudeur dans ses débauches. Enhardi de
ce que son commerce avec la reine était im-
puni , il séduisit ou se flatta d'avoir séduit
l'épouse de son rival ; il eut même l'audace
d'offrir aux regards de celui-ci les gages et les
preuves de son triomphe. ^^) Un tel outrage
méritait une punition , et , d'après les opi-
nions et usages du siècle , exigeait une ven-
geance. Un véritable chevalier eût appelé le
diffamateur en champ clos; Jean dissimula ,
et , peut-être joyeux de ce que sa honte lui
fournissait une excuse auprès des Parisiens ,
il fit assassiner Louis. 6^)
Il ne se trompa point. Un peuple frivole ^7)
comparait la réserve de ses mœurs aux débor-
demens de sa victime ; et l'assassin fut non-
seulement excusé , mais il trouva des apolo- 8 mars 4o:
gistes jusque dans les niinistres de l'Eternel. ^^)
Maître de l'esprit des habitans de la capi-
tale ; soutenu par l'Université , ^9) dont les
lumières exerçaient beaucoup d'influence;
disposant des forces de plusieurs provinces ,
il ne lui manquîiit , pour régner sur la France,
que de couvrir ses entreprises du nom sacré
du monarque. 70) Il réussit sans peine à se
saisir de ce fantôme , que l'héritier de la cou-
23 nov. 1 jo;
ï6 JEANNE d'arc.
ronne , le dauphin Louis, à peine adolescent
et déjà méprisé pour ses désordres, 70 ne
pouvait lui disputer.
>4i«>. Les princes et la plupart des grands se
liguent 72) contre lui; les uns , pour opposer
quelques obstacles à son ambition ; d'autres ,
tels que les enfans du duc d'Orléans , pour
satisfaire leur vengeance ; d'autres , pour se-
couer le fardeau de son administration tyran-
nique ; presque tous , pour augmenter leur
pouvoir à la faveur du bouleversement qu'ils
occasionnaient.
On arme de tous côtés, 7^) et, de tous côtés,
l'autorité légitime est méconnue 74). L'Etat
est plongé dans l'anarchie ; chaque maison de
plaisance , donjon bu château , devient une
forteresse où tout officier qui peut réunir
quelques soldats s'établit le tyran des villages
voisins , dont il leur livre le pillage pour
solde , toutes les fois que les chefs des prin-
cipales factions n'ont pas besoin d'acheter
leur secours.
Le duc de Bourgogne était à la tête du plus
puissant des deux partis; le .comte d'Arma-
gnac, beau-père du jeune duc d'Orléans,
dirigeait l'autre , et lui donna même son nom.
Il n'était point , il est vrai , de la famille
royale, mais, souverain d'une contrée assez
JEANNE d'arc. ly
vaste , issu de la maison la plus ancienne de la
France , allié à toutes celles qui avaient quel-
qu'illustration , ne le cédant en bravoure à
aucun de ses contemporains, et supérieur à
tous par ses talens et son génie , l'opinion pu-
blique lui déféra cet honneur, dont il se mon-
tra digne par son caractère égoïste, ambitieux,
haineux, hautain, vindicatif et cruel. 7^)
Dès-lors , et pendant plusieurs années , les
deux factions s'agitent et se combattent pour
se saisir de la capitale , du roi et du dauphin,
ou pour se les enlever. Les citoyens honnêtes,
victimes des fureurs 7^) et des Bourguignons
et des Armagnacs , s'efforcent de ramener la
concorde : plusieurs trêves , plusieurs paix
sont signées et jurées , et presqu'aussitôt vio-
lées; la France n'est, de toutes parts, qu'un
théâtre de dévastations et de carnage. 77) Dans
un de ces instans où le duc de Bourgogne dis-
pose de Paris , il arme, afin de s'en assurer
pour long-tems la domination, tout ce qu'il
y a de plus de vil et de plus féroce : les bou-
chers 78) et les écorcheurs deviennent les sa-
tellites d'un prince du sang , d'un des pre-
miers potentats de l'Europe. Les partisan^ des
Armagnacs sont abandonnés 799 à cette tourbe
de brigands ; les proscriptions de Marius
et Sylla sont renouvelées et presqu'effacées.
l8 JEANINE d'arc.
L'excès des désordres donne quelqu'ënergie
aux hommes modérés ; ils sont secondés par
le dauphin Louis , qui était impatient du joug
Août i4i3, du duc de Bourgogne , et qui essayait de for-
mer un parti. 80) On se consulte , on se ras-
semble ; enfin , on s'empare de la capitale ,
mais c'est pour la livrer aux Armagnacs. ^O
Ceux-ci n'arment point la multitude ; S-) leur
administration n'en est guère plus douce. Les
Bourguignons sont poursuivis et opprimés ; ^^)
le moindre mouvement , le moindre projet en
leur faveur est un crime, et un crime puni de
mort aussitôt que soupçonné , et presque tou-
jours sans jugement.
Déjà vingt années se sont écoulées depuis
la démence de Charles YL Pendant les troubles
qui remplirent ce long espace de tems , l'en-
nemi ordinaire de la France n'avait presque
pu lui nuire. D'abord , le successeur d'Edouard,
Richard II , détesté de ses sujets, avait eu be-
soin de l'appui de Charles ; ^4) ensuite , le duc
iSgg. de Lancastre , qui le détrôna , ^^) occupé d'af-
fermir son usurpation et de se défendre contre
les Ecossais et les Gallois, fut long-tems hors
d'état de nous attaquer. 8^) Plus tranquille sur
la fm de ses jours, la politique de Henri IV
consista à entretenir nos divisions, afin d'en
J EANNE D ARC. ig
tirer parti lorsque l'occasion s'en présente-
rait : il y parvint en fournissant tour-à-tour,
à chacune des deux factions, des secours suf-
fisans pour maintenir entr'elles une espèce
d'équilibre. ^7)
Nous voici arrivés à une époque où nous
sommes tentés d'abandonner notre tâche, pour
être dispensés de rappeler l'ignominie dont
se couvrirent nos aïeux. L'historien est , il est
vrai , compatissant pour les erreurs , mais
aussi sans pitié et même sans indulgence pour
les vices et les crimes. Plus à plaindre qu'un
juge , il n'est pas libre , comme lui , de se ré-
cuser lorsqu'il a à prononcer sur la cause de
sesparens et des personnes auxquelles il prend
quelqu'intérêt : loin de là, il est obligé de
fermer son cœur à tous les sentimens tendres ,
pour flétrir sans ménagement ceux qui man-
quèrent aux lois de la vertu. Il ne doit pas
se borner à dire , avec le plus illustre de ses
modèles : Mihi Galba , Oiho , T^itellius , nec
beneficio^ nec injuria cogniii; il faut, ou qu'il
jette la plume , ou qu'il adopte et suive pour
maxime : Amiens Plaio , magis arnica veiitas.
Toutefois , dans ces fonctions si pénibles , une
considération est bien propre à le soutenir :
il se dit que son tribunal est presque le seul
frein du pouvoir et du crédit, de quelque
20 JEAKISE d'arc.
source qu'ils résultent. Riches, guerriers,
e'crivains, savans, magistrats, administrateurs,
pontifes, ministres, potentats , tous sont
jaloux de laisser une mémoire honorée , et
tous savent que , tôt ou tard , elle sera tra-
duite et jugée sans appel à ce tribunal inflexi-
ble ; et sans doute la crainte du pinceau
vengeur de quelque Tacite a étoufle les pro-
jets de plus d'un jeune Néron.
i4"' On pressent que c'est le duc de Bourgogne
qui osa, le premier, réclamer et recevoir les
secours ^^) des Anglais ; mais s'il fut coupable
de trop de diligence , les Armagnacs le furent
cent fois plus dans les conditions qu'ils sous-
i4", crivirent^9) pour lui enlever cette protection
infamante. Qui pourrait contenir son indigna-
tion en voyant les premiers princes du sang ,
les ducs de Berry, d'Orléans et de Bourbon ,
et le comte d'Alençon , se reconnaître les
vassaux , et se qualifier les sujets du roi d'An-
gleterre ; lui promettre un hommage de leurs
apanages et forteresses; s'engager, enfin, à
lui faire rendre tout ce que Charles Y avait
reconquis de la Guienne sur Edouard III ?
Cette fois , ils ne tirèrent aucun fruit de
tant de déshonneur ; la France seule en fut la
victime : l'adroit Henri n'envoya des troupes
ruiliet i4ia. auxiliaires qu'après un traité conclu à Bour-
JEANNE D ARC. 2t
ges9o) entre les deux factions. Ne trouvant
point d'ennemis à combattre , les Anglais ra-
vagèrent 91) plusieurs de nos provinces : on ne
put arrêter le cours de leurs brigandages
qu'en leur payant une espèce de rançon, et
les laissant reprendre quelques édiles de la
Guienne, avecTaide du comte d'Armagnac, 9^)
qui, pour le moment, aima mieux persister
dans sa honteuse alliance que se réconcilier
avec le duc de Bourgogne.
Ce n'était là qu'un léger prélude des maux
qu'ils devaient nous faire souffrir. Henri IV
meurt vers le mêmetems,93) et est remplacé i4i3.
par un héros. Non moins valeureux que nos
militaires les plus distingués, Henri V les
surpassait dans presque tout le reste : fermeté,
prudence , activité , sagacité , tout faisait de
lui le premier homme de son siècle. Dégagé
du titre d'usurpateur, qui nuisait à son père,
il profitait des travaux de celui-ci : adoré de
ses sujets , il disposait de leur fortune et de
leur sang; à l'abri de toute inquiétude au-
dedans, il pouvait satisfaire impunément sa
soif pour les conquêtes. 94)
Cependant, malgré tant d'avantages , Henri
eût vraisemblablement échoué dans ses pro-
jets , sans nos divisions ; on ne saurait guère
en douter, lorsqu'on examine combien peu il
22 JEANNE DARC.
tira de profit de l'exploit glorieux qui signala
son début, et auquel il s'était pourtant pré-
paré pendant deux ans avec tout l'art d'un
guerrier et d'un négociateur consommé. 9^) On
nomme déjà la bataille, ou plutôt la boucherie
iS ocf. i4i5. d'Azincourt , où périt ou bien fut prise l'élite
de la noblesse française. 9^) Elle ne valut à
Hemi qu'une retraite paisible en Angleterre;
et ce n'est qu'au bout de deux autres années
qu'il put reprendre l'exécution de ses des-
seins. 97)
On s'attend que les Français profitèrent de
ce répit ; qu'effrayés de leurs revers , ils se
réunirent contre l'ennemi commun Hélas!
il n'y avait plus de patrie ; on ne voyait que
des factions. Outre les deux partis principaux
déjà connus , on en distinguait un troisième
que le dauphin Louis avait réussi à former ;
enfin, Isabelle.... Isabelle elle-même avait le
sien! C'est ce qui a fourni à un écrivain cé-
lèbre 9^) l'occasion d'une réflexion qu'on a ci-
tée , quoique plus ingénieuse que solide : Le
roi seul, dit-il , n'aidait point de parti. Eh ! il
aurait été à désirer qu'en effet Charles VI
n'eût été secondé de personne ; les séditieux
qui s'emparaient de lui ne se fussent point
servi de son nom et de son autorité pour se
procurer l^ppui ou au moins obtenir la neu-
JEANNE d'arc. 23
tralité de tous les fonctionnaires et citoyens
fidèles aux lois du devoir et de Thonneur. Au
surplus , nous n'indiquons le parti du dau-
phin , qui disparut bientôt à la mort de ce i8 déc. i4i5.
prince , 99) que parce qu'avec un chef plus es-
timé, et doué de plus de capacité ,^oo) il a^.
rait anéanti les trois autres , sur-tout vers le
tems de la bataille d'Azincourt , où l'héritier
de la monarchie en avait été fait le lieutenant-
général , et où il était maître de la capitale et
du roi. Loin de là , on mit l'une et l'autre sous
la domination du comte d'Armagnac /°0 que i4i^-
Ton nomma connétable , et qui , pour fortifier
son crédit, voulut seul entreprendre de
chasser les Anglais , en assiégeant le port
d'Harfleur, i»^) fruit unique , mais précieux ,
de l'expédition de Henri V.
Deux victoires navales , ïo3) dont l'une rem- i4i6-
portée par le duc de Bedfort , firent évanouir
les plans et les espérances du connétable , et
enhardirent le duc de Bourgogne à consom-
mer son déshonneur et la ruine de la France,
en signant un traité tellement ignominieux, »^4)
qu'il en rougit lui-même , et que , soit par po-
litique , soit à cause de ce reste importun de
honte, l'on en cacha les détails avec tant de
soin , qu'il a fallu trois siècles pour les dévoi-
ler. Il y reconnut le roi d'Angleterre pour roi
s4
de France et pour son propre souverain ; il
s'y engagea à combattre Charles et ses enfans
par toutes les voies possibles, jusqu'à ce qu'ils
fussent détrônés ; et cela , sur la foi de son
corps et par parole de prince! La plume
tombe des mains.
Les échecs qu'il venait d'éprouver, et sur-
tout cette confédération, auraient éclairé le
comte d'Armagnac sur ses véritables intérêts,
si le bandeau que l'esprit de faction jette sur
5 avril i4i6.* Ics ycux était moins épais ; la mort rapide »o5)
des fils aînés du roi acheva de l'aveugler. As-
suré de l'appui ^o*^) du troisième (Charles VII),
1417. il ne s'occupe que d'un objet , la conservation
de sa propre autorité ; et tous les moyens
pour y parvenir lui paraissent légitimes. Pour-
vu qu'il se maintienne dans Paris , et qu'il y
dispose du monarque, peu lui importe que
les Anglais envahissent ^07) une seconde fois
notre territoire , et emportent successivement
toutes les places de la Normandie ; que le
duc de Bourgogne soumette ^^'^) tout le nord
du royaume ; que la France , en proie à tous
les partis, soit saccagée d'un bout à l'autre:
il ne cherche presque qu'à faire des ennemis et
* Six jours avant Pâques, ou avant il^ij ^ mort de
Jean, second Dauphin. Voy, ci-après, note io5.
JEANNE d'arc. 25
à lui-même et au dauphin. Comme si le roi
n'eût pas été assez à plaindre , il choisit ce
moment pour lui donner la preuve , pour le
rendre témoin des débauches d'Isabelle ; ^09)
et , ce qui était encore.plus criminel aux yeux
, de cette Frédégonde, il enlève, de concert
avec le dauphin , les trésors qu'elle n'avait
cessé d'entasser, malgré la misère publique. "<>)
De là cette haine furieuse qu'Isabelle voua à
Charles VII, et, qu'indigne du titre de mère ,
elle conserva jusques au tombeau.
Loin de réparer ses fautes (et, dans le lan-
gage de la politique , une faute est pire qu'un
crime ) , le connétable les aggrava"') par
son administration : taxes de plus en plus ac-
cablantes , exactions de tout genre , destitu-
tions, bannissemens, supplices , on eût dit
qu'il voulait , à tout prix , et se perdre et en-
traîner dans sa chute l'héritier du trône , qui
s'abandonnait à sa direction.
Tel fut, en effet, le triste résultat de ses
sombres et fausses mesures. Quelque fortes
que soient les chaînes tendues par le despo-
tisme , il est difficile qu'elles ne soient pas
rompues, lorsque le poids en est trop lourd.
Des Parisiens parviennent "^) à introduire les 29 mai 1418.
Bourguignons dans leur ville, et, dans un
clin-d'œil, la puissance du connétable dispa-
26 JEAIVNE d'arc.
raît. Que n'est-il possible d'arracher de nos
annales le récit des horreurs dont le parti
victorieux souilla son triomphe ! La journée
du 12 juin r4i8, ^'3) où l'on massacra dans les
prisons tous les Armagnacs, y est écrite en
caractères si sanglans , que ni la main du tems
ni la plume des historiens chargés d'y vsubsti-
tuer l'exposé de journées modernes du même
genre , n'ont pu en effacer la trace. Hâtons-
nous de tirer le rideau sur ces atrocités ; ob-
servons seulement que le duc de Bourgogne
vint, par sa présence, en consacrer d'au-
tres "4) auxquelles présidait un brigand, qu'il
ne dédaigna pas de traiter avec amitié et pres-
que comme un égal, Capeluche, ^^^) bourreau
de la capitale : elles ne cessèrent que lorsque
le duc n'en eut plus besoin , lorsque, sûr dé-
sormais de Paris et de la reine , qui , •tourmen-
tée par la soif de la vengeance , s'était jetée
entre ses bras , "^) et disposant de l'autorité
du monarque , il fut libre de se livrer à toutes
les inspirations de l'ambition dont il était
dévoré.
Il se trouva alors dans une grande per-
plexité. Maître en quelque sorte de la France,
il n'avait plus intérêt à favoriser les Anglais,
parce que , devenus maîtres à leur tour, i' 7) ils
auraient pu l'opprimer: d'un autre côté, son
JEANNE D ARC. 27
appui semblait réclamé par le dauphin , qui ,
grâce au dévouement d'un ser\ileur coura-
geux,"^) avait été tiré de la capitale au mo-
ment de la révolution, et qui était beaucoup
moins à craindre pour le duc. Agissant de
concert , ils auraient facilement abattu Fen-
Tiemi commun. Les vrais amis de la patrie se
montrèrent derechef, et essayèrent de les
rapprocher : on s'accorda , ou l'on parut s'ac-
corder. Les Anglais commençaient à trem-
bler *»^>) et la France à respirer, lorsqu'à une
entrevue projetée pour resserrer les nœuds
de l'alliance , le duc fut massacré , en la pré- losept. 1419.
sence du dauphin, sur le pont de Monte-
reau. ^^^)
On se dispute encore aujourd'hui sur les
circonstances et les auteurs de ce forfait (car
le meurtre d'un scélérat n'est pas moins un
crime que celui d'un homme de bien). Fut-il
prémédité ou l'effet du hasard? on ne le sait
guère mieux. Toutefois , au travers des con-
tradictions, des réticences et de l'obscurité
des divers récits , soit des témoins , soit des
historiens du tems , ^2*) on découvre avec sa-
tisfaction que Charles YIl n'y eut aucune
part ; ^^^) et la répugnance qu'il manifesta pen-
dant le reste de sa vie pour toute espèce
d'acte de violence , en est aussi une preuve ;
20 JEANNE D ARC.
mais on a de la peine à croire qu'il n'ait pas
ensuite approuvé, au moins tacitement, l'at-
tentat qui le délivrait de son plus dangereux
ennemi , puisqu'il continua sa faveur à ceux
qui le commirent ou qui saisirent l'occasion
de le commettre.
Quoi qu'il en soit (effrayante, mais pro-
fonde leçon de la justice éternelle ! ) , si la
mort du duc d'Orléans n'avait été vengée que
par des remords et des alarmes , ^^^) celle de
son assassin fut expiée par la ruine presque
totale du parti de Charles YIÏ. Philippe-le-
Bon , successeur de Jean, était un adversaire
bien autrement redoutable : Jean se présen-
tait entouré de crimes ; on ne connaissait dans
Philippe que des vertus. Les Français, étran-
gers aux factions , s'éloignaient de l'un , parce
qu'il combattait son prince et son pays; ils
excusaient la conduite de l'autre sur le de-
voir de venger la mort d'un père. Du reste,
Philippe , avec les talens militaires de Jean ,
eut bientôt une puissance plus formidable ,
par l'acquisition de l'héritage des souverains
de Brabant et de Hainaut. *
Ptéuni à Henri V et à Isabelle, ayant entre
leurs mains les signes de la royauté en la per-
-p roy, ci-après noies 171 et 17:!
JEANNE D ARC. 2Q
sonne de Charles VI , le dauphin était pour
eux un bien faible ennemi. ^4) Huit mois après
le meurtre de Jean , le dauphin en est déclaré
coupable ; on le déshérite , on le bannit , on ^^ ^^^ *^^*^*
donne la main de sa sœur et la couronne de
France au roi d'Angleterre. ^^^)
Heureusement pour le dauphin , Henri fut
obligé de passer à Londres, i^^) Il avait besoin
d'argent et de renforts , ^=^7) et il cherchait à
nous priver de l'alliance des Ecossais , qui
venaient de nous envoyer des troupes. ^^^^^ 129)
Pendant son absence , qui dura quatre ou cinq
mois , *2°) le parti du dauphin se ranima , sur-
tout après la petite bataille de Baugé^^^i) qu'on '- ""^^^ ^^^^•
gagna , moins par de sages dispositions que
parce qu'on eut affaire à un général impru-
dent , le duc de Clarence , et qui fut suivie
de la réduction de quelques forteresses.
Le retour de Henri avec des subsides , des
munitions et une armée de plus de quarante
mille hommes, ^^^) mit un terme à ces légers
succès. Il régla en peu de jours les affaires de
l'intérieur, et ouvrit bientôt la campagne.
Il s'empara d'abord de plusieurs places , et
entr'autres de Meaux , l'une des plus impor-
tantes du royaume , »33) soit par ses fortifica-
tions , soit par sa situation sur la Marne , à
quelques lieues de Paris , dont elle pouvait
3o JEAî^NE d'arc.
intercepter les subsistances et inquiéter les
possesseurs. Il occupa ensuite une multitude
de petites villes ^^4) qui , pour la plupart , cé-
dant à la terreur de ses armes et à l'influence
de son génie, venaient lui apporter leurs clefs.
De son côté le duc de Bourgogne , voulant se
montrer digne de le seconder, remportait une
victoire auprès de Saint-Riquier, ^^^) en Pi-
cardie , et nous enlevait ce qui nous était resté
dans les environs de cette province. ^^^) Déjà
les efforts des alliés commençaient à se diri-
ger ^^7) vers la France méridionale , seul asile
du dauphin , et où il avait entrepris le siège
3i août 1422. de Cosne , lorsque le roi d'Angleterre mourut
presqu'inopinément. S'il est vrai, comme di-
vers auteurs le pensent, qu'il fut attaqué de
la fistule , ^^^) mal dont on ne connut le moyen
curatif que sous Louis XIV, il sera également
vrai que Charles et ses sujets durent leur salut
à l'ignorance de leur siècle ; et c'est un argu-
ment qu'on livre aux personnes avisées qui
voudraient nous faire rétrograder à ces tems
bienheureux. Il suffit de comparer un ins-
tant les deux rivaux et leurs forces , leurs ap-
puis de tout genre , pour être convaincu que,
sans la mort de Henri , la France n'aurait été
qu'une province de son Empire. ^-^9)
La conviction d'un tel résultat augmente ^
JEANT^E d'arc. 3l
lorsqu'on voit que , quoique cet événement
affaiblît beaucoup les ennemis, soit en les
privant du plus habile de leurs chefs , soit en
les obligeant de confier l'administration de la
France et celle de l'Angleterre à deux gou-
verneurs différens, ^4o) ce qui occasionna des
divisions ; que quoiqu'il eût été bientôt suivi
de la mort de Charles VI, ï40 qui leur enlevait 21 oct. 1422.
le simulacre dont ils couvraient leurs usur-
pations , les affaires de Charles YII n'en pri-
rent pas une meilleure tournure ; qu'au con-
traire , il éprouva encore des défections et
des revers ; et qu'il ne fut sauvé , enfin, que
par une espèce de miracle. ^4^)
Nous ne serions pas néanmoins surpris que,
réfléchissant aujourd'hui aux ressources pro-
digieuses de la France , on ne demandât com-
ment la situation de Charles YII pouvait
empirer, sur-tout n'ayant pour compétiteur
qu'un enfant au berceau (Henri YI) : un
exposé rapide de l'état des deux partis sera
notre réponse , et servira en même tems à ré-
pandre quelque lumière sur les événemens
postérieurs, auxquels nous avons consacré
plus spécialement notre travail.
Charles possédait, il est vrai,, *43) une partie
de l'Orléanais et de la Touraine , et les pro-
vinces situées au midi de la Loire , ainsi que
32 JEANNE d'aKC.
le Dauphiné ; mais la Provence, le Roussillon,
le comté de Foix et la Navarre , avaient leurs
souverains particuliers ; la Guienne et la
Gascogne appartenaient aux Anglais ; dans
les provinces soumises à Charles , il y avait
beaucoup de forteresses "43 ^/j) qui étaient de-
venues le patrimoine des aventuriers dont nous
avons déjà parlé, et dont la protection était
dévolue à celui qui les payait le mieux ; enfin ,
divers cliens des Bourguignons, »44) tels que
le prince d'Orange , avaient dans ces mêmes
contrées des enclaves de quelqu'importance :
tout ce qu'on avait pu obtenir de la Bretagne,
c'est qu'elle garderait une sorte de neutralité.
Les Anglais, outre la Guienne et la Gas-
cogne , avaient conquis toutes les provinces
septentrionales; ^45) à l'orient, leur allié ré-
gnait sur la Bourgogne et la Franche-Comté ,
et, au nord, il disposait des Pays-Bas
Ainsi les ennemis l'emportaient , quant à l'é-
tendue du territoire.
Il en était de même quant à la richesse de
leurs pays. Le commerce de la Belgique était
depuis long-tems le plus opulent de l'Europe
occidentale ; le commerce des cités de Charles,
si l'on excepte celle de Lyon , était à-peu-près
nul. Si l'on excepte aussi la même ville , il
n'en avait conservé aucune qui fût très-peu-
JEATS^ÎÎE D ARC. 3!)
plée , et sur-tout comparable à Lille , Rouen ,
Bordeaux , Paris , etc. ^4^) Presque toutes les
côtes étaient au pouvoir des alliés; Charles
n'avait qu'un ou deux ports par oîi il pût re-
cevoir des secours , et il manquait de flotte
pour intercepter les renforts qui arrivaient de
TAngleterre.
Les ennemis n'étaient pas moins supérieurs
quant à l'état militaire. Charles n'avait point
d'armée , proprement dite , mais seulement
diverses bandes et quelques milices , qu'on
rassemblait avec peine , dont on ne parvenait
presque jamais à former un corps considé-
rable , qui étaient sans ordre et sans disci-
pline ; enfin , qui au moindre échec , et sur-
tout lorsque la solde et le pillage leur man-
quaient, retournaient sans obstacles dans leurs
foyers ou leurs repaires : on ne pouvait guère
entrer en campagne que lorsque l'Ecosse en-
voyait des troupes auxiliaires. *47) Les Anglais,
avaient, au contraire, une armée nombreuse
et bien disciplinée : la désertion leur était peu
nuisible , parce que la mer empêchait les
fuyards de regagner leur patrie. Si Charles
avait à ses ordres des capitaines d'une valeur
éprouvée , les Anglais n'en étaient pas dé-
pourvus ; et ce qui achevait de leur donner
l'avantage, c'est qu'ils comptaient plusieurs
3
34 JEANNE d'arc.
généraux distingués et expérimentés , tels que
Salisbury, Suffolck, Sommerset, Talbot et
Warwick , »48) tandis que Charles n'en a^ait
point à leur opposei\
On pressent , par le tableau que nous avons
fait de la situation de la France , et sur-tout
des provinces méridionales , que ce qu'on
appelle le nerf des gouvernemens ne devait
pas rétablir l'équilibre en faveur de Charles.
Quelques impôts mal perçus , et dont les
exacteurs retenaient une portion ; ^49) les bé-
néfices précaires qu'on obtenait à l'aide de la
méthode rumeuse de hausser et abaisser les
monnaies , »5«) voilà les seuls alimens de
son trésor, ^^i) H était sans doute difficile que
les alliés tirassent un meilleur parti de la
France septentrionale , également ravagée et
épuisée ; mais la Grande - Bretagne et les
Pays-Bas , à l'abri du fléau de la guerre , et
les deux Bourgognes , à peine entamées sur
leurs frontières, leur offraient en tout genre
d'abondans secours.
Les ressources que leur fournissaient leur
territoire , leurs troupes et leurs finances ,
étaient en outre mises en œuvre par des mains
habiles. Le duc de Bourgogne passait pour un
des premiers, et le duc de Bedfort pour le
plus grand capitaine de son siècle , et celui-ci
JEANNE d'arc. 3,^
n'était pas moins bon administrateur. Actif,
entreprenant , infatigable , il se trouvait par-
tout , et au conseil, et àTarmée, dans toutes
les occasions où la présence d'un chef peut
être utile.
On voit , par cet aperçu , combien les en-
nemis de Charles étaient redoutables pour
lui , et néanmoins nous n'en avons pas indi-
qué le plus dangereux.
Cet ennemi dangereux qui l'eût soup-
çonné ? c'était Charles lui-même. Au com-
mencement de son adolescence, il avait an-
noncé quelqu'énergie et manifesté quelqu'in-
térêt pour ses affaires ; il assistait quelquefois
à des conférences politiques et à des expédi-
tions : ï^* ^'^^ parvenu à l'âge de vingt ans , et
revêtu du titre de roi, il devient à-peu-près
étranger à tout autre chose qu'à ses plaisirs,
à ses maîtresses et à ses favoris. Tandis que
ses guerriers prodiguent leur sang et leur for-
tune pour lui , *^=^) il ne s'occupe que de fêtes;
il abandonne les revenus de ses provinces au
pillage de ses ministres et de ses confidens ;
il souffre qu'ils abreuvent de persécutions
ses sujets les plus fidèles , qu'ils se servent de
ses troupes contre ses propres généraux , ^^'^)
et il approuve souvent jusqu'à leurs crimes,
car il les choisit presque toujours parmi des
36 JEANNE d'à RC =
hommes aussi remarquables par leurs vices ^^4)
que par leur défaut de talens : il manque tel-
lement de cette fermeté , première vertu d'un
roi dans un tems de troubles , qu'il laisse mas-
sacrer ses amis dans son palais , et en sa pré-
sence , sans entreprendre de les défendre ni
de les venger.
Voilà pourtant le prince auquel des histo-
riens ont donné le surnom de T^iciorieux!
S'il triompha, ce fut grâce au dévouement de
ses guerriers et de ses peuples, et à des événe-
mens fortuits , et jamais à ses travaux ou à ses
exploits ; il ne recouvra ses Etats que malgré
lui-même et en dépit de sa conduite insensée.
Nous conviendrons que , vingt ans après , on
vit en lui un tout autre homme ; ^^^) qu'il se
plaça enfin au niveau de son trône , et nous
nous plaisons à lui rendre la justice qu'il mé-
rita dès-lors un titre même plus honorable
que celui qu'il doit à la flatterie : mais ce qu'il
fit à cette dernière époque ne justifie pas son
étrange manière de gouverner dans le tems où
il aurait fallu qu'il se surpassât , qu'il agît en
homme en état de lutter et contre ses ennemis
et contre la fortune , qu'il fût , en un mot ,
un héros.
C'est sur-tout au commencement de son
règne que le monarque doit faire preuve de
JEANNE d'arc. Sy
courage , d'activité , de bonne administra-
tion , de toutes les qualités propres à un roi ;
voici le début de Charles Vers la fin
de 1422 , ï5^) à peine trois mois après la mort i4aa.
de son père , un de ses partisans, qui avait
surpris par escalade la petite ville de Meulan,
y est assiégé par Bedfort et Salisbury ; il de-
mande des secours : le poste était important ;
on lui envoie six mille hommes. Au lieu de
marcher avec cette troupe , dont il fallait se
réserver au moins la surveillance, Charles
reste à soixante lieues de là. Même méthode,
et encore pire , relativement aux fonds des-
tinés à en assurer l'entretien : le favori chargé
par le roi de les distribuer, ^^7) les consomme
en achats de vaisselle , de joyaux , de pierre-
ries. Arrivée à six lieues de Meulan , l'armée
se débande, faute de paie. Les assiégés, fu-
rieux d'être sacrifiés à de tels hommes et pour
de tels objets , mettent en pièces les drapeaux
de Charles; la ville se hâte de capituler, et la
garnison de passer au service de l'ennemi. *^^)
Bientôt le duc de Bretagne, jusque-là 1423.
neutre , se joint aux Anglais, qui, après cette
alliance , s'emparent de quelques places.
Charles reçoit au printems des renforts de
l'Ecosse ; ^^9) on forme une armée de dix
mille hommes qu'on emploie à assiéger Cré-
38 JEANNE d'arc.
vant. »^o) Les alliés, commandés par Suffolck,
s'approchent. Etablie dans une position à-
peu-près inexpugnable, l'armée française pou-
vait sans risque les braver et continuer le
siège ; mais elle manquait de chefs propres à
la guider et la contenir ; et Charles , dont la
présence eût au moins servi à inspirer de la
circonspection , et sur-tout à étouffer les di-
visions qui régnaient entre les corps princi-
paux , n'avait pas été corrigé par l'échec de
Meulan. On abandonne la position , et l'on
marche à l'ennemi sans s'assujétir à aucun des
soins prescrits par les règles de l'art. Les
alliés remportent une victoire complète ; trois
mille Français sont tués ou pris , avec beau-
coup d'officiers ou généraux ; le siège de Cre-
vant est levé ; plusieurs autres villes se ren-
dent au vainqueur. ^^^ ^'^ )
Cependant, quelqu'heureuse que fût cette
bataille pour les Anglais , elle n'eut pas des
résultats décisifs : c'est que le duc de Bedfort,
occupé d'aplanir les difficultés attachées à
l'étabHssement d'une régence; de gagner le
duc de Bretagne ; de resserrer les nœuds qui
l'unissaient au duc de Bourgogne , *^^) en
épousant sa sœur ; d'apaiser un différend qui
s'élevait entre son frère , le duc de Glocestre ,
i't Je même duc de Bourgogne, ne put, pen-
JEANNE D'aHC. 39
dant les deux premières années , donner assez
de soins à la direction de la guerre. Deux pe-
tites victoires remportées les mois suivans , à
la Gravelle ^^a) j^tns le Maine, et à la Bus-
sière en Maçonnais , ^^^) procurèrent aussi aux
Français quelque répit , et leur permirent de
recevoir, à Touverture de la seconde cam-
pagne , une armée toujours fournie par nos
généreux alliés, les Ecossais , ^^4) et un petit
corps de troupes envoyé par le duc de Milan. ï^'^)
Les Français, encouragés, firent alors un
effort considérable : on parvient à rassembler
environ dix-huit mille hommes, ^ 66) et on les
destine à secourir la ville d'Ivry, assiégée par
le duc de Bedfort. Les deux armées se trou-
vent en présence au milieu du mois d'août
1424,^^7) auprès de Yerneuil. La supériorité
des généraux ennemis »6^) décida , comme à
Crécy, à Poitiers , à Azincourt et à Crevant ,
du succès de la journée. Les Français, malgré
des prodiges de valeur, furent entièrement
défaits; ils perdirent cinq mille hommes »69) et
la plus grande partie de la noblesse, indépen-
damment d'une multitude de prisonniers :
tout le reste se dispersa. La prise des équi-
pages et du trésor de l'armée , de la ville de
Verneuil et de toute la province du Maine ;
le ravage de l'Anjou et des contrées voisines ,
40 JE AISNE d'arc.
furent les suites immédiates de la victoire. ^70)
On en craignait de bien plus funestes, lors-
que la fortune de Charles le sauvor encore , du
moins pour quelque tems. Jacqueline de Hai-
naut, 171) héritière de la Belgique occidentale,
avait quitté son époux , le duc de Brabant ,
en 1421 , pour se réfugier auprès de Henri Y
et faire casser son mariage , à l'aide de la
protection de ce monarque. Le duc de Glo-
cestre , régent d'Angleterre , séduit par Tes-
poir de porter une couronne , lui donna la
main : de là une rupture avec le duc de Bour-
gogne, qui était proche parent du duc de
Brabant, et qui comptait sur l'héritage des
époux divisés. Les soins et l'adresse du duc de
Bedfort n'aboutirent qu'à assoupir un instant
la querelle. Enfin Glocestre, jetant tout-à-
fait le masque , s'appropria les subsides des-
tinés à Bedfort, leva une armée et envahit
le Hainaut , moins de deux mois après la ba-
taille de Yerneuil , au moment où les alliés se
préparaient à achever la ruine de la France. ' 7^)
Aussitôt, Philippe-le-Bon retire ses troupes
de l'armée de Bedfort , et vole à la défense du
Hainaut. Cette guerre particulière , qui ne
fut entièrement terminée qu'au bout de quatre
lin 1428. ans, »73) enleva aux Anglais l'appui de Phi-
lippe , et les mit hors détat de profiter de
JEANNE d'aRD. 4^
leurs victoires. Un autre incident les retint
pendant fort long-tems dans l'inaction. Privé
de subsides, le duc de Bedfort eut encore à
pacifier un démêlé qui s'éleva, après l'inva-
sion du Hainaut , entre Glocestre et Tévêque
de \Yinchester,ï74) leur oncle, membre du
conseil d'Angleterre : il fut obligé de passer
dans cette île , et d'y rester jusqu'en 1427.^75)
La cour de Charles parut d'abord vouloir 144611425.
profiter de ces conjonctures favorables. On
avait besoin d'un général ;^7^) on en acquit un
dans le comte de Richemout. Il est vrai qu'à
l'épée de connétable , il fallut joindre d'autres
dons non moins précieux ; mais , en gagnant
le comte , on détachait le duc de Bretagne , -, oct. i.iao
son frère , du parti des Anglais , et Ton en
obtenait des troupes auxiliaires, dont on avait
un pressant besoin.
Aussitôt , quoiqu'on se fût procuré de tels
secours par la seule voie des négociations , on
fut , pour ainsi dire, lassé par la peine qu'on
venait de prendre. Une des conditions du
traité était le renvoi de plusieurs des mi-
nistres ou favoris de Charles , coupables d'a-
voir participé à une conjuration contre le duc
de Bretagne , ou d'avoir concouru au meurtre
du duc de Bourgogne. 177) Les ministres re-
fusent de l'accomplir; ils sont soutenus par
42 JEANNE d'arc.
les maîtresses et la plupart des courtisans de
Charles : l'un d'eux pousse l'audace jusqu'à
poignarder un de ses adversaires ^7^) en plein
conseil , et sous les yeux de son souverain.
On eut alors un spectacle sans exemple dans
les fastes de l'histoire. Le connétable s'avance
vers la cour, à la tête d'une petite armée,
levée par ses soins et grâces à sa réputation et
à son crédit. Le roi fuit de ville en ville pour
garder les ministres qui le perdaient , et éviter
le guerrier qui lui fournissait les moyens de
conserveries débris de sa couronne. Il ne fal-
lut pas moins que la retraite des princes du
sang, et les menaces de quelques villes de se
rendre à l'ennemi, pour faire écouter à Charles
la voix de la raison ; et peut-être y eût-il été
sourd tout-à-fait , si l'un des ministres , Tan-
neguy-Duchâtel , n'eût donné l'exemple à ses
collègues, en s'éloignant de lui-même. ^ 79)
Enfin , ayant surmonté tous les obstacles ,
Richemont rassemble en Bretagne une armée
de vingt mille hommes, »^o) et se voit, au
commencement de 1426, '^0 en état d'envahir
426. la Normandie , d'attaquer les Anglais dans le
foyer de leur puissance. Après avoir pris Pon-
torson , il assiège Saint-James-de-Beuvron ^
qui couvrait cette province. L'entreprise de-
vait réussir, et était fort avantageuse : un fa-
JEANÎy^E DARC, 4^
vori de Charles , Giac , aidé d'un jiiinistre
breton, iS=^) la fit échouer en retenant les
sommes re'servées à la solde des troupes. L'ar-
mée se débande : Richemont, désespéré, tente
un assaut avec ce qui lui reste , et il est com-
plètement battu. ^^^)
Quelle leçon pour Charles ! Tout autre que
lui eût disgracié et puni sévèrement le cou-
pable auteur de ce désastre ; mais un flatteur
est plus nécessaire à un prince médiocre qu'un
royaume , et la fortune d'un courtisan plus
chère que le salut de ses peuples. Giac re-
doubla d'audace dans ses concussions ; il fallut
un crime pour en arrêter le cours : ^^4) le
connétable le fit arrêter, juger par une com-
mission , et exécuter malgré le roi. Il ne s'a-
baissa pas même à cette apparence de forme
à l'égard de Beaulieu , qui avait succédé à la
faveur, à l'insolence et aux déprédations de
Giac ; il se servit du bras d'un assassin. ^^S)
Ces actes de violence , si répréhensibles en
eux-mêmes, et si injurieux au monarque, ont
inspiré de la compassion pour Charles MI;
des historiens ï^^) ont cherché à justifier sa
conduite sur ce que ses malheurs lui faisaient
un besoin d'un confident. Les hommes se-
raient-ils donc réduits à cet excès de misère ,
qu'il n'y eût point trop de leurs biens et de
44 JEANNE d'arc.
leur sang pour procurer quelques illusions à
celui que la Providence chargea de veiller à
leur bonheur? La dissipation de la fortune
publique, et, par une conséquence nécessaire,
Tinvasion et la perte des provinces , faute de
moyens de défense, n'étaient- elles pas les
services ordinaires des prétendus amis de
Charles ? Encore , si Terreur Teût entraîné
aux mauvais choix qu'il faisait î mais il n'a-
vait pas même pour lui l'excuse grossière du
défaut de connaissance des hommes. Riche-
mont, s'apercevant qu'un favori est nécessaire
à son prince , propose la Trémouille pour
remplacer Beaulieu. « Vous vous en repenti-
» rez!»^/) s'écrie Charles; je le connais mieux
» que vous. » Après une telle réponse , il faut
supprimer toute réflexion ; on rougirait d'en
entreprendre le commentaire. Bornons-nous à
observer que les manœuvres de Giac et de
Beaulieu , et l'espèce de diversion que pro-
duisit le dessein de les perdre , paralysèrent
pendant une année ( après l'échec de Beu-
vron) les ressources qui restaient à Charles,
el empêchèrent de secourir plusieurs places
dont les Anglais firent le siège et la con-
quête. »88)
Le crédit de la Trémouille nous devait être
encore plus fatal. On avait laissé échapper
JEAÎÎNE d'arc. 45
roccasion que Tabsence du régent offrait à
Charles pour agir. Bedfort revient en 14^7 ;
il revient après avoir pacifié l'Angleterre ; il *^2'7-
revient avec des subsides considérables et une
armée de vingt mille hommes : on ne daigne
pas s'en occuper ; on le laisse marcher en
Bretagne et forcer le duc h renoncer à notre
alliance , à signer enfin le traité qui déshéri-
tait Charles. ^^9) La Trémouille , peu inquiet
de perdre la monarchie , pourvu qu'il assure
et augmente son pouvoir^ ne s'attache qu'à
mettre la discorde dans la cour. Il abuse tel-
lement de sa faveur, que des zélés royalistes,
et jusqu'à des princes du sang , se soulèvent
contre Charles et s'emparent de Bourges , sa
capitale. Cette guerre civile s'éteint *9o) heu-
reusement, grâce aux efforts des véritables
amis du roi , ou plutôt à ce que la Trémouille
s'aperçoit qu'elle pourrait lui être nuisible ;
mais , pendant ce tems , on ne prend aucune
mesure contre les Anglais , tandis qu'ils n'en
négligent aucune pour rendre la campagne
suivante, celle de 1428, tout-à-fait déci-
sive. ^90
Nous touchons enfin à une époque où la
France semblait devoir succomber. Elle avait,
en effet , en tête un ennemi formidable , et
elle était presqu'entièrement dépourvue de
46 JEANNE d'arc.
moyens de défense. Un tel dénuement paraîtra
peut-être invraisemblable. Lorsqu'on jette un
coup-d'œil sur la carte , ^9^) on voit que les
pays restés soumis à Charles forment à pré-
sent vingt-cinq à trente provinces /9^) qui
chaque année fourniraient sans peine aux ar-
mées autant de milliers d'hommes , et au tré-
sor public trois fois autant de millions de
francs ; et il est naturel de demander s'il est
probable que le parti du roi fût réduit à la
dernière détresse ; s'il est probable qu'après
plusieurs mois de démarches et de soins on
ne fût parvenu, à la fm de 1428 , qu'à réunir
sept mille guerriers , ^94) et qu'à cause de l'in-
suffisance des revenus, on eût été obligé
d'emprunter pour leur solde ; si cela est pro-
bable , sur-tout lorsqu'on se rappelle l'état
florissant du royaume à la mort de Charles V ?
Nous avions prévu ces questions : les laisser
sans réponse , c'eût été autoriser à penser
que la délivrance de la patrie, dont le récit
était sur-tout l'objet de notre ouvrage , fut un
événement trop peu extraordinaire pour mé-
riter quelqu'attention. Afin de les résoudre
d'une manière satisfaisante , nous avons re-
monté jusqu'à la même époque , et présenté
le tableau des principaux événemens du règne
de Charles YI ; tableau où , en effet , a com-
JEAISÎ^E d'arc. 4?
mencéla solution du problême. Ce qu'on vient
de raconter de celui de Charles VII a dû faire
évanouir tous les doutes. Quarante années de
déprédations ou divisions intestines, et dix-
sept de guerres civiles ou étrangères , voilà
ce que nous a offert l'histoire du père ; et
pendant les six premières années '9^) de l'ad-
ministration du fils, la France a été affligée
des mêmes maux , sans le moindre adoucisse-
ment , parce que la faiblesse et la dissipation
d'un roi sont aussi dangereuses qu'une dé-
mence.
Ajoutons ce que la crainte de fatiguer le
lecteur nous a empêchés de répéter, et qu'il
aurait fallu redire à chaque page. D'abord , la
guerre était bien plus désastreuse alors qu'à
présent : indépendamment des batailles ran-
gées, des simples combats et des sièges des
villes , il y avait des attaques continuelles
entre les garnisons ou entre les compagnies
d'aventuriers qui occupaient de tous côtés
des places ou des châteaux ; en un mot ,
la France était embrasée d'un bout à l'autre :
ensuite , la paix , ainsi que nous le verrons
ailleurs , ^9^) n'était guère moins funeste , à
cause des ravages des mêmes compagnies.
Un historien ^97) demande ce qu'étaient de-
venues les richesses de la France ; et il répond
48 JEANNE d'arc.
qu'elles avaient été, ou absorbées par les
provinces limitrophes, ou enfouies par les
hommes qui se les appropriaient. Yoilà une
explication bien imparfaite, ^o^) La richesse
publique se compose des valeurs tirées du sol
ou créées par l'industrie ; elle se conserve par
l'économie ; elle s^augmente par le commerce
ou par un bon emploi des fonds. Pendant la
longue subversion de la France, peu-à-peu
l'agriculture avait dépéri , et l'industrie et le
commerce s'étaient éclipsés ; d'un autre côté ,
la guerre , dont l'essence est de détruire une
multitude de choses sans rien remplacer, oc-
casionnait une grande dissipation de valeurs ;
ainsi , il y avait une consommation plus forte
qu'en tems ordinaire , et une production infi-
niment moindre. On suppléa d'abord au dé-
ficit annuel , à l'aide des capitaux et des va-
leurs accumulés ; mais ce secours avait néces-
sairement un terme. Lorsque tout fut dépensé,
il ne resta qu'une misère générale, si l'on
excepte quelques fortunes privées , fruits des
concussions que favorisent les troubles. Obser-
vons, d'ailleurs, que les Anglais exportaient *99)
tout ce qu'ils pouvaient de leurs pillages ; que
l'or des concussionnaires passait aux Flamands
ou Italiens , qui les fournissaient d^objets de
luxe,~°°) et que les expéditions du royaume
JEANNE D ARC. ^Q
de Naples, du Milanez , de la Rivière de
Gênes, ^°0 y avaient versé une portion de la
fortune publique D'après tout cela, est-il
surprenant que la France fût entièrement
épuisée ?
Dans un tel état de choses , comment ne
pas trembler pour les provinces préservées
des invasions de Pennemi , non par les ex-
ploits ou les soins de Charles, mais grâce à
des incidens imprévus dont le renouvellement
ne devait point être espéré?- Les Anglais, au
commencement de 1428, étaient plus redou-
tables que jamais. La pacification de la Flan-
dres^o^) leur garantissait Talliance du duc de
Bourgogne , et leur dernière expédition celle
du duc de Bretagne. Comme on n'avait rien
fait pour éclairer et gagner les citoyens hon-
nêtes de l'ancien parti des Bourguignons,
toujours aigris contre Charles , à cause du
meurtre de Jean-sans-Peur, ils continuaient
à seconder une entreprise dont , au reste , le
succès leur paraissait assuré. Les Anglais ren-
traient dans la lice avec vingt- quatre mille
guerriers bien payés , bien disciplinés, très-
valeureux, animés par le souvenir de leurs
victoires , et guidés par d'excellens généraux.
Enfin, le régent Bedford, qui était Tame de
cette entreprise, n'avait pas diminué de talens.
5o JEAî^NE d'arc.
Charles , on Ta vu , n'avait de trésors que
pour ses favoris et ses maîtresses ; ^02 bis ) g^^
troupes, trois fois moins nombreuses, n'é-
taient ni entretenues ni disciplinées Mais
peut-être s'efforçait-on de suppléer au défaut
du nombre par Tactivité et la sagesse des
mesures ? Non , non : de plus en plus au-des-
sôùs de son rang et des circonstances, Charles
se livrait presque sans relâche aux occupa-
tions dont il s'était déshonoré jusque-là. Au
lieu de ranger uùe armée en bataille , de tra-
vailler aux préparatifs d'une excursion ou
d'un siège , il combinait péniblement l'or-
donnance d'une féte.2o3) La présence d'un roi
double la force de ses troupes ; tout ce qu'on
obtint de Charles au commencement du siège
d'Orléans , qui pouvait entraîner sa ruine , ce
fut de s'en approcher à trente lieues. Des
généraux habiles leur sont encore plus néces-
saires, et , à cette même époque , Charles s'é-
tait privé de Richemont; il l'avait sacrifié à
son favori la Trémouille ; il refusait ses ser-
vices , et lui faisait fermer les portes des
villes , 2o4) comme à un ennemi. Toujours
même désordre dans l'administration, même
insolence , même rapacité , ^oS) même igno-
rance des triinistres et des courtisans, même
discorde entre les fonctionnaires : enfin , les
JEANNE d'arc. 5i
Français , las du joug de ces misérables ,
avaient perdu toute affection et toute estime
pour leur prince , et ne lui conservaient pres-
que de la fidélité que par haine pour l'Angle-
terre.
Cette disproportion entre les deux puis- Juillet 142S.
sances , et presque sous tous les points de
vue, si ce n'est celui de la valeur, parut sur-
tout à Touvertuie de la campagne de 1428,
qui , heureusement , n'eut lieu qu'au mois de
juillet. 206) Tandis que les Bourguignons en-
lèvent quelques places restées à Charles sur
les limites de la Champagne et de la Lorraine,
les Anglais , dans le court espace de deux
mois, en prennent plus de quinze, et s'em-
parent de toute la partie de l'Orléanais située
aii nord de la Loire , et des petites villes si-
tuées au midi , ^07) qui leur étaient nécessaires
pour cerner et isoler en quelque sorte la ca-
pitale de cette province, Orléans, alors le
boulevart presqu'unique de l'Empire de
Charles YIL ^^8)
La moitié de l'armée ^^9) et presque tous les
capitaines français les plus courageux ^'o) s'en-
ferment dans la ville (on sent que ce n'était
point le poste des la Trémouille et autres
complaisans du roi) ; ils y sont vaillamment
52 JEANNE d'arc.
secondes par les habitans, plus aigris que
leurs concitoyens contre les Anglais , à cause
de l'assassinat de leur ancien duc, encore im-
puni, et dont nos ennemis avaient protégé
Tauteur.
La ville d'Orléans est située sur la rive
droite et septentrionale de la Loire ; elle
communiquait avec la rive gauche , où étaient
quelques faubourgs ou églises, par un pont
dont la tête était défendue par le fort , et suc-
cessivement par le boulevart* des Tour-
nelles.2iO
Octobrei428. L'armée ennemie s'avança un des premiers
jours d'octobre ; 212) Salisbury la comman-
dait , =*^^) et avait sous ses ordres les plus re-
nommés des officiers anglais ou bourguignons,
les Suffolk , les Talbot , les Fastol , les Lance-
lot Le 7, un gros détachement 214) vient
reconnaître la place sur la rive gauche ; on
fait une sortie , et on le repousse. Bientôt
l'armée entière traverse la Loire et, le 12,
s'approche de la ville. ^ï^) Les faubourgs pou-
vaient lui servir pour se loger ; on n'hésite
pas , on les embrase. ^^^) L'incendie à peine
apaisé, les Anglais construisent une forte-
* En lisant la description suivante du siège d'Orléans,
consultez la carte visuelle (ou i"^*^ carte), qui est à la
fin de l'ouvrage.
53
resse^*7) et battent en brèche, et en même
tems attaquent , par une mine , le bouleyart
et le fort des Tournelles.
Le 2 1 , ils donnent Passant et sont égale-
ment repoussés. Hommes, femmes, vieillards,
enfans , ^^^) tous se joignent à la garnison.
Généreux citoyens! où était votre prince?
Les assiégeans s'attachent alors à leur mine ,
et , le 23 , les Orléanais sont obligés de brûler
le boulevart^iQ) et de se retirer dans le fort.
On l'emporte le lendemain ; ^^o) mais ils y
avaient suppléé en rompant deux arches de
leur pont , et construisant sur la suivante un
autre boulevart. ^^0
Surpris de tant de résistance, les ennemis
changent le siège en blocus. Ils reparent d'a-
bord les Tournelles , et, à l'exemple des assié-
gés , les couvrent d'un côté par un boulevart,
et de l'autre en rompant un arche du pont, ^^a)
Ils forment ensuite une ligne de circonvalla-
tion, avec douze grosses bastilles ou espèces
de citadelles, ^2^) qu'ils tâchent de lier en-
tr'elles, du moins sur chaque rive de la Loire,
par un double rang de fossés ; ^^4) une trei-
zième bastille élevée dans une île , et un pont
volant , ^^5) établissent une communication
entre celles de l'une et de l'autre rive , et in-
terceptent la navigation du fleuve.
S4 JEANKE D^ARC.
Ces travaux, interrompus par des sorties
multipliées et sanglantes , ^^^G) ^^ pouvaient
être l'ouvrage d'un moment : cependant , à la
fin de janvier 227) ils étaient assez avancés. La
difficulté d'introduire des renforts et des mu-
nitions augmentait chaque jour, ^^8) et déjà
l'on craignait une famine : on résolut de se
tirer de cette situation fâcheuse en privant les
ennemis eux-mêmes de subsistances. On sa-
vait que leurs magasins s'épuisaient , et que
les environs d'Orléans ne pouvaient leur en
Février ï^aS. foumir. ^=^9) On apprend qu'ils attendent de
Paris un convoi considérable , ^^^) envoyé par
Bedfort , et amené par Fastol ; ^^0 on forme
le dessein de l'enlever. On rassemble à-peu-
près ce qui reste de troupes à Charles ; et ,
quelque péril qu'il y eût à affaiblir là ville , la
perte en paraît si certaine, en cas de revers,
qu'on détache la moitié au moins de la gar-
nison , 232) afin Je donner à l'armée française
une grande supériorité sur l'escorte anglaise ,
où l'on ne comptait pas deux mille hommes. ^^^^
Mais , bien loin de répondre à ce que l'on
s'en était promis , cette supériorité de forces
n'eut d'autres résultats que d'inspirer de la
témérité à l'un des partis , et de la prudence
à Tautre. Les deux troupes se rencontrèrent
le 12 février, vers l'entrée de la nuit , =^^4) au-
JEANNE d'arc. 55
près de Rouvrai -Saint- Denis , à quelques
lieues d'Orléans. Fastol agit en militaire digne
de la confiance de Bedfort : il rallia son es-
corte, la forma avec soin, réunit les çhar-
riots du convoi pour lui en faire un retran-
chement , aux issues duquel il plaça ses rncil-
leurs archers ; couvrit enfin ceux-ci par une
ligne de pieux ferrés plantés en terre, et pro-
pres à arrêter les premiers efforts de la cava-
lerie. Les Français, au contraire, sans attendre
le jour, ni s'assujétir à aucun plan, ^^^) ni user
de la moindre précaution, attaquèrent avec
leur fureur et leur indiscipline accoutumées,
et éprouvèrent aussi le même sort qu'aux ba-
tailles précédentes : la plupart des chefs =^^^) et
une partie des soldats furent tués;^^^?) les
autres se dispersèrent, à l'exception d'un petit
corps que le célèbre comte de Duiiois^^H) et
quelques officiers parvinrent à ramener dans
la ville assiégée.
On sourirait aujourd'hui d'une semblable
défaite ; et néanmoins la bataille de Piouvrai ,
qu'on nomme aussi la journée des harenga, -"'î-')
faillit à perdre la monarchie. Elle enlevait à
Charles presque toutes ses troupes ; elle dé-
courageait ses partisans ; eHe entraînait la ré-
duction d'Orléans, que ses habitans offrirent,
.^ans succès, de remettre en dépôt an duc de
56 JEANNE d'arc.
Bourgogne. 240) Dès -lors, la conquête des
provinces méridionales était d'autant plus fa-
cile , que leurs villes étaient mal fortifiées et
dépourvues de munitions , et qu'on n'avait
plus d'armée pour en empêcher l'attaque.
Enfin , on désespéra tellement du salut de la
France , que quelques ministres de Charles lui
conseillaient de se réfugier en Dauphiné. ^40
Mais c'est assez parler de fautes , de mal-
heurs et de crimes ; transportons-nous sur un
théâtre dont l'aspect soit plus satisfaisant
Au moment où tout paraît perdu , où le con-
seil du roi n'aperçoit presqu 'aucune ressource,
il s'en offre une à l'improviste , et une res-
source assez efficace pour produire cent fois
plus qu'on n'aurait osé espérer dans des con-
jonctures plus heureuses. Une hergère , à
peine au milieu de l'adolescence , ^42) arrive de
l'extrémité des frontières , et , après avoir
franchi sans accident plus de cent lieues de
pays occupé par les alliés , se présente à la
cour comme envoyée de Dieu pour délivrer
Orléans , cette ville qui demandait d'être con-
fiée au duc de Bourgogne ; pour conduire
Charles, ce roi sans soldats, à Reims, à quatre-
vingts lieues de sa résidence, au travers de
cent forteresses et d'une armée ennemie ;
JEANNE d'arc. 5"
pour Vf faire sacrer sans obstacles ; pour
chasser les Anglais, sauver enfin sa patrie....
Elle promet donc plusieurs prodiges. Rien
d'étonnant jusqu'ici: une foule d'imposteurs,
et dans son siècle et dans tous les siècles ,
n'ont pas été moins fertiles en promesses ; mais
elle les accomplit ou en procure l'accomplis-
sement , et voilà le véritable prodige. Avant
d'en exposer les détails, jetons un coup-d'œii
sur les causes auxquelles on l'a attribué. ^1^)
Selon les alliés et leurs satellites, au nombre
desquels on rougit de compter des évéques et
l'Université de Paris , ^44) Jeanne d'Arc était
sorcière et magicienne : nos aïeux la croyaient
réellement inspirée et chargée d'une mission
divine ; ^45) plusieurs modernes ne voient en
elle qu'une fourbe que les Français eurent
l'art de mettre en jeu. Aucune de ces opinions
ne nous semble fondée. Indiquer la première,
c'est l'avoir déjà réfutée : quant à la seconde ,
quoiqu'il ne nous appartienne pas de détermi-
ner les moyens que peut employer la Divi-
nité , disons que sans doute tout ce qui se
passe est réglé par les décrets de sa provi-
dence , mais qu'il ne faut point lui attribuer le
projet d'agir par des merA^illes , lorsque les
événemens qu'on prétend miraculeux sont
58 JEANÎÎE d'arc.
susceptibles d'une explication naturelle, telle
que celle nous proposerons tout-à-Pheure. ^46)
Nec Deus intersit ni'si dignus vindice nodus.
Il ne reste que Topinion des modernes ;
mais elle est , et trop injurieuse pour Jeanne,
et trop honorable ( en politique du moins )
pour les conseils de Charles: M?) en un mot, elle
est entièrement démentie par le caractère et
la conduite de notre héroïne et des ministres.
Jeanne ne montra aucun de ces sentimens
ignobles qui semblent le partage des fourbes j
elle ne dévia pas une minute du sentier de
la vertu et du courage. ^48) On peut dresser un
imposteur; on ne façonne pas aisément un
héros. Pour former Jeanne au rôle brillant
qu'elle remplit , sans jamais se démentir, il
aurait fallu plusieurs années de prépara-
tions , =^49) et la cour de Charles songeait à
peine au lendemain, excepté quand il était
question de déprédations ou de fêtes. Lorsque
Jeanne arriva, l'héroïsme était dans son cœur ;
il ne lui manquait que les occasions de le dé-
velopper : tout le mérite de la cour fut de les
lui fournir, ^^o) Il n'était pas besoin de beau-
coup de peine ou d'adresse pour cela ; Jeanne
ne demandait qu'à guider les troupes, à les
précéder dans les expéditions les plus péril-
JEANNE d'arc. 59
leuses : on n'est guère avare de ces sortes de
grâces , et ce ne sont pas de tels emplois que
sollicitent les imposteurs.
On jugea que , pour lui faire obtenir de la
confiance , on devait user de quelque mer-
veilleux : ^^0 on payait ce tribut aux opinions
du tems ; mais elle put se prêter sans dés-
honneur aux mesures qu'on prit dans cet
objet. Reconnaître le roi parmi ses courti-
sans ; lui découvrir un secret 2^=^) qu'il n'avait
communiqué à personne , et sur lequel il garda
le silence ; se laisser examiner par des femmes,
des docteurs, des magistrats , tout cela
pouvait en imposer au vulgaire , sans être un
sujet de reproches pour Jeanne d'Arc. Au
reste , on verra bientôt que toutes ces pré-
cautions étaient inutiles, tandis qu'avec cent
fois plus de moyens mystérieux ou de ma-
chines merveilleuses on eût échoué dès la pre-
mière journée , 2^^) si Jeanne n'avait été qu'une
femme ordinaire ou un vil instrument de la
cour.
Elle soutint qu'elle avait eu des apparitions
et des révélations où elle avait reçu la mission
de chasser les Anglais : de Jà on tire l'objec-
tion la plus sérieuse qu'on ait faite contre sa
sincérité. Faut-il donc ne point tenir compte
de l'époque où elle vivait? Est -il juste de
6o
transporter le i8^ siècle au commencement
du i4% et de changer en philosophes une
pauvre bergère et des soldats grossiers ? Les
mœurs étaient sans doute non moins corrom-
pues alors qu'à présent ; mais la superstition
était aussi une maladie universelle, =^^4) nourrie
par l'ignorance. Née au milieu des guerres ci-
viles et étrangères, élevée dans la haine du
nom anglais, témoin des ravages continuels
de son pays , s'entretenant de maux qui sem-
blaient ne devoir point finir, est-il fort extra-
ordinaire que Jeanne d'Arc n'y ait entrevu de
remède que dans l'intervention du Tout-
Puissant ; que son imagination exaltée et ar-
dente ^^^) ait converti plusieurs fois , pendant
le sommeil, ses espérances en réalités; et
qu'enfin , douée de beaucoup de patriotisme
et de courage , elle ait voulu mettre à exécu-
tion ce qu'elle croyait de bonne foi une inspi-
ration de la Providence ?
11 est presque superflu, d'après cela, de
s'arrêter à une dernière remarque : on trouve
Jeanne trop expérimentée pour son âge et sa
condition. Mais lorsque Ton approfondit la
remarque , on reconnaît qu'elle ne repose que
sur trois faits : Jeanne maniait avec assurance
un cheval , ^^^) se servait avec dextérité d'une
lance , et elle était éloquente.
JEANNE d'arc. 6i
de moins surprenant. Nous voyons , dans les
contrées où Ton élève le compagnon des tra-
vaux de rhomme , de jeunes paysannes aussi
hardies que Jeanne : dans un tems de guerres
civiles , elle avait pu souvent être témoin de
Texercice de la lance ; un contemporain assure
même qu'elle s'y essayait ^S?) dès le bas âge:
elle avait également pu se perfectionner dans
Tun et l'autre talent , 2^^) soit pendant son
voyage de Lorraine à Ghinon , où était le roi ,
soit pendant un séjour de deux mois qu'elle
fit dans cette ville et dans les environs , avant
d'agir. Quant à l'éloquence , ses discours
agrestes, ^^9) sans correction et sans ornement,
n'offrent que celle qu'on tient de la nature ,
fortifiée par la persuasion et l'enthousiasme ;
éloquence , sans doute , fort puissante , sur-
tout envers des hommes ignorans ou rusti-
ques , ^^o) tels que les courtisans , les soldats
ou les sujets de Charles , mais à laquelle l'art
est tout-à-fait incapable de former.
Laissons , laissons cette discussion aride à
laquelle nous nous sommes trop arrêtés ; un
exposé succinct des principaux événemens
qui survinrent prouvera , mieux que tous les
raisonnemens , l'injustice ou la frivolité des
critiques. Rappelons -nous d'abord l'état de
la cour après la bataille de Rouvrai ; repré-
62 JEAÎ^NE d'arc.
Frvrîer sentons-iious , rassembles autour de Charles,
et mars i^sS.
les capitaines , les ministres , les favoris, trem-
blant sur l'avenir, n'entrevoyant que la des-
truction de leur fortune, ne sachant quel parti
prendre , ou divisés sur les plans et les me-
sures, presque tous inquiets ou consternés.
Une jeune fille paraît : sa démarche modeste
et la beauté de sa figure , où les grâces de son
sexe sont unies à la dignité du nôtre , pré-
viennent en sa faveur ; ses regards pleins de
feu , son attitude qui annonce une noble har-
diesse, sa physionomie où se peint la con-
fiance , le courage qui semble respirer dans
tout son être , fixent l'attention et raniment
les esprits. « C'est vous, dit-elle à Charles ,
» c'est vous qui êtes le dauphin. Le Roi du
>> ciel m'envoie vous secourir Donnez-moi
3> des gens de guerre , et , par grâce divine
» et force d'armes , je ferai lever le siège
» d'Orléans et vous mènerai sacrer à Reims,
» malgré vos ennemis ^^0 » Les assistans
sont ébranlés. On l'entoure, on la questionne,
on élève des doutes elle répond à tout ; et ,
dans chacune de ses réponses , 262) même naï-
veté, même assurance, et, parfois, de cette
éloquence qui , il faut le répéter, résulte de
l'enthousiasme , =^^^) et est si propre à embraser
l'ame des auditeurs... On est à moitié per-
JEAÎ^NE d'arc. bj
suadé... ; on insiste toutefois. « Le Roi du ciel,
lui dit-on , a-t-il besoin d'armées , s'il veut
sauver la France ? » Elle réplique aussitôt : ^^4)
« Les gens d'armes combattront en mon Dieu ,
» et le Seigneur donnera la victoire. » Tout
le monde est subjugué.
Représentons -nous ensuite Jeanne d'Arc Mars i4a8.
devant les théologiens et le parlement, char-
gés d'examiner sa mission ; écoutons ces gra-
ves docteurs ou magistrats demander des
prodiges pour preuves. « Conduisez - moi ,
» s'écrie - t - elle , à Orléans , et je vous
» donnerai des signes certains de ma mis-
» sion, »
On n'hésite plus ; on rassemble des troupes ;
la confiance réveillée ramène une foule de
fuyards ou de gens indécis; en peu de tems,
on a six mille hommes. 2^^) Jeanne, équipée en
chevalier, les exhorte et les enhardit. 2^*^) Il
n'est bruit par-tout que de la Pucelle, de l'en-
voyée de Dieu ; chacun veut marcher sous
son étendard. Les généraux ennemis en sont
informés : ils n'ont garde d'admettre sa mis-
sion , c'eût été décrier leur cause : ils répan-
dent qu'elle est sorcière et magicienne ; ils Avril 1429,
n'en sont guère plus avancés : pour le vulgaire,
un ange est moins redoutable qu'un magi-
cien, 26:')
64 JEANNE d'arc.
Le conseil du roi semble entièrement chan-
gé ; l'impulsion générale qu'a donnée Jeanne
a entraîné les individus qui le composent , et
en a fait des hommes. Le plus pressant est de
secourir le boulevart de la France ; l'armée y
mène un convoi : son avant-garde est com-
posée de prêtres , et conduite par Jeanne ,
portant une bannière qu'ils ont sacrée , ^^^) et
où sont peints des anges tenant des fleurs de
lis. Ainsi précédés et guidés , tous les soldats
sont des héros.
Le 29 avril 14^9, on paraît à quelque dis-
tance des Tournelles. Les Anglais , en quelque
sorte pétrifiés , laissent tranquillement pas-
ser ^^9) le convoi qu'il leur eût été si facile
d'inquiéter. "^70) Jeanne, accompagnée de Du-
nois, et suivie des guerriers et citoyens les
plus distingués d'Orléans, y fait, à la lueur
des flambeaux, une entrée triomphante. ^70
A son aspect, à ses discours, l'enthousiasme
passe de l'armée à la garnison et aux habilans ;
la ville est dès-lors imprenable.
Ce n'était pas assez , il fallait encore chasser
Mai 1429. l'ennemi ; mais on avait besoin de renforts en
hommes et en munitions. On fait expédier un
second convoi. Pendant qu'on le dispose ,
Jeanne ne reste point dans l'inaction '."^i^) elle
parcourt la ville pour en encourager les dé-
JEANNE D ARC.
fenseurs ; elle somme, par plusieurs messages, Mai 1429.
les Anglais de se retirer ; elle sort de la place
et va reconnaître leurs bastilles , qui e'taient
autant de citadelles avec remparts , -7^) glacis,
gabions, fossés, artillerie ; en un mot, forti-
fiées suivant toutes les règles de Tart, et four-
nies de munitions de toute espèce.
Le 4 ïïi^i matin , le convoi arrive ; la pu-
celle marche en avant ^74) des troupes qui en
protègent Fentrée ; les Anglais restent fermés
dans leurs bastilles. Ces guerriers naguère si
fiers, et auxquels des dangers imminens n'au-
raient pas fait refuser le combat, sont main-
tenant abattus : 27^) quoique secondés par leurs
fortifications, qui leur offrent un appui et un
asile également avantageux pendant une ac-
tion , et quoique toujours supérieurs en nom-
bre , ils n'osent plus agir sans avoir en quelque
sorte décuplé leurs forces.
Orléans étant'ainsi muni^TG) de tout ce qui
est nécessaire pour soutenir un long siège ,
les généraux français arrêtent de se tenir sur
la défensive. 277) Ce parti paraissait le plus
sage : on ne courait , en effet , aucun risque ;
et , dans peu de tems , de nouveaux renforts
promis par la cour auraient mis en état d'as-
saillir les Anglais avec avantage.
Jeanne d'Arc , qu'on n'avait point appelée
5
66 JEAîïNE d'arc.
Mai 1429. à la délibération , en jugea tout autrement :
elle pensa sans doute qu'il ne fallait pas laisser
aux Anglais le loisir de revenir de leur épou-
vante, ïii s'exposer à voir refroidir Pardeur
des Français , ni trop compter sur des secours
qui dépendaient de ministres tels que ceux de
Charles : en conséquence , elle annonce hau-
tement qu'il faudra marcher dès le lendemain
et de bonne heure , et, pour s'y disposer, elle
va prendre du repos.
Au bout de quelques minutes, =^78) l'agita-
tion que lui cause son projet la réveille. Pour-
quoi renvoyer au lendemain ce que peut-être
il n'est pas impossible d'exécuter dans le jour ?
Aussitôt elle se fait armer et équiper, et elle
s'entretient en même tems du point où elle
doit se diriger.
Sur ces entrefaites, ^79) la nouvelle du même
projet, ou la confiance que Jeanne avait ins-
pirée , et qu'augmentait le découragement des
ennemis , avait excité un détachement des
Orléanais à escar mou cher contre la garnison
nombreuse de la bastille de* Saint-Loup , une
des mieux fortifiées de la rive droite : plusieurs
d'entr'eux avaient été blessés ou tues ; les
autres, près de succomber, reculaient du côté
de la ville. Le bruit s'en répand lorsqu'on
achève d'équiper Jeanne. ^^o) Elle s'élance,
JEAÎÎNE d'arc. 67
sans délibérer, hors de son logis , se saisit du ^^^^ *4-9-
cheval d'un page qui se trouve sur ses pas et
qu'elle en fait descendre , et vole à la porte
d'Orléans, ^^0 que les Français repoussés tâ-
chaient de gagner, entraînant après elle tous
les guerriers qu'elle aperçoit. Elle franchit
cette porte malgré les remontrances du gou-
verneur, Raoul de Gaucourt , ^^2) qui tenait
aux résolutions du conseil , mais qui bientôt ,
entraîné lui - même , la suit avec toute sa
troupe. Elle court , l'étendard déployé , au
lieu du combat ; à l'instant, tout change de
face : les Anglais se retirent dans la bastille ;
les Français les poursuivent et vont les assié-
ger. 2^3)
Cependant Talbot , chargé du commande-
ment des bastilles du voisinage , essaie une di-
version en faveur de celle-ci ; il s'avance avec
un corps de troupes, ^^4) afin de placer les
Français entre deux feux. Mais les officiers et
soldats restés dans Orléans , électrisés par
l'audace de Jeanne , sortent en foule , ^^^) et
couvrent le siège de Saint -Loup. Talbot,
étonné, suspend sa marche, leur laisse prendre
une position, et, peu de tems après , ordonne
la retraite. 286)
Enhardis par ce secours , et sur-tout par
l'intrépidité de Jeanne , les assaillans redou-
68 JEANtîE d\rC.
Mai 1429. blent de valeur et d'efforts : en moins de
quatre heures , la bastille est emportée , ^^7)
et successivement le clocher de Saint-Loup ,
où beaucoup d'Anglais se sont réfugiés : pres-
que tous ceux qui la défendent sont tués ou
pris ; les Français enlèvent les munitions dont
la place regorge , la démolissent ou réduisent
en cendres , et rentrent dans Orléans.
Ce succès inouï montre aux généraux com-
bien ils ont eu tort de ne pas consulter Jeanne.
Le 5 mai, jour de T Ascension, ils tiennent
conseil en sa présence. ^^^) Elle propose de re-
tourner à Tennemi : soit timidité , soit pru-
dence, soit scrupule réel, on objecte que ce
n'est point ainsi qu'il faut célébrer une des
premières fêtes de l'église ; Jeanne se rend.^89)
On arrête enfin d'attaquer, le jour suivant,
les bastilles de la rive gauche : il y en avait
quatre, ^9°) et c'étaient les plus fortes de toutes.
On s'y prépare dès le soir avec tant d'acti-
vité, que tout est prêt pendant la nuit. 291)
Le 6 mai , de grand matin , on passe dans
une petite île , =^92) afin d'y former les troupes :
cette opération achevée , on défile sur un
pont construit à la hâte , à l'aide de deux ba-
teaux. Rien n'était plus facile que d'empêcher
les Français de débarquer : loin de s'en occu-
per, les ennemis , frappés de terreur par les
JEANNE d'arc. 69
exploits de Jeanne , qu'ils voient encore à la Mai 1429.
tête de l'expédition , abandonnent la bastille
la plus prochaine , ^o^) celle de Saint- Jean-le-
Blanc; aussitôt on les poursuit dans la se-
conde , celle des Augustins.^e^) Jeanne est la
première au pied des murailles. Saisis à leur
tour d'une terreur panique, nos soldats re-
broussent chemin : toujours la première dans
les attaques , Jeanne est aussi la dernière dans
les retraites. Pendant que les Français rega-
gnent l'île , elle s'aperçoit que les Anglais des
Tournelles =9^) font une sortie pour attaquer
notre arrière-garde: elle tourne bride etmarche
à eux , accompagnée de La Hire et de quelques
autres guerriers ; elle repousse les assaillans et
les force à rentrer dans les Tournelles. Ce trait
hardi réveille le courage des Français ; ils re-
viennent tous , et se reforment sous son égide.
On court à cette bastille des Augustins qu'on
n'avait presqu'osé approcher ; elle est prise
d'assaut dans un instant : la garnison , les mu-
nitions et la forteresse éprouvent le même sort
que celles de Saint-Loup. ^9^)
Chaque exploit n'est , pour Jeanne d'Arc ,
qu'une obligation d'en essayer un nouveau.
Les Anglais ont encore, sur la rive gauche
de la Loire , les bastilles de Saint-Privé et des
Touxnelles ; le soir même , Jeanne propose
7^ jëatmî-te r> ARC.
Mai 1109 d'assiéger la dernière, qui était, on Ta dit,
couverte d'un bouleyart. Le conseil de guerre
résiste. 297) La place est à-peu-près inexpu-
gnable par sa situation ; les ennemis y sont
en mesure ; la garnison est composée de plus
de cinq cents hommes d'armes d'élite ; elle
est commandée par Glacidas , un des plus
audacieux aventuriers du tems.... « N'importe,
répond Jeanne ; attaquons, nous les battrons,
nous prendrons le boulevart , nous emporte-
rons le fort , et nous rentrerons dans la ville ,
demain , par le pont qu'on a jadis brisé pour
les en éloigner » On est contraint de céder ;
la bastille est investie sur-le-champ.
La nuit du 6 au 7 mai ,^9^) afin de prévenir
toute surprise et de protéger le débarque-
ment et la distribution des vivres que les
Orléanais envoient aux assaillans harassés ,
on fait bivouaquer un corps de troupes. Les
guerriers auxquels ce soin est confié peuvent
être tranquilles; Jeanne veille avec eux : ^99)
elle ne veut pas plus se donner de repos qu'en
laisser aux ennemis. D'un autre côté, ceux-ci,
égarés par la frayeur, ou peut-être regardant
les Tournelles comme imprenables, évacuent
d'eux-mêmes , et à la faveur des ténèbres , la
bastille de Saint-Privé, ^oo)
Le 7 mai, dès l'aube du jour,3oi) on place
JEANNE d'arc. "yi
les échelles contre le boulevart. Secondés par Mai n^ag.
leur position , leur nombre , la multiplicité et
la yariété de leurs moyens de défense , et ani-
més par le désespoir de leurs pertes , le désir
de les réparer et la nécessité de conserver
leur dernier abri, la résistance des Anglais ^02)
passe tout ce qu'on imaginait. L'assaut a déjà
duré presque toute la journée ^^^^ sans qu'on
ait gagné du terrain : déjà les Français sont
fatigués ; une blessure que reçoit Jeanne , et
qui l'oblige de quitter la muraille , achève de
les rebuter. On pense à la retraite ; on s'y dis-
posait , ^^4) et l'on commençait à ramener l'ar-
tillerie ; mais à peine le premier appareil
est mis sur sa blessure , et à peine a-t-elle
fait une courte prière , que Jeanne revient.
Apercevoir l'embarras des Français , deviner
leur dessein , voler au pied du boulevart , y
planter sa bannière , ^^^ est l'ouvrage d'un
clin-d'œil. A cet aspect, les Français recou-
vrent presque subitement toutes leurs forces,
et sentent augmenter leur vaillance : ils ac-
courent , se pressent auprès de la bannière ,
reprennent l'attaque avec fureur, surmontent
tous les obstacles , et parviennent en peu de
minutes au parapet. Les Anglais se précipitent
en foule dans la forteresse ; le pont-levis s'é-
croule sous le poids : ^^^) Glacidas et la plus
7- JEANISEDARC.
]Mai 1^39. grande partie de ses soldats sont jetés dans le
fleuve et abîmés ou écrasés par les débris. On
rétablit aussitôt le pont, et, presqu'à l'ins-
tant , on enlève le fort et l'on rentre dans la
ville Les événcmens les plus extraordi-
naires semblent naître à la volonté de notre
héroïne.
La nuit du 7 au 8 , autre bivouac de Jeanne
sous les armes. ^°7) Il faut veiller aux entre-
prises que pourraient tenter les Anglais de
la rive droite, et les empêcher de se ressaisir
des Tournelles.
Mais la précaution était superflue. Bien
loin de penser à ce projet , le 8 , au matin ,
les ennemis sortent de tous leurs retranche-
mens ; ils se mettent en bataille. Les Français
s'avancent ; les Anglais font une retraite pré-
cipitée ,3o8) abandonnant artillerie , munitions
de guerre et de bouche , équipages , malades,
tout ce qui peut les retarder ; ils fuient, pour
ainsi dire , et vers plusieurs points différens....
Ainsi , en moins de dix jours , on s'est emparé
de fortifications qui avaient coûté à l'ennemi
vingt fois plus de tems à créer ; on l'a con-
traint de lever un siège qui durait depuis sept
mois ; on a presque détruit ses moyens d'at-
taque, et dissipé l'armée sur laquelle il comp-
tait le plus ! 3^9)
JEANNE D ARC. yi
Reprenons haleine. Entraînés par la rapi- Mal 1429.
dite des événemens , par les prodiges accu-
mulés sur les prodiges,^*o) nous avons presque,
à notre insu, converti cette partie de notre
ouvrage en un simple journal ; mais , en sui-
vant une autre méthode , aurions - nous pu
mieux célébrer notre héroïne? Lorsque les
faits parlent, il n'est pas besoin de réflexions.
C'est la conduite de Charles qui en fournirait
une ample matière , si Ton n'éprouvait pas
une sorte de lassitude , et presque de dégoût ,
à représenter un prince conservant tant d'apa-
thie au milieu de sujets qui se distinguaient
par tant d'exploits. Tout ce qu'on avait ob-
tenu de lui , c'était qu'il vînt jusqu'à Loches ;
qu'il se rapprochât d'Orléans de quelques
lieues. 3")
On s'indigne davantage d'une telle inertie,
lorsqu'on examine l'activité de Jeanne d'Arc.
Dès le lendemain de la délivrance d'Orléans,
dès le 9 mai, 2*2) quoique blessée, elle part
pour Loches : là , il lui faut lutter contre des
adversaires non moins difficiles à dompter que
les Anglais. Elle a rempli la première de ses
promesses ; elle désire d'accomplir la seconde,
de conduire Charles à Reims pour le faire
sacrer. On s'y oppose long-tems , et il faut
convenir qu'on avait des raisons fort plan-
74 JEANNE d'arc.
sibles : ^•^) il s'agissait de traverser soixante-
dix lieues d'un pays dont les habitans étaient
dévoués à Tennemi , qui était coupé par plu-
sieurs rivières et rempli de places fortes, toutes
occupées par les alliés ; et Ton avait si peu de
ressources , qu'on manquait d'argent3i4) pour
assurer le transport de l'artillerie. Mais ou-
bliait-on ce que peut le Français, lorsqu'il
est encouragé par la présence de son monar-
que et bien dirigé? Jeanne ne se rebute
point; elle insiste si vivement ^^^) que la cour
se rend à sa demande : on décide seulement
qu'il faut, avant le voyage, recouvrer les
places voisines de la capitale de l'Orléanais.
Juin 14:19 La réputation de Jeanne et les succès qu'on
a racontés faisaient accourir des soldats •^^^) de
toutes paris. Vers le commencement de juin,
huit mille hommes ^^'^)sont rassemblés sous les
murs d'Orléans. Impatiens de se distinguer,
ils vont attaquer Gergeau , à quelques lieues
de là : Jeanne n'était point avec eux ; ils
échouent dans leur entreprise. ^^^)
Ce léger revers n'avait , au reste , rien de
surprenant : la ville de Gergeau était extrê-
mement fortifiée ; douze cents hommes d'é-
lite ^»9) formaient sa garnison ; et quoique très-
suffisante par elle-même , vu le peu d'étendue
de la place , cette garnison semblait doublée
JEAN^'E d'arc. 75
par son chef, le célèbre Suffolck, que Bed- Juin 1429.
fort y avait envoyé à cause de Timportance
du poste.
Mais , on Ta vu , quels que fussent les obs-
tacles , Jeanne n'en était point intimidée.
A peine est-elle arrivée à Orléans , qu'on re-
prend l'expédition. Le 1 1 juin , les Français
sont auprès de Gergeau ; ^^o) le 12 , d'après
son conseil, ils donnent l'assaut. Elle ne se
borne pas à des avis ; elle marche au premier
rang, plante sa bannière au pied des remparls,
et, quoiqu'en butte à tous les traits des as-
saillans, elle excite à haute voix ses compa-
triotes. Atteinte d'un coup de pierre , et ren-
versée dans le fossé, elle redouble d'ardeur:
« Amis! amis! notre Seigneur a condamné
j) les Anglais! Ils sont à vous; bon courage! »
A ces cris, les soldats s'élancent ; ils renver-
sent tout ce qui se présente ; la ville est em-
portée, et Suffolck , ainsi que toute sa garni-
son, faits prisonniers ^^0 Le i5, le pont
de Meun; le i6, Beaugency ; le 17, le châ-
teau de cette dernière place ,-^2 a) éprouvent
le même sort.
Cependant le duc de Bcdfort , informé de
la levée du siège d'Orléans, ^-^) et alarmé des
désastres de son parti , s'efforçait d'en rétablir
les affaires dans l'Orléanais. Il confie d'abord
7^ JEANNE d'arc.
Juin 1429. le commandement des débris de ses troupes à
Talbot , le plus vaillant de ses généraux ; il le
renforce bientôt d'un corps de six mille
hommes , conduit par Fastol , que la victoire
de Rouvrai avait tant illustré.
Après cette jonction ,^^4) qui donna une
grande supériorité aux Anglais , et le lende-
main de la prise du château de Beaugency,
l'armée française les atteignit à Pathay, dans
le voisinage de Rouvrai , dont l'aspect sem-
blait devoir augmenter Tintrépidilé des soldats
de Talbot et Fastol. Mais les tems étaient bien
changés. Exhortés par Jeanne à les assaillir,
les Français ne leur donnent le loisir, ni de se
retrancher, ni de se former, ni de se recon-
naître ; ils fondent sur eux dès le point du
jour, et , dans peu de momens , ils effacent le
souvenir honteux de la journée des harengs.
L'armée anglaise est battue complètement et
détruite ou dispersée ; Talbot est au nombre
des prisonniers; et Fastol, qui l'eût cru?
Fastol prend la fuite sans attendre la fm du
combat î^^^) Un esprit de terreur semble s'être
emparé des Anglais, depuis que Jeanne a paru.
La reddition de Janville , où étaient leurs ba-
gages , leur artillerie, leurs magasins, et de
beaucoup d'autres places , ^^6) est le fruit de
cette victoire.
JEATSINE D ARC. 77
On court à Sully en exposer les détails à Juin i4^9-
Charles , que tant de succès avaient déterminé
à faire quelques pas de plus. Jeanne essaie de
lui rendre un nouveau service : elle le solli-
cite, elle le supplie à genoux de recevoir les
secours du connétable , ^^7) qui venait géné-
reusement de lui amener un détachement de
quinze cents hommes. Charles n'osa résister;
mais , cédant bientôt aux insinuations de la
Trémouille , il défendit à Piichemont de rac-
compagner au sacre. Quel aveuglement dans
ce prince ! Il accueillait avec facilité les me-
sures qui étaient nuisibles à l'Etat, et il fallait
le contraindre à celles qui lui étaient profi-
tables, et même on n'y réussissait pas tou-
jours. Empressés de le voir, les habitans des
divers cantons de l'Orléanais se réunissaient
dans leur capitale , où on l'invitait à aller re-
mercier ses sujets de leur fidélité et de leur
zèle, et où ceux-ci lui préparaient, à leurs
frais , une réception magnifique ; il se tint
fermé à Sully, à Gien ou à Châteauneuf ^-8)
Enfin , on se résout au voyage de Reims ;
on se met en marche le 29 juin.^^'J) L'expédi- Juillet 1429.
lion est peut-être plus étonnante que tout ce
qui a précédé , et c'est sur-toiit à Jeanne ^^o)
qu'on en doit le succès. En donner les dé-
tails, 33i) ce serait s'exposer à des répétitions
Y^ JEA-N-NE d'aF. C.
fastidieuses ; car, en toute occasion , on voit
dans Cette guerrière la même bravoure , bien
secondée par l'armée , à qui elle inspire de
Taudace , en même tems qu'elle jette souvent
du découragement parmi les ennemis ; et par-
tout aussi même incertitude , même timidité
dans le conseil de Charles. Il suffit d'observer
qu'en dix-huit jours l'espace qui sépare Gien
de Reims est franchi , les rivières qui le cou-
pent traversées, les villes qui y étaient semées
comme autant d'obstacles soumises ; qu'enfin,
le 17 juillet, ^•^^) Charles, considéré jusque-là
par une multitude de Français comme un
simple héritier du trône , ^^^) en acquiert à
leurs yeux la possession par l'onction reli-
gieuse. Une foule de villes de la Champagne ,
de la Brie , de l'Isle-de-France , se hâtent de
chasser les garnisons des alliés , et de lui ap-
porter leur repentir.
Juilleiàmars Le même motif nous fera aussi omettre les
*^^^* détails de tout ce qui se passa jusqu'à la fm de
la campagne. 2^4) L'armée royale parcourut
l'Isle-de-France et les environs ; quantité de
places furent également soumises ou rendues ;
on brava deux fois l'armée anglaise , qui ,
quoique secondée d'une autre armée destinée
à une croisade , ^^5) n'osa accepter la bataille ;
on parvint à conclure une trêve de quelques
JEANî^iE D ARC. -()
mois pour les provinces septentrionales ; ^•'^)
on se porta ensuite au midi de la Loire , où
Ton s'empara de Saint-Pierre-le-Mouliers ,
grâces à Tintrépidité et aux exhortations de
Jeanne ; ^^^ ^'^) enfin , on n'échoua guère que
dans deux entreprises, qui avaient pour objet
de surprendre Paris , et de détacher des An-
glais le duc de Bourgogne. La première , où
la Pucelle fut blessée pour la troisième fois, ^^7)
ne put réussir, faute d'une armée assez nom-
breuse ; les Anglais firent avorter l'autre , en
accablant Philippe de dons et d'honneurs. ^^7 ^'•*^)
La campagne suivante s'annonçait sous de i43o.
favorables auspices ; déjà notre héroïne, assis-
tée de quelques capitaines , avait battu et fait
prisonnier ^^^) un fameux partisan bourgui-
gnon , nommé Franquet d'Arras , lorsque nos
progrès furent , sinon arrêtés , du moins re-
tardés par quelques circonstances. Et d'abord,
la prise de la Pucelle , ^^9) au siège de Com- ^4 m;
piègne, où elle fut victime de son courage,
peut-être de la jalousie que les généraux com-
mençaient à en concevoir, ou de la perfidie
du gouverneur de la ville ; ensuite, les
efforts que fit le duc de Bourgogne, en re-
connaissance des libéralités des Anglais; le
dénuement d'argent où se trouvait Charles, 4°)
et dont ses troupes s'autorisaient pour piller
8o JEANNE d'arc.
ses partisans comme ses ennemis ; enfin , et
plus que tout, son étrange conduite. ^4» '^'j^)
i43oà 1432. Après Pexpédition à laquelle Jeanne venait
de Pentraîner, non-seulement il retomba dans
son ancienne apathie et s'abandonna à son
penchant pour les plaisirs , mais , de plus en
plus ministre ou esclave de ses favoris, ^40 il
souffrit que la Trëmouille employât Parmée
royale à des expéditions contre les places ap-
partenant au connétable ; il n'essaya point
d'empêcher cette guerre intestine , qui enle-
vait aussi à la patrie le secours qu'on eût tiré
des troupes des deux rivaux, et l'appui du
génie et de la valeur de Richemont : elle ne
se termina même > au bout de deux années ,
que parce que les adversaires de la Trémouille
eurent l'audace de l'attaquer et de le charger
de fers ; ^4^) attentat inouï que le roi , dans le
. palais duquel on s'en était rendu coupable , ne
rougit pas d'approuver devant l'assemblée de
la nation.
i'33à 1/35. Quelque grands que fussent ces obstacles,
l'impulsion donnée par Jeanne avait été si
forte, ^43) qu'elle ne put en être détruite. Les
succès furent sans doute moins rapides, moins
considérables et plus disputés ; mais ils l'em-
portaient sur les revers : insensiblement , ils
procurèrent à Charles ce qui lui était absolu-
8i
ment nécessaire pour mettre fm à cette lutte
si longue et si sanglante. Un monarque n'est
réellement puissant que de l'affection de ses
sujets : si Charles avait failli à succomber,
c'est qu'il avait perdu celle d'une grande partie
de ses provinces , et qu'il ne faisait rien pour
la regagner. Les événemens qui le servirent
paraissant le fruit d'une protection* spéciale
de la Divinité', engageaient les Français à re-
venir d'eux-mêmes sous son empire. 11 fallait
jadis se défendre contr'eux ; depuis les exploits
de Jeanne , on n'eut presqu'à combattre que
les garnisons ennemies. ^44) Tous les jours la
domination du roi s'affermissait et s'étendait ,
et par-là même l'ascendant des alliés dimi-
nuait : elle offrait plus de sûreté et de profit
à quiconque accepterait l'alliance de Charles.
Cinq ans après le siège d'Orléans, le duc de septembre
Bourgogne lui accorda la sienne ; ^45) et suc- '^
cessivement, au bout de six mois, il rentra avril i436.
dans sa capitale. ^4<^)
Dès-lors , le triomphe de la France cessa
d'être problématique. Charles qui , loin de le
hâter, ainsi qu'il le pouvait, semblait l'at-
tendre avec indifférence , devint un grand
homme , lorsqu'au lieu de la ravir , il n'était
plus besoin que de saisir la victoire.
Cependant, s'il se tira un peu tard de sa
82
honteuse léthargie , il faut , Téquité le veut ,
dire et montrer qu'il répara amplement le
x437 tems perdu. Il se débarrasse tout- à-coup des
^ ^^ chaînes des flatteurs, et s'entoure de ministres
éclairés. Il se met à la tête de ses troupes , et
donne de continuelles preuves de valeur et de
génie ^4^^^'^) militaire. Yrai père de ses sujets,
le désir de ménager leur sang et leur repos
rengage à ne pas précipiter ses expéditions. Il
enlève peu-à-peu toutes les conquêtes ^4?) de
'453. l'ennemi , qu'il confine dans les murs de Ca-
lais. Il porte même l'alarme sur les côtes de
,^5^. l'Angleterre , dont nos flottes avaient oublié
la route pendant soixante ans. ^48) H acquiert
le respect et la confiance des nations étran-
ï458. gères, ^49) et la république de Gênes vient lui
demander une protection qu'elle avait rejetée
depuis un demi -siècle. Travaillant sans re-
lâche à ce qu'exige le bien de l'Etat, et se
donnant à peine un jour de plaisance par se-
maine, ^5°) il ne tient pas d'une main moins
ferme et moins habile les rênes de l'adminis-
tration intérieure. Il commence à comprimer
cette puissance si dangereuse des premiers
vassaux de la couronne, que son fils parvint
ensuite à abattre. Naguère on n'obtenait rien
des grands qu'à l'aide d'une guerre ; Charles
est assez fort pour faire saisir par un huissier
à 1461.
JEANNE d'arc. g3
le comte d'Armagnac et le duché d'Alençon , ^\^?J
et pour faire condamner à mort un prince 35i)
du sang. Les finances sont assujéties à des
règles; ^^^) une économie sévère, sans parci-
monie , est mise dans la distribution des de-
niers publics. Après avoir été forcé à tant de
dépenses , et réduit pendant tant d'années à si
peu de ressources , il laisse des fonds suffi-
sans^^^) pour retirer plusieurs des places qui
avaient été le gage de l'alliance du duc de
Bourgogne. Les exactions sont réprimées , 354)
les troubles pacifiés ; l'activité est rendue aux
tribunaux, dont l'autorité était dès long-tems
méconnue. Il ne se borne pas là : portant ses
regards dans l'avenir, il ordonne qu'on rédige
et écrive les coutumes innombrables qui ser-
vaient de lois, ou plutôt de moyens de dis-
corde, aux deux tiers de la France. îl a ainsi
la gloire de jeter les fondemens d'un édifice
indispensable à notre bonheur, mais telle-
ment difficile à élever que trois siècles et demi
en ont à peine procuré de légères continua-
tions ou restaurations , et qu'il n'a pas moins
fallu que la plus extraordinaire des révolu-
tions pour le terminer. A ce bienfait, qui mé-
rite à Charles une éternelle reconnaissance , il
en joint d'autres non moins précieux : il ra-
nime les études, en procurant à rUniversité
i53.
Code civil.
84
\\^i. ^^ Paris ^^^) un meilleur régime; irrétablit
la méthode des élections^^^) pour la collation
des emplois judiciaires et ecclésiastiques ; il
contient les entreprises de la cour de Rome,
et en circonscrit le pouvoir dans des limites
que, pour le bien de la religion, elle n'eût
jamais dû franchir; il consacre les droits si
improprement nommés les libérâtes de l'église
gallicane^ et sa pragmatique-sanction est en-
core un modèle pour nous.
Quelque avantageuses que soient toutes
ces opérations , et bien d'autres que le défaut
d'espace nous oblige d'omettre , il en est une
qui, dans la situation où était la patrie, les
efface toutes, et qui a été la cause éloignée
du repos dont nous jouissons. Depuis l'inva-
sion des Anglais, sous Philippe de Yalois, la
France avait été en proie à une soldatesque
effrénée , composée , soit de citoyens trop ac-
coutumés au pillage pour reprendre à la paix
les travaux pénibles de l'agriculture et de l'in-
dustrie , soit d'étrangers accourus pour pro-
fiter des troubles, et les uns et les autres
réunis sous des aventuriers indépendans qu'il
fallait acheter, et qu'il eût été imprudent de
combattre. Charles Y s'en débarrassai^?) en
les envoyant en Espagne ; ce n'était là qu'un
faible palliatif: les mêmes causes et les mêmes
JEANNE d'arc. 85
circonstances firent renaître ces compagnies
lors des premières divisions des Bourguignons
et des Armagnacs. Dès cet instant, la France
fut un champ de brigandages ; ^^^^ et les
troupes attachées aux princes souverains ,
loin d'arrêter le mal , s'aidèrent à l'aggraver,
parce qu'elles n'avaient aucune discipline ,-^^9)
,et qu'on n'acquittait presque jamais leur solde.
La guerre avec toutes ses fureurs était quel-
quefois moins à redouter pour les artisans ,
les marchands et les cultivateurs , qu'une paix
ou une trêve qui laissait au soldat la liberté
d'assouvir chaque jour sa soif de dévastations
et de forfaits : heureux lorsque , par crainte
ou par besoin, ils ne s'en rendaient pas les
complices ! car les citoyens étrangers à l'exer-
cice des armes, et jusqu'aux ecclésiastiques, 2^^)
souvent abandonnèrent leur profession et de-
vinrent brigands pour éviter d'être victimes.
Plus de sûreté dans les routes ; aucun asile
qui pût garantir les propriétés et la vie des
habitans de la campagne : il fallait tenir d'une
main la charrue, et une arquebuse de l'autre.
Si le désespoir les portait à se soulever, trop
inexpérimentés dans l'art militaire , ils ne tar-
daient pas à être réprimés et punis avec ri-
gueur; mais bientôt aussi ils se vengeaient,
sur les soldats épars , ^^0 des maux qu'ils en
86 JEAISNE d'arc.
avaient reçus en masse : de là nn esprit de
cruauté ou plutôt de férocité 3^^) qui avait
gagné presque toutes les classes de citoyens ,
et que , loin de chercher à éteindre , on souf-
flait jusque dans l'ame pure et douce de l'en-
fance. ^^3) j^es effets qui en résultèrent furent
horribles ; il ne faut pas moins que le concert
unanime des monumens les plus authentiques»
et la conviction de Pétat effrayant où la mo-
narchie était réduite , pour se résoudre à y
croire. On nous dispensera sans doute de nous
y appesantir, sur-tout lorsqu'on aura lu ce
que nous en allons exposer. A l'issue d'un
siège, on condamnait ordinairement au pillage
et à l'incendie ^^4) les villes qui avaient retardé
et illustré leur soumission par une défense vi-
goureuse ; on ne faisait guère de quartier à leurs
garnisons ; enfin , il n'était pas rare de voir
massacrer les prisonniers , ^^^) non dans un
premier mouvement de colère excité par la
résistance , mais au bout d'un intervalle assez
long pour inspirer de la clémence , si l'on en
eût été susceptible. Un évéque de Liège *^^'')
dévouait à la corde tous les soldats pris dans
une forteresse ; et après avoir repu ses yeux
de leur supplice , pour lequel il contraignait
leur aumônier à servir de bourreau , il faisait
brûler le malheureux prctrc- On épargnait
JEANNE D^ARC. 87
sans cloute les captifs dont on attendait une
rançon ; mais les pauvres n'obtenaient aucune
miséricorde , et une mort rapide ^^7) ne con-
tentait pas toujours la rage de leurs vainqueurs ;
beaucoup de capitaines étaient autant de des
Adrets. Une autre conséquence du défaut de
sûreté était le défaut de police et de provi-
sions. Les maladies contagieuses et les fa-
mines ^^^) qu'occasionnent les guerres faites
sans observation du droit des gens exerçaient
à un tel point leurs ravages , qu'on vit , pen-
dant unbiver, les loups pénétrer ^^^9) jusqu'au
milieu de la capitale pour y dévorer les ca-
davres abandonnés de ses babitans Hâtons-
nous de passer au moyen par lequel Charles
remédia à tant de calamités. 11 fut très-simple :
ce monarque n'en est que plus louable , et
d'autant plus louable que, jusque-là, on n'a-
vait su trouver que des palliatifs. On forma
divers corps de troupes réglées ; ^^o) on les
rendit permanens, à l'aide d'un recrutement
périodique ; on les disciplina , et on les accou-
tuma à plier sous des cbefs qu'on leur choisit;
on établit une taxe également permanente ,
par laquelle , en assurant à l'avenir le paie-
ment de leur solde , on leur ôta tout prétexte
à des brigandages 3 on s'en servit , enfm , pour
disperser ou détruire les aventuriers qui ne
B8 JEANNE d'arc.
voulurent pas se ranger sous les drapeaux du
pouvoir légitime. La suite de cette mesure
s'aperçoit d'avance : le laboureur retourne à
ses champs ,^70 Partisan à ses ateliers , le mar-
chand à ses magasins , les juges à leurs tribu-
naux ; Pagriculture commence à fleurir, le
commerce essaie de naître ; chacun jouit en
paix de sa propriété ou des fruits de son in-
dustrie ; chacun peut céder à ce penchant na-
turel , un des principes vivifians du corps so-
cial, ^72) qui nous porte à améliorer notre état,
et par-là même à concourir à la prospérité
publique ; l'administration est libre elle-même
de s'occuper des améliorations générales qui
sont au-dessus des forces des particuliers.
Bientôt la France est assez puissante pour ten-
ter de conquérir des royaumes étrangers; ^z^)
et ce qui doit sur-tout fixer notre attention ,
et en même tems renouveler notre gratitude
envers Charles , c'est qu'après avoir été pen-
dant deux siècles le théâtre sanglant des excur-
sions de ses voisins , si notre patrie a vu ,
depuis, ses extrêmes frontières quelquefois
entamées, des quatre-vingt-quatre départe-
mens dont elle était composée en 1790, il y
en avait au moins soixante qui ne connaissaient
la guerre ^74) que par l'assiette des imposition»
ou les récits des historiens.
JEANNE d'arc. 89
Ce tableau rapide du gouvernement de la
France, pendant plus d'un demi - siècle ,
prouve la vérité de deux maximes qui sont , en
. quelque sorte , le but moral de notre ouvrage :
Rien de si malheureux que le peuple aban-
donné aux ministres et aux courtisans! Pûen
de si heureux que le peuple qu'un bon roi
gouverne par lui-même!.... Celle-ci s'applique
aux Français pendant les vingt-cinq dernières
années du règne de CharlesYII : ce qu'il fit dans
cet intervalle le place au rang des plus grands
monarques et des meilleurs des hommes
Empressés de lui rendre justice, et encore
pénétrés de reconnaissance pour les services
qu'il rendit à nos aïeux , et dont l'influence
s'est étendue jusqu'à nos jours, pourquoi faut-il
que le Génie inexorable de l'histoire nous
force de revenir sur nos pas , de rappeler un
des traits qui flétrirent sa jeunesse ?
Nous avons laissé Jeanne d'Arc au moment i43i.^
où elle fut prise par les ennemis. Dès-lors ,
l'Europe eut un spectacle si révoltant , qu'il
est à souhaiter que nos annales n'aient plus à
en décrire de semblable. Jeanne s'était rendue
à un seigneur de la maison de France ; il la
livra ^7^) à Jean de Luxembourg , général des
Bourguignons : ce dernier eut l'infamie d'en
faire un objet de commerce. Aussitôt un
9© JEAÎÎNE d'arc.
homme dont la mémoire est encore en exé-
cration , Pierre Cauchon , évéque de Beau-
vais, s'unit aux théologiens de l'Université de
Paris, ^76) tous d'autant plus acharnés contre
Jeanne , qu'ils se sentaient plus traîtres au
souverain qu'elle venait de si bien servir ; et ,
il faut l'avouer, les Français de leur parti , et
sur-tout les Parisiens , les enhardissaient dans
leurs fureurs par la joie qu'ils témoignè-
rent , ^77) les fêtes qu'ils célébrèrent en l'hon-
neur de la prise de Jeanne. Ils n'attendent pas
que les Anglais , cédant à la vengeance ou à
l'espoir de décourager les royalistes, excitent
à accuser cette infortunée ; eux-mêmes pres-
sent Luxembourg et sollicitent ^78) l'interven-
tion du duc de Bourgogne pour obtenir la
proie qu'ils se proposent de dévorer. C'est
Févêque de Beau vais qui est le Proxénète du
marché ; c'est lui qui offre la somme pour la-
quelle la tête de Jeanne est, en quelque sorte,
mise à prix. A peine a-t-il la victime en son
pouvoir, qu'il réclame avec instance les auto-
risations et les appuis dont il a besoin pour
agir et en disposer sans obstacles. Enfin , par-
venu , au mépris de toutes les lois canoniques
ou civiles, 3/9) à se créer le juge ou plutôt
l'inquisiteur de Jeanne d'Arc , il s'associe une
quarantaine d'ecclésiastiques ou de moines, ^^^)
JEANNE D ARC. gt
la plupart d'un caractère propre à faire hon-
neur à la cruelle sagacité de leur chef. On
emploie quatre mois à instruire le procès , ou
plutôt à préparer l'assassinat 380 de celle que
les anciens eussent placée au rang des demi-
dieux. Que ces misérables aient projeté ce
forfait , rien de moins extraordinaire ; mais
qu'ils aient cherché aussi long-tems des pré-
textes pour le commettre, voilà ce qui serait
inconcevable , si l'on ne réfléchissait qu'heu-
reusement pour les gens de bien le méchant
n'est jamais tranquille sur les suites du crime
qu'il médite ! Opinion salutaire î il est telle-
ment effrayé du remords, de ce supplice in-
visible qui l'attend et menace de le déchirer
jusqu'au tombeau , que , lors même qu'il n'en
est pas retenu, il tâche de l'étouffer d'avance
en se procurant quelques excuses , fût-ce par
les moyens les plus coupa])les.
Voilà, en effet, ceux dont se servirent^^^)
les bourreaux de Jeanne d'Arc. Questions et
réticences insidieuses , impostures, faux ma-
tériels , menaces , violences , ils ne négligèrent
rien pour la faire tomber dans le piège ; tout
tourna à leur confusion et à sa gloire. Pres-
qu'aussi admirable par sa noble résistance à
l'oppression que par son intrépidité dans les
combats, elle sut tcnu^ tête à ses adversaires.
92 JEANNE D ARC.
et les réduire au silence de la honte par la
justesse, la dignité et l'énergie de ses réponses.
Ils avaient imaginé toutes sortes de manœu-
vres pour lui découvrir des fautes ; ils ne lui
trouvèrent que des vertus. Le seul résultat de
leur procédure , ainsi que de plusieurs autres
qu'on fit dans la suite, fut que, par sa sagesse,
elle était le modèle de son sexe,^^^) comme
elle avait été Penvie du nôtre par sa bravoure
au milieu des périls , son humanité et sa mo-
destie après la victoire ; enfin , par son hé«
roïsme. Tous les témoins de ses exploits, tous
les historiens de son tems , ^^4) amis ou enne-
mis , nationaux ou étrangers, lui rendirent
cette justice. On fut réduit à la condamner
sur ce qu'elle prétendait avoir eu des révéla-
tions et apparitions dont tout le monde admet-
tait pourtant la possibilité , ^^^) et sur ce
qu'elle avait pris des habits d'homme, après
avoir promis de ne s'en plus vêtir ; encore
l'avait-on contrainte à cette précaution de
prudence, ^^^ ^'•^) qu'on osa qualifier de cri-
me , et punir par le plus horrible des tour-
mens ! ^^^)
Pendant ces longues et douloureuses an-
goisses de Jeanne d'Arc , que faisait le prince
qu'elle avait replacé sur le trône? Digne pré-
décesseur de Henri, savait -il, comme lui,
JEANNE d'arc. q3
s'arracher des bras de la volupté pour proté-
ger, contre les attaques de l'envie , ses plus
généreux défenseurs? Usait-il de toutes ses
ressources pour dérober sa libératrice aux
attentats dont elle était menacée? Profita-t-il
de Pintervalle où elle fut la captive de Luxem-
bourg pour couvrir honorablement l'enchère
ignominieuse à laquelle on l'avait mise ? Te-
nant dans ses fers tant de prisonniers qu'elle lui
avait procurés à Orléans, à Pathay et ailleurs,
sans compter ceux que , dans le cours de sa
détention , il dut à la valeur dont Gaucourt,
Xaintrailles et Barbazan firent preuve pour
lui aux batailles d'Anthon , de Germigny, de
la Croisette et de Chape , ^^7) proposa-t-il un
échange qu'on n'aurait pas eu la hardiesse de
rejeter? A l'exemple de Dunois,^^^) qui ne
dédaigna pas ce moyen pour recouvrer un
messager obscur de Jeanne , essaya-t-il de
menacer les Anglais de représailles, si l'évêque
de Beauvais et ses satellites continuaient leurs
persécutions? On rougit de n'avoir rien à ré-
pondre pour Charles YII.%) Qui oserait l'ex-
euser sur quelques actes judiciaires qu'il au-
torisa ou demanda, au bout de vingt -cinq
ans , 390) pour justifier l'héroïne de la France ?
Eh! ce n'était pas à elle qu'il fallait une justi-
fication, c'était à son ingrat souverain; et.
g4 JEANÎ^E d'arc.
au lieu d^une vaine procédure, -^90 il fallait lui
élever des arcs de triomphe !
Femme illustre et infortunée ! voilà donc la
récompense de tant de services et de vertus!
Que dis-je? la postérité , cet asile vengeur de
rinnocence, lui ferma quelquefois son temple î
On vit , cent cinquante ans après , des écri-
vains de son pays ^9^) suspecter audacieuse-
ment sa chasteté et sa bonne foi ; et cela , sans
la moindre preuve, et contre le témoignage
de tous les documcns où ils avaient à puiser
leurs odieuses conjectures! Bien plus, comme
si sa mémoire dût être en butte à une desti-
née aussi étrange que celle dont elle-même
fut la victime , de deux ouvrages auxquels elle
eut le triste honneur de donner son nom ,
Tun , que Ton voua à sa gloire, est composé
en dépit de tous les préceptes du goût , aularit
que l'autre, où on la tourne en ridicule, brille
de tous les charmes de la poésie la plus sédui-
sante !
Que ses mânes se rassurent, néanmoins!
La voix de la justice perce tôt ou tard ; et ,
plus elle fut étouffée par la haine ou la pré-
vention , plus elle se fait entendre avec éclat.
Déjà, équitable appréciatrice des tems et des
circonstances , elle proclame hautement que
si Jeanne put se laisser éblouir par l'idée
JEANINE d'arc. 95
d'être l'envoyée de l'Eternel , cette illusion ,
ennoblie d'ailleurs par le civisme qui en fut
la source , était favorisée par les opinions de
ses contemporains, tandis que ses vertus
furent les vertus de tous les siècles. Tant que
la pudeur, la piété, la bravoure, la généro-
sité, le dévouement à la patrie, seront ho-
norés par les Français , son souvenir vivra
parmi eux , et ils la présenteront à leurs en-
fans comme un modèle plus facile à imiter
qu'à atteindre !
Qu'on ne croie pas , d'ailleurs , qu'ils aient
tous montré de l'insensibilité pour ses bien-
faits : la ville qu'elle préserva d'un joug dé-
testé célèbre depuis cette époque une fête , h^)
et lui a érigé un trophée en mémoire de sa
vaillance. %4) Espérons que cet hommage exci-
tera de l'émulation. S'il acquitte la dette des
Orléanais, il est, pour la France, une trop
faible expiation de l'abandon où elle laissa
Jeanne d'Arc , lorsqu'elle avait besoin de se-
cours. Non î non ! ce n'est pas dans les murs
6rOrléans qu'on doit se borner à élever des
monumens en son honneur : elle n'appartient
pas à cette ville ; son courage lui a donné le
droit de cité dans tout le royaume. Oui ! c'est
au milieu des plus grands hommes de tous les
tems que son effigie doit nous rappeler ses
g6 JEANNE d'arc.
exploits et ses vertus : oui ! c'est dans le Pan-
théon français qu'il faut la placer, et la placer
donnant la main au chevalier sans peur et sans
reproche !
NOTES
DU COUP-D'OEIL SUR LES RÉVOLUTIONS
DE FRANCE,
AU TEMS DE CHARLES VI ET DE CHARLES VU ,
KT SUR -TOUT
DE LA PUCELLE D'ORLEANS.
Note»), pag. i. Jeanne d'Arc, ou Coup-d'Œil sur
les Révolutions de France au tems de Charles VI et de
Charles VII , et sur-tout de la Piicelle d'Orléans.
I. L'intitulé précédent fait entrevoir le but qu'on Observations
s'est proposé en composant cet essai historique, et le prelimmaires,
système selon lequel on en a rédigé les notes.
Sans négliger les événemens antérieurs à CharlesVII,
on s'est attaché à indiquer ou constater ceux de son
règne qui ont rapport à la révolution arrivée au tems
de Jeanne d'Arc. Si l'on eût voulu parler de tous les
faits intéressans de la période qu'on a embrassée , il au-
rait fallu donner, et au texte et aux notes de l'ouvrage ,
une étendue que ne comporte pas sa destination.*
©i^C^ * Cet ouvrage a e'té composé pour un concours ouvert
il y a plusieurs années par une académie , ce qui a forcé l'auteur
d'en resserrer le texte et d'en multiplier les notes. Il avait de-
puis formé le projet d'insérer dans le texte la plupart des notes ;
mais il fallait refondre tout son travail, et il n'en a eu ni le
loisir ni le courage.
7
98 NOTES DE JEÂNÎ^E d'aRC.
Citations. II. H est un autre soin dont on croit devoir dire un
mot, La plupart des historiens des derniers siècles se
sont dispensés de citer les sources où ils avaient puisé,
ou réduits à mettre en marge , et de loin en loin , le
simple nom des auteurs auxquels ils annonçaient avoir
eu recours. Si une telle méthode est nuisible à l'ins-
truction générale et aux progrès de la science, il faut
convenir qu'elle est bien commode pour l'écrivain.
Pourquoi se charger du travail aussi pénible qu'en-
nuyeux de l'examen et de la confrontation des auteurs
originaux? Il suffit d'en parcourir les tables, ou plutôt
de prendre leurs noms à la marge de quelque histoire re-
lative aux époques dont on s'occupe ; on ne court point
par-là le risque d'une critique fâcheuse. Qui est-ce qui
aurait la patience de lire tout un volume in-folio pour
vérifier si un fait, une anecdote, une date, sont tels
qu'on est supposé les y avoir vus ?
Nous avons suivi une autre marche. Il n'y a rien
dans notre ouvrage que nous ne soyons en état de fonder
souvent sur plusieurs autorités. Si nous n'indiquons pas
à chaque fait toutes celles que nous avons recueillies ,
c'est par le motif déjà énoncé, par la crainte d'excéder
le? limites assignées en général aux compositions desti-
nées à des concours ; mais, lorsque nous les indiquons,
nous y ajoutons les renseignemens nécessaires , tels que
les numéros ou années des volumes, des livres , pages ,
éditions, etc. {Voy, entr autres ci- après n^ V), pour
mettre à portée de les vérifier en un instant Comme
nous avons tout examiné avec scrupule , et par nous-
mêmes , nous ne croyons pas qu'il nous soit échappé
beaucoup d'erreurs, et sur-tout des erreurs de quel-
que importance.
KOTES DE JEATSNE D ARC. ^Q
III. Notre méthode nous a conduits quelquefois à la j,5^^,«.^
^ ^ d Orléans
découverte de faits dont on ne trouve aucune trace dans
les historiens modernes , ou même dont l'existence ne
s'accorde guère avec leurs narrations ; nous l'avons sur-
tout reconnu à Toccasion du siège d'Orléans , qui est
cependant un point de l'histoire de France assez capital
pour qu'on eût dû en rechercher et approfondir les
circonstances , et d'autant mJeux qu'on n'était pas dé-
pourvu de matériaux. Indépendamment de tout ce que
les chroniqueurs nous apprennent de ce siège, on pou-
vait consulter, dans le procès justiticatif de Jeanne
d'Arc, les dépositions de plusieurs personnes qui y
avaient assisté. Enfin , Thistoire ancienne de la Pucelle
et le journal de Tripaut (^Foyez ci- après la Table,
n°* 19 <?^ 25, pag. io5 et 106), rédigés évidemment
par des témoins oculaires, abondent en détails précieux.
Mais, il faut l'avouer, si la mine où l'on avait à puiser
était riche, son exploitation ne présentait pas de mé-
diocres difficultés. Les témoins et les rédacteurs de ces
sortes de journaux, répondant ou écrivant pour des con-
temporains ou des compatriotes, s'inquiètent peu de
donner, et sur les époques et sur les localités, les éclair-
cissemens dont nous aurions aujourd'hui besoin pour
entendre leurs relations ; ensuite , les manuscrits des
journaux ont éprouvé, avant d'être publiés, plusieurs
altérations, soit par l'effet du tems , soit à cause de la
négligence ou de l'ignorance des premiers éditeurs.
Par exemple , la Chronique , qui par sa naïveté , son
impartialité , peut-être par son exactitude prolixe , mé-
rite le plus de confiance; en un mot, le journal de
Tripaut ne laisse pas d'offrir, au moins en apparence ,
de la confusion dans les dates : on y remarque un double
lOO
emploi (l'une semaine entière ; et quelquefois aussi les
jours, soit des semaines, soit des mois, sont dépla-
cés , etc. Au surplus , ce que nous allons exposer don-
nera une idée de l'embarras qu'auront causé ces docu-
mens aux historiens modernes , et qui le|S auront sans
doute engagés à imiter l'abbé de Vertot , à faire eux-
mêmes leur siège. Nous avons été obligés de composer
en combinant tous les récits avec les cartes de géogra-
phie , les descriptions topographiques, les voyages et
diverses chronologies : i° une carte visuelle des fortifi-
cations de la ville et des assiégeans ; * 2° un calendrier
complet depuis le commencement d'octobre 14.28 , ou
depuis la marche de l'armée anglaise vers Orléans ,
jusqu'à la fin de mai i/JSo , c'est-à-dire jusqu'à la prise
de la Pucelle ; 3° de discuter tous ces récits en les com-
parant au plan et au calendrier Quoi qu'il en soit ,
si la rédaction de cette espèce de procédure a été fort
longue et fort ennuyeuse , nous en avons été bien dé-
dommagés. A l'exception de quelques circonstances in-
signifiantes , presque tout ce qui nous est rapporté du
siège d'Orléans et des exploits de Jeanne d'Arc s'est
trouvé parfaitement éclairci.**
Années. IV. Voici une autre source d'embarras et d'erreurs
* Elle est ci - après à la fin de l'ouvrage ( carte n» i , ou
ire carte ).
** C'est aussi dans le même objet, et afin de faire mieux
apprécier les travaux de Jeanne d'Arc, que nous avons dressé
une carte du théâtre de la guerre au tems de Charles VI et de
Charles VIÏ , où nous avons indiqué toutes les villes, com-
munes , etc. , nommées dans notre ouvrage , et tracé l'itinéraire
des voyages ou expéditions de la Pucelle. Elle est aussi à la fin ,
carte n^ 2 ou 2« carte.
NOTES DE JEAKÎ^E D ARC. lOI
pour les historiens modernes. L'année, aux i4-^ et i5« siè-
cles , commençait à Pâques, et par conséquent variait
sans cesse, puisque cette fête ne se rencontre pas deux
fois de suite aux mêmes jours. Lorsqu'on n'y réfléchit
pas avec attention , comment s'imaginer qu'un traité,
par exemple , du mois d'octobre i4-i6, soit antérieur
à la mort d'un prince , arrivée le 5 avril de la même
année {Foy. ci-après Note io5)? ou qu'une bataille
livrée les so ou 21 mars soit la même qu'un chroni-
queur fixe au 20 mars 14.20, et un autre au 21 mars
14.21 (Koj. ci-après Noie i3i) ? Il y a peu d'auteurs
que cette variation du calendrier n'ait trompé , et d'au-
tant plus facilement que leurs devanciers n'ont guère
d'exactitude quant à la chronologie On voit, dans
la table suivante , les premiers jours des années sur les
événemens desquelles nous nous sommes le plus arrêtés.
PAQUES.
PAQ
UES.
ANNÉES.
<' ■"■* ■^
^ — «'^ -s
ANNÉES.
^ ■^■" '
^ -**■ ^
Mars.
Avril.
Mars.
Avril.
i4oi
))
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I
.V. B. Cette table a été puisée dans V Art de yérijier les dates, édit. de 1730 et 1770-
102 NOTES DE JEANNE d'aRC.
Si l'examen du calendrier Pascal est indispensable,
celui des fêles des saints est fort utile pour découvrir
les dates des événemens , parce que les auteurs anciens
se bornent souvent , comme cela est encore en usage
aujourd'hui parmi les artisans ou cultivateurs , à indi-
quer ces mêmes fêtes : c'est encore un soin que nous
n'avons pas négligé.
[abréviations. y^ Entre les ouvrages qui nous ont servi pour le
Ouvrages si i
cités. texte ou pour les notes , il en est plusieurs que nous ci-
tons assez fréquemment. Voici une table de leurs inti-
lulés et éditions , et des abréviations que nous y avons
substituées , afin d'éviter des longueurs et des répéti-
tions fastidieuses.
N. B. Les abréviations sont indique'es à la marge de la table.
TABLE DE PLUSIEURS DES OUVRAGES
CITÉS DANS LES NOTES
DU COUP-D'ŒIL sur les révolutions de FRANCE.
.... .. Désignation des ciwrages.
abrégées.
Daniel *"• Histoire de France , depuis l'établissement de
la Monarchie française dans les Gaules, par le P.Daniel.
Nouvelle édition (in-^'*) augmentée de notes, de dis-
sertations critiques (par le P. Griffet) , etc. Tomes 6
et 7. Paris, libraires associés , 1725.
Hénaut. 2«. Nouvel Abrégé chronologique de l'Histoire de
France , par le président Hénaut. IH^ édition. Paris ,
Praultpère et fils, 1749. Deux vol. in-12.
îo3
3^ Histoire de France, par Velly, Yillaret et Gar- Villaret.
nier. Edition in- 12. Tomes 11 , 12, i3 , i4.» i5 et 16,
par M. Villaret. Paris, Desaint et Saillant, 1768, 1764,
1765.
[^^. Fœdera et cujuscumque generis acla puhlica , etc. , Rymer.
par Th. Rymer. Londres, 1727.
5^. Histoire d'Angleterre , depuis l'invasion de César Hume,
jusqu'à l'avènement de Henri VII, par David Hume;
traduite de l'anglais par M™^ B. Edit. in- 12. Tomes 5
et 6. Amsterdam, 1765.
6^. Histoire d'Angleterre , par Smollet ; traduite de Smollet.
l'anglais par M. Targe , avec des notes du traducteur.
Tomes 7 et 8. Orléans, Rouzeau-Montaut , 1773.
6®. his. Idem., par Rapin-Thoyras. In-^». La Haye, Rapin-
1749. Tome 4. Thovras,
7«. Histoire de Charles VI , roi de France , par Ju- Juvenal.
vénal des Ursins; mise en lumière par Théodore Go-
defroy. Paris, Pacard , 1614.. In 4-''.
8^. A la suite est une Chronique manuscrite, depuis Clironlqne
l402 jusqu'en l423. manusc.ite.
9^ Histoire de Charles VI, écrite sur les Mémoires Laboureur,
de Guy de Monceaux et de Philippe de Viliette ; tra-
duite sur le manuscrit latin tiré de la bibliothèque de
M. le président de Thou , par M. le Laboureur.
Paris, i663. Deux vol. in-fol. (avec une seule pagi-
nation).
Le Laboureur regarde l'auteur anonyme de cette
Histoire comme très-impartial, et les savans Dupui et
Rignon en faisaient aussi un grand cas.*
* De tels suffrages doivent l'emporter sur la censure de Vil-
laret , xj , 246. Il reproche à l'anonyme de la superstition , de la
crédulité et des suppositions de discours à la manière de Tite-
1<>4 NOTES DE JEAT^NE d'aRC.
Laboureur, lo''. On trouvc , au Commencement du premier vo-
lume, des Mémoires composés par le Laboureur pour
servir d'introduction à la même Histoire.
Cette introduction est sur-tout recommandable par
l'exactitude et la critique éclairées de Fauteur.
Saiiil-Remi. ii^. A la fin du 2^ vol. est l'Histoire de Charles VI,
par Jean Lefebvre , seigneur de Salnt-Remi. (C'est un
partisan des Anglais et Bourguignons. )
Journal de 12^. Mémoires pour servir à l'Histoire de France et
^"^' de Bourgogne , contenant un journal de Paris sous
Charles VI et VII, l'histoire du meurtre de Jean-
sans-Peur, l'état aes officiers des ducs de Bourgogne, etc.
Paris, Gaudouin et Giffard , 1729. Un volume in-4".
( L'auteur anonyme du journal de Paris est encore un
partisan des Bourguignons. )
Etat des Offic. L'Etat dcs Officiers est cité comme ci-contre.
Godefroy. iS''. Histoire de Charles VII, par Godefroi. Paris,
mprimerie royale , 1661. In-folio.
Ce Recueil contient un grand nombre d'ouvrages
particuliers. Voici ceux dont on a sur-tout fait usage:
Eloge de i4-^. Eloge de Charles VII, tiré d'un manuscrit , et
composé peu de tems après sa mort. Il est imprimé à
la tête du Recueil de Godefroy, et sans pagination.
Live , etc. ; mais tout cela ne prouve point que cet auteur soit
inexact, et le Laboureur n'eût pas manque, soit dans son in-
troduction , soit dans sa traduction, de parler de ses inexacti-
tudes , si elles eussent été aussi fre'quentes que le prétend Vil-
laret.
N. B. Nous avons depuis recherché tous les passages où Villaret critique l'ano-
nyme. Il y en a quatorze dont à peine quatre ou cinq paraissent mériter quelque
attention. En supposant ces critiques fondées , qu'est-ce que quatre ou cinq erreurs
dans un ouvrage de s. vol. in-folio ? Villaret en a commis dix fois plus dans les trois
Ï/J-J2 qu'il a consacrés à l'histoire du même règne.
Chari(
es VII.
io5
i5c. Histoire de Charles VII, par Jean Chartier, Chartier.
ehantre de St.-Denis, historiographe de ce roi. (iV.i5. Il
fut témoin de plusieurs des événemens qu'il raconte.)
16^. Abrégé d'Histoire chronologique , de 1422 Histoire
.„ ,,,,., ■ ^ K ^ • chronologique,
a 1467, par un anonyme. (Il était du parti des Anglais
et Bourguignons.)
17e. Suite d'une Chronique, depuis l'an i4.23 jus- Berry.
qu'au décès de Charles VII, composée par Jacques
Bouvier ( surnommé Berry ^ , premier héraut de France.
i8«. Deux continuations de cette même Histoire , Godefroy.
par d'autres auteurs, depuis i456 jusqu'à la fin du
règne de Charles VII.
19®. Autre Histoire , d'un auteur dont le nom est in- Histoire
,. ^ . 1 , TV f^u de la Pucelle.
connu , qui contient partie du règne du même l^har-
les VII, savoir, depuis 1^22 jusqu'en 1429, commu-
nément appelée V Histoire de la Pucelle d'Orléans.
(Plusieurs passages de cette Histoire annoncent que
l'auteur était un témoin oculaire. )
20^. Histoire particulière d'Artus III, comte de Histoire de
Richemont , connétable de Fiance , et ensuite duc de ^^ emon .
Bretagne , contenant ses mémorables faits et grands
exploits, depuis iSgS qu'il naquit, jusqu'en 14^7
qu'arriva son décès.
( Ici finissent les ouvrages du Recueil de Godefroi ,
que nous citons par une abréviation spéciale. )
21^. Chroniques d'Enguerrand de Monstrelet , gen- Monstrelet.
tilhomme , jadis demeurant à Cambray en Cambrésis-
Paris, G™« Chaudière, 1572. Trois vol. in-fol.
( Monstrelet est un partisan des Bqurguignons. )
22^. Histoire duDauphiné , par ïhomassin, manus- Thomassin.
crit. — Voyez , au sujet de ce manuscrit , Lelong et
Fevret, Bibliothèque, n» 37930.
\
106 NOTES DE JEANNE d'aRC.
Choisy. 23e. Histoire de France , sous les règnes de Saint-
Louis, de Philippe de Valois, du roi Jean, de
Charles V et VI , par l'abbe de Choisy. Tome 4..
Paris, Didot, etc., 1701.
Lussan. s^.^ Histoire et règne de Charles VI , par M"«^ de
Lussan. Paris, Pissot , 1753. Neuf vol. in 12.
(On assure que M. Baudot de Juilly, auteur de THis-
toire de Charles VU , a eu grande part à la composi-
tion de celle-ci, dont on loue Texactitude. — Voy- la
Bibliothèque de Lelong et Fevret, n" 1714.7 )
Tripaut. 25e. La y^g g^ déplorable Mort de la Pucelle d'Or-
léans , contenant au vrai l'histoire de ladite ville assié-
gée par les Anglais, le 12 octobre 1 4.28, sous CharlesVII,
roi de France, tirée d'un vieux manuscrit. Lyon , Lar-
jot, 161 9. (Par Léon Tripaut.)
( « On doit regarder, dit Leng/et, t. 2 ^ p. ig6 , ce
3) Journal ou Chronique comme une pièce originale. »
Voyez-en aussi Téloge, ci-devant n" 3, page 99,
et dans Lelong et Fevret , n» 17179)
Continuateur 26*^. Histoire au vrai du siège d'Orléans, sous le
* règne de CharlesVII, tirée d'un vieil manuscrit trouvé
à Orléans. Troyes , 1 62 1 .
( C'est le même ouvrage que le précédent , mais avec
des additions. )
27^. Hcroinœ nohIUssimœ Joannœ d'Arc LotJmringiœ ,
liordal ' , . . ....
vuigo Aurdianensis puellœ Justona ; ex variis gravissimœ
atque încorruptissimœ fidei scriploribus excerpta; auiore
Joanne Hordal, etc.; Ponti Mussi ^ 161 2.
( C'est un Recueil de divers passages d'auteurs étran-
gers ou nationaux , relatifs à la Pucelle. )
Lenc-îet. 28^. Histoire de Jeanne d'Arc , vierge, héroïne et
NOTES DE JEA^^NE d'aRC. IO7
martyre d'Etat , tirée des procès et autres pièces ori-
ginales du tems , par M, Tabbé Lenglet du Fresnoy.
Paris , Coutellier , lySS, 1754.. Trois vol. in- 12.
( Ce savant était en état , sinon de bien écrire , du
moins de faire avec exactitude Fhistoire de Jeanne
d'Arc ; mais il paraît que par crainte d'être prévenu,
ou , si l'on en croit l'abbé d'Artigni ( vij , 827 ) , pour
empêcber la publication d'un ouvrage manuscrit de
Richer, * qu'il avait pillé, il a mis beaucoup de pré-
cipitation dans la rédaction de cette espèce de traité :
aussi M. de Laverdy, pag. 54-6, déclare-t-il que c'est
un ouvrage très-mêdiocre.)
2Q^. Nouveaux Mémoires de Critique et de Litté-
rature, par M. l'abbé d'Artigny. Tome 2 (art. Sg) , ° ^"
et tome 7 (art. 3 et 12). Paris , Debure , 17^9 et 1756.
( L'art. 12 , tom, 7, pag. 323 à 356, est en partie un
extrait du manuscrit de Richer , ci-dev. n° 28.)
3o^ Histoire de l'Eglise gallicane, par le P. Berthicr. Berthier.
In-4°, tom. 16. Paris, 174-7-
3i^. Histoire de l'Orléanais , par M. le marquis de Luchet.
Luchet. In-4-''i 1766. Amsterdam et Paris , Gressier.
32^. Dictionnaire des Gaules et de la France , par Expilly.
M. labbé Expilly. In-fol. , t. 5, 1768, art. à'Orléans.
(Il a été puisé dans le n» 38^ ci-après, p. 108.)
33^ Notices et extraits des Manuscrits de la Biblio- Notice àp
manuscrits,
ibèque du Roi , lus au comité , etc. Paris , imprimerie
royale. Tomes i et2, 1787, 178g.
34.^ La presque totalité du tome 3^1790) est con- î-averd\'.
* Nous avons parcouru une partie du manuscrit de Richer,
et nous en avons e'te' en gcne'ral peu satisfaits. Il est à la biblio-
thèque du Roi , fond de Fontanieux , n" 280 , P.
io8
sacrée à la pucelle d'Orléans. On y trouve des notice»
et des extraits raisonnes de tous les manuscrits qui la
concernent, et notamment des procès de condamnation
et de justification. C'est un ouvrage très-précieux , qui
a dû coûter à son auteur, M. de Laverdy, ancien mi-
nistre d'Etat, des recherches immenses.
Baudot. 35^. Histoire de Charles VII, par M. Baudot de
Juilly. Deux volumes in- 12. Paris, Didot , lyS^-
{Foy. Fcvret et Lelong , n° 17286.)
N. B. Cet ouvrage contient beaucoup d'erreurs dans
ce qui a rapport à Jeanne d'Arc. Rien de moins sur-
prenant. On voit par la liste des auteurs d'après les-
quels il dit, page i, avoir travaillé , qu'il n'a con-
sulté ni Trlpaut , ni l'Histoire de la Pucelle, ni les
dépositions des témoins, ni Chartier, ni Berry, etc.
On lui reproche aussi d'autres erreurs (yoy. entr'autres
Villaret, xiv, 265) que nous n'avons pas vérifiées.
Chronique de 36«. \jQ.s Chroniques ou Annales de France, par
^Nicolas Cille, secrétaire du roi, additionnées par
Denis Sauvage ; revues , corrigées et augmentées par
François de Belleforèt. Paris, iSyS , in-fol.
Bclleforêt. Les additions de Belleforèt sont citées comme ci-contre.
Dutillet. 37e. Recueil des Rois de France, etc., avec les In-
ventaires, etc.; suivi du Recueil des Traités, etc.
In-4.% 1618, par Dutillet.
D. Vaisselle. 38^ Histoire générale du Languedoc, par dom
Vaissette. In-fol., tom. 4» 1742-
Polluche. 3ge Essais historiques sur Orléans , par Polluche et
Beauvais de Préaux. In-8°, Orléans, 1778.
',n Note =) , p. i. Le successeur des deux premiers Valois.
Eiat de la Charles V, fils de Jean-le-Bon , et petit-fils de Phi-
France. ,. ^ XT \ •
lippe de Valois.
NOTES DE JEANNE d'àRC. IOQ
KoTE ^>, p. I. Confinés dans les ports
Ils avaient aussi Brest et Cherbourg , dont nous ne
parlons point ici , parce que ces villes apparlenaient au
duc de Bretagne et au roi de Navarre Les Anglais les
rendirent à leurs anciens souverains en iSgG (Y.IIume,
t. 5, p. 38o, 4.26; Choisy, 2, 208; Villaict, x, 4.06,
4.16; xij, i5i ); et rhéritier de Charles-le-Mauvais
nous céda Cherbourg en il^ol^. (Voy. Villaret^ xij ,
4i3; Dutillet, Recueil des Traités, p. SSg, 34o.)
4)1 P- 2- Ç"^ nos flottes menaçaient
(^Voy. ci-après notes 28 et 86; et Villaret, xj , 436 ,
xij, 406. )
Note ^), p. 2. Le priitce Noir
Le vainqueur de Jean-le-Bon , et l'un des plus
grands hommes que TAngleterre ait produits..... Com-
munément appelé le prince Noir à cause de la couleur
de ses armes Mort le 8 juin iSyS. (Voy. Hume,
t. 5 , p. 335 , 340 ; Villaret^ x, 333. )
Note ^) , p. 2. Un enfant
Richard II , fils du prince Noir, âgé seulement de
onze ans. Il avait succédé , le 21 juin 1377, à son aïeul
Edouard III, dont les Anglais regardent le règne
comme le plus glorieux de ceux dont leurs annales
ont transmis la mémoire. (^\oy. Hume , t. 5, p. 336,
37 1 ; Villaret , x , 354- )
Noté 7) , p. 2. Princes dioisés
Les ducs de Lancastre , d'Yorck et de Glocester
Le parlement confia l'administration à un conseil; mais
ils en dirigeaient les résolutions Le duc de Lancastre
IIO NOTES DE JEANNE d'aRC.
avait des prétentions sur la couronne de Castille; il
conduisit da'is te royaume les meilleures troupes de
l'Angleterre, et y fil la guerre jusqu'en i38g. {Y.Humc^
t. 5, p. 372-877, 379, 897, 4-23; Laboureur, Hisl.^
123; Jiivenal^ 69,)
Quant aux divisions et aux désordres qui régnaient
dans le gouvernement anglais, Voy. Hume ^ tom. 5 ,
p. 3g8, etc.
Note ^) , p. 2. Gênes voulail se donner à nous
Ceci eut lieu en 1395. (Voy. Villaret^ xij , 220;
Laboureur^ Zj.[^\ Choisy, 211.)
Note 9) , p. 2. L'attention de Venise
( Voy. Jm^enal, 173. )
Note '°) , p. 3. Avait voulu réunir la Bretagne
(Koyes, sur cette expédition injuste et impolitique,
la première moitié du tome xj de Villaret.')
Note "^ , p. 3. Sa faute sans déshonneur
{\oj. Villaret^ xj , sS^- ) Le i5 janvier i38o, ou
cinq mois après la mort de son père , Charles VI fit la
paix avec le duc de Bretagne. {Voy. Dutillet , Rec. des
Traités , p. 324.)
Note *=*) , p. 3. Une marine supérieure à celle d'An-
gleterre
La marine anglaise était tombée en décadence sous
Edouard IlL Le parlement s'en plaignit vivement dès
la premxière année {idj'j') du règne de Richard IL
(Voy. Hume , t. 5 , p. 363. Voy. aussi Villaret, xj, 78. )
Quant à la marine française, voy. Villaret, xj , 'j3;
et ci-après note a8, p. 11 5.
NOTES DE JE AISNE B ARC. III
Note *^) , p. 3. Les citoyens fous réunis
A tous ces moyens de prospérité , il semble qu'on
pourrait ajouter le nombre considérable des princes du
sang (Laboureur, Introd.^ p. 4-0 , en compte quarante-
six, dont il donne la liste) , puisqu'ils auraient dû être
les appuis de la couronne ; mais ils contribuèrent, au
contraire , à la ruine de l'Etat.
La maison de Bourbon descend du vingt troisième
de ces princes Au bout de trois cent cinquante ans,
la postérité masculine de tous les autres était anéantie.
Note ^'^^ , p. 4-. Le roi meurt Régence du
Charles V naquit le 21 janvier iSSy , monta sur le duc d'Anjou.
trône le 8 avril i364. , et mourut le 16 septembre i38o.
( Voy. Laboureur, //z^/'oJ. , p. 3 et 4- ; Vilîaret^ xj , 10 1 ;
Thomassin , 86. )
Note '^) , p. 4- A un récent
Charles VI n'avait que onze ans ( il était né le 3 dé-
cembre i368) , et , d'après une ordonnance de i374\
les rois n'étaient majeurs qu'à quatorze ans. (Voy. La-
boureur, Introduct.^ p. 4 et 5.)
Note ''^) , p. 5. Précautions timides... inefficaces....
Il ne prononça pas même le mot de régence dans une
ordonnance qu'il fit pour le gouvernement futur du
royaum.e. De tout ce qu'il avait prescrit à cet égard, la
fixation de la majorité fut la seule règle que l'on con-
serva. (Voy. Laboureur, Introduct., p. 5, 34^ 35.
Voy, aussi CJioisy^ 4-)
Note '?), p. 5. Des trésors
( Voy. à ce sujet le Laboureur, Introduct. , p. 5o ;
T I 2 NOTES DE JE AISNE d'aRC.
idem^ Hisloire^ p. i3; Juçenal, 6, 8; Choisy, i3. )
Note '^) , p. 5. Vamte : il lui fallait une couronne
( Yoy. à ce sujet le Laboureur, Hist., p. 940
Note '9) , p. 5. Le pillage,...
« 11 épuisa en deux mois le royaume... Il était avare
» jusqu'à la cruauté... Aussi redoutable au peuple
» que les ennemis de l'Etat , etc. etc. » ( Voy. Labou-
reur, Introduct^ p. 38, ^6 et suiv. Voy. , pour d'autres
détails , idem , Hist. , p. 9 et 94 ; Choisy, 5 , 3i. )
Note ='^) , p. 5. Nouveaux impôts... exactions... révoltes...
C'est ce que dit positivement le Laboureur, Introd.j
p. 5o. (Voy. aussi, pour les détails de ces révoltes et
des mesures de rigueur, idem, Hist.,, p. 6, i3, i5,
35, ^i. ) C'est sur-tout au mois de février i382, au
retour de l'expédition de Flandres , qu'on en fit usage,
Beaucoup de Parisiens, même d'une classe aisée, furent
punis de mort , et des milliers de bourgeois condamnés
à des amendes qui les ruinèrent , sans que le trésor pu-
blic en profitât. (Voy. idem, p. 66 à 72. Yoy. aussi
Choisy, i3, 34, 66 et suiv. ; Hénaut, an i38i.)
Note **) , p. 6. Perdit.., la vie....
Le 20 septembre i384.... H était parti pour son ex-
pédition au commencement de i382. (Voy. Labou-
reur, Introduct. , 67 ; id. , Hist. , 46- )
,« Note ^=') , p. 6. Pour son propre intérêt.....
Admmistratîoa Et ccla était d'autant plus injuste , que le comte avait
des princes; _ , . , -_^, ,
lo Philippe- occasionné les révoltes des Flamands par sa mauvaise
le-Hardî. a^j^inistration, et qu'il avait favorisé les entreprises des
KOTÉS DE JEÀKNE d'àRC. II 3
Anglais contre la France. ( Voy. Laboureur, Introd.,
p. 91 ; id. , Hist.^ p. 29; Ju^enal^ 3o. Yoy. aussi Choisy,
3i , 47î 49; Villciret^ xj , 307.)
Le duc de Bourgogne entraîna aussi Charles VI, à-
peu-près dans les mêmes vues , à une expédition contre
la Gueldre, où notre armée lut presque ruinée par les
fausses mesures qu'il prit (toujours dans les mêmes
vues). Cette expédition eut lieu de juillet à octobre i388,
et non pas en 1387, comme l'indique Villaret , xj ,
4.5g. (Voy. Laboureur, Hist. , p. 147 — 156; Juoenaly
83, 84..)
En 1396, Charles donna encore au gendre de Phi-
lippe quatre cents hommes d'armes pour faire la guerre
aux Frisons. (Voy. Laboureur, Hist,^ 334-)
Note ="^) , p. 6. La victoire de Roshccg
La bataille se donna le ii novembre i382.... Nous
puisons cette date , omise par Villaret (xj , 3i5 ) , dans
Laboureur, Hist. , p. 63.
Quoique les Flamands se soient depuis révoltés plu-
sieurs fois , nous n'exagérons point ici l'effet que nous
attribuons à la victoire de Rosbecq. Nous avons , à cet
égard , une autorité décisive dans un discours des am-
bassadeurs de Louis XI à Charles-le-Téméraire ,
arrière-petit-tils de Philippe (en 1470). «Jamais,
» dirent-ils, les ducs de Bourgogne ne se fussent main-
« tenus dans cette haute fortune , si Charles VI n'avait
M soumis les Flamands , et rétabli votre aïeul dans la
» possession de ses Etats. » {\oj. Villaret, xvij, 387.)
Note =4) , p. 6. Qiiadtant qu il pomait faire le bien de
sa famille....
8
Il 4 3SOÏES DE JEAISÎ^E d'âRC,
(Voy. Laboureur, Introd. , p. 96; Villaret^ xij, 160.)
Ajoutez : Et satisfaire à son penchant pour îe faste
, Sa maison était plus nombreuse et plus brillante que
celle du roi. La liste de ceux qui la composaient ne
remplit pas moins de 91 pages. (Elle est à la suite du
Journal de Paris. Yoy. aussi Choisy, 222.)
Il se faisait tout payer.... ^ même les dépenses que lui
occasionnaient les mesures (comme l'expédition de
Flandres) prises pour son intérêt...; et, malgré l'im-
mensité de ses pillages, il mourut insolvable. (Voy.
Laboureur , Introduct. , p. 90 et suiv. , où il cite
un grand nombre d'exactions de Philippe-le- Hardi.
Yoy. aussi / J. , Hist.^ 4-Si » CIwisy., 63, 278; Villaret.,
xij , 408. )
20. Jean NoTE ^^) , p. 7. Point de couronne.... malheurs publics....
duc de Berri. „ \\ ^\ç (J^^^ ^^ Berri) renonça volontiers aux hon-
j) neurs du gouvernement, pour avoir le droit de
» piller les peuples... Il prétendait que les provinces
» lui devaient ce que son frère (le duc d'Anjou) leur
» avait pris... La prodigalité fit de lui un tyran cruel...
» Des villes entières de son gouvernement émigrèrent
j> en Espagne.» (Voy. Laboureur, Introd.., ip. 38,
72 et suiv. ; id. , Hist. , p. i63 , 1 78. Voy. aussi Jm>enaly
88; Choisy^ i4.2, 261, 280; Villaret., xiij, 4o8 ; D.Vaii-
selte, iv, ^^o.')
Note *^) , p. 7. Il ne resta rien
(Voy. Laboureur, Introduct., p. 75.)
Note ^7) , p.», 7. Des reliques
On trouve notées celles-ci dans l'inventaire de ses
NOTES DE JEANNE D ARC. Il5
meubles : i. Une côte de saint Zacharie; 2. une côte
de sainte Barbe ; 3. la moitié d'un pied de saint Cy-
prien ; 4- ^^ moitié de l'«ponge du tableau où la sainte
Vierge pleura saint Etienne ; 5. la moitié du gril de
saint Laurent ; 6. la moitié d'une côte de saint Antoine.
( Voy. Laboureur, Introduct. , p. 85) ; et il avait donné
à diverses églises beaucoup d'autres reliques. Par exem-
ple , à l'abbaye de Saint-Denis , une partie du chef et
du bras de saint Benoît ( il en obtint en retour le menton
de saint Hilaire) , et ensuite la miain de saint Thomas ,
apôtre. (Voy. û/., Hist.^ 24.9, 327, ^36; Juvenal^ 127.)
Note *^> , p. 7. Entre les deux pays
C'est qu'on avait fait des préparatifs vraiment pro-
digieux. On avait entr'autres ( au commencement
d'août i386 ) neuf cents vaisseaux de transport ras-
semblés au port de l'Ecluse (^Smollett^ vij , ii3, dit
même douze cents ^. Le duc de Berri n'arriva qu'au
milieu de l'équinoxe. Les tempêtes ou les Anglais dé-
truisirent ensuite la plus grande partie de la flotte.
(Voy. Laboureur, Hist.^ p. 126 — 129; Juoenal , 58,
71 ; Choisy, 97.)
Note ^d) , p. 7. Seul tout Thonneur
(Voy. Laboureur, Hist.^ 129; Jwenal, 71.)
Note ^°) , p. 8. Fécu autant (/ue Charles
« Leur miort fut une seconde fois la ruine des af-
» faires publiques. » (Laboureur, Inirod. , 72.)
Note 3') , p. 8. Toujours en démence.....
" Il n'y avait point d'année qu'il ne retombât trois
>♦ ou quatre fois. » (^Choisy^ 22S. Voy. aussi Vilhuet .
xij , 258.)
Iî6 TsOTES DE JEAÎ^ÎNÉ D'aRC.
i38b. Note -^^) , p. 8. Pendant quatre années
Adniinist.de A dater de novembre i388, et non pas de l387,
époque indiquée par Villaret. (Voy. Laboureur,
Hist.^ iSj et suiv. ; Juvenal ^ p. 84 (celui-ci fixe au
3 novembre le conseil où Charles résolut de prendre le
gouvernement); Choisy, 104..)
Note 2^), p. 8. De nouveaux déprédateurs^ les nii-
nisires... plus hardis.....
(Voy. Laboureur, Hist.^ p» 216; Jupenal ^ m;
Choisy., i58, 173; Villaret^ xij , 37, 93.)
Note ^^>, p. 8. Se livrait,., à leurs conseils....
( Yoy. Laboureur, Hist. , p. 2 16 ; Villaret^ xij, 5i, 67.)
Note ^^) , p. 8. Des alimens à son esprit inquiet....
Ajoutons, et à sa prodigalité ., qui n'était pas moins
extravagante que celle des ducs de Berri et de Bour-
gogne. (Voy. Laboureur, Hist.^ p. 173 , 34-o , 1002 •;:
Choisy^ iio, i3i.)
Note ^^) , p. 8. Aoide de plaisirs
On en trouve bien des exemples dans les historiens.
(Voy. Laboureur, Hist. , p. ^35 ; Juvenal., 90 , 93, etc. ;
Choisy, 182 ; Villaret, xij , 69, 97.)
Note ^7) , p. 8. Par ses exploits
Et par sa cruauté... Il était surnommé le Boucher.
( Voy. . /«(><?«£//, 234 5 Choisy, 3i2 ; Villaret, x, 238, 280.}
Note 2^) , p. 8. Foire déclarer la guerre.... Un ennemi
du conné fable
NOTES DE JEANNE d'aRC. 11/
C'éfait Pierre de Craon , qui avait voulu faire assas-
siner Clisson. Le duc protestait qu'il ignorait le lieu
de la retraite de Craon, (Voy. Laboureur, Hist. ,
p. 216; Choisy^ 162 ; Villaret ^ xij , iio etsuiv. )
Note ^o) , p. 9. L'apparition du... spectre ,3^2
(Voyez -en le récit dans Laboureur, Hist. ^ 219; Adminlstr.
Choisy^ i63 ; Villaret ^ y\\ ., ïiJ-)
On connaît aussi Taventure du bal , où le feu prit
au costume de Charles VI ( il était déguisé en satyre) ;
ce qui le fit retomber en démence à la fin du mois de
janvier suivant. ( Voy. à ce sujet Laboureur, Hist. ,
p. 235 ; Juvenal., ii5.)
Mais , selon beaucoup de personnes , ces accidens
ne firent que précipiter une maladie dont la source
était dans « les débauches de la jeunesse de ce pauvre
i> prince. » (Voy. Laboureur, Hist., 826; Choisy., i65,
i85.)
Note ^°> , p. g. Leurs poursuites... contre les ministres...,
(Voy. Laboureur, Hist.., p. 221; Juvenal., ii3;
Choisy , i6g. )
Note ^0 , p. g, A les en accuser....^
( \ oy . Villaret , xij , 1 1 5 et suiv. )
Note ^^) , p. 10. Déooila les secrets de son caractère.... ,3^^.
Une foule de traits épars dans les historiens jusli- Id. de Louis,
fient ce portrait de Louis ( duc d'Orléans.) — (Voy. en- ^'OH^ans,
ir'autres Laboureur, Hisi., l^l^'j, 45 r, 5i5, 5i6, 564-,
626; Juvenal., log, iig, igfi; Journ. de Paris ., 81;
Choisy., 265 , 2g5 , 3oo , 3i3, 819 -, Villaret, xij , ^06,
007. )
ii8
NOTES DE JEATSNE D ARC.
Note ^3) , p. lo. Bépounm des talms.». àe Vun
De Philippe. (Voy. Choisy^ p. 278.)
Note 44)^ p, 10. La plus vile superstition
(Voy. Vil/aretjxï], i54., 4-3 1; Juoenal^ io^\ Choisy^
3oo , 326.)
Note ^^^ , p. 11. A V obtenir,., lueur de raison
En 14.02.... Dès long-tems auparavant, la mésin-
telligence s'était mise entre Louis et ses oncles. Leurs
divisions éclatèrent en i4oi ; ils firent respectivement
venir des troupes au mois de décembre; ils s'accor-
dèrent ensuite , et se jurèrent une amitié inviolable
le 14. janvier Philippe profita de cet instant de
répit pour aller célébrer à Arras le mariage d'un de ses
fds. A peine fut-il parti (milieu d'avril 14.02) que
Louis demanda et obtint toute l'autorité (Voy. Labou-
reur, /i^^/,, p. 44i — ^^']^' Juvenal, p. i68, dit que
leurs divisions existaient déjà en 1898. ( Voy. aussi
Choisy, 284 , 262 ; Villaret,, xij , 289 , 828, 84.8. )
Note 46)^ p. n. Xa régence semblait appartenir à
Louis
Il est vrai cju'il n'y avait pas de loi bien positive à
cet égard ; mais il paraît qu'au moins , dans l'opinion
des Français, on la considérait comme un droit du
premier prince du sang. (Voy. Laboureur,^ 44- 1 i Villa-
ret,, xij , i4-8. )
Note 4?) , p. 1 1. Taxes sur taxes , concussions sur con-
cussions
Dans le premier mois de son administration , Louis
établit un emprunt forcé et une imposition générale.
(Voy. Laboureur, Hisi. , 44-7 1 448; Choîsy^ 235, 294,
295.)
Note '^^^ , p. 11. Louis , noyé de dettes
« Une payait rien de toute la dépense de sa maison,
» qu'il faisait toute à crédit. » ( Yoy. Laboureur, Hist. ,
p. 5i5.)
Plusieurs princes et seigneurs l'imitèrent. ( Voy.
Laboureur, Hist^ 621 ; Choisy^ 296, 299.)
Il achetait continuelleinent des terres. ( Voy. en-
Ir'autres Iiwenal^ 2o3; Choisy ^ 2i4^ 284» 296.)
Note ^9> , p. 11. Sa liaison aoec cette femme
(Voy. Villarei^ xij , 260, 358, 427.)
Note ^°' , p. 1 1. S* attacha à le décrier
Louis avait osé dire qu'un impôt général (^v. note 4/
delà p. 118) avait été établi du consentement de ses
oncles ; Philippe le démentit par un manifeste répandu
avec profusion , et où il déclamait contre les impôts.
( Voy. Laboureur, Hist. , p. 44^- )
Note ^'^ , p. 11. Un second éclair de raison
Dès le mois de juin ï4o2. (Voy. Laboureur, Hist ^
45 1; Choisy, 266.)
Note^=), p. 12. Servait de jouet
Quand il revenait dans son bon sens, le parti domi*-
nant lui faisait approuver toutes ses entreprises. (Voy.
Chuisy, 234? 559. Voy. aussi Villaret , xij, 218, 278;
J.ahoureur , 904. )
Note ^^) , p. i 2. Un dénuement dont on frémit
120
(Voy. Laboureur, Hist. , p. 5i4., 620, 558; Choisy,
" 284.; et ci-après note 54. )
Note ^^> , p. 12. Et jusqu'à du pain
( Voy. , sur tout cela , Villâret^ xij , 33o , ^oi , 447 '
xiij, 86; CAo/5/, 3oi.)
Note ^^), p. 12. Philippe meurt au commencement
de i4o4
Le 27 avril i4o4 (Laboureur, Hist. , p. 48 1). Vil-
laret ( xij , 4^7 ) se trompe , lorsqu'il place cette mort
sous Tannée i4o3 : la fête de Pâques n'a point lieu
après le 27 avril.
Note 5^) , p. i3. Ils ne gardent aucune mesure
(Voy. Laboureur, Hist. , p. 5o4, 5o5 , 5i4; Juve-
nal, 2o4, 206; Choisy^ 281 ; Fillaret, xij, 4^7? 4^1 ?
432, 471-)
Note ^7) , p. i3. D'une hypocrisie
i4o4 (^<^y- Choisy, 329; Villaret, xiij, 11 ; Laboureur., 627.)
Jean ,
duc de Note ^^) , p. i3. Que tous ces mêmes vices
Les divers traits de ce portrait du duc de Bourgogne
(Jean) sont justifiés par ce que nous raconterons de
bii , et par une foule de passages des historiens de
son tems. Il serait trop long de les citer. D'ailleurs ,
Jean est trop connu pour que cela soit utile.
Notées), p. i3. Créé un conseil.....
(Yoy.Villaret.f xij, 398,)
Note ^0), p. i4- J^^^n s'y oppose... son apis n'est point
suivi...,.
Bourgogne.
NOTES DE JEANNE D ARC. J2I
5 Mars i4-o4- ( onze mois après la mort de Philippe).
( Voy. Laboureur, Hisl. , p. ôo/J., 5o5 ; Choisy, 285.)
Note ^O , p. i4-. Le mépris et Vhorreur
(Voy. Laboureur, Hist.^ p. 5i4., 53o , 621.)
Note ^^) , p. i4-. De chercher un asile
(Voy. Laboureur, Hisi, ^ p. 5o5. )
Note ^^) , p. i4-. Avec un corps de troupes. Isabelle et ^^^^'
r ' ' r • 1 Divisions.
Louis s enfuient
Eté (vers la fm de juillet) de i4.o5. (Voy. Labou-
reur, Hist.^ 521 ; Jiwenal, 206 5 Villaret ^ xij , ^Sg. )
Note ^^> , p. i4- On parvient h réconcilier
17 octobre i4.o5. (Voy. Laboureur, HisL^ 533;
Chronique manuscr. , 5o5 ; Choisy, 3 11.)
Note ^^) , p. i5. De son triomphe
(Voy. Choisy^3i&; Fillaret, xij, 4-73; Amelgard,
Notice des Manuscr. , t. i , p. 4-ii. )
Note 66)^ p. i5. Iljlt assassiner Louis i4(.7.
23 novembre 14.07. (Voy. Juvenal^ p. 235; Thomas- de ^Louis
sin, 87; Hainaut, an 14-07. Voy. aussi Laboureur^
p. 566, 625 (qui dit le 22 novembre) ; Villaret, xij ,
476. )
Trois jours auparavant, ils s'étaient réconciliés et
avaient rom/wM/zzV ensemble. (Voy. Jmenal., 235. )
Note 67) , p. i5. Un peuple frivole
« Criaient à Paris : Vive le duc de Bourgogne! »
( Juvenal^ 236. )
122 NOTES DE JEANNE d'aRC.
Note ^'^> , p. i5. Dans les ministres de l'Eternel.....
Jean Petit , professeur en théologie.... Son apologie
de l'assassinat de Louis , débitée publiquement en pré-
sence du roi et de la cour , est dans le Laboureur ,
Hist.^ p, 63 1. (Voy. aussi Juvenalj 286; Choisy, 33o ;
Villaret^ xiij , i4. )
Ses propositions furent condamnées et brûlées le
24 février ii4i3, quand les Armagnacs eurent pris le
dessus (Voy. Xaôoi/rewr, p. 931; Juvenal., 336; Villa-
ret ^ xiij , 826) ; mais on les approuva solennellement,
et dans un sermon, en i4-i8, lorsque les Bourgui-
gnons furent maîtres à leur tour. (Voy. Saint-Remi .,
p. 124.; Monstrelet^ t. I , f. 265.)
Note ^0) , p. i5. Par VUnÎQersité..,,.
(Voy. Chronique manuscr.^ 5o6,5i5; Choisy., i32.)
Note 7°) , p. i5. Du nom sacré du monarque
On donna l'administration à Jean, le i^^ déc. i^og.
(Voy. Laboureur, Hist. , p. jiS.)
Note 7') , p. 16. Pour ses désordres
(Voy. Laboureur., 860, 1017; Choisy, ^07, 4^8;
Villarei, xiij , 3o2 , 332 , 334- , 385. )
Note 7^), p. 16. Se liguent
i4io. 1^^ j^ /^^ (Voy. Laboureur, Hist.., p. 725;
(jucrres t \ j 1 /
civiles. Juvenal, 252.)
Note 73) , p. 16. On arme de tous cotés
( Voy. Laboureur, Hist. , p. 727. )
Note 74) , p. 16. L'autorité légitime est méconnue....,
(Voy. Laboureur, Hist.., p. 73i. )
125
Note 7^) , p. 17. Vindicatif et cruel....
Quant à son caractère et à ses talens ( du comte
d'Armagnac ) , voy. ce que nous disons au texte , p. 24
etsuiv. ; Laboureur^ 536, 53g, 787, 1017; Jin>enal^ 211,
364.
Note 7<î) , p. 17. Victimes des fureurs
{\oy . Laboureur^ p. 739, 766, 767, 773.)
Note 77) , p. 17. La France n 'est de toutes parts , etc....
Les détails de cette guerre civile remplissent près de
trois cents pages de V Histoire de le Laboureur,
ans 14.11 à i4i4- (^oy. aussi Juçenal^ 255 etsuiv.;
Cholsy^ 347 et suiv. )
Note 78) ^ P- ^7- Il ^rme,.. les bouchers Bourgui-
Par l'entremise du comte de Saint - Pol , gouver- S^^on^,
neur de Paris, et Bourguignon délerminé. ( Voy. Z«-
^OM/'éi^r, 763 ; Juoenal^ 282; Chronique M anusc. ^ 525;
Journ. de Paris, 6; Cholsy , 38o ; V lîlaret , xiij , i53;
Hénaut , an i4io et suiv.)
Au mois de décembre i4ii , Jean assista à l'enter-
rement de Legoix , un des chefs des bouchers , tué dans
un combat. (On mit même une inscription sur son
tombeau.) — C^oy. Laboureur^ 8035 Juvenal^ 297;
Villaret., xiij, 20T.)
Note 79) , p. 17. Les... Armagnacs sont abandonnés...
(Voy. Laboureur., p. 764 , 770 7 858 à 884; Juoenal,
3i5 , 3ig, 323; Chronique manusc. ^"^2'j \ Journal de
Paris., 6 et suiv.; Cholsy, 38 1 etsuiv.; VlUarct ., xiij,
i55, 196. )
Lorsque le dauphin Louis enleva Paris aux bou-'
124 NOTES DE JEANNE d'aRC.
chers , on trouva chez l'un des chefs deux listes de
proscription, dont la première- ne contenait pas moins
de quatorze cents personnes. Dans la deuxième , il y en
avait un grand nombre marquées des lettres T (à tuer),
35 (a bannir) , R ( à rançonner). — ( Voy. Laboureur,
899; Jmenal, 332 ; Villaret^ xiij , 274. )
Note 8o> , p. 18. Qui essayait déformer un parti.....
(Voy. Laboureur, p. 858, 865 ; Villaret, xiij , 246. )
i4i3. NoTE^'), p. 18. On s'empare de la capitale
Armagnats. 4. août i4i3. ( Y oy . Laboureur ., p. 880, 892; Journ.
de Paris, 16 ; Villaret , xiij , 2-69 et suiv. ; Choisy, 4^6 ;
et sur-tout Juoenal (son père avait été le principal agent
de cette révolution ) , p. 323 et suiv. )
Î^OTE ^^) , p. 18. Ceux-ci (les Armagnacs) n arment
point la multitude
Hume, vi , yS (année i4i5), dit qu'ils gagnèrent
les charpentiers... Peut-être a-t-il fondé cette assertion,
qu'aucun monument ne justifie , sur ce qu'un char-
pentier parla en faveur de la paix à une des assemblées
qui précédèrent la révolution. (Voy. Juoenal, p. 326.)
Note ^^), p. 18. Les Bourguignons sontopprimés
(Voy. Laboureur, p. 900 et suiv., 926; Juvenal,
4io; Journ. de Paris, 18 et suiv. ; Villaret , ii.u] , 275.)
Relations NoTE ^) , p. 18. Richard II avait eu besoin de t appui
de Charles
Après quelques prorogations partielles de trêves.
( entr'autres en i38i , i383, 1384, 1392. Voy. VUla-
avec
l'Angleterre.
loRichardlI.
NOTES DE JEA^NE d'aRC. 125
rety xi, 272, 369; xij , 96; Smolett^ vij , 88, 181;
Juvenal ^ 5o , 5i), Richard fit avec Charles YI,
en 1393, une trêve de cinq ans. En iSgS ( ig mars)
il la prorogea de vingt-huit ans ; de sorte qu'elle ne
devait expirer qu'en 14.26*... Il fiança en menue tems
(traité du 9 mars i395) Isabelle ou Elisabeth de
France.... Le Laboureur, i//5if. , p. Soy — 320, donne
la copie des deux traités. ( Yoy. aussi Viilaret, xij, 211.)
Hume , t. 5 , p. 426 , se trompe , et quant à leur date ,
qu'il fixe à 1396 , et quant à la durée de la trêve , qu'il
réduit à vingt-cinq ans. Il en est de même de Smol-
lett, vij , 208, qui marque aussi Tan 1396, et vingt-
six ans de trêves. ( Voy. encore Juvenal ^ iSg. )
Richard rendit ensuite (en iSgG) Brest au duc de
Bretagne , et Cherbourg au roi de Navarre. (Voy. ci-
devant note 3 de la page 109; Hume ^ t. 5, p. 426 ; S
Laboureur, Hist. ^ 34-5; Ju\>enal^ i4-2 ; SmoUett^ vij,
211.) ^
Note S^) , p. 18. Qui le détrôna.^.., 20 Henri ÏV^
Septembre, 1399. ( Voy. Hume^ t. 5 , p. 453 etsuiv. ;
Laboureur, Hist. , 4ii ^t suiv. ; SmoUett^ vij, 258 et
suiv.)
Note ^6) , p. i8. Nous atUujuer
(Voy. Hume, vi, ^6.) Toutes les entreprises des
Anglais se réduisirent à diverses excursions , où ils
"* Cela résulte aussi du traité , puisqu'il fait courir la proro-
gation de 28 ans à dater de la St-Michel iS^S. Voy. le au trésor
des Chartres, mélanges^ vol. 9, art. jongle terre y pag. i33.
Henri IV la confirma le 18 mai i^oo. ( V. ibid^ pag. x'^i ; Du-
lillet, Rec. des Traités, p. 335.)
126 NOTES DE JEANNE D'aRC.
pillaient quelques parties de nos côtes , entr'autres en
14.02, i^oS, i/fO^? i4-o6. ( \ oy. J«p£/z«/, 187, 200,
23o; Laboureur^ ^72 î 4-^7 ? ^Q^-)
De leur côté , les Français firent aussi quelques
excursions sur les côtes des ennemis; par exemple,
en i4.o3, i^o^, i4o5. (^Y oy . Jiwenal , 216; Villaret ^
xij , 4o6; Laboureur^ 47^, ^92 , 5o3, 527.) IjCS plus
considérables de ces agressions eurent pour objet de
faire passer quelques secours aux Ecossais et aux Gal-
lois , en i384 et i4.o5. (Voy. Laboureur^ 102, 52g;
Jwenal , 58 ; SmoUett , vij , 98. )
11 y eut aussi quelques combats sur mer, livrés le
plus souvent par des Bretons ou des armateurs , et
notamment en 1387, i4-o3, i^oG, i^io, (Voy. Jmpc-
«a/, 75, 225; Laboureur^ 5o,4-72, 724-)
On fit également des trêves avec Henri IV, presque
d'année en année, depuis i4oo jusqu'à sa mort. ( Voy.
Dutillet, ^ec. des Traités^ p. 335 à 339. Yoy. aussi
Laboureur , 424 •> 4^^ ) ; mais elles n'empêchaient
guère ces sortes d'agressions.
NoTE*7), p. 19. En fournissant... des secours
Quant à cette politique de Henri IV, voy. Hume ^
vi, 33, 34, 73.
Note ^^) , p. 20. Qui osa , le premier , rédamer et re-
cevoir.,.,.
Juillet i4ii. {Yoy. Laboureur, 11^ t 7^8; Juvenaî,
290; Villaret^ xiij , 159, 189.)
Note ^i)) , p. 20. Dans les conditions quils souscri-
(firent
NOTES IXE JEANNE D ARC. I îy
( Voy. Laboureur^ 8i6; Villaret^ xiij , 2o5 ; Rapln-
Thoiras, iv, 66 , 4^3i ; Rymer , x, 788 ( 18 mai 14.12).
Note 9») , p. 20. i/^rt n envoya des troupes qu après
un traité conclu à Bourges
(^Yoy. Laboureur^ 833etsuiv. ; Chron. manusc.^ 523.)
11 semble, par le récit de Rapin-Thoiras (iv, 66
et 67), que ce ne fut qu'après avoir débarqué, et
dans leur chemin de Normandie à Blois , que les
Anglais apprirent la paix ; mais le contraire résulte
des actes deRymer, que Rapin-Thoiras rapporte lui-
même (ii., 417). Ce n'est que le i" juillet que le duc
de Clarence fut nommé chef de l'expédition , et , le 11 ,
lieutenant-général de la Guienne ; son départ est donc
postérieur.... Si l'on suppute ensuite le tems nécessaire
pour embarquer et débarquer les troupes, et traverser
la Manche , on verra qu'elles n'ont pu arriver en Nor-
mandie que plusieurs jours après la paix de Bourges ,
qui est du i3 juillet i4i2. (Voy. Laboureur, ib.)
Note 9'), p. 21. Les Anglais ravagèrent.,., en leur
payant une.... rançon.....
{\oy. Laboureur^ 84.1 et suiv. ; Chron. manuscr. , Sa^ ;
Villaret, xiij , 219 — 222.)
Charles , duc d'Orléans , promit de payer la moitié
de la somme convenue, et, pour sûreté de sa pro-
messe, leur donna en otage Jean, comte d'Angoulême,
son frère.
Notes*), p. 21, Avec l'aide du comte d'Armagnac. ...
(Voy. Laboureur^ 875; Viîlaret, xiij, 221.)
128 NOTES DE JEAISISE d'aRC.
> Henri V. NoTE O^) , p. 2 1 . Henri IF meurt
20 mars i4.i3 , suivant Hume , vi , ^7 ; mais ce n'est
que selon noire façon ordinaire de compter, parce que
le 20 mars étant antérieur à Pâques , appartenait en-
core à Tan 14.12. 11 est étonnant que Yillaret, qui lui-
même a critiqué en cette occasion (xiij , 24.7) Rapin-
Thoiras, ait néanmoins commis beaucoup d'erreurs
dans ses dates , faute d'avoir fait assez d'attention à la
différence des calendriers. ( Toy. ci-devant note i ,
no4., p. loi.)
Note o^) , p. 21. Sa soif pour les conquêles
( Voy. dans Hume, vi , 119 , le Portrait de Henri V.
Voy. aussi Jui^enal j 498)
Note O^) , p. 22. D'un guerrier et d'un négociateur
(Voy. à ce sujet Hume, vi , 78 et suiv. ; Laboureur j
p. 962 , 992 et suiv. ; Juvenal, 354 ? 364- et suiv. ; Chro-
nicfue manusc. , 53o ; Choisy, 434- )
i4«5- Note 96) ^ p. 22. La bataille... d'Azincourt
Bataille ^ . i, , i • i . ^ r -
d'AziiKourt. On sait que l armée anglaise , harassée de fatigue et
affaiblie par des maladies, aurait été détruite, presque
sans tirer l'épée , si les généraux français avaient eu
quelque prudence La bataille se donna le 25 oc-
tobre i4i5.... On estime la perte des Français à dix
mille hommes , « desquels dix mille , dit Monstrelet ,
» ch.i49, t.i, p. 226, on espérait y avoir environ seize
M cents varlels , et tout le surplus gentilshommes.*' »
*_ Le même compte est aussi dans un manuscrit de Mons-
trelet, biblioth. <lii Uoi , n" 83.^5 , tom. i , fol. 200, chap. i4'>.
NOTES DE JEANNE d'aRO. 1 29
On voit par-là que Hume, vi , 89 , ou a fort mal lu
Monstrelet , ou en avait une mauvaise édilion , lors-
qu'après avoir évalué la même perte à dix mille
hommes, d'après Saint-l\emi , ch. 64, il ajoute que
Monstrelet Té value à huit mille quatre cents. Smollett,
quoiqu'il ait presque copié Monstrelet (ch. i4-^) dans
le récit de la bataille n'en a pas mieux compris le
sens. H dit, en effet (hv. 4-, rh. 3, n°24., t. 7, p. ^80),
que <( les Français perdirent plusieurs officiers de grande
» distinction ( il en nomme quelques-uns ) , et environ
» dix mille soldats. » Monstrelet , ch. i4-9 , nomme
1° les principaux gentilshommes qui furent tués; et
sa liste n'occupe pas moins de deux pages et demi in-
folio ; 2^ les prisonniers de marque , tels que Charles,
duc d'Orléans, fils de Louis ; le comte de Riche-
mont , etc. Le Laboureur donne beaucoup de détails
sur les circonstances de ce désastre, p. ioo5 et suiv. ;
idem , Juvenul ^ 894 et suiv. ; Chron. manuscr, , 532 à
535 ; Chuisy^ 44-3-
Note 97) , p. 22. L'exécution de ses desseins
( Voy. Hume , vi , 91. ) — Un mois après (le .29 no-
vembre ) , il se rembarqua. (Voy. Juvenal^ l^.oZ. )
Henri conclut même une trêve avec la France.
(Voy. Hume^ ih. ; Vi/laret, xiij , 4-ii- )
Note 98) ^ p. 22. Un écrivain célèbre Facti
( Voltaire, Essai sur les Mœurs., ch. 79). Villarel ^ xiij ,
335, paraît approuver cette réflexion.
Note OO) , p. 23. A la mort de ce prince ( le dauphin
Louis)
on s.
l3o NOTES DE JEAÎsNE d'aRC.
Elle eut lieu le i8 décembre i^iS. ( Voy. le La-
boureur, 1017; Journ. de Paris, 28; Juvenal, 4-1 1;
Tkomassin, 88 (il dit qu'il était alors à Paris). Villa-
ret , xiij , 385 , la fixe au i5 décembre , mais sans citer
d'autorité.
Note 'O") , p. 23. Doué de plus de capacité
(Voy. ci-devant note 71, p. 122. Voy. aussi Juvenaî,
2to8; Viilaret, xiij, 332, 385.)
C'est le 26 avril i4.i5 qu'il avait été fait lieutenant et
capitaine général pour le fait de la guerre. ( Voy.l'édit
au Trésor des Chartres, Mélanges, l'^^part. , vol. 6,
n° 22, p. 207.)
Armagnacs. NoTE '«') , p. 23. Bu comte d'Armagnac
( Voy. Laboureur, 1016. ) — Il y arriva le 2g dé-
cembre. (Voy. JuQenal, 4-12.)
Le 12 février, on le nomma gouverneur et général des
finances et des forteresses. (Voy. Juvenal, l^.i'].)
Note '°^) , p. 23. En assiégeant Harfleur
Henri avait débarqné le i4- août i4i5 , et mis aussi-
tôt le siège devant celte ville , qui promit de se rendre
si elle n'était pas secourue avant le 18 septembre , et
qui se rendit en effet à cette époque , faute de secours.
( Voy. Hume, vi , 80 ; Laboureur, ioo5. Voy. aussi Vil-
laret , xiij , 4^6. )
Note '°^), p. 23. Deux victoires
( Voy. Saint-Remi, p. io3 ; Monstrelet , t. i , f 234;
Juvenal, 4io; Chron. manusc, 536; Villaret, xiij , 407- )
Note ''>^) , p. 23. Traité tellement ignominieux.
NOTES DE JEAX^E d'aRC. l3l
On n'en a connu le texte qu'au 18^ siècle, parla
publication du Recueil de Rymer. (Voy. Villaret^ xiij ,
4.10.) — On peut le voir dans ce Recueil^ t. 9, p. 394;
et 2^ édit. , t. 4-1 P^rt. 2 , p. 177 ; et dans Kapin-Toiras ,
iv, Ifio. — Il est du mois d'octobre i-4i6, et , peu de
tems après, le duc de Bourgogne chercba à se lier avec
le daupbin Jean, dont il venait de jurer la perte (Voy.
ViUaret^ xiij , 4-1^? et la note suivante.)
Note "^^), p. 24.. La mort rapide des Jils aînés du Roi....
Jean , dauphin , qui avait succédé à Louis , mourut
le lundi 5 avril i4i6 avant Pâques {Villaret^ xiij , 4i5,
d'après les registres de la chambre des comptes) et par
conséquent environ six mois après le traité dont on a
parlé à la note 104.. Rapin-Thoiras, trompé sans doute
par la différence des calendriers ( Voy. ci-dev. note i ,
n° 4-? p- 101), a cru que c'était six mois auparavant
(Voy. id. , iv, 4-58 et 4-6 1) ; et Yillaret l'en reprend avec
raison Au surplus , il ne peut y avoir le moindre
doute sur cette époque ; car Thomassin , qui était alors
à Paris , dit ( f" 89) le 5 avril i4-i7i ainsi qu'il le devait
faire , parce qu'il se sert du calendrier actuel.
Observons aussi que le comte d'Armagnac avait été
débarrassé, quelques mois auparavant, d'un autre
personnage redoutable, au moins par son rang et son
influence , le duc de Berri , mort pendant le siège de
Harfleur. (^Vil/aret, xiij ,4.07.)
( Note "^^) , p. 24.. Assuré de l'appui du troisième.... j^iy
Voy. Choisy, 4.74.; Villaref., xiij , 891. ) Charles(yiî)
Dauphin.
Note '°:), p. 24. Que les Andai;i enoahis.'ient
l32 îsOTES DE JEATsNE d'aRC.
(Voy. Saint -Rémi ^ p. ii3, ii8; Monstrekt , t. i,
f. 242, 24.7, 255, 258, 270 ; Juvenal^ 4io, 4%? Villa-
ret^ xiij , 4^2 ; Chron» de France^ 323.) Henri Y fit sa
descente à Toucque , en i4i6 , avec une armée formi-
dable. (Voy. Monstrelet^ d. f. 242.)
Note '°^) , p. 24. Que le duc de Bourgogne soumette
(^y oy. Saint-Remi ^ p. iio, ii3; Monstreletj t. i ,
f. 247, 248.)
Note '^O) , p. 25. Pow lui donner la preuve
Le favori d'Isabelle, Louis Bourdon , fut appliqué
à la question et noyé, par ordre du roi ; et Isabelle re-
léguée à Tours , où elle fut rigoureusement surveillée.
(Voy. Hume ^ vi, g4 ? Saint-Remi ^ 107; Monstrelet ^
t. I , f. 239; Jui>enal^ 426; Choisy^ 486; Villarct, xiij,
424; Hénaut ^ ans i4i5 — i4i8.)
Note "°) , p. 25. Les trésors
(Voy. Monstrelet ^ t, 1, f. 239; Hume, vi , 94;
Chronique manuscr. , 539 ' ^^oisy., 4^^ » Villaret , xiij ,
425; Hénaut, ans i4i5- — i4i8; Chronique de France ,
323; Saint-Rcmi , ^^7-)
Jusqu 'au tombeau
( Voy. ci-après note 345. )
Note "') , p. 25. Le connétable les aggrava
(Voy. Laboureur, pag. 1019; Saint-Remi , p. io5 ,
106, 118 • Monstrelet, tom. i, f. 23o , 234, ^^7 ; Jm-
vénal ^ 42 ï à 423, 427, 4^6, 44 1 5 Journal de Paris ^
29 et suiv. y Choisy, 484; Villaret , xiij , 386, 443 ? 4S5*
i4iS. Note"^), p. 25. Des Parisiens parviennent
Rour^ui- ' (Yoy. Saint-Remi, 120; Monstrelet , t. i , f . 25q;
gnons. •'
NOTES DE JEANNE d'aRC. î3*
Journal de Paris ^ 38; Choisy^ l^^^-^ Jmenal ^ l^l^o {(\u\
dit le 28 mai ) ; Villaret (la nuit du 28 au 29 mai), xiij,
4.61 ; Chronif/ue de France ^ 824 (le 29 mai au point du
jour).
Note "^), p. 26. La journée du 12 juin Massacres.
( Voy. Saint Rémi , 119, 121, 122; Monstrekt ^ t. i ,
f. 261 ; et sur-tout Juvenal^ 4-4-3 etsuiv. ; Chron. manusc.^
541 ; Journ. de Paris , 4-0 j Choisy^ 5 02.) — Le corps
du comte d'Armagnac fut traîné dans les rues pendant
trois jours. On l'avait tailladé , et ceint d'une écharpe
faite avec des lambeaux de sa chair. (Voy. Villaret^
xiij , 469; Monstrelet, ib.)
Les généraux bourguignons approuvaient ces hor-
reurs. ^Voy. Monstrclet ^ ih. , f . 261 ; Choisy^ 5o2 ; Vil-
laret , xiij , 469- )
Note "^), p. 26. En consacrer d'autres
(Voy. Saint-Remi^ 124 ; Monstrelet ^ t. i, f. 265;
Juvenal ^ l^l^.'j ; Journal de Paris , 4-5. )
Note '»^), p. 26. Capeluche
(Voy. Jupenal, p. 4471 4-4^5 Chronique de France ,
325; Choisy^^o%\ Villaret^ xiij, 474 )
Note "^'), p. 26. Sûr... delà reine^ qui.,, s'était jetée.,..
En 1417. Ç\ oj. Saint- Rémi ^ 116; Monstrelet^ t. i,
f. 25i ; Chron. manuscr. , 539; Villaret., xiij , 440' )
Note "?), p. 26. Parce que , dei^enus maîtres à leur
tour
C'est que, pendant ces révolutions, ils continuaient
l34 ÎSOTES DE JEAT>ÎÎ^E d'aRC.
leurs conquêtes en Normandie ( ils prirent Rouen
en 14.18). — (Voy. Villarct^ xiij , 18 et suiv. ; Saini-
Remi^ i3o ; Monstrelet , t. i , f. 268. )
Note ''^), p. 27. D\m senùteur courageux
Tanneguy-du-Châlel.... Il enveloppa Charles VII ,
endormi, dans un de ses draps, le porta à la Ilastille ,
et le conduisit ensuite à Melun Cet important ser-
vice , indi({ué par le Journal de Paris , p- 87, est raconté
avec détails par deux autres contemporains {Saiut-
ilemi , p. 120 ; Juvenal des Ursins , in-fol. , p. 34-9 ) , et ,
d'après eux, par les auleurs modernes, tels que Clioisy,
Soi ; Baudot, t. i , p. 61 ; \illar t, xiij , 4-63.... Ce-
pendant Dulillet ( liée, des Traités , p. 319) l'attribue
au chancelier Rohert-le-Maçon , qui, dit-il, s'était
démonié ipour Charles-, et il cite, p. 34-0, des lettres
du 7 novembre 14.20, où Charles fait à Pxobert un don
pour lui avoir sauvé la vie , lorsque Paris fut surpris.
Note "9), p. 27. On s'accorda.... les Anglais commen-
çaient à trembler....
Le 10 juin i4-i9 7 selon S aint-Remi ^ i34.7 i35. Mais
c'est le II juillet Voyez Monstrelet., t. i, f. 273 , qui
donne le traité; etDutillet, Rec. des Traités, p 34-0 ,
qui cite le registre où il est transcrit. ( Voy. encore Ju-
venal , 4.68 et suiv.; Ckoisy., 5i4-)
i4iq. Note '=°), p. 27. Xe duc fut massacré
Mfurhe (Voy, Saint-Remi ., i36 et suiv.; Monstrelet^ t. i,
f. 276 ; sur-tout Juvenal., p. Ifi^ à ^73. Voy. aussi Chron
jnanuscr. ., 566; Choisy, 617 ; Villaret^ xiv, 4.1 et suiv.;
Voltaire, Essai sur les Mœurs, ch. 79; Hénaut , an
14^19 et 1420J Chron. de France, 326,)
NOTES DE JEAIMNE d'aR6. i35
Note '^'^, p- 27. Toutefois, au travers des contradic-
tions.... des récits , soit des témoins
M"^ de Lussan, viij , 333 — Sgo, les rapporte avec
assez de détails... On trouve une de ces relations , avec
un grand nombre de pièces justificatives , à la suite
du Journal de Paris. Enlin , le P. Griffet et Saint-Foix
ont fait de longues dissertations sur ce point de notre
histoire, si important et si difficile à éclaircir. (Voy.
Daniel.) vi, ôSj à 574; Essais sur Paris ., t. 3 , p. 3o3
à 34.0. )
Note •==), p. 27. Charles VII ny eut aucune part
Hume, vi , 102, dit que Textrême jeunesse de
Charles VII laisse douter qu'il fût dans le secret du
complot.
M"^ de Lussan , t. 8, p. 3gi , décide nettement qu'il
dut lui être communiqué ; mais elle ne se fonde à cet
égard que sur des conjectures auxquelles on peut en
opposer d'autres non moins fortes. Que répondre en-
tr'autres à ceci ? Charles n'avait rien à gagner, et ,
au contraire , risquait de tout perdre , en autorisant ce
forfait.
Le P. Griffet (Voy. note 121) paraît se rapprocher
du sentiment de M'*^ de Lussan. Saint-Foix (Voy.
même note) et les éditeurs de Voltaire (même ch. 79)
soutiennent avec force que le meurtre de Jean ne fut
que l'effet d'un hasard, et il est difficile de répondre
à plusieurs de leurs observations.
Note '=^2) , p. 28. Par des remords ou des alarmes
( Voy. Laboureur, p. 627 ; Choisy., 329 , 622. )
Note '-'^>, p. 2g. Etait un bien faible ennemi.
l36 KOTES DE JEA^^E d'arc.
L'opinion générale était qu'il ne pourrait leur ré-
sister. ( Yoy. Saini-Remi^ \[^i ; Monstrekt ^ t. i, f. :i86. )
— Il paraît que le dauphin le craignait lui-même , puis-
qu'avant le meurtre de Jean il avait négocié avec
Henri V, et consenti à renouveler le traité désastreux
de Breligny. (Voy. Dutillet , Rec. des Traités, 819 ,
320 , 34.0 et 341.)
1420. Note '^^), p. 29. Au roi d' Angleterre
Traité Traité de l>oyes... Il est dans Saint-P^emi , p. i43,
roje... ^j dansYii'iaret, xiv, %[^.v (Voy, aussi Monstrelet, t. i,
f. 288 à 291; Journal de Paris ^ 63; Choisy, 53o ;
Lussan, ix , ^5 etsuiv. )
Jugement du dauphin.... ( \ oy. Saint-Remi , i53;
Monstrelet, t. i, f- 298, 3o2 ; Juvenal , 4-^7; Clioisy^
538 ; Lussan , ix, 196 ; Bapin , iv, 497 ; Hénaut , an 1420 ;
Dutillet , Rec. des Traités , 34i ; Voltaire , Hist. du Par-
lement^ ch. 6 ; et sur-tout ViUaret ^ xiv, 106 à 109.)
Guerre ÎSOTE »=^) , p. 29. Heureusement... Henri fut obligé.....
Il prit auparavant plusieurs places fortes, telles que
Sens, Montereau el ^\ç\nx\ ÇW o^- . Saint-R^emi ., i45 et
suiv.; Jui>enal., /^jS à 486; Choisy, 532 ', Monstrelet ., t. i,
f. 291 à 294); et il ht , avec la maison d'Albret , un
traité qui mettait la Guienne à l'abri d'une iovasioft.
(Voy. Rymer, x, ^i et 4^ ; Rapin-Thoiras , iv, 5o2.)
— La prise de Melun priva Charles d'un de ses plus
habiles et plus vaillans guerriers , Barbasan , qui y com-
mandait , et qui ne fut délivré qu'en 1429 pendant l'ex-
'•• Il est e'galement au tre'sor des Chartres, Mélanges ^ vol. g ,
» pag. i65.
péclition de TIsle-de-France , et après celle d'Orléans.
( Yoy. Wlonsirekt , t. i , f. 298 ; t. 2 , f. 4-9 7 v''. )
Note '=7), p. 29. Il avait besoin d'argent et de ren-
forts
(^\ oy. Saint-Remi^ i52; Hume ^ \i , iio; Smolktt ,
vij , 555; Monstrelet ^ t. i , f. 299,)
Notes '=^*' '^'S ) , p. 29. De nous envoyer des troupes..,.
Sept mille hommes. ( Voy. Hume, vi , 112; Hé-
naut, an 14.21.) — Quatre mille, dit Choisy, 54-6; et
Lussan , ix , 2 54*
Note '^'^), p. 29. Qui dura (Quatre ou cinq mois
Henri V partit à la fin de janvier, et revint au mois
de juin. ( Voy. Saint-Remi , i5i , i54.; Lussan ( le 1 1
juin), ix , 208, 217, 288; Monstrelet , t. i, f. 299
(celui-ci , f*^ 3o3 , fixe son retour à la veille de Sainte-
Barbe). Villaret, xiv, ii5, place mal- à-propos son
départ sous l'année 14.21, *
* Ce point d'histoire e'tant assez important , nous avons
examine avec soin tous les actes publics de Rymer (t. 10 ; 2*^
ëdit , 1.4») qui tendent à le déterminer. Le dernier acte
de Henri en France est daté de Rouen , le 3o janvier 1420 ( et
142 1 , nouveau style ) , et le premier du conseil après son de'part
est du 8 fe'vrier, ( t. 10 , p. 60. ) Le 12 de ce mois , il y a un
acte de Henri daté de ^Vestminstcr, ( ï6. , p. 62 ). Les derniers
actes de son séjour en Angleterre sont datés de Douvres , les
9 et 10 juin, et le premier, après son retour en France, est
daté de Rouen, le 17 juin, ( p. 117 à i3i. ) Ainsi il partit
le 3i janvier ou un des premiers jours de février 1420, et revint
en France du 10 au 16 juin 1421, aubout d'environ quatre mois
et demi.
lOÔ TsOTES DE JEAINÎ^E D ARC.
Bataille NoTE '^'), p. 2g. La hataille de Baugé
3"8*^* A environ huit lieues E. d'Angers , que les Anglais
assiégeaient (ils levèrent le siège après la bataille).,..
Le duc de Clarence y fijt tué. (Voy. Saint-Remi ^ t53;
Hume ^ vi , i j3 ; Choisy^ 54-6 ; Lussan^ ix , 257 et suiv.).
Elle se donna le jour de Pâques i4-2i , selon Saint-
Kemi , i53; et la nuit de ce jour, selon Monstrelet,
t. I, f. 3o2 ; et la veille (ou 22 mars 14.20), selon
Juvenal, 4^91 ; Chron. manuscr.^ 55o; Lussan , ix, aSg;
et Chron. de France, 327, v".
N. B. C'est en effet la veille : Anlè diem Paschœ proxi-
ma prœteritœ^ disent des lettres datées de Rouen le
3 avril , dans Rymer, x , g5.
L'armée française se porta ensuite en Normandie, et
mit le siège devant Alençon ; mais , au bout de quel-
ques jours , Salisbury le lui fit lever , et elle se retira ,
partie en Anjou , partie vers le pays Chartrain.
( Voy. Monstrelet , t. 1 , f. 3o3. )
1 i2i . Note '^=), p. 2g. Une armée de quarante mille hommes....
Hume dit seulement, et d'après Monstrelet (cb. 24.2),
vingt-quatre raille archers et quatre mille hommes de
cavalerie; mais Monstrelet {iùld') parle de quatre
mille hommes d^arjnes., ce qui fait supposer un nombre
plus considérable. Peut-être est-ce la faute du traduc-
teur de Hume. Smollett , qui paraît pourtant avoir éga-
lement consulté Monstrelet , évalue l'armée de Henri
à trente mille hommes (Voy. idem., liv. 4-^ ch. 3, t. 7,
p.56i), ainsi que Saint-Kemi , p. i52. Quant aux
hommes d'armes, voy. Baudot^ t. i , préf. , p. 11.
Note '33) ^ p. 2g. // (Henri ) s'empara de... Meaux..^
ÎSOTES DE JEÂ^IxE D'ArxC. l^^
Fin d'avril i4-22. (Voy. Saint-Remi , 1^7 — 161;
Monstrelet^ t. i , f. 3i5.) — Le traité de reddition est
au Trésor des Chartres^ sous la date du 2 mai. ( Voy. id. ,
Mélanges, vol. 9, n. ^21 , p. 168. )
Note '^4) ^ p. 3o. Une multitude de petites villes
( Voy. Saint- Rémi ^ 161, 162; Monstrekt ^ t. i,
p. 309, 3i5; Dulillet, Rec. des Traités^ p. S^^. )
NOTE*^^), p. 3o. Auprès de Saint-Riquier ///.de
C'est ce qu'on nomme la bataille de Mons-en-Yimeu " '^1"*^^*
( à environ deux lieues au N. E. d'Abbeville ). Elle se
se donna le 3i août 14.21. (^oy. Saint-Remi ^ i55 ;
Monstrclei , t. i , f. 3o5 à 309 ; Lussan , ix , 307 et
siiiv. ; V'iïlaret ^ xiv, i36. )
Note '^'^), p. 3o. Bans les environs
Depuis Paris jusqu'à Boulogne. (Voy. Monstrekf^
t. .,f.3i7.)
Note '^7), p. 3o. Déjà les efforts des alliés rommen- ^/^^
çaicnt....
Août 1422... Charles leva le siège de Cosne sans les
attendre. (Voy. Saint-Remi ^ 162; Monstrelet^ t. i ,
f. 320; Chron. manuscr.^ 553; Chron. de France^ 328;
Pierre Defenin , dans l'édit. in-fol. de Juvenal, p. -493.
Voy. aussi Choisy^ 555.) — Villaret, xiv, i53, dit, au
contraire, mais on ne sait sur quelle autorité , que
Charles voulait livrer bataille, malgré l'inégalité du
nombre; qu'on eut bien de la peine à lui faire aban-
donner cette résolution courageuse , mais impru-
dente , etc.. Cette fiction romanesque est détruite par
le témoignage uniforme des auteurs précédens.
îl
ceiifcnri
1^.0
^loT\ Note '2^), p. 3o. Qu'il fut attaqué de la fistule (ou
mal de saint Fiacre)....
Hume, vi, 117, l'affirme. (Voy. aussi Monstrelet ^
t. I, f. 321 ; Juç>enal^ 4^97 5 Chron. manuscr.^ 553;
Lussan^ ix, 372, 3g6 ; Amelgard , Notice des Manuscr. ,
t. I , p. 4i5 ; Chron de France^ 328. )
Villaret, xiv, 157, suit l'opinion dw secrétaire de
Henri V, selon lequel ce roi mourut d'une pleurésie;
mais cette opinion ne serait vraisemblable qu'autant
que la maladie n'aurait duré que peu de jours ; et il
paraît, au contraire, certain qu'elle dura au moins un
mois, parce que Henri en fut atteint peu de tems
après son départ (avec son armée ) , et qu'il mourut
le 3i août. Or, son départ ne dut guère avoir lieu que
vers le milieu de juillet. On sait en effet que le duc de
Bedfort, qu'il détacha en avant aussitôt qu'il fut
tombé malade (Voy. Chron. de France^ 328; Rapin—
Thoiras^ iv, i63 ; Villaret^ xiv, i53), arriva le 27 juillet,
avec beaucoup de troupes, à Auxerre, d'où il repartit
le 4 août pour se rendre à Vezelay, où était le rendez-
vous général de l'armée des alliés.* (Voy. Lebœuf,
Hist. du Diocèse d'yluxerre ^ ly^^, t. 2, p. 279, 280.)
Rapin-Thoiras, ibid , etSmollett, vij , 565, parlent
d'une dyssenterie , mais sans citer d'autorité.
Note ^^0) , p. 3o. Une province de son Empire....
Hume, vi, ii5, dit que les armes des alliés mena-
cèrent Charles d'une ruine totale. ( Voy. aussi ci-
devant note 124 , p. i35. )
* Si l'on lit avec attention le re'cit détaillé de Monstrelet,
lom. I , fol, 320 et 021 , on verra qu'il confirme nos conjeç---
turcs.
NOTES DE JEANNE d'àRC. l /{l
Note '^°) , p. 3i. A deux gouverneurs di/férens....
Bedfort était régent, sous le titre de protecteur;
mais , en son absence , le duc de Glocester, son frère,
jouissait en Angleterre du même titre et de la même
autorité , tempérée toutefois par un conseil qu'avait
choisi le parlement. Bedfort avait en France le titre
de régent ( ^ oy. Rcipin - Thoiras ^ iv , 187; Hume, vj ,
l32.)
Quant aux divisions... , voy. ci-dev. le texte, p. ^i.
Note •^') , p. 3i. La mort de Charles VI.... MotIûq
( Yoy. Saint-Remi., 166; Monstrekt, t. i , f. 828 ;
Juoenal, ^99 (il ^^^ 1^ 20 octobre) ; Thomassîn (le 19),
87; Lussan (du 21 au 22), ix, 4-25.) — Chartier,
p. 2 ; le Journal de Paris , p. 88 ; VHist. de la Pucelle ,
p. 481 1 et la Chron. de France , f. 828 , disent le vingt un.
Note '^''), p. 3i. Que par une espèce de miracle Charles VIL
Les ennemis se croyaient si sûrs du triomphe , qu'ils
donnèrent dès-lors à Charles YII, et par dérision, le
titre de roi de bourges. (Voy. Thomassin , 91 ; Da-
niel, vij , 7; Lussan, ix , 4-3^5 Chron. de France, 828.)
Note *^^>, p. 3i. Charles possédais. ... État des
(Yoy. V Atlas historique de Rizzi-Zannoni , et ci- deux psrds.
après note 198.)
La Provence et l'Anjou appartenaient au roi de Si-
cile ( Voy. ci-après note i44) 1 le Maine , à son frère
Charles d'Anjou; le comté d'Etampes, à Jean de
Bourgogne , comte de Nevers , fils du troisième fils de
Philippe-le-Hardi, et cousin-germain de Philippe-
le-Bon. (Yoy. Longuerue, Descript. de la France, part, i,
p. 344? 9^ et 2^; Anselme, Généalogies, t. i, p. 252. )
1^2 NOTES DE JEANNE d'aRC.
Note >43*'.), p. 32. Dans les provinces soumises à
Charles, il y aimit beaucoup de forteresses
Lits Anglais en avaient aussi (et jusque dans la sé-
néchaussée de Toulouse) qu'ils possédaient encore
en i4.3o. ( Voy. B. Vaisselle^ iv, 476, 4-69.)
N0TE'^^>, p. 82. Divers c liens
Tels étaient encore le duc de Savoie. {^Yoy. Lussan ^
ix, 4-20 ; Daniel ^ vij , 88. )
Charles, au contraire, avait été privé depuis deux
ans des secours du plus puissant des siens , Louis 111 ,
comte de Provence , duc d'Anjou, roi de Sicile. Ce
prince , qui avait conduit à Naples presque toutes ses
troupes, en i4-20 , ne revint en France qu'en 1^29,
après l'expe'dition d'Orléans et pendant celle du sacre.
(F. M ùnstrelet , t. i, f. 294 ; Villaret, xiv, 11 4- et 412.)
NOTE»^^) ...p. ?)2.. De la Bretagne... une sorte de neutralité.
Le duc de Bretagne s'était, il est vrai, allié avec
Charles Vil en 14.21 -, mais il se borna à un léger se-
cours qu'il lui avait fourni aussitôt après la conclusion
du traité , parce qu'il prétendit que Charles n'en avait
pas rempli les conditions. {^V. Morrice , Histoire de
Bretagne , t. i , p. 4-8^ • )
Les provinces septentrionales...
(^Voy. Juvenal^ 4^77') P^rmi ces provinces , la Nor-
mandie , eu égard aux ressources qu'elle procurait ,
était considérée, même sous Louis XI, comme équi-
valente au tiers de la monarchie. {V. Villaret, xvij , 170.)
Note '^^). p. 33. Comparable «... Paris....
La seule possession de la capitale donnait un grand
NOTES DE JEAKNE d'aRC. Il\5
avantage aux alliés , parce que sa population et ses
richesses leur procuraient des secours continuels en
hommes et en argent. Au surplus , les efforts que firent
successivement et pendant plus de trente années les
Armagnacs et les Bourguignons, les Anglais et les
Français, pour s'en emparer, prouvent combien on
attachait d'importance à cette possession. (Voy. aussi
Journal de Paris, 170; ci -api es, notps 229 et 23o. )
« De la possession de cette ville , dit Bedfort (Instruc-
tions citées ci-après , noie 335 ) , despend reste seignourie
( le royaume de France). »
Au tems de la guerre du bien public ( i4.65),
Louis XI disait que « s'il y pouvait entrer le premier,
n il se sauverait et avec sa couronne sur sa tête ; mais
i> que si ses ennemis y entraient les premiers que lui,
» il serait en danger. » (Voy. Villaret, xvij , 82.)
Note '^7), p. 33 . Lorsque l'Ecosse envoyait des troupes...
Jacques 1«% roi d'Ecosse, fut pris sur un vaisseau
en 14077 et retenu (contre le droit des gens, car on
était alors en trêve) prisonnier en Angleterre jusqu'en
1423 ; mais la régence de son royaume n'en fut pas
moins zélée pour les intérêts de la France. {F. Hume,
vi , 32 , 143 ; fillarel , xiv , I23. )
Au reste , il était de l'intérêt des Ecossais d'empêcher
que nous ne fussions asservis à l'Angleterre, et Charles
d'ailleurs les comblait d'honneurs et de grâces. ( V. Hume,
vj, iio, 142.)
N. B. Ces remarques sont confirmées par le trésor
des Chartres {Mélanges, vol. g, art.- Ecosse). Nous y
trouvons, 1". Deux confirmations des traités anciens
avec la France , datées de Perth et Sterling, les 6 jan-
I 44 NOTES DE JEAîsNE d'^RC.
vler 14077 et 6 octobre 1426. (/è/J., n^^ I9et20,p.3g2.)
2». Deux procurations pour les renouveler, datées de
St.-Jean , le 12 juillet 1428. {Ib/'d.^ n»* 22 et 23.)
S*'. Un traité fait à Chinon, le 10 novembre 1428, où
Charles YII^ en cas que, par le moyen de Jacques I^"",
il recoui^re son royaume^ s'oblige à lui donner le duché
de Berri ou le comté d'Evreux. (//5»/J. , n» 27, p. 393.)
Enfin on voit aussi dans Dutillet (^Rec. des Traités,
p. 358, 359, 36i et 362) la notice d'un grand nombre
de traités, accords, dons, etc., entre les mêmes, depuis
1422 jusqu'à 1428.
Note '^S) , p. 34- Talbot et TVarwick....
Ajoutez Arondel... Hume les regarde comme les plus
célèbres généraux de ce siècle. ( Voy. idem , vi , i34-)
Note '^9) , p. 34- Les exacteurs retenaient une partie....
(Voy. Jm^enal , 47^-)
Note '^'^), p. 34- J^e hausser et abaisser les monnaies....
C'était un système très-commun dans ce siècle. Il
serait trop long de citer tous les exemples que les auteurs
en rapportent. (Y. entr'autresJz/c^wrt/, 56 ; C/toisy, 169;^
Monstrekt , t. i, f. 3o2 , 3o4, 3i6; Villaret , xiv, i3i ;
Chartier, 86. — Yoy. aussi J). Vaissetie, iv , 46i.)
Note '^0, p. 34- Voilà les seuls alimens de son trésor...
On cite des exemples bien frappans de la détresse du
roi. Le chapelain qui s'aida au baptême de Louis XI
(juillet 1423 ) devait gagner les vases d'argent em-
ployés à la cérémonie. On les dégagea pour 40 livres,
et l'on ne put acquitter cette somme qu'à la fin de
KOTES DE JEÂÎiNE d'aRC. , I 4^
l'a«née. (Voy. Villaret, xiv , 285.) En i4-29, lorsqu'il
fut question de ravilailler Orléans , le trésorier de la
reine n'avait que quatre écus en caisse. ( Yoy. Lacerdy,
3i4:.)
Note «^«tis) ^ p_ 35^ //^ Charles) assistait quclijHef ois Conduile de
à des expéditions Charles.
En i4iB, aux sièges de Tours et d'x\zay près l'ours
(Voy. Chronique de France, 32^, 325) ; en 14.19 et 1420 ,
à ceux de Nîmes et du Saint-Esprit ; en il^^i , à ceux
de Béziers, de Sommière près Nîmes (Voy. D. Vaissette^
iv, 453, 4^7» 4^8), de Chartres, et de quelques places
du Perche et environs (Voy. î^iliaret, xiv, i25 , i3o) ;
en 1422 , à celui de Cosne. (J^oy. ci-dev, note iSy. ) De-
puis cette époque jusqu'à l'expédition du sacre ( 1429 ) ,
il ne paraît pas qu'il se soit montré à l'armée.
Note '^=>, p. 35. Et à ses faooris. Tandis que ses guer- Ses favoii.s.
riers
( Voy. sur tout cela ce que nous disons au texte ,
ci-dev. p. 44? 4^7 5o, etc. — - Voy. aussi Laverdy ., 534;
Smollett, viij , 12.)
Note ••^^), p. 35. Contre ses propres généraux
( Voy. ce. que nous disons au texte, p. 80. )
Note '^4)^ p, 35. Par leurs vices
(Fo/. Chartier, i3. — Voy. aussi ce que nous disons
au texte , p. 43 et 440
Charles VII eut pendant dix -sept ans pour surin-
tendant du Languedoc, c'est-à-dire de la province
d'où il tirait la plus grande partie de ses ressources,
Guillaume de Champeaux, éveque de Laon, qu'il fut
10
i46
enfin obligé de destituer ( oi décembre 144* )• Cet
évêque V endommagea de six à sept cent mille écus , somme
effrayante pour le tems.... et, peu satisfait de tels pro-
fits , commit plusieurs crimes , conspira contre le roi ,
et, malgré ses ordres réitérés à plusieurs reprises , se
maintint long-tems dans ses fonctions. (Yoy./c^ie/Z/ri
de destitution , àa^ns D . V aisseite , iv , preuves, 4^1)
Note ■^^), p. 36. Un tout autre homme
{Voy. l'éloge que nous faisons de lui, au texte , p. 8f
et suiv. )
Note '^^), p. Sj. Vers la fin de 1422
Le i4 févr. (Voy. Si. Remy, 167.) — Vers la fin de 1422.
(Yoy. Histoire chronologique, 328. — Villaret, xiv, 273.) —
Monstrelet, t. 2 , f 2 , dit le 14 janvier.
Note '^7), p. 37. Le favori chargé... de les distribuer...
(Voy. Villaret, xiv, 273, d'après une chronique
manuscrite. )
Note '5^), p. 37. Les assiégés furieux... la garnison de
passer
Ou au moins une partie des chefs de la garnison.
( Voy. à ce sujet Monstrelet, t. 2 , f. 2 et 3 ; Journal de
Paris , 92 5 Villaret, xiv, 275. )
1423. Note '^9), p. 37. Charles reçoit des renforts de
r Ecosse
( Voy. Villaret, xiv , 281. )
Il paraît qu'il en avait aussi reçu de l'Espagne. ( Voy
Serry , 370. )
NOTES DE JEANNE d'aRC. l^'J *
Note "^°), p. 38. A assiéger Crevant (^ ou Craifant') Bataille
T^' > I Ml ^7 . / Ti de Crevant
(Foj. , quanta cette bataille , (Jiartier , 4; Berry ,
370 ; Histoire de la Puce/le, 4B3 ; Chronique mss. , 555 ,
et sur-tout Monsirelei , t. 2 , f. 7. )
Elle se donna le 3i juillet. ( Voy. D. Plancher, Hist.
de Bourgogne, t. 4? p- 74 ^t 75 ; Monstrelet dit au com-
mencement de ce mois. )
Note 'Cobis)^ p 33^ Trois mille Français sont tués ou
pris
C'est Tévaluation la plus commune. (^Voy. Chronique
de France, 33o ; Chartier , l^\ Hist. de la Punelle, 483;
Vlllaret, xiv, 283. )
Berry^ 370 , dit huit cents à mille ; les registres du
parlement ( dans Vlllaret, ib. ) , plus de trois mille tués ;
le Journal de Paris, p. 94, six mille cinq cents tués, pris
ou noyés; Claude de Chasiellux, gouverneur de Crevant ,
quatre à cinq mille morts, pris et emmienés. — Voy.
deux Actes du 6 août i4i3 ( six jours après la bataille) ,
dans Lebœuf , Hist. du Dioc. d'Auxerre, t. 2 , preuves,
n»^- 383 et 384, p. 3i5. )
La perte de la bataille entraîna celle de Mâcon, dont
les Français s'étaient récemment emparés. ( Voy. Vll-
laret , xiv, 281, 284.)
Note '^'), p. 38. De resserrer les nœuds.... en épousant
sa sœur
Traité du 17 avril i423. ( Voy. Monstrelet, t. 2, f . 4 ;
Dutillet, Rec. des Traités, p. 343.) KUe fut demandée
au mois de février 1422 , fiancée au mois de mai 1428,
et mariée au mois d'octobre , selon l'état des officiers^
p. 209, note ^).
i48
Bataille de NoTE »^^), p. 89. A la Graveîle
la Gravelle.
L^ Abrégé Chronologique, p. $28, et Monsirelet^ t. 2.^
£ 4î placent cette bataille vers la fin de 14.22, et par
conséquent avant- celle de Crevant. — Cliartier, p. 4
à 6; Berry, p. Syo ; V Histoire de la Pucelle , p. 4^3;
lu Chronique de France , f. 33o ; et Dom Plancher , t. 4 ?
p. 78, la placent après celle de Crevant. ISlous avons
suivi cette opinion. Chartier et l'historien de la Pucelle
paraissent baeucoup mieux instruits que les autres des
détails de l'action, et Berry dit positivement qu'elle
eut lieu après celle de Crevant.
iV^ B. La Gravelle est près de Laval. ( Yoy. Cliar-
tier, p. 6.)
Idem de la NoTE »63)^ p. 36. J la Bussière
Busslère.
( Voy. Chronique de France , f. 33o ; Berry , 870 ;
Histoire de la Pucelle^ 486 ; Histoire Chronologique, 328.)
Elle se donna après la bataille de Crevant. ( Yoy. JDom
Plancher (il dit le 27 août), iv, 77 et 78; Etat des Offi-
ciers, p. 201 , 202 , 2i3 , aux Notes. ) *
Note '^^), p. 39. Une armée... fournie par... les Ecos-
sais...
( Voy. Berry, 870 ; Villaret, xiv , 291. )
ï4a4- Note *^^), p. 39. Envoyé par le duc de Milan
eau-
* Selon quelques-uns de ces auteurs , la Bussière est en B
jolais ; selon d'autres , en Maçonnais. Nous avons suivi ce
dernier sentiment dans notre 2« carte. Au reste la mt'prise des
premiers est peu étonnante , parce que la Bussière est près tV^
la frontière du Beaujolais
ÎÎOTES DE JEANISE d'aRC. i49
Six cents lances et mille hommes de pied. (^oy.
Bcrry , 870. )
Ce duc était Philippe-Marie Visconti , frère de Ya-
lentine, morte en 1408, quatre mois après l'assassinat
de son époux, Louis, duc d'Orléans... Il fut toujours
attaché à Charles VIL
KoTE '66)^ p. 3g, Dix-huit mille hommes
Hume, vj , 14.6 (d'après Monstrelet, t. 2, p. i/j. ,
et Grafton ) , dit i4.,ooo hommes, dont la moitié
étaient Ecossais. Même nombre dans Daniel, vij , 17.
Yillaret , xiv , 297 , le porte à 20,000 hommes. Le
Journal de Paris, p. 99 , et Monstrelet , t. 2 , f. i3, en
comptent 18,000.
Note '^7), p. 39. ylu milieu.... d'août.... Bafaille
Le jeudi 17. Monstrelet , t. 2 , f. i4 , et Thomassin , de Yerneulî
f. 91. — La Chronique de France , f. 33 1 , et Daniel,
vij , 18 , disent le 16; et Hume, vj , i48, le 25 (peut-
être est-ce une faute d'impression ).
Note ^^^\ p. 39. La supériorité des généraux ennemis...
Il faut ajouter l'imprudence et l'indiscipline des
Français. ( Voy. Hume ^ vj , 149; Beriy , 3jo. )
Note '^9), p. 89. Les Français... furent défaits...
( Voy., sur la bataille de Verneuil, Chariier, p. 9 ;
Berry , 170 ; Histoire delà Pucelle, 487 ; Journal de Paris ^
97; Hume, vj , iSo; Daniel, vij, 18; Monstrelet, t. 2,
f 1 3 à 1 5 ; Villarel , xiv , 296 ; Chronique de France ,
â3i.
Quant au nombre des morts , Hume n'en compte
l5o TîOTES DE JEAN15E d'aRC.
que 4ooo; Berry , 45oo-- ; ^^ Journal de Paris les porte
jusqu'à 9000.
!NoTE '7°), p. 4-0. Furent les suites... de la vicloire...
( Voy. Berry ^ «^yS ; Histoire de la Pucelle , 4-^^ »
Monstrelet, t. 2, f. i5j 17, 22, etc. )
Diversions. NoTE '7'), p. 40. Jacqueline de Hainaui...
Ou Jacqueline de Bavière, veuve du dauphin Jean j
et épouse du duc de Brabant, cousin germain de Phi-
lippe. ( Voy. , à ce sujet, ainsi que sur ce différend,
Si. Rémi, 128, i52; Monslrelet, t. i , f. 286, 255, 263,
3oo; t. 2 , 17 à 21 , 28 à 29, 36; Daniel, vij , 22;
Lussan, ix , 221 à 281 ; Villaret, xlv , 128, 3o3 , 3i8 ,
388; SmoUett, vilj , 35 et suiv. ; Dutlllet, Piecueil des
Traités , 34-5. )
Jean de Bourgogne, due de Brabant, était fils d'An-
toine, second fds de Phillppe-le-llardl ; une grand'-
tante maternelle d'Antoine lui avait laissé, en i4-o6,
les duchés de Brabant et de Limbourg. A la mort de
Jean , en 14^7 , ils passèrent à son frère Philippe , et
après celui-ci, en i43o, à Phlllppe-le-Bon , leur
cousin. ( Voy. Anselme, Généalogies , t. i , p. 248. )
Note ^7=), p. 40. La ruine de la France...
Tous les auteurs conviennent que sans cette diver-
sion Charles VII était perdu. (Voy., entr'aulres ,
Hume, vj , i5o ; Smolleit, liv, 4? ch. 4? t. 8, p. 85 ;
Daniel, vij, 22; Rapin-Thoyras , iv, 206 et 5 14.)
Note '73), p. 40. Qu'au bout de quatre ans...
Par le traité de Delft, fait le 3 juillet 1428, entre
NOTES DE JEANNE d'aRC. i5i
Philippe et Jacqueline. (Voyez-le dans Dumont, t. 2,
pan. 2 , p. 2 18. ) Il paraît que Yillaret , xiv , 338 , ne
le connaissait pas, puisqu'il hésite sur l'époque de la
fm de cette guerre.
Dans l'art. 3 de ce traité, Philippe est nommé héri-
tier, et dès cet instant gouverneur des biens de Jac-
queline, c'est-à-dire du Hainaut, de la Hollande, de
la Zélande et de la Frise.
La même année (14.28) il avait acheté les comiés
de Namur et de Zuphten. ( \oy. Anselme^ t. i , p. 24.0.)
Qu'on juge maintenant combien un tel ennemi devait
être redoutable pour Charles VII !
jSote '74)^ p. /^_l, L'é^cf]ue de JVlnchcsier...
Il était grand -oncle du roi, et chargé de sa per-
sonne et de son éducation 11 avait des différends
continuels avec Glocester. ( Voy. Hume, vj , i33, i56.)
Note 'T^), p. 4.1. Il fui obligé de passer dans cette ile...
Hume, vj , i56 à 160 , et Daniel , vij , 28, fixent le
départ de Bedfort à l'année i425 , et son retour (après
wn séjour de huit mois) à l'année suivante. C'est qu'ils
ont uniquement suivi la relation de Monslrelet, t. i* ,
f. 27 à 29. Mais l'histoire de Monslrelet, depuis i4.23
jusqu'à 1428, fourmille d'erreurs de dates : beaucoup
d'événemens y sont confondus. Par exemple, il dit,
sous la date de 1427 , f. 35 , que Fvichemont avait été
tout noiu^ellemcnt fait connétable, tandis que cette pro-
motion est antérieure de trois ans. ( Voy. ci -après
notes 176, 188, T8g. ) Au surplus, le Journal de Puris ,
p. 108, fixe positivement le retour de Bedfort au sa-
medi 5 avril 1427, après une absence de seize mois,
NOTES DE JEÂÎSNE d'aRC.
ce qui fait remonter son départ, au plutôt, au mois de
novembre i425. ^
1/(2
'4-^- Note 'yC), p. 4.1. On en acquit un dans... Richemont...
de la cour -^'^ "^^^^ i^^l^- ( Voy. Histoire de Richemont^ 74.8;
de Charles, VîUaret, xiv , Si^.. ) Daniel, vij , 3o , recule mal à
propos cette nomination d'une année. Dutillet, Recueil
des Rois , p. 397, en cite les lettres, qui sont du 7 mars,
d'après les registres du parlement de Poitiers.
* Nous avons depuis fait beaucoup de recherches pour
ëclaircir ce point important d histoire. Nous avons entr'autres
ve'rifié avec soin toutes les lettres-patentes insérées au Trésor des
Chartres, reg. 173, années i425, 1426 et 14^7 La dernière qui
se soit donnée à Paris, à la relation du duc de Bedfort, est du
3o novembre i4'^5 {iâid. , n» 376). Depuis cette époque jus-
qu'au 8 avril 1426, avant Pâques (c'est-à-dire jusqu'au
8 avril 1427 , selon notre manière artuclle de compter ) , elles
sont toutes à la simple relation du conseil, et l'on en trouve
plusieurs données pendant cet intervalle en Angleterre , à la
relaiion du duc de Bedforl , savxîir : 20 décembre il^iS , à
Sandwich ( n" 4^2 ) ; 9 mars il\25, à Worcester ( n» 4^^ ) »
12 id. , à Leicesler ( n" 636) ; 29 août 1426, à Sulbruck
(nos ^80 et ^8, ) 5 5 décembre 142^ , à Westminster (n^ 63i).
Voici les premières qui sont cjjsuite données à Paris, à la mêine
relation : 8 , 11 et 12 avril 1420, avant Pâques, n°^ 628, 63o ,
632, 647, 634,645.
Tout ceci confirme l'assertion du journaliste de Paris. Il
en résulte en effet que Bedfort partit de Paris un des premiers
jours de décembre i425 ( selon notre manière de compter ) ,
et qu'il y fut de retour un des premiers jours d'avril 1427. Ainsi
son absence dura seize mois.
N. B. Yiliarel , xiv , 344 > p'ace liien le retour de Bedfort à l'an i437 , mais il
commet la même faute qn'Humc et Daniel en restreignant son absence à huit mois-
NOTES DE JEAîsNE D ARC. 100
Note '77), p. 4-i- Contre le duc de Bretagne... au meurtre
du duc de Bourgogne...
( Voy. Villaret, xiv, 3ii; Griffe t, Obseroaiions sur
Daniel, vij , 34-1 et suiv. ; Du tille t , Recueil des Traités,
344 9 357. (Traité du 7 octobre 14.^5. )
C'est que Richemont était gendre du duc de Bour-
gogne ( Jean ). ( Voy. Histoire de Richemont, 746 , 747-)
Note '78), p. 42. A poignarder un de ses adversaires...
Le dauphin d'Auvergne... tué par Duchâtel. (Voy.
Villaret , xiv, 3i5.)
Note '79), p. 42. Tanneguy Duchâtel..
(Voy., sur tout cela, Histoire de la Pucelle , 4^9'
Villaret, xiv, 3i4; Chronique de France., 332; et sur-
tout Histoire de Richemont ., 748.)
Le fameux président Louvet voulut, en se retlrauf ,
conserver de Finfluence, ou plutôt s'assurer que Ton
continuerait à commettre les désordres auxquels il ne
pouvait plus participer. Il laissa à la cour Giac , qui
était une de ses créatures, et conseilla à Charles de le
prendre pour favori. Ce Louvet était parvenu à' un tel
degré de puissance, que le comte de Dunois* n'avait
pas dédaigné de devenir son gendre. ( Voy. Daniel ,
vij , 3i; Villaret, xiv, 3 16.)
* Ce héros e'taitne' en i4o2 , la même année que Charles YW ,
de Louis, duc crOrle'ans( Voy. ci-devant p. lo) , et de la dame
de Cany. Le double adultère auquel il devait le jour ne lui
avait point nui. Lu duchesse d'Orléans ( Valentine de Milan )
regrettait même de n'être pas sa mère : il lui avait été emôlé
(dérobé), disait-elle. (Voy. Villaret^ xij, 35;, xlij , 71.)
l54 NOTES DE JEANî^E D'aRC.
Note -s»), p. 42. Vingt mille hommes...
( Yoy. Chartier , 11; Villaret, xiv , 82 o.)
Note «S.)^ p. ^2. y^w commencement de 14.26...
Ou vers la fin de i425. (Voy. Histoire de Richemont,
749. — Mais voy. ci-dessous note i83.)
1426. Note '^-\ p. 43. Aidé d'un ministre breton...
Le cliancelier de Bretagne. ( Voy. Histoire de Riche-
mont, 749*1 Daniel, vij , 33 ; Villaret , xiv, 32 1. )
En novembre i425, Charles VII avait obtenu du
clergé de Languedoc denoa dixièmes, et des communes
une aide de 25o mille livres pour la guerre , outre
12 mille livres pour en faire son plaisir. Giac , abusant
de son crédit, tourna presqu' entièrement cette aide il son
profit. ( Voy. D. Vaissette, iv , 467. )
Note '«3), p. 43. Il est battu...
( Voy. Monstrelet, t. 2 , f. 35 ; Daniel, vij , 33 ; Vil-
'' laret, xiv, 32 2; Histoire de Richemont, J^^', Ancienne
Chronique ( elle fixe à 1426 cette action), notice des
manuscrits , ij , 3o8. )
Note '^^\ p. 43. Giac redoubla... il fallut un crime...
( Voy. Histoire de la Pucdle , 492 ; Histoire de Riche-
7nont , 750; Daniel, vij, 35; Chronique de France , d)3'5.
Note '^^), p. 43. D'un assassin...
( Voy. , sur tout ce qui précède, dans le texte , Char-
tier, i3 ; Berry, 074 ; Histoire de la Pucelle , 492 , 4-9^ ;
Histoire de Richemont, 75o ; Hé/iaut , ans 1426, 1427»
Chronique de France, 333.
NOTES DE JEANNE D ARC. \JJ
Note '^), p. 4-3. Des Historiens,..
( Voy. Villaret, xiv , 328. )
JNoTE '^7), p. 4.4- Vous vous en repentirez....
( y oy. Histoire de Richemont , jSa ; Villaret, xiv, 328.)
Note 'S^), p. 44- Paralysèrent... et empêchèrent de se-
courir plusieurs places...
Il faut néanmoins excepter Montargis, que Warwick
etSuffolck assiégeaient, et que Dunois secourut: chi
moins il paraît que c'est à-peu-près dans ce tems que
se fit cette expédition. (Voy. Histoire de la Pucelle, 4-94 i
Berry, 874 ; Villarel., xiv , SSq ; Daniel, vij , 38 ; Chro-
nique de France, 333.)
Hume , vj , 160 , d'après Monstrelet , t. 2 , f. 02 , la
place vers Tannée i425. Mais voyez noie lyS, ci-dev.
p. i5i, et ci-dessous, note 189.
Les Français surprirent aussi le Mans vers la même
époque ; mais Talbot et Suffolck les en chassèrent et
s'emparèrent ensuite de Laval. ( Voy. Villaret, xiv, 344-)
Note ^h), p, 4-5- Et forcer le duc ii renoncer à notre
alliance...
Hume, vj , 161... Le récit de cette expédition est
placé à la dernière page où il traite de l'année 1426;
et, tout de suite, p. 162 , il passe à Tannée 14.28, sans
rien rapporter de 1427. (Voy., ci-devant, note lyS,
page i5i. ) Mais ce qui ôte toute incertitude sur le
tems de l'expédition de Bedfort, et montre Terreur de
Hume, c'est une lettre du 8 septembYe 1427, contenue
au Trésor des Chartres ( Mélanges, v. 3 , n. 90 , p. 4o3 ) ,
où le duc de Bretagne déclare renoncer à toute alliance
l56 NOTES DE JEANNE d'aRC.
au préjudice de Henri, et promet de lui obéir ainsi
qu'au régent, duc de Bedfort, etc. (Elle est citée avec
les sermens des villes , etc. , de Bretagne, dans Dutillet,
Recueil des Traites , SSg à 36i. ) Le roi de Navarre fit,
le i6 du même mois, un semblable serment pour le
duché de Nemours. — Dutillet, iL, 34-5 , 862.
Note '9«), p. 4.5. Cette guerre rioiie...
( Voy. Eerry , 87 5 ; Histoire de la Piieelle, 4-97 '■> His-
toire de Richemont , 754-; Villaret, xiv, 348.)
1428, Note '90, p, 4-5. La campagne... de 1^28, tout-à-fait
décisive.^. j
Hume, vj , 161, 162, à l'occasion du siège d'Or-
léans , dit que Bedfort résolut de tenter une entreprise
qui, si elle réussissait comme il l'espérait, emporterait
la balance... et préparerait les voies à l'entier assujétis-
sement de la France.
Etat des Note *î)=*>, p. 4-9- Un coup-d'œil sur la carte...
^ (Voy. VâiXd^s àt Rizzi Zannoni , 18^ carte.)
Note 'O^)^ p. 8G. Vingt-cinq à trente provinces...
Savoir, les départemens dont les noms suivent (en
remontant du midi au nord) : Aude, Haute-Garonne,
Hérault, Gard, Lozère, Ardèche , Cantal, Haute-
Loire, Isère, Rhône, Loire, Puy-de-Dôme, Al-
lier, Vendée, Deux- Sèvres , Vienne , Indre, Indre-
et-Loire, Cher, Loir-et-Cher, Creuse, Loiret,
Nièvre, Yonne,.-. et des portions d'autres départemens:
par exemple, du Tarn, de la Drôme , de Maine-eL-^
Loire, de la Haute-Vienne, delà Meuse, etc.
NOTES DE JEANNE d'aRC. iSj
Note *94), p. 4-6. Qu'à réunir sept mille guerriers...
C'est à ce nombre que Villaret, xiv , 363, évalue
l'armée de Charles YII, même en y comprenant la gar-
nison d'Orléans.
Charles V, dans de semblables circonstances, c'est-
à-dire en montant sur le trône , avait eu de la peine à
former un corps de douze cents combattans. ( Voy,
Villaret, x, 365.)
JXoTE '9^), p. 47' Les six premières années...
Ainsi, depuis l'avènement de Charles VI jusqu'au
siège d'Orléans, on peut compter environ quarante-
huit années de pillages ou de troubles , et vingt-trois
années de guerres, à quelques légères interruptions
près.
Note *9^), p. l^.']. La paix... nous le verrons ailleurs. .>
( Voy. ce que nous disons au texte , p. 84.)
Note '97), p. 4"^. Un historien demande...
( Yoy. Villaret, xv , i3 et 14. )
Note «98), p. 48. Voilà une explication bien impar-
faite...
Cela n'est point surprenant : à l'époque où Villaret
publiait son ouvrage , les véritables principes de l'éco-
nomie politique étaient bien peu connus en France.
Note '99), p. 48. Observons que les Anglais exportaient...
On le conçoit facilement, et beaucoup de passages
de nos anciens historiens en offrent la preuve. Il suffira
de citer celui-ci : « Le 18 août 1427, ce parly de Paria
i58
» le régent qui toujours enrichissait son pays d'aucune
3> chose de ce royaulme , et si n'y rapportait rien que
.'> une taille quant il revenait. » Joiirn. de Paris ^ m.
Note ^°o), p. 4-8. Qui les fournissaient d'objets de
luxe
Une foule d'autres passages de nos historiens prou-
vent également le faste de ces enrichis. ( Voy. en-
tr'autres Vîllaret, xij , Sy , xiij , 86. )
Note =«'), p, 49- -^^-^ expéditions de Naples... du Mi-
lanez... de Gênes...
Il y eut, sous Charles VI , plusieurs expéditions
lointaines faites soit par ses ordres, soit pour le compte
de quelques maisons, telles que celles d'Anjou et d'Ar-
magnac, et notamment les suivantes :
1082, Naples ( Voy. ci-dev. noie 21 ^ pag. 112.)
i383, Barbarie... (Voy. .hwenal, Si.)
i384., Ecosse... {\oy. Laboureur, 102; Juoenal^ 58.)
i388, Gueldres... (Yoy. ci-dev. noie 22 , p. ii3.)
iSgo , Barbarie... { \ oy. Juoenal , 99.) — 1891 et
1895, Milanez... (^Yoy. Laboureur, 2o5 ; Juçenal, io5.)
1396 et 1899, lurquie ou Hongrie... (^\oy. Labou-
reur , 333, 4-07 ; Jm^enal., 1^3. )
1399, Naples... (Voy. Laboureur, /j25.) — 1402,
Constantinople... (Voy. Laboureur, /j.55.)
i4-i5 et 14.16, Italie... (Voy. Monstrelet, t. i , f. 227,
236.)
Note 2°=), p. 4-9- La pacification de la Flandre....
(\oy. ci-devant le texte ^ page 4o ? ^t la «o/e 173,
p. j5o.
1%
Note ^°* ^'^). Trésors que pour ses favoris et ses maî-
tresses...
Bedfort se conduisait bien différemment. On trouve
au Trésor des Chartres une foule de dons de rentes ,
terres , seigneuries , etc. , faits aux généraux des alliés ,
tels que TV^arvick (registre ijS , n<» 220; reg. ly^?
nos i3S^ 196), Salishury (reg. 178, n" 64-5), Taîbot
(reg. 174., n° i5o; reg. I75,n°3i7), Fastolf {re^.
172, n» 34-5; reg. 176, n»" 2o3, 287), Arundel (reg.
175, nos 365, 366), Suffolck (reg. 172, n" 571),
Luxembourg ( reg. 172, n» 90; reg. 173, n^^ 646,
686 )
Il est vrai i" que ces dons ne coûtaient pas beau-
coup , puisqu'il s'agissait de confiscations sur les par-
tisans de Charles; 2° que Bedfort ne s'oubliait pas
lui-même dans ses largesses. ( Voy. reg. 172 , n°s 4.87,
5i8; reg, 178, n» 319; reg. 174, n° 33o ; reg. lyô,
n" 69. )
f
Note =0^) , p. 5o. // combinait., l'ordonnance d'une
fêle.... ,
Tout le monde sait qu'au lieu de répondre à Lahire ,
chargé de lui communiquer des affaires de la dernière
importance , il lui montra ses préparatifs de fête ; et la
réponse de ce vaillant guerrier n'est pas moins connue.
(Voy. Encyclopédie , dict. d'Hist, mot Fignoles, \illa-
ret, xiv, 35g; Hénaut , an 1457. )
N. B. Richer (manuscrit indiqué ci-dev. note 1"^%
n» 28, p. 107) rapporte aussi cette anecdote d'après
Egnalius et le chancelier de LhôpltaL.. 11 en fixe la date
au milieu du siège d'Orléans.
iGo KOTES DE JEAÎS^NE d'aRC.
Note ^f^^), p. 5o. Fermer les portes des villes....
(Voy, Histoire de Richemont ^ 7^3.)
Note ^°^), p. 5o. Même rapacité....
( Voy. Histoire de la Pucelle , ^^2. ) Sur les plaintes
des Etats tle Chinon (voy. ci-ap. note 24.1, p. 176) rela-
tivement aux abus des finances , tous les changeurs furent
cassés vers novembre 14.28. (Voy. D. Faissette ., t. 4 7
p. 47^. — Voy, aussi ci-devant note i54-, p. i45)
1428. Note ^"6), p. 5i. Ju mois de juillet....
juillei. Suivant Monstrekt, t. 2 , f. 87 , Salisbury passa la
mer après la Saint-Jean.
Expédillon J^OTE ^°7), p. 5i. De toute la partie... située au nord...
de .j,
l'Orléanais. «" midi...
( Yoy.Chartier, 18, 19; Histoire Chronologique , 33 1 ;
Berry, 376 ; Histoire de la Pucelle., 4-99 ? 5 00; Monstrelet ,
t. 2 , f. 37 et 38; Hume ., vj , 162 ; Chroni(/ue de France,
334- — Ces auteurs nomment enlr'autres, au nord , No-
gent-le-Roi, Nogent-le-Rotrou, Jenville, Mehun-sur-
Loire, Beaugenci , Marchenoir, Chartres, Rambouil-
let, Rochefort, Pétbivier, Puiset, Châteauneuf;* et au
midi, Gergeau, Sully, La Ferté-Hubert.Toutes les villes
sur la Loire, jusqu'à Blois, et toutes celles de la Beauce,
excepté Chàleaudun , étaient anglaises, dit Chartier.
Note ^"S), p. 5i. Le bouleçart presqu unique...
( Voy. Hume, vj , 162. )
Une partie des garnisons des villes, indiquées à la
* Ajoutez à ces villes, qui sont ci-après sur la 2^ carte , Thou-
ry (à 1 lieue E. de Jenville) et Montpipeau (à a lieues N. clf
^lehun-sur-Lolre) , que nou» n'avons pu y placer.
NOTES DE JEAÎvNE d'aRC. ibl
note 2Ô7, açait pris le party des Anglais. — Chronique de
France, 334-
Noté -°î)), p. 5i. La moitié de l'armée... i^aS.
( Voy. Villaret, xiv , 363. )
Le 25 octobre on conduisit à Orléans un renfort
d'un millier d'hommes; le 5 janvier, 200; le 7 fé-
vrier, environ i4oo; etc. (Voy. Tripaut^ 8, 20, 34,
35.)
TSOTE ='°), p. 5i. Fresque tous les capitaines français... Si«ge
Dès le commencement du siège , il y avait Xain- " Orkaii>
trailles et son frère, Guitry, \iUars, Lacbapelie
GaiiCourt était gouverneur de la place ; mais dans le
principe il ne dut guère être utile, parce qu'il se démit.
le bras, le 21 octobre, en courant donner des ordres
pour la défense des tournelles
Le 20 octobre , ils furent joints par Dunois, Sainte-
Sévère , Beuil , Cbabanes, Cbaumont , Labire
( Yoy. Tripaut, 4 7 ^ ■> ^)
• .
Note ^"), p. 52. Par le fort et.., le boulei^art des tour-
nelles...
Le fort était placé à l'extrémité du pont; mais il était
séparé de la rive gauche par un ravelln environne
d'eau qu'on passait au moyen d'un petit pont. ( Voy.
Polluche, note 117, p. i47 ; Expil'y ., 35 1.)
Les Orléanais, voulant couvrir le fort, construisi-
rent un boulevart sur cette même rive... 11 était fermé
de tous côtés afin d'être en état de défense, même pen-
dant les basses eaux ; mais il n'était pas entièrement
î I
l62 NOTES DE JEANTs^E D'aRC.
achevé lorsque les Anglais arrivèrent. ( Voy. Histoire
de la Pacelle^ p. Soi ; Tripaut^ 6. )
Villaret désigne ces fort et boulevart par le nom de
tourelles ; nous avons préféré celui de toiirnelles , dont
se servent les anciens auteurs. (Voy. aussi Po Huche ,
ibid. ; Expilly, 35 1.) *
Note ^»^>, p. 52. Un des premiers Jours d'ocft^bt-e...
Le 2 , elle attaqua , et le 5 , elle prit Gergeau , en-
suite Chateauneuf. ( Voy. Histoire de la Pucelle, 5oo ;
Chroni(]ue de France , 334- )
Note ^'^), p. 52. Salisbury la commandait...
(Yoy. Hume^ vj, 162.) Il y fait l'éloge de Salisbury,
qui venait d'amener à Bedfort un renfort de six mille
hommes. 11 dit, p. 164, que Salisbury n'avait que dix
mille hommes : il ajoute bientôt ( d. p. 164.) que Suf-
folck , qui prit le commandement après la mort de
Salisbury , fut renforcé par un grand nombre d'An-
glais et Bourguignons. Yillaret, xiv , 362, Rapin-
Thoyras, iv , 232, et SmoUett , viij , 61, évaluent à
vingt-trois mille hommes l'armée anglaise après qu'elle
eut reçu tous ses renforts.
( Voy. encore Chariier , 18; Monstrelet, t. 2, f 38,
39; Tripaut, 2 , 12, 16; Histoire de la Pucelle., 5oo ,
5o3 ; Daniel ^ vij , 4-^. )
Tous les historiens du tems donnent aussi de grands
éloges à Salisbury : il fut blessé à mort, le 24 octobre
* 11^^^ On comprendra mieux cette note et la plupart des
suivantes en consultant la carte visueUe (ou i^* carié; ) qui
est ci aprèwS à la fin de l'ouvrage.
NOTES DE JEANNE D ARC. IOj
soit", d'un coup de canon. Placé dans Tembrasure
d'une des fenêtres des tournelles , il observait TassieLte
d'Orléans ; il mourut trois jours après. ( Voy. Tripaut ,
7 et 9 ; Chartier ^ 19; Histoire de la Pur.elU ^ 5o2 ^
Moiistrelet^ t. 2 , f. 38 ; Smollelt^ viij , 62 ; Chronique de
France^ 335.
Note ^"^), p. 52. Un gros détachement...
C'est celui qui venait de prendre Gergeau.... Dès
le 8 septembre l'armée avait reconnu la place d'Orléans
sur la rive droite ; mais elle s'était ensuite divisée pour
attaquer les villes voisines. (Voy. Histoire de la Purelie,
5oo 5 Chronique de France , 334- )
Note ='^), p. 52. Le 12 , s approche de la ville...
C'est-à-dire des faubourgs de la rive gauche, connus
sous le nom de Portereau , et qui n'étaient pas fermes
de murs. ( Voy. Tripaut ., 2 ; Histoire de la Pitcelle, 5 00 :
Expilly , 352 ; Chronique de France, 334- )
Note ^•^), p. 52. Les faubourgs... on les emlrase»..
On en avait commencé la démolition. Surpris par
l'arrivée des Anglais , les Orléanais y mirent le feu.
( Voy. Histoire de la Pucelle ., 5oi ; Tripaut, 2. )
Pendant les mois de novembre et décembre - les
Orléanais démolirent aussi ou brûlèrent les faubourgs
et églises ou couvens ( on en compte vingt-une ) de la
rive droite , * toujours pour empêcher les Anglais de
s'y loger. (Voy. Tripaut., 10, i5 ; Histoire de la Pucelle ^
* Voyez-en la liste aux observations sur la carte vliuelie ou
!«■« carte, § 4
i64
5o4.; Expilly ^ 334- et siiiv. — Voy. aussi Monstvéîet^
t. 2 , f. 28. )
NoTE^'?)^ p. 53. Les Anglais construisent une for-
teresse...
Ils rétablirent au couvent et dans l'église des Augus-
tins , dont la démolition n'était pas achevée. Ce fut
leur première bastille. ÇV oy. Histoire delà Pucelle., Soi ;
Daniel., vij , 4-^; Chronique de France , 334. )
Ils formèrent aussi des batteries qui lançaient des
pierres dont quelques-unes pesaient jusqu'à i5o livres.
( Voy. Tripaut^ p' 3 ; Histoire de la Pucelle , 5 01.)
Leur premier soin fut de les employer à détruire
tous les moulins qu'Orléans avait sur la Loire ; mais
les assiégés y suppléèrent par des moulins à chevaux.
( Voy. Tripaut , 3. )
Note =*S), p. 53. Le 21... hommes^ femmes^ vieillards^
enfans...
« Les femmes ne cessaient de porter très-diligem-
» ment à ceux qui défendaient le boulevart plusieurs
» choses nécessaires, comme eaux , huiles et graisses
j> bouillans, chaux, cendres, chausse-trapes. » (Voy.
Tripaut^ p. 5; Histoire de la Pucelle^ 5oi.) — Ainsi
que des vivres et rafraîchissemens.... quelques - unes
même combattirent sur le parapet, à coups de lances.
(Voy. idem, p. 5oi; Daniel., vij, 4^- — Voy. aussi
Chronique de France, 335. )
Note ''•s), p. 53. Les assiégcans s'attachent à leur mine ^
et le 23 les Orléanais sont obligés de brûler le boulevart..^..
Il n'était plus retenu que par des étais auxquels il
suffisait de mettre le feu « pour faire fondre iceluy bou-
levart. » ( Voy. Histoire de la Pucelle , 5oi ; Tripaut, 6 ;
Daniel, vij , l^'j. — Voy. aussi Chronique de France , 335.)
Note =^°), p. 53. On l'emporte le lendemain...
Le 24 octobre , il était déjà en partie ruiné par l'ar-
tillerie , et il y avait « peu de gens de faict , la plupart
a ayant été blessés à Tassaut du boulevart. » ( Voy.
Histoire de la Pucelle , 5oi; Tripaut^ 6. )
ISoTE ''''*), p. 53. Hs ( les assiégés ) y avaient suppléé
en rompant deux arches.... construisant sur la suivante un
houlevart....
Dès le 22 octobre.... Tripaut, 6, àxtune arche, et
l'Histoire delà Pucelle, aucunes arches; ce qui n'est point
contradictoire , parce que l'on put rompre d'autres
arcbes après le 22 Le boulevart fut établi sur une
pile au lieu appelé la Belle-Croix. ( Voy. Tripaut, ib. ;
Po Huche j i4-7'î Expilly, 352.)
Note ===), p. 53. Ils (les Anglais ) réparent les tour-
nelles... les couvrent par un boulevart... rompent une arche...
( Voy. Histoire de la Pucelle ^ 5oi , 5o2 ; Tripaut., 6 et
7 , qui dit deux arches.
Ce boulevart était très-fort , et « tenable contre toute
» puissance. » ( Voy. Histoire de la Pucelle , 5o2 ; Tri-^
paut, 7. )
Note -=^), p. 53. Avec douze grosses bastilles... Basîiiles
T 1 • • " • 1- ' anglaises
Les historiens modernes se sont singulièrement trom- a„ ^\^^^.
pés sur cette espèce de circonvallation. Hume, vj , i65, ^ Oricans..
parle vaguement de redoutes , construites de distance
en distance , et de retranchemens par lesquels Suffolck
voulait les lier au printems... Selon Smollett, viij , 60 ,
on construisit seize petits forts ou redoutes , dont six
plus considérables que les autres, pour commander aux
principales avenues... Daniel , vij , ^9 •> dit qu'on éleva
de distance en distance un grand nombre de bastilles
ou redoutes ; qu'il y en avait trois principales : une à
la porte de Saint - Privé , appelée Paris; la 2^ aux
Douze-Pairs, appelée Ijondres; la 3^ à un pressoir, ap-
pelée Rouen... D'après Villaret, xiv, 362 , six grandes
bastilles étaient placées aux principales avenues , et se
communiquaient par soixante redoutes moins consi-
dérables , édifiées dans les intervalles... Baudot , t. i ,
p. 29g, 3oo , compte cinquante -quatre forts et six
bastilles : il place celle de Londres aux Augustins, et
celles de Saint-Jean-Leblanc et de Saint-Ijoup en-
semble auprès de la porte Bourgogne... Presque
autant d'erreurs que de mots dans ces écrivains.
1°. Dans tous les détails que nous donnent les té-
moins oculaires sur les diverses attaques , soit des
Français, soit des Anglais, il n'est jamais question de
redoutes ; le seul Monstrelet , t. 2 , f. 4-2 , v», en parle ,
et les porte , il est vrai , « jusques au nombre de
soixante. » Mais il n'était point au siège, dont il dé-
clare positivement , f. 38 , v°, qu'il fait le récit d'après
aucuns notables. "^ D'ailleurs, vu le peu d'étendue de
* Ces notables ont fort mal renseigne' Monstrelet. II dit en-
tr'autros que la Pucelle partit pour l'expédition de Gergeau
le 4 lïiai ( ce n'est que le 1 1 juin , F. ci-dei>ant le texte ,p. 76 ),
après la leve'e du sie'ge d'Orléans, qui précisément n'eut lieu
que le b mai.
,67
îa place ( elle n'occupait guère que le tiers de sa su-
perficie actuelle , voy. Polliiche, 36 ) , on ne conçoit
pas où auraient pu être placées ces nombreuses re-
cloutes , et Ton conçoit encore moins comment les
assiégés auraient pu recevoir des secours. C^est mal à
propos que Yillaret ( z'Z»/W. ) annonce que, plus d'une
fois , les Gaucourt , Xaintrailles , Lahire , etc. , forcèrent
les quartiers des assiégeans pour introduire des convois:
nous ne voyons rien de semblable dans les auteurs con-
temporains. Il paraît seulement, par le Journal de Trl-
piiut (p. 25 , 28 , 29 , 33, 64., 76), que dans les derniers
tems on se glissait dans la ville pendant la nuit ou à
l'aube du jour. ( Yoy. aussi Char/ier , ly ; Monsirelet ^
t. 2 , f. 38. )
2°. Le nombre et les noms des bastilles ou bastides
sont spécifiés de la manière la plus claire et la plus
expresse par Thistorien de la Purelle , dont le témoi-
gnage est confirmé indirectement par Tripaut et par
la Chroniijue de Frafîce , qui , dans divers passages ,
indiquent presque toutes les bastilles désignées par
r historien (sur treize, ils en nomment onze), et n'en
indiquent aucune de noms différens."*^ (Voyez Tri-
paut ,8, 16, 18 , 20 , 21 , 24. , 28 , 58, 59, 64, 797
84. , etc. ; Chronùjue , f. 335 , 338 et 339.)
<f Pour enclorre la cité , dit l'historieu , fermèrent
« et fortifièrent plusieurs boulevards et bastides
» C'est à savoir la bastide de Saint-Laurent , la bas-
;> ticle du Colombier , la bnslide de la Croix-Eoissée,
» la baslide qu'ils nommèrent Londres , au lieu des
* Chartier, 16 et 20 324, et Berry , 3-6 et 877, rappellent
aussi plusieurs des mêmes noms.
68
TvOTES BE JEATs^NE D ARC.
j) douze Pierres (Pairs), la bastide (Aro) du Pressouer
5) yirs ^ nommée Rouen, la bastide de Saint-Pouer
i> (Pouoir), nommée Paris, la bastide de Saint-
3) Loup ; et dedans la Loire au droit de Saint-Lau-
3) rent , en Tisle Charlemaigne , une autre forte bas-
» tide et ainsi appert que tant de la partie de
55 Beau ce que comme de Souloigne , fut la ville en-
» close de treize places fortifiées , -tant boulevards
3j comme bastides... *j>(Voy,ïW.manus.B.R.n°. 10297,
« f. 182, i33; et rec. de Godefroy, p. 5o3.)
Pour entendre ce dernier passage , il faut observer
qu'auparavant ( p. 5o2 de Godefroy ) Thistorien a
indiqué les bastilles de la rive gauche ( partie de So-
logne ) , c'est-à-dire , les tournelles, le boulevart de
devant (les tournelles) , les Augustins , Saint -Privé
et Saint-Jean Le Blanc , ou cinq bastilles ou boule-
varts , et en y joignant celles de la rive droite ou de
Fîle, en tout /mie bastilles.
3°. On voit par la nomencltïure précédente que
Daniel et Baudot se sont trompés et sur les noms et
sur les positions des véritables bastilles. En voici l'or-
dre , d'après le même passage ( Voy. d'ailleurs ci-
après la carte visuelle à la fm de l'ouvrage) :
Sur la rive gauche, d'occident en orient, en remon-
tant la Loire , 1° Saint-Privé; 2° le fort des Tour-
nelles ; 3° en avant de ce fort , le boulevart du même
nom; 4° ^^ avant du boulevart , mais à ce qu'il pa-
raît un peu du côté de l'orient , les Augustins ;
5° Saint-Jean-le-Blanc, où les Anglais établirent un
Les mots imprimés ci-dessus en italiques sont dans le ma-
nuscrit ; Godefroy leur a substitue' ceux que nous avons placés
entre des parenthèses, et a omis le dernier (forte).
NOTES DE JEATslVE d'aRC. 169
corps de troupes pour empêcher le passage du fleuve.
( Tripaut, 84. )
Sur la rive droite , de l'orient au nord - ouest , et
successivement de ce point au sud-ouest, en faisant
le tour de la ville; 6° Saint-Loup, qui aurait dû être
vis-à-vis de Saint -Jean -le -Blanc , mais qui était
beaucoup plus éloigné de la ville; y^» à 11° * Saint-
Pouaire ou Paris ; le Pressoir Ars ou Pxouen ; les
Douze Pierres ou Londres ; la Croix Boissée ; le
Colombier ; 12" Saint-Laurent.
i3o. Enfin , dans l'île de Charlemagne, une der-
nière bastille. Celle-ci était placée entre Saint- Lau-
rent et Saint-Privé (du côté et au droit de Saint-
Laurent.... au champ de Saint -Privé, au droit de
l'autre... disent /'jff/6/. de la Pacelle ^ 5o3, et Tripaut^ ai),
et les faisait communiquer au moyen d'un port par
eau. ( \ oy. mêmes pages 5o3 <?^ 21. )
Note ='=^>, p. 53. Qu'ils tâchent de lier par un double
rang de fossés....
( Voy. Char lier y 17; Tripaut , Sg. — ^'oy- ^ïussi
Chronique de France ^ 335. )
Nous disons qu'ils tâchent , parce qu'il paraît que
cette dernière fortification ne fut pas terminée.... Selon
Chartier ( ibid. ) , les fossés doubles furent ouverts ,
depuis la bastille de Saint-Laurent jusqu'à celle de
Londres , et commencés entre celle-ci et la bastille
de Saint-Loup. Mais il n'annonce point , comme le
* Voyez au sujet de ces cinq bastilles , dont l'Histoire de la Pu-
celle ne donne pas l'ordre naturel, ci-après les obserçations sur
la caris çisuelle , ou \^^ carte , § 2.
170 KOTES DE JEANNE D'aRC.
prétend Daniel, vij , 54-, que la circonvallation était
achevée , et les bastilles jointes par les fossés.
Note 225), p. 53. Un pont volant....
Le port dont nous avons parlé à la fm de la note
223 , page 169.
Note ^^^), p. 54.. Par des sorties multipliées et san-
glantes....
Tripaut ., p. i3 à 32, en donne les détails... Mons-
trelet^ t. 2 , f. 38, dit qu'il n'a point « su que^'les as-
j> sièges aient fait dans leurs saillies grand dommage
» aux assiégeans. »
/
i4a8. Note ^^^t), p. 54.- A la fin âe janvier....
janvier. j^^^ fortifications de la rive droite ne furent com-
mencées que le 29 décembre. Mais les Anglais, qui ve-
naient de SG renforcer en hommes et munitions , y
travaillèrent dès-lors avec beaucoup d'activité. (Yoy.
Hist de la Pucelle , 5o2 , 5o3 ; Tripaut., i5 et suiv. ; Da-
niel., vij , 4^8. — Voy. aussi Chronique de Fr., 335.)
Note =-8), p. 54- La difficulté d'introduire des renforts
augmentait
Les auteurs contemporains parlent de cette diffi-
culté , ainsi que de la détresse qu'éprouva la ville
lorsque les fortifications des assiégeans furent ache-
vées. ( Voy. entre autres , Hist. de la Pucelle , 5o3 ;
Tripuut., 25, 79; continuateur, f A, p. 8 et i3; Char-
iier ., 18; un témoin dans Laverdy , 3o4-; Chronique de
France., 336.)
Au reste , la démarche riue firent les Orléanais au-
près du duc de Bourgogne en est une preuve sans ré-r
NOTES DE JEAÎÎÎ^E D ARC. I7I
plique. (Voy. le texte , p. 55 , et ci-après note 24.0. )
Note ^^9). p. 54-. Que les environs d'Orléans ne pou-^ i4'fS-
. , février.
valent leur en fournir...
C'est qu'ils étaient déjà saccagés... Les Anglais re-
çurent à plusieurs reprises des convois de Paris , en-
tr'autresle i*^^ décembre, le 29, le 16 janvier. (Voy.
Tripaut , 12 , 16, 23.) Chartier , p. 17, assure qu'ils ne
pouvaient en tirer que de cette ville. — Voy. aussi Joz/r-
nal de Paris , 120.
Note =^°), p. 54- Be Paris un convoi considérable.... Journée
Il était composé de plus de trois cents chariots Harengs.
chargés de munitions de toute espèce , et de vivres
fournis par les habitans de Paris et des environs.
(\ oy. Journal de Paris., 118 ; Hist. de la Pucelle , 5o3 ;
Tripaut., 3g; Monslrelet ( 4 ou 5oo chars) , t. 2 , f. 4o. )
Cinq jours après la bataille, il fut amené aux bastilles
anglaises. (Voy. Tripaut., lfi\ Monstrelet ., t. 2 ,f. 4i.)
Note ^^O, p. 54. Amené par Fastol...
C'est ainsi que l'appellent plusieurs auteurs fran-
çais.... Son véritable nom é\ûi Falstolf. (Voy. Hume.,
vj, 134.)
Note ^^a)^ p. 5^. Xa moitié de la garnison..,
( Voy. Tripaut , 37 , 38. )
Note ^^^), p. 54- Oïl Ton ne comptait pas deux mille
hommes....
Les auteurs varient sur le nombre précis des deux ar-
mées.
Tripaut , 39 , le Journal de Paris ,118, donnent aux
Anglais i5oo hommes ; Monstrelet i6oo , et ensuite
lys ÎÇOTES DE JEANNE D'aRC.
1700 (idem, Smolletl^ viij , 63), outre mille communs
(c'est-à-dire, les habilans chargés de conduire les
chariots). Le . /oM/'wa/ Je Pûm, ibid., compte jusqu'à sept
mille Français ( qu'il nomme encore les Armitias ) , et
la Chronique de France ( f. 336) , six mille; ce qui pa-
raît exagéré. Biais tous conviennetit que les Français
étaient en beaucoup plus grand nombre.
Note =^^) , p. 54- Vers Ventrée de la nuit
Selon l'historien de la Pucelle , p. 5o4^, la bataille se
donna environ vêpres \ et selon Tripaut, p. 4^2, entre
deux ou trois heures après midi. Nous avons suivi la
relation de Monstrelet (t. 2 , f. 4^o), qui nous a paru
plus exacte et mieux circonstanciée que les autres, et
qu'a adoptée Yillaret , xiv, 364^. Or, d'après cet au-
teur, la bataille fut faite la nuit^ et par conséquent les
armées durent être en présence vers l'entrée de la nuit.
Ce qui semblerait le confirmer, c'est que 1° Tripaut,
p. 39 , dont le récit offre d'ailleurs quelques contra->
dictions , annonce que l'armée française ne se mit en
mouvement qu'à trois heures après midi ; 2° selon le
Journal de Paris ^ p. 118, les cavaliers français furent
très-surpris lorsque leurs chevaux s'enferrèrent dans
les pieux aigus et les chausses-trapes; surprise qu'ils
n'auraient point éprouvée , si l'attaque eût commencé
en plein jour.
Au surplus, si la bataille s'est en effet donnée en
plein jour, les fautes des Français n'en sont que plus
grossières,
Note '33)^ p. 55. Les Français.... sans..., s'assvjctîr à
aucun plan
NOTES DE JEANNE d'aRC. l^D
Les auteurs varient encore sur les fautes des Fran-
çais.... L'historien de la Pucelle , p. 5o3 , parle même
d'une mesure qui aurait dû leur donner la victoire.
Selon lui, ils dirigèrent d'abord contre le rempart for-
m.é par les chariots de l'ennemi une batterie qui les mit
en pièces. Ainsi Villaret , xiv, 365 , se trompe lorsqu'il
reproche à Daniel (il fallait lui associer Hume, vj,
166) d'avoir rapporté (vij, 5i) cette particularité ,
dont les auteurs contemporains, dit Villaret, ne font
aucune mention.
L'historien de la Pucelle impute la perte de la ba-
taille à une désobéissance des Ecossais 5 et Tripaut ,
p. 4^1 et 4-6, à la négligence et aux lenteurs du chef du
corps principal de l'armée française , qui retarda les
attaques du corps avancé, et ne vint point le secourir
après sa défaite.
Quoi qu'il en soit, tout le monde s'accorde à re-
jeter ce désastre sur les fautes des Français , et personne
ne varie sur la sagesse des mesures de Fastol. «
A l'égard des autres circonstances de l'action, voy. les
auteurs précédens , et Chartier^ 17 ; Chroniq. de fr., 336.
Note ='^^), p. 55. La plupart des chefs.., furent tués...,
Guillaume d'Albret, le connétable d'Ecosse et son
frère, Louis de Rochechouart, Châteaubrun, Lescot,
Chabot, etc. ( Yoy. Hist. de la Pucelle^ 5o4.; Tri-*
paut, 4-5-)
Note ''^7), p. 55. Une partie des soldats furent tués..,^
Quatre ou cinq cents seulement; priais tout le reste
se dispersa en effet. ( Voy. Hist. de la Pucelle., 5o4;
Tripaut j 44 etsuiv. : Villaret^ xiv, 365 ; Hume.,\] , 167.)
174 KOTES BE JEANNE d'aRC
Note ^^S> , p. 55. Le célèbre comte de Bunois....
11 y fut grièvement blessé. ( Yoy. Tripaut^ 4.5, ^6;
Hist. de la Piicelle^ 5o4.. )
Note ^^o), p. 55. Ç?^'o« nomme aussi la Journée des
Harengs....
« Pource que c'était au tems de Caresme, il y avait
» plusieurs chars chargés de harencs. » {^Ckarticr^ i-,
Voy. aussi Beny, 3-6. )
Note -^<') , p. 56. De remettre en dépôt au duc de Bour-
gogne....
(Voy. Chariîer^ i8; lîist. Chronolog. .^ZZi ; Hist. de la
Pucelle., 5o4-; Monstrelet, t. 2, f. 4-2 ; Villaret^ xiv, Syo;
Hume , vj , 168; Tripaut, 81 ; Chron. de Fr. , 336. )
Projet Note ^-^0. p. 56. Lui conseillaient ( à Charles vu) de
de retraite ^^ réfugier en Dauphiné....
en -^^ ^
Dauphiné. (^oy. Mézerai , Abrégé in-4", t. 2 , p. 684; Daniel,
vij , 55; Villaret, xiv, 366 à 368; Smollett., viij , 64.;
Tripaut., 5o; Richer dans Dartigny^ vij, 339; Rapin-
Thoyras ., iv, 234, elc.)
Daniel et Villaret donnent de grands détails à ce su-
jet, et le premier cite pour autorité les Annales de
France de Nicolas Gille. (C'est Belleforêt (f.337) seu-
lement qu'il aurait dû citer.)
Néanmoins Luchet (p. 309) déclare que «c'est un
j» fait bien hasardé , sur lequel il a vainement voulu ras.
î> sembler quelques preuves décisives; que si le déses-
» poir eût conseillé à Charles une semblable bassesse ,
;> elle ne fût pas devenue publique , et Von n^aurait pas
NOTES DE JEÂNÎ4E b'aRC. 1^5
j) arrêté (ceci est une critique dirigée contre Villaret)
n que le Roi ne s'éloignerait pas. »
Il est sans doute difficile d'avoir des preuves déri-
sîves d'une discussion dont assurément on ne tint point
registre; mais le témoignage des auteurs précédens est
fortifié par une foule de circonstances , et entre autres
par les vers que François i^"", sans doute plus instruit
que Luchet d'un événement peu ancien pour lui , fit
en l'honneur d'Agnès Sorel. Nous ajouterons une au-
torité que ces écrivains n'ont point connue, et qui nous
paraît du plus grand poids. Voici ce que nous lisons
dans Thomassin (f. 96), un des conseillers principaux
de Louis XI, par les ordres duquel il écrivait trente ans
après le siège d'Orléans, et à qui il présenta son ou-
vrage : <f On avait mis en délibération que Ton de-
M vait faire si Orléans estait pris , et fut avisé par la
j» plus grand part , s'il estait pris , qu'il ne fallait tenir
i> compte du demourant du royaulme , veu Testât en
» quoy il estait, et qu'il n'y avait remède fors tant seu-
» lement de retraire mondit seigneur le daulphin en
j> cettuy pays de Daulphiné , et là le garder en atten-
>> dant la grâce de Dieu , etc. j>
Observons encore que l'objection faite par Luchet,
sur ce que la délibération ri aurait pas été rendue publi-
ijue ^ est une pure subtilité. Personne ne dit qu'on la
rendit publique ; et il n'y a rien d'extraordinaire qu'une
décision d'un conseil d'état parvienne dans la suite à
la connaissance des historiens.
Au surplus, tous les auteurs sont également d'accord
sur les résultats funestes de la Journée des Harengs.
( Voy. les passages cités au commencement de cette note ;
Chartier^ 18; Monstrekt, t. 2,f. 38, /^o,) «Charles,
Î^G ILOTES DE JEANNE d'arc.
« dit celui-ci , f. 4i î eut au cœur grande tristesse ^
» voyant de toutes parts ses besongnes venir au con-
» traire et persévérer de mal en pis. » (Voy. aussi Yavts
de deux témoins , dans Laverdy^ 3 1 3. )
Terminons par une remarque presque décisive. Tout
ce que faisait la cour, ordinairement si indolente , de
Charles VII , prouve combien elle craignait que la prise
d'Orléans n'entraînât la ruine de ce monarque.* Pour
nous borner à un seul trait, nous voyons qu'on commet
à la défense de la place l'amiral (Culant) et un des
maréchaux de France (Sainte-Sévère), le connétable
d'Ecosse , les Dunois , les Lahire , les Xaintrailles , etc. ;
que dans la suite on envoie au secours de la place un
prince du sang (le comte de Clermont), un autre ma-
^' Les expressions et les conditions du traite fait le lo no-
venibre ( rapporté ci - deçant ^ note i/fy , page 1^4 )> quinze
jours après la prise des tournelles par les Anglais , en sont
aussi une preuve non moins frappante.
Autre preui'e. Deux mois après la bataille de Rouvray, le
i3 avril 1429, un des plus fidèles et des plus puissans alliés de
Charles , le duc de Bar , négocia avec le roi d'Angleterre, et
traita avec lui et lui prêta serment le 5 mai ( ce qui affaiblit
Charles , dit Dutiltet) ; mais aussitôt qu'il connut les succès de
Charles , dès le 3 août , il renonça à ces traités et sermensi,
( V. Dutillet, Rec. des Traités , 34G, 347 , 362 , 363. )
Autre. Les états-généraux des provinces fidèles , assemblés à
Chinon , en octobre et novembre 1428 ( au commencement
du siège ) , accordèrent à Charles un aide de quatre cent mille
francs , payable par toute sorte de gens , pour résister aux An-
glais ^\ pour le secours d'Orléans. Ils demandèrent qu'on mandat
le roi de Sicile, Charles de Bourbon , les comtes d'Armagnac ,
de Foix , etc. , pour venir servir le Roi en cette extrémité.
C V. D. Vaisseite , /. 4 , p. 472. )
177
récîial (Rays) , etc. (Voy. ci-devant /zo/e 210, p. 161 ;
et Tripaut^ P» 2 i , 3/, 97 et 100. )
NoTE*^^>, p. 56. Une bergère^ à peine au milieu de ï4^S-
Mars.
l adolescence.... Pacelle
« Une pucelle , jeune fille aagée de QÎngt ans ou envi- d'Orléans;
»> ton..., laquelle fut grand espace de temps cliambrière et profession.
)> en une hostellerie, et étoit hardie de chevaulcher
» chevaux et les mener boire , et aussi de faire apertises
» et autres habilités cjne jeunes filles n'ont point accou-
.'> tumé de faire, »>
Ces expressions de Monstrelet, f 4^? v" , ont
fourni à plusieurs modernes , entre autres à Voltaire
(^Dîclionn, philos., mot ARC) et à Hume, vj , 170 et
suiv. , un texte à des commentaires sur YHistoire de la
Pucelle.
I. Hume dit que Jeanne était âgée de vingt-sept ans ;
qu'elle avait été servante d'auberge, etc. ; en un mot,
il copie (sauf pour l'âge) Monstrelet; et il ajoute,
p. 177? que dans la suite on nia le premier état de
Jeanne, et qu'on la métamorphosa en bergère, em-
ploi qui plaisait davantage aux imaginations vives ; que,
pour la rendre plus intéressante, on supprima près de
dix ans de son âge, etc.
On pourrait répondre qu'il importe assez peu que
Jeanne ait été servante ou bergère , âgée de vingt-sept
ans ou seulement de vingt , etc. ; que tout ce qu'elle fit
n'en serait guère moins étonnant ; et cette vérité est
si évidente, que l'un des antagonistes les plus pro-
noncés de la Pucelle (^Luchet, 821 5 n'en a point dis-
convenu.
Mais on n'en est pas réduit à cette alternative. Et
l-'S ■ ÎÎOTES DE JEANÎs^E d'aRC.
d'abord , la jeunesse de la Pucelle est élablie par son
propre témoignage et par celui de tous les écrivains de
son siècle, ou les plus rapprochés de son siècle. En
voici la notice exacte : i° Seize ans ou environ.... Tlio-
massin^ f. loi 5 Daiilon dans Lengîet^ ij , 107. — 2» Dix-
sept à dix-huit..., Hist de la Pucelle^ p. 5o5. — S'* Dix-
huit ans.... Meyerus et Marianna^ dans Hordal ^ p. Sy et
g4- — 4° Dix-huit à vingt ans.... Berry^ pag. 876. —
So Vingt ans.... Gagitin, Laziard, Genebrard , Forcadeî ,
SymphorienCliampier^ PofydoreVirgile, dans Hordal^ p. 66,
90, 92, 102 , III et 124.; et Chariier , p. 19. — Enfin,
Jeanne elle-même , à son premier interrogatoire (2 1 fé-
vrier i4-3o), c'est-à-dire une année après son départ
de Dom-Remy, se donna dix-neuf ans; et dans son
procès justificatif, vingt témoins attestèrent la vérité
de sa déclaration. * ( Voy. Villaret^ xvj, 389; Ber-
thier^ 48 o ; Laverdy^ 27; Lenglet^ t. 3, p. 11 4- — Voy.
aussi Villaret, Gazette Littéraire de 1764.7 t. 3 j p. 265.)
Hume n'oppose à tout cela que l'autorité de Mons-
trelet, de Hall et de Graflon, sans indiquer même si
ces auteurs se sont expliqués et sur l'âge** et sur la
* Lorsque ses parens demandèrent l'annullation de son ju-
gement , ils se fondèrent entr'autres sur ce qu'on ne lui avait
point donné de conseil , quoiqu'elle fût mineure d'âge. ( V. La—
verdy ^ 5i5.)
** Rapin-Thoyras , Histoire d'Angleterre , t. 4, p. 378, avait
déjà attribué cet âge de 27 ans à la Pucelle. Il se fonde sur un
passage de Pasquier, qui donne en effet à Jeanne 29 ans à
'époque de son procès. Mais , ou les actes dont s'est servi Pas-
quier étaient falsifiés , ainsi que le dit Berthier , p. 4^*^ > ^^
il y a une faute d'impression dans son ouvrage , où l'on aura mis
29 ans au lieu de 19.
IS'OTES DE JEAKNE D ARC. I yn
condition de la Pucelle. Quoique nous ne connaissions
point les deux derniers, nous osons affirmer que leur
opinion n'est ici d'aucune importance. Nous voyons ,
d'après les citations de Hume, que Hall a écrit tout au
plus tôt à la fm du i5^ siècle , et Grafton au milieu
du i6^ ; ce ne sont donc pas des contemporains. A.
l'égard de Monstrelet, dans l'édition que nous avons
sous les yeux, il ne parle que de 'pingt ans ; et les ex-
pressions de jeune fille ^ dont il se sert à plusieurs re-
prises , se rapportent plus à cet âge qu'à celui de vingt-
sept ans. *
2. En second lieu , la profession de Jeanne n'est pas
moins positivement constatée par les procédures qu'on
vient de citer : les soins du ménage , et quelquefois la
garde des troupeaux de ses parens, voilà quelles étaient
ses occupations , suivant ses réponses et le rapport una-
nime de trente-quatre témoins, tous de son pays ou
des environs. ( Voy. Lai>erdy,3^^ 298, 29g.) Elle
ne fut servante d'auberge que pendant quinze jours,
d'après sa propre déclaration , et un espace de tems
aussi court a fort bien pu leur échapper (Voy. Ber^
* Nous avons consulté depuis toutes les e'dilions in-folio et
tous les manuscrits de Monstrelet que possède la bibliothèque
de Paris : partout on Ht vingt ans ou ençiron. Voici la notice
des passages: Edition gothique , Paris, Bernard, t. 2, fol. l^\.
— Autre , Paris , i5i8 , t. 2 , fol. 29. — Autre , Paris , i6o3 ,
t. 2 , fol. 42. — Manuscrits. N^ 8346, t. 2 , fol. 5o. — Idem,
de Colberl, n» 8299 , fol. 5o. — Idem, de Lavallière, no 5o56,
t. 2 , ch. 54. — Idem , un Mss. venu de Vienne. — Ainsi Hume
s'est trompé , ou avait une mauvaise édition de Monstrelet ;
ou peut-être il se sera rapporté de confiance à l'assertion de
Hapin-Tlioyras.
ItSo NOTES DE JE AISNE d'aPX.
thier^ 48o ; Lucket, 3ii), d'autant qu'ils déposaient
vingt-cinq ans après sa mort. ( Voy. ci-après note 2^3 ,
n°4-,p.i8i.)
Au reste, pour mettre à portée d'apprécier le degré
de confiance que méritent les témoins, voici leurs pro-
fessions , que nous avons extraites des Listes de Laver-
dy, p. 286, et Lenglet, t. 2 , p. 166 et suiv. Quant à
leur âge, on conçoit, par ce qu'on vient de dire, qu'ils
devaient tous être au moins dans la force de la matu-
rité.
Un couvreur de toits ; neuf laboureurs ; quatre
épouses de laboureurs; une épouse de notaire; une
épouse d'un clerc; un drapier; deux notaires; un
prêtre; deux curés; deux chanoines et curés; trois
écuyers; deux seigneurs , dont un chevalier (la profes-
sion de quatre hommes et d'une femme n'est point dé-
signée ).
Premières ]>îoTE =^^), p. Sy. Jetons un coup-d'œil sur les causes
années „ .1 ,
de auxquelles on la attribue....
laPucelIe.
Il ne sera pas inutile , pour fortifier l'opinion que
nous avons embrassée relativement à ce prodige, de
dire ici un mot des premières années de Jeanne d'Arc, et
de ce qu'elle fit avant l'expédition d'Orléans.
Nous venons {note 21^2) de constater quels étaient
son âge et sa profession ; nous n'avons pas des docu-
mens moins précieux pour ce qui nous reste à rappor-
ter. Nous tirerons nos raisonnemens des dépositions des
trente-quatre témoins déjà cités , en élaguant tout ce
qui est surnaturel et trop minutieux, et nous nous ser-
virons principalement de l'analyse qu'en a faite M. de
T^OTES DE JEAIS^NE d'aRC. i8i
Laverdy, pag. 298 et siiiv. , sauf à en remplir les la-
cunes à l'aide d'autres autorités.
1. Le père de Jeanne se nommait Jacques d'Arc , ou
Day,et sa mère Isabelle Romée, habitant à Dom-Remy,
près VaucGuleurs. (Voy. lettres-patentes d'anoblisse-
ment de sa famille, de décembre i4-29, dans Godefroi ^
p. 897; et Lenglel^ t. i , p. 3.) C'étaient des cultiva-
teurs peu aisés , mais estimés généralement ; leur fa-
mille était composée de cinq enfans. {\ oy. Laverdy^
298; Lengkt , page 3 ; Luchei ^ 3ii; Dartigny , vij ,
340.)
2. Jeanne fut instruite dans les travaux du ménage
et dans la religion chrétienne : elle était fort pieuse;
elle se confessait et communiait fréquemment; allait
toutes les semaines en pèlerinage à une petite chapelle
des environs ^ visitait et soignait les malades; assistait
les pauvres et accueillait les pèlerins ; gardait quel-
quefois les troupeaux de san père, ou accompagnait la
charrue ; mais ordinairement elle cousait et filait.... Il
n'y a qu'une voix sur la douceur de son caractère, la
. sagesse de sa conduite , et son amour pour le travail.
(Voy. ci -après noie 383; Laoerdy, 298, 299; Len-
glet^ 4- €t 5. — Voy. aussi Lucliet , 018 , 35i ; Dartigny,
vij , 34.0 à 34.3. )
3. Depuis plusieurs années, elle s'occupait et s'in-
quiétait beaucoup de l'état du royaume ; mais il pa-
raît qu'elle ne quitta Dom-Remy que peu de tems avant
son expédition , et seulement pour six ou sept voyages
très-courts qu'elle fit à Neufchâteau en Lorraine , à
Toul, à Nancy et à Vaucouleurs. "
4.. Le premier voyage fut déterminé par une excur-
sion des Bourguignons du côté de Dom-Remy ; Jeanne
l82 IS'OTES DE JEANTs'E d'aRC.
suivit ses parens et d'autres habitans de son village.
( Voy. Laverdy^ p. 298.) Il est à présumer que c'est alors
qu'elle fut servante d'auberge (ci-devant note 24.2, n. 2,
P- ^79) •) p^rce que de pauvres cultivateurs, tels que
ses parens , devaient cbercher des ressources pendant
leur émigration. Si notre conjecture est fondée ,* le
silence des témoins sur cette profession s'explique na-
turellement. Il est vrai qu'ils ne parlent pas non plus
d'un voyage à Toul , qu'elle indique dans son inter-
rogatoire (Voy. Looerdy^ p. 89; Lengîet^ t- i? p. 12);
mais il a pu , nous le répétons, leur échapper par sa
brièveté.** Un oncle de Jeanne l'accompagna dans les
derniers voyages.
5. Elle annonce aussi dans cet interrogatoire que ses
révélations et apparitions multipliées ont commencé
lorsqu'elle avait treize ans. {Y oy . Laverdy ^ 36.) Ce-
pendant elle ne les communiqua point à ses compa-
triotes ; sa croyance à ces révélations est peu surpre-
nante , vu la crédulité superstitieuse de sa contrée , et
dont il suffit de donner un exemple. Les fées venaient
à Dom-Remy sous un arbre ; afm de les écarter , le
curé y allait chanter un évangile , la veille de l'As-
cension ; il était accompagné des habitans. Jeanne
d'Arc l'y suivait comme eux ; mais on ne la vit point
s'y rendre -seule. (Voy. Laverdy ^ 3oo ; Dartigny ^ vij ,
35o. )
* Elle l'est en effet comme nous l'avons ve'rifié depuis.
(V. la réponse de Jeanne au 8^ art. , extraite par Belleforct ^
sur la chronique de France , foi. 348, v".)
** Il fut tout au plus de deux ou trois jours , puisqu'elle le fit
pendant son séjour à Neufchâteau. ( V. Lenglct et Bclleforèt ,
ibid. )
NOTES DE JEANNE d'aRC. i83
6. Ses discours , sa conduite retirée , car elle ne se
mêlait point aux jeux des filles de son âge ; quelques
mots de son projet en faveur de Charles vil ( Voy.
Laverdy^ ^99» 3oo ) ; voilà ce qui put donner d'a-
bord des soupçons sur les pensées dont elle était
agitée. Mais c'est sur-tout pendant les deux années im-
médiatement antérieures à son expédition qu'elles se
manifestèrent. Elle sollicita son oncle, Jean-la-Part, de
la conduire à Vaucouleurs auprès de Baudricourt ,
commandant de la place. Elle voulait, disait elle, aller
trouver le dauphin pour le faire couronner, et Bau-
dricourt devait l'envoyer à ce prince. {Y oy . Laverdy ^
3oo; Darllgny ^ vij , 346, 35o. )
7. Jean-la-Part, cédant à ses instances , la mena à Fut-elle
Yaucouleurs , au mois de mai 14.28. {Noy. LciQerdy ^ rôle
3oo , 3oi ; Lenglei, t. i, p. i5 ; Luchet,^, 3i3.) qu'elle joua ?
Avant d'aller plus loin , présentons deux observa-
tions : 1 °. Les habitans de Dom-Remy , à l'exception d'un
seul, étaient d'ardens royalistes. ( Voy. Lenglet ^ t. i,
p. 5 ; Bartlgny , vij , 346. ) 2°. Et ceci paraît avoir
échappé à tous les critiques, les instances de Jeanne
sont antérieures de onze mois au siège d'Orléans , de
sept mois au débarquement de Salisbury avec des
renforts considérables (ci-devant note 2i3, p. 162);
elles remontent à une époque où le part], de Char-
les VII avait encore des ressources , si Ton eût su en
faire usage. Enfin , le premier voyage de Vaucouleurs
a précédé le siège de cinq mois , l'ouverture de la
campagne funeste de 1428 de deux mois, l'arrivée de
Salisbury d'un mois Comment supposer que
Jeanne fût dès long - tems préparée à son rôle ?...»
L'abbé Lenglet, dans ses Jpçlogies indiscrètes ^"^vèiQ^
ï84 Î^'OTES DE JEANTsE d'aRC.
il est vrai , à des réflexions opposées , mais par des
erreurs grossières. 11 prétend , p. i5 , qu'au mois de
mai 14.28 « on murmurait déjà sur le siège d'Or-
» léans que les Anglais devaient faire , parce qu'ils se
î) rendaient maîtres des villes de la Loire , au-dessus et
» au-dessous d'Orléans, pour empêcher qu'on n'y portât
» des vivres. « Tous ces événemens , on l'a vu , sont
postérieurs. ( Voy. le texte ci-devant , p. 5i. )
8. Baudricourt accueillit fort mal et renvoya l'on-
cle et la nièce ; il se borna à informer Charles vii
des demandes de Jeanne. Un deuxième voyage , dont
on ignore l'époque précise , n'eut pas plus de suc-
cès. (Voy. Lcwerdy y 3oi ; Lenglel , 16, 21; Liichef ^
3i4.)
g. Sur ces entrefaites, les discours tenus par Jeanne
pendant ces mêmes voyages répandirent aux environs
le bruit de son projet; et son oncle Tayant conduite
à im pèlerinage auprès de Nancy , le duc de Lorraine
eut la curiosité de la voir , et même de la consulter
sur une maladie. ( Voy. Laverdy , 3oi ; Lengïet^ t. i,
10. Enfin , à un troisième voyage qu'ils firent à Vau-
couleurs, vers le mois de février, et qui dura trois se-
maines, les désirs de Jeanne furent remplis. Deux gen-
tilshommes lui fournirent des habits d'hommes, des
armes et un cheval, et se chargèrent de l'accompagner;
et Baudricourt , après une réponse de la cour , auto-
risa le voyage de Chinon , et donna une lettre pour le
roi. ( V. Laverdy y 3o3; LengJet^ 21 à 23.)
Arrêtons-nous encore. Prions le lecteur de réfléchir
un instant sur la conduite de ce gouvernement à qui
l'on prête des vues si profondes, et des mesures qui
IsOTES DE JEAÎ^^E D ARC. ibo
auraient exigé des années de préparations. Il laisse
écouler dix mois avant de répondre à Baudricourt : il
laisse, pendant ce long intervalle, la jeune fille dont
on veut qu'il se soit fait un instrument, habiter dans
un canton entouré d'ennemis , voyager dans les Etats
d'un prince étranger ; en un mot , il la laisse au milieu
de gens qui auraient pu éclairer et dévoiler des pré-
paratifs qu'il fallait ensevelir dans le secret, s'il y avait
eu du mystère. *
II. Les mêmes gentilshommes accompagnèrent
Jeanne pendant le voyage de Vaucouleurs à Chinon ,
qui dura onze jours, "** et où ils éprouvèrent beau-
coup d'inquiétudes et de difficultés à cause des partis
anglais ou bourguignons qui battaient de tous côtés la
* Celte observation nous parait d'autant plus de'cisive, \° que
le duc de Bar, près des Etats duquel Jeanne habitait et voya-
geait, fut avant et pendant ses premiers exploits (du i3 avril au
3 août 1429 ) rallié des Anglais (V. ci-deiant note'n.l^x ,p. 176) ;
2.° qu'au commencement du procès de Jeanne, le même duc
et Antoine , comte de Vaudemont, également voisin du même
pays ( Vaudemont est à quatre lieues de Dom-Remy ) , furent
en différend et bientôt en guerre pour la succession de Char-
les II , duc de Lorraine (mort le 25 janvier i43o ) , et que le
roi appuya de toutes ses forces le parti du premier, et le duc
de Bourgogne celui du second. ( V. 79. Calmet ^ Ili'st. de Lor-
raine . noui>. édi'Ly tom. S,pag. 10 à 12.) Les alliés, qui voulaient
décrier la Pucelle, et ensuite lui cherchaient des torts, eussent
reçu des renseignemens de l'un ou de l'autre des deux rivaux
à ces divei'ses époques , sises premières démarches eussent an-
noncé du mystère et de la fraude.
** Polluche dit douze à quatorze. (Y. Darfigpy ^ vij\ Sg. )
Quant à son itinéraire, voyez, à la fin, l'explication de la
deuxième carte , 5 2.
i86 ^"OTEs DE JEA^'îïE d'arc.
campagne. . . Sa sagesse et sa piété les édifièrent. . .
Le roi remboursa leurs dépenses, ( Voy. Laver dy ^
3o3 , 3o4. ; Lenglet ^ t. i , p. 24. à 27 ; Tripaut^ 4g. )
12. Jusqu'à présent, nous n'avons entrevu aucun
moment pendant lequel cette cour si habile de Charles
ait pu faire les préparatifs nécessaires à son stratagème.
Examinons si depuis elle a eu plus de tems.
Nous ne connaissons pas précisément le jour de l'ar-
rivée de Jeanne à Chinon ; mais comme Baudricourt
ne consentit à son départ qu'après la nouvelle de la
Journée des Harengs (Voy. Lenglet, t. i, p. 23), qu'il
dut recevoir tout au plus tôt du i5 au 20 février, et
comme le voyage dura onze jours, c'est aussi tout au
plus tôt un des derniers jours de février que Jeanne
put entrer à Chinon. *
L'époque où elle quitta la cour pour aller au siège
d'Orléans n'est pas non plus connue positivement ;
du moins il y a sur ce point plusieurs versions que
nous exposerons dans l'itinéraire de Jeanne (Voyez-le
ci-après, à sa note 11 ). En admettant celle qui retarde
le plus le départ de Jeanne , le gouvernement aura eu
cinquante jours pour la former au sang- froid, à la
présence d'esprit , à la bravoure , à l'intrépidité , etc. ,
dont elle donna des preuves si extraordinaires! C'est
déjà bien peu. Mais que dire, lorsqu'on voit que cetin-
* Il est même probable que c'est plus lard , d'après ce passage
d'une ancienne chronique :« Six mars 1428 la Pucclle vint au
Roi. M (V. Notice des Mss. y ij\ 3o8. ) Serres, dans sort iftren-
taire , p. 224 , dit également le six mars. Idem , Guyon , Hist.
d'Orléans ^ p. 20 j.
Î^OTES DE JEAISÎ^E d'aRC. 187
tcrvalle, au lieu ci'êlre employé à l'exercer à l'équitation,
au maniement des armies et aux manœuvres,... à lui en-
seigner les moyens à l'aide desquels on peut exercer
de l'influence sur le soldat , l'enhardir, le pousser en
quelque sorte au combat, etc., est absorbé par des
conférences du conseil, des recherches de matrones,
des examens de théologiens , des interrogatoires de
magistrats ( ces interrogatoires durèrent seuls pendant
trois semaines , et on y procéda à Poitiers , à quinze
lieues de la cour) , des voyages de Chinon à Poitiers
et à Blois 5 des enquêtes sur Jeanne , etc. , etc. ? (On
peut en voir les détails , qu'il serait aussi long qu'en-
nuyeux de noter, dans tous les historiens, et sur-tout
dans Lenglet^ t. i , p. 25 à 5i ; et Lcwerdy ^ p. 4-i ? ^t
3o4 à 3i5, 352, note 26. — Voy. aussi ce que nous
disons ci-après, note 392, de la prétendue influence
d'un moine sur Jeanne d'Arc.)
i3. Résumé. 11 résulte de l'exposé précédent que
Jeanne, cédant au civisme et sur-tout à l'enthousiasme
dont elle était animée , conçut elle-même son entre-
prise ; que la cour n'eut , comme nous le disons au
texte, p. 58, d'autre mérite que de lui fournir les
occasions qu'elle sollicitait ; que tout au plus , lors-
qu'on se fut décidé à l'employer, put- on chercher
par quelques épreuves à lui donner de l'aisance et de
la fermeté dans l'exercice du cheval et de la lance , si
toutefois elle n'en avait pas acquis , soit pendant son
enfance ( Foj. le texte, p. 60 , et ci-après note 257 ) ,
soit pendant ses voyages , etc.
Mais à quoi bon tous ces conseils, examens, inter-
rogatoires — Voilà l'objeclion des critiques , tels que
Hume , p. 175 et suiv Nous répondrons que , selon
l88 NOTES DE JEANNE d'aRC.
toutes les probabilités confirmées par les récits des
historiens (Voy. Laverdy^ p. 3o5 ; Lenglet^ t. i , p. 27;
Belkforêt ^ Chronicjue^ f. SSy -, FzV/are/, xiv, 876, etc.) ,
on hésita d'abord à accepter les services de Jeanne ; la
crainte du ridicule et du mépris, en cas qu'elle échouât,
suffisait pour retenir les ministres. Une fois subjugués
par féloquence et l'entbousiasme de Jeanne , et peut-
être ajoutant quelque confiance à ses révélations , ils
prirent toutes ces mesures, et employèrent quelque mer-
veilleux pour en imposer au vulgaire.
Comment Hume peut -il leur prêter tant de philo-
sophie, lui qui a fait auparavant, p. lyS, cette réflexion
judicieuse : Il est incertain si Baudricourt sût discer-
ner le parli qu'on pouvait tirer « d'un instrument si bi-
j> zarre, ou, ce qui est plus vraisemblable dans ce siècle
» crédule , s'il fût persuadé lui-même de la mission
» divine de cette visionnaire, n
i4- On voit que nous n'avons point parlé des cir-
constances miraculeuses qui ont accompagné, dit-on,
l'entreprise de Jeanne ; que nous n'avons point, en un
mot , imité le père Berlhier ( p. 4^3 et suiv. ), à qui le
désir de trouver dans la mission de la Pucelle quelque
chose de divin , fait ajouter trop de confiance aux ré-
cits des auteurs du tems. C'est que nous n'en avions
nul besoin ; qu'il suffit de lire ces auteurs pour être
convaincu de leurs dispositions à voir et créer des mer-
veilles; qu'après avoir examiné avec scrupule leurs ou-
vrages et le5 dépositions des témoins , nous avons re-
connu qu'on pouvait dégager de tous les événemens
qu'ils racontent toutes ces prétendues merveilles , sur
lesquelles d'ailleurs ils sont très-peu d'accord (F. ci-apr.
«o/c 202, p. 190), sans que la vérité des faits admis par
NOTES DE JEANî^E d'aRC. 189
tous les partis en reçoive aucune atteinte ; qu'enfin ,
nous nous sommes dit avec Hume , p. 192 , que les faits
réels et incontestables accréditaient les exagérations y
quoiqu'ils fussent assez surprenans par eux-mêmespour
n'en être pas susceptibles.
KoTE ^^'+), p. Sy. Des éi>êjues ei V Université....
( Voy. le texte , p- 90 , et les notes 876 — SjS. )
Note ^^^\ p. Sy. Chargée d'une mission divine....
( Voy. leurs opinions dans Berthier, p. 4^3 et suiv.)
Note ^^^^ , p. 58. Explication.... (jue nous proposerons
tout- à-l'heure
Ç^Voy. le texte p. 58 et suiv, — Voy. aussi ci-devant,
noie 24.3 , n. i3, p. 187.)
Note =^7) , p. 58. Pour les conseils de Charles.,..
( Voy. note 243 , n. 10 , 12 et i3 , et presque tout le
texte de notre ouvrage...)
]V}qj£248) ^ p^ 53, Du sentier de la vertu et du courage..,:
Les auteurs anglais le déclarent eux-mêmes. « Cette
j) fille , dit Hume, vj , 171 , 172 , était d'une vie irré-
n prochable.... et elle avait une intrépidité rare. » {^Voy,
au reste , le texte , p. 90 , et la note 383.)
« Quand on parlait de guerre , ou qu'il fallait mettre
» des gens en ordonnance, il la faisait bel ouïr et
» voir faire les diligences nécessalrè^s : et si l'on criait
» A l'arme , elle était la première et la plus diligente ,
» fût à pied ou ci cheval. »> ( liist. de la Pucelle , 520.)
igo NOTES DE JEANNE d'aRC,
Note. -^9), p. 58. Plusieurs années de préparation..,.
Cela est de toute évidence. (^Voy, aussi note 243,
n. lo , 12 , i3, p. 184. et sulv. ; et ci-après , note 392.)
Note =5°) , p. 58. Tout le mérite de la cour....
{Voy. à ce sujet note 24-3, n. i3 , p. 187.)
Ajoutons que le roi lui fit aussi fournir un équipe-
ment militaire , qu'il lui donna un écuyer et un confes-
seur, * et qu'il se chargea de sa dépense. (Voy, ia-
verdy., p. 3 04. , 3i4; Lenglet ., t. i , p. 5o ; Tripaut., 54'-
il parle aussi d'un page. )
Note ^^') , p. 5g. User de (pielque merveilleux....
{^Voy, ci-devant note 243 , n. i4, p. 188)
Note "=) , p. 5g. Lui découvrir un secret....
Nous avons observé , note 243 , n. 14, p. 188, que
les auteurs sont très -peu d'accord dans le récit des
circonstances merveilleuses sur lesquelles on fonde la
mission de Jeanne; preuve assez forte que la plupart
ne furent que le fruit de l'imagination du vulgaire , qui
se complaît tant dans les événemens singuliers. Nous
remarquons sur-tout cette discordance , quant à ce fa-
meux secret. Selon la relation de Thomassin , f 94,
les réponses de Jeanne au roi sont tournées de telle
sorte qu'elles excluent toute idée de secret. Ensuite ,
après avoir fait mention de ses exploits , Thomassin,
f. io3 , se borne à raconter, d'une manière vague ,
*
* L' écuyer était Jean Daulon , depuis sénéchal deBeaucaire,
et le confesseur le père Paquerel , augustin. Tous les deux furent
dans la suite témoins dans la révision du procès de Jeanne
d'Arc.
NOTES DE JEANNE D ARC. I9I
qu'elle a souvent Jlt au roi des choses secrètes que peu
de personnes savent.... Le continuateur de Tiipaut ,
fie A, déclare nettement que ce secret n'est point dans
4es Chroniques.... Tilpaut , p. 52, le place après les
«remiers examens de Jeanne , etc.
Note *^^) , p. Sg. Dès la première journée
On en eut presque aussitôt la preuve, dans le berger
que Xaintrailles essaya de faire agir comme inspiré , et
qui ne servit que de jouet aux ennemis (en i4-3i ).
(Voy. Villaret , xv, 35 et 98; Journal de Paris ^ i43 ,
i44; Monstrelet, ij , 68.)
Note ^^^) , pi- 60. La superstition était une maladie Superstition
de
universelle.... son siècle.
S'il était nécessaire de le prouver , il nous suffirait
de ciler quelques passages des écrivains du tems, consi-
dérés , à raison de leur profession , comme les plus
éclairés. Nous citerions, par exemple, dans l'histoire
de l'abbé de Saint-Denis , que le Laboureur a traduite,
le chapitre où , à l'occasion d'une éclipse de soleil, il
dit sérieusement que « les astrologues , jugeant par une
5) science naturelle des effets par les causes , pronosti-
» quèrent qu'il en arriverait des accidens extraordi-
» naires , ce qui se trouva véritable. ( Toy. Laboureur^
p. 548.)
Nous citerions sur-tout divers récits de Juvénal des
Ursins , archevêque de Rheims. Selon lui , tantôt l'i-
mage d'un saint a tourné subitement le dos au soldat
qui la voulait prendre, l'a rendu enragé, et tous ses ca-
marades dévots ( p. 5o) Tantôt des prêtres, au
moyen d'invocations, font venir le diable, et on a tant
Tg2 NOTES I)E JEANNE d'aRC.
de confiance en eux , que le conseil de Charles VI ar-
rête qu'on les priera d'essayer sa guérison (p. 192 )....
Tantôt le tonnerre entre dans la maison du dauphin ,
lue un enfant , en blesse plusieurs autres , et il conti-
nuait ce métier « jusques à ce qu'on print de l'eau bé-
f> néite , en l'aspergeant en la chambre et ailleurs par
w l'hôtel, et nesceut-ononcquescequ'il devint (p. 206).»
Mais puisqu'il s'agit de visions et révélations , le
même Juvénal nous montrera aussi que les grands n'y
avaient guère moins de confiance que les pauvres. Un
mathurin , un carme et autres de l'Université s'assem-
blent , en i4i3 , pour imaginer quelle sera la fin du
gouvernement des bouchers bourguignons ( ci devant
note 78 , p 123) , et ils prient Juveiral du Treignel ,
père de l'archevêque et l'un des personnages les plus
importans de l'Etat , de se réunir à eux. l!s délibèrent
de s'adressera des personnes menant vie contemplative,
telles que des religieuses. Celles-ci leur communiquent
des vidons.... L'une voit trois soleils ; la seconde trois
divers tems ; la troisième 1? roi d'Angleterre au haut
des tours de Notre-Dame.... Sur ce, deux autres as-
semblées où ces graves docteurs concluent qu'il pourra
y avoir mutation de seigneurie au royaume (Ju-
vénal, p. 3i6).... Sept ans après , l'archevêque de
Rheims, qui écrivait alors son histoire , ayant occasion
de parler du traité de Troyes (ci-dev. note i25, p. i36),
ne manque pas de se souvenir de ces visions vues par
bonnes créatures.... des trois soleils ; car en effet , observe-
t-il , « y eut trois rois en France, c'est à savoir France,
«Angleterre, et Monseigneur le Dauphin. » {Juvé^
ual, p. /t^jj-) Enfin, sa mère avait aussi des visions
à-peu-près de la même force. (Fo/. id. 324- — ^oy.
>OTES DE JEANNE d'aRC. igS
dans Voltaire , Essai sur les Mœurs ^ ch. ^9 , note 16 ,
uïi éloge de Juvénal du Treignel.)
Note *^^), p. 60. Que son imagination exaltée
Hume , vj , 172 , est à-peu-près du même avis , et
Luchet lui-même ne peut s'empêcher de dire , p. 338 :
« La question n'est pas si elle se croyait inspirée ; qui
en doute ? mais si elle l'était. »....
Mais dès que Luchet connaissait si bien la véritable
question, pourquoi a-t-il fait tant de pages pour ré-
futer ce qui ne méritait pas une réfutation ?....
Note ^SC)^ p. go. Jeanne maniait ai^ec assurance Exercice
^ .du cheval
Et encore faut-il supposer que ses contemporams, et de
émerveillés de ses exploits, n'auront pas, selon leur ^^ ^^nce.
coutume , mis de l'exagération dans leurs éloges.
Note *^7), p. 61. Un contemporain assure qu'elle s'y
essayait....
A principio œtatis suœ pascendo pecora sœpius
cursum exercebal ; et modo hîic afque iliiic illi frequens cur-
sus erat; et aliquando currendo hastam ut fortis eques manu,
capiehat et arborum irumos.... percutiebat , etc. — Phi-
lippe de Bergame , dans Hordal , p. 4o.
iV. B. Cet auteur est né en i434.; (Voy.il/orm, mot
Foresti. )
Nous conviendrons que les enquêtes et interroga-
toires relatifs à Jeanne ne font point mention de cette
particularité; mais, 1° ils ne contiennent rien (voyez-
en V extrait à la note 242 , p. 177 et suiv. ) qui y soit
contraire; 2°, Philippe nomme le témoin oculaire de
i3
194
qui il la tient; 3" enfin , le duc d'Alençon la confirme
. indireclement. En effet , aussitôt qu'il apprit l'arrivée
de Jeanne à Chinon , il s'y rendit de Saint-Florent,
où il se trouvait, et dès le lendemain il la vit passer,
tine lance à la main , quelle portait et faisait mouQoir aQec
beaucoup de grâce ^ et alors il lui fit don d'un beau che-
val. (Voy. Laverdy, 807, 3o8 et 34-8, note 8.) Saint-
Florent n'est éloigné de Chinon que d'environ vingt-
cinq lieues ; il ne dut donc y avoir que quatre ou cinq
jours d'intervalle entre son arrivée et sa rencontre avec
le duc... D'autre part , Jeanne ne fut admise auprès du
roi qu'au bout de deux jours. {^Dunois dans Laoerdy^
p. 352 , note 26. ) Il ne reste donc plus que deux ou trois
jours d'intervalle. Elst-il probable que pendant ce court
espace de tems elle eût pu apprendre à manier avec
grâce une lance ?...
IXoTE ^^^), p. 61. Elle avait pu se perfectionner..,,
{Vorez ci-devant note 24-3, n« i3, pag. 187, et la
note 257. )
Son Note "9), p. 6[. Quant à l'éloquence ^ ses discours
quel! e. ^^g^/g^ _^^
Il est même des auteurs qui ne lui en accordent
point. Ils se fondent entre autres sur Tobscurité et le
galimathias des lettres qu'elle dicta ( lorsqu'elle était à
Blois ) pour les chefs de l'armée anglaise , et de quel-
ques réponses de son interrogatoire. — i^oy. Luchet^
34.3 et suiv. , 38o et suiv.)
Mais , 1° ce n'est point d'après ces lettres assez lon-
gues, et dont la rédaction, en supposant qu'elle appar-
tienne en entier à Jeanne, pouvait être au-dessus de
>'OTES DE JEANNE d'aRC. igS
ses forces, qu'il faut apprécier son éloquence ; 2° ce
n'est point non plus d'après des réponses également
d'une certaine étendue , et dont l'obscurité peut appar-
tenir au greffier tout aussi bien qu'à la Pucelle; 3^ ce
n'est point encore en s'atlachant, pour ainsi dire, à
l'écorce d'un style enveloppé dans le vieux , lourd et
diffus langage du tems.... C'est d'après le sens de ces
réponses , de ces exclamations , de ces observations ra-
pides , dont elle put faire usage auprès des soldats et
des habitans , etc., auxquels il ne fallait pas de longs
discours, et qui , dans la plupart des évènemens que nous
rapportons , n'auraient pas eu le loisir de les écouter.
Nous donnons dans le texte , p. 62 et 63, deux exemples
de cette espèce d'éloquence. Ajoutons ceux-ci : 1° Ses
juges lui demandent si elle sait qu'elle soit en la grâce
de Dieu. Elle répond : « Si je n'y suis , Dieu veuille m'y
» mettre^ et si j'y suis ^ Dieu veuille m* y tenir l » Le cri-
tique Lucbet ne peut^ en transcrivant cette ligne,
page 383, s'empécber de s'écrier: Réponse sublime!
2^. Autre question : Pourquoi a-t-elle assisté au sacre
de Charles vir.... // est Juste que qui a eu part au tra-^
V ail en ait à Vhonneur Réponse digne d'une éternelle
mémoire , dit Voltaire, Essai sur les mœurs ^ cb. 180.
3°. A-t-elle fait entendre aux soldats que sa ban-
nière portât bonheur? « Non : je leur dlsois pour toute
i> assurance , Entrez hardiment au milieu des Anglais; £T
i> j'yentrois moi-même! » ( Villaret^ XV, 5i )... Nous
croyons qu'on peut répéter ici : Réponse sublime !
Note ^^°), p. 61. Sur-iout envers dès hommes ignorans
Oii rustiques
« S'émerveilloient bien davantage les... capitaines de
196
» guerre et autres , des réponses qu'elle faisoit. » Hlst.
de la Puceîle ^ Soy.
Note *^') , p. 62. Malgré vos ennemis....
Ce discours est en substance dans les auteurs. ( Voy,
Trlpaut , 5i et suiv. ; Laverdy ^ 5i et suiv.)
Note =^^), p. 62. Et dans chacune de ces réponses....
« Elle répondait parfaitement , magno modo. » ( Voy.
Laverdy., 3og.)
Note ^6^) , p. 62. Qui résulte de t enthousiasme....
Presque toutes ses réponses, même celles dont le
style est le plus agreste , respirent en effet l'enthou-
siasme.
En se présentant à elle , les docteurs lui annoncent
que le roi les a chargés de l'examiner : « Je le crois,
» je ne sais ni A ni B ; je viens de la part du Roi du
» ciel, pour faire lever le siège d'Orléans, et mener
» le roi à Pxheims. » ( Voyez Laverdy., 3 12 et 35 1,
note 24.)
Note ^^^>, p. 63. Elle réplique....
(Voy. LaQerdy^ 309 ; Tripaut , 53)
Note =^^), p. 63. On a six mille hommes....
(Y oy. Villaret, xiv, 385; Monstrelet (il dit 7000), t. 2,
Note ''^^) , p. 63. Les exhorte
« Elle ordonna aussi qu'ils se confessassent , et leur
«fit oster leurs fillettes, et laisser leurs bagaiges. s
(Voy. Histoire de la Pucelle , ôog ; Tripaut , Sj , 88.)
NOTES DE JEANNE D ARC. I97
ISoTE ^^7), p. 63. Qu'elle est sorcière et magicienne ; ils 1429.
n'en sont guère plus aisances ^^^^ '
Les historiens anglais, tels que Carte (dans Lenglet, sur le?
t. 3, p. 125, 126, i3o); Rapin-Thoyras (iv, 287 ) , ennemis.
Smollett ( viij ;, 68 ) ; Hume ( vj , i84), etc., conviennent
tous de Teffet prodigieux que Jeanne produisit sur les
soldats anglais. Les généraux , observe Hume , essayè-
rent de dissuader leurs soldats du surnaturel. Mais
frappés eux-mêmes de cette idée , tout ce qu'ils osèrent
avancer de plus hardi , c'est qu'elle était « l'instrument
jj du diable «.Cependant comme les Anglois avoient fait
j) la triste expérience (à la première attaque de Jeanne)
)) que le diable pouvoit avoir quelquefois le dessus, ils
«ne tirèrent pas une grande consolation de s'être for-
3) tifiés dans cette conjecture. » ( Rétlexion peu digne
de la majesté de l'histoire.)
Cell^-ci, des auteurs contemporains, peint encore
mieux le même effet : « Paravant qu'elle arrivât, deux
» cents Anglois chassoient aux escarmouches cinq cents
» François, et depuis sa venue deux cents François
» chassoient quatre cents Anglois. (Voy. Histoire delà
j> Pucelle^ 5 10.)
Asserît^ dit l'immortel Dunois (dans Laverdy, 354,
noie 3i), Asserii qubd Anglici qui 200 priîis fugahant 800
aut 1000 de exercilu régis ^ à post et tune l^.oo mit 5oo cir-
matorum pugnahant in confliciu contra totam poieslateni
Anglicorum , etc.
« Toutes choses, dit Bedfort {lettre dans Rymer, x,
)) 4-o8, traduite par Rapin, iv, 237), prospéroient jus-
» qu'au... siège d'Orléans.,., où vos troupes, qui étoient
» en grand nombre, ont reçu un terrible échec. Cela
^ est arrivé en partie par la confiance que les ennemis
igS NOTES DE JEAKNE d'aRC.
j> ont eue en une femme (la Pucelle)... Cette défaite...
» a fait perdre courage à celles (les troupes) qui res-
» tent , etc. »
Ravitaille- NoTE ^^8)^ p, ^^ Son awnt garde.., une bannière...
le'ans. ( Voy. Tripaut , p. go ; Histoire de la Pucelle , 5o8 ; La-
verdy^ 3i5 et3i8; Leuglet., t. i, p. 69, etc.)
Quelques-uns disent aussi qu'il y avait un globe,
d'autres une croix, une annonciation , etc.; mais pres-
que tous s'accordent sur les fleurs de lis, symbole de
la Frahce.
Note '^''9^ p. 6^. Laissent tranquillement passer le con-
voi....
(Voy. Tripaut., igo; Laoerdy, 3i6, Siy; Lenglei^ t. i,
p. 61; Journal de Paris., 122 , etc.)
Ils le regardèrent passer, dit Hume., vj , 180 , avec un
étonnement slupide.*
KoTE =7«), p. 64- Qu'il eût été si facile....
Soit pendant sa marche (il mit trois jours à venir de
Blois. Voy. Laperdy, 3i5), soit pendant l'embarque-
ment et débarquement des effets (ils étaient maîtres de
la Loire) Avec leur seule artillerie , et sans quitter
leurs bastilles , ils auraient pu en détruire la plus
grande partie.
Note ^7»), p. 64- A la lueur des flambeaux, une entrée
triomphante....
* Relativement à la note 269 et à la plupart des suivantes jus-
ques à 3o8 , consultez de nouveau à la fin de l'ouvrage , la carte
visuelle , ou i^^ carte.
NOTES DE JEA^'^^E d'aRC. I99
(Voy. Tripaiit , ^o , ^i ; Hisi. de laPucelle^ Sog; La- i^^g-
oerdy^ 317.)
Note ^7=), p. 64. Jeanne ne reste point dans V inaction...
(Voy. Tripaut^ 98 à 96; Hisl.de la VuceUe, 5io; La-
verdy, 817 ; Lenglet , t. i, p. 61 et 62.)
On ne reçut pas dans cet intervalle plusieurs con-
vois, comme \e dit Viilaret , xiv, 387. (^Yoy. les auteurs
précédens; Chartier, 21.)
Note ^7^), p. 65. Autant de citadelles, avec remparts, etc.
(Voy. ci-devant /2o/e 222, p. i65; Hist.de la Pucelk,
5o2, 5o3, 5i2; continuateur de Tripaut, f. A, p. vj ;
Tripaut, 175.)
Note =74), p. 65. Le 4 mai... la Pucelk est en avant...
(Voy. Tripaut, 96, 97 ; Hist» de la Pucelk, 5 11; Lai-
verdy, 3i8; Lenglet, t. i, p. 65; Chartier, 21; Chroni(jue
de France , 338.)
Ce convoi vint par la Beauce. (Voy. ci-après, ex;?//-
calions de la 2.^ carte, note i3.)
Note =7^), p. 65. Ces guerriers... sont maintenant abat-
tus....
(Voy. ci-devant , note 1^'], p. 188.)
Note ^1^), p. 65. Orléans étant ainsi muni....
Comme notre relation des circonstances de la levée
du siège diffère en beaucoup de points de celles de tous
les historiens modernes , nous croyons devoir insister
sur la méthode que nous avons employée. (Voy. notei,
n° III, p. 99) Entre les mêmes auteurs, les uns n'ont
consulté que les récits des chroniques, parfois d'une
seule chronique; d'autres ne se sont altachés qu'aux
200 KOTES DE JEANNE D ARC.
dépositions des procédures; aucun d'eux ne s'est formé
une idée juste ni du local, ni de l'état de la ligne de
circonvallalion (Voy. ci-devant, note 228, p. i58) , ni
de l'extérieur de la ville , ni des dates précises des sor-
ties , assauts, elc. Les chroniques ou les dépositions
consiillées séparément ne rendent point raison des
diverses attaques; presque toutes offrent des anachro-
nismes , des fautes dans les noms , les indications , elc.
On ne peut se tirer de ce labyrinthe qu'en se ser-
vant de tous les dopumens ensemble , et en les com-
parant à chaque fait, soit entr'eux, soit sur -tout avec
un plan du siège et un calendrier. Ce travail est si
long et si difficile, que les erreurs ou les omissions
des historiens , distraits par d'autres recherches , ne
sont point surprenantes. Nous-mêmes, dans un pre-
mier essai, quoique plus exact que ce qu'on avait fait
jusqu'alors, nous en avions commis quelques-unes
Nous pouvons maintenant assurer qu'il n'est aucune
des circonstances exposées au texte ou aux notes qui ne
soit fondée sur des autorités et qui ne cadre parfaite-
ment avec les localités, les dates , les circonstances an-
térieures ou postérieures, et les relations les plus sûres;
tandis qu'aucune des histoires modernes n'offre de sem-
blables a^anta§es, et bien loin de là. 11 serait même
trop long d en indiquer toutes les fautes ou lacunes.
Note ^77), p. 6,o. Les généraux français arrêtent....
(Voy. sur cette délibération Leuglel , t. i, p. 65, 66,
d'après le P. Paquerel , confesseur et aumônier de
Jeanne.) ,
Sortie. Note =78), p. 66. Au bout de quelques minutes..,.
*(Yoy. sur tout cela Dauion (Técuver de Jeanne) ^
201
ilans Lenglet , t. 2, p. ii4à 116; Xat^^rJy, p. 3i8, 319;
Hist. de la Pucelle , p. 5 1 1 .)
Note ''79), p, 66. Sur ces entrefaites, etc.
( Voy. à ce sujet mêmes autorités qu'à note 278.)
KoTE ^80), p. 66. Le bruit s'en répand lorsqu'on
achève , etc.
(Voy- sur ces faits mêmes autorités qu'à note 278. —
Voy. aussi Berry, 877 ; Chronique de France, 338, 33g.)
Î^OTE ^'^'^ p. 67. Vers la porte d'Orléans....
Vers la porte de Bourgogne, dit Daulon (dans Len-
gJet., t. 2, p. i55, et Laverdy, p. 355) C'est précisé-
ment la porte la plus orientale de la ville, dans la di-
rection de laquelle était l'église de Saint-Loup (Voy.
Expilly, p. 334.)5 et par conséquent la bastille, de ce
nom. (Voy. ci-devant note 223, p. 169.)
Observez que Jeanne était logée à la porte occiden—
ta'e (ou porte ^egnart.... Voy. Tripaut, 92), de sorte
qu'elle traversa toute la ville pour se rendre au lieu du
combat.
Note ^S^)^ p g^. Malgré les remontrances de Gaucourt...
(Voy. sur ces faits la déposition de Simon Charle ,
président de la chambre des comptes, dans Laverdy,
p. 291,319,358.)
11 est vrai que Charle rapporte cette circonstance au
jour de l'attaque des Augustins ; mais il s'est évidem-
ment trompé de nom sur la basiille (ce qui est peu
étonnant, parce qu'il dépose au bout de vingt-six ans ,
sur un récit de Gaucourt). En effet, les Augustins ne
furent attaqués que le vendredi 6 mai, d après la déli-
bération prise la veille (jour de l'Ascension) par leçon-
202 KOTES DE JEÂTs^NE d'aRC.
seil de guerre. Comment Gaucourt, ainsi que le dit
Charle , se serait -il opposé à la sortie de Jeanne, par
le motif qu'on avait arrêté de ne pas faire l'attaque des
Augustins , que précisément on avait résolue?.. Ce qui
j^rouve d'ailleurs l'erreur de Charle, c'est qu'il place
la prise des Augustins à la veille de l'Ascension... Aussi
Laverdy et Lenglet, qui n'ont consulté que le récit des
témoins, ont-ils fait une espèce d'imbroglio des di-
verses attaques. (Voy. Laverdy^ 3ig, 820, 358; Lenglet^
t. I, p. 63 et suiv.)
Attaque NoTE =^^^ p. 67. Les Français... vont les assiéger.... ^
Saint-Loup. Dans la bastille de Saint-Loup. (Voy. Histoire de la
Pucelle ^ 5ii ; Daiilon ., dans Lenglet, ij , 116; Laoerdy,
356; Tripaut, 97^98; Chariier., 21.)
Note =^^^), p. 67. Il s'aoanre aoec un corps de troupes...
Un corps... tiré de ces bastilles , sur-tout de celle de
Saint-Pouaire (c'était une des plus voisines de Saint-
Loup). (^ oy. ci- devant note 2 23, p. 169. — Voy. His-
toire de la Pucelle., 5ii; Tripnui , 98; Hume., vj , 182.)
Note =^^), p. 67. Mais les officiers et soldats., sortent.,.
Commandés par Sainte - Sévère , et au nombre de
six cents hommes. (Voy. Hist. de la Pucelfe., 5ii; Tri-
paut.) 98.)
Note =^^> , p. 67. Talbot., étonné,.... ordonne lare-'
traite....
(Voy. Hist. de la Pucelle ., 5ii; Tripaut., 99; Chariier,
21; Berry, 377.)
Hume, vj , 182, convient que Talbot, après avoir
tiré des troupes des bastilles, n'osa paraître (il fallait
NOTES DE JEANISE d'^TRC. ^oS
flire rester) en rase campagne contre un ennemi si for-
midable. (D'après le récit de Tripaut , extrait à la
note 285, il n'était formidable que par son courage.)
Note =87)^ p. 68. En moins de quatre heures....
(Voy.Tr7))«M/, 98,99; son continuateur, f. B, p. iv;
Daiilon, dans Lenglet, ij , 216, et Laverdy^ ^^9? 356;
Hist. de la Pucelle , 5i i .)
KoTE ^^^), p. 68. Le 5 mai... ils tiennent conseil , etc.
(Voy. Tripaut , 99 , 100; Histoire de la Fucelle, 5i i;
Lenglet., t. i, p. 68; Chartier^ 21, 22.)
KoTE ^^9), p. 68. Jeanne se rend....
Le président Charle dit au contraire que c'est
Jeanne qui empêcha d'attaquer le jour de l'Ascension;
circonstance, du reste, assez indifférente. (Voy. La-
verdy, Sig, 358.)
Note ^9°), p. 68. Il y en avait quatre.... f jj^^
Et même cinq, en comptant le boulevart des tour- des autres
nelles; savoir, Saint-Jean-le-BIanc, les Augustins, le
boulevart et le fort des tournelles, et Saint-Privé. (Voy.
ci-devant note 223, p. 168; et , quant à la délibération,
Tripaut, 100; Hist. de la Pucelle .^ 5ii.)
Note =90, p. 68. Que tout est prêt pendant la nuit...
(\oy. Tripaut^ 100.)
Note ^9=), p, 68. On passe dans une île, etc....
Située entre Saint-Loup et la tour neuve,... vis-à-vis
Saint-Aignan. (Voy. sur tout cela Daulon, dans Len->
2o4 NOTES DE JEÂÎÎNE d'aRC.
glet, ij , iij ^ et Lcwerdy ^ 320 ^3SG; Tripaut^ lOi. — Voy.
aussi Chartier, 23.)
Note =*93), p. 69. Abandonnent Saint-Jean-le~Blanc...:
(Voy. Baulon^ dans Lenglet, ij, 118, et Laoerdy,
320, 356; Tripaut, loi; Hist. delaPucelle^ 5 12; Chron.
de trance, ^^g.)
C'est dans cetle occasion sur-tout f[u'on reconnaît
combien la terreur ôtait aux Anglais toute présence
d'esprit. D'après la position indiquée à la note 292,*
l'île par où les Français débouchèrent était en face de
Saint-Jean-le-Blanc. Les Anglais , sans c|uitler leurs
remparts, auraient pu foudroyer et le pont de bateaux
et leurs adversaires. D'abord ils ne manquaient pas
d'artillerie, puisque dès le 17 octobre ils avaient une
batterie derrière la digue de Saint- Jean-le-Blanc
Ensuite , quoique cette arme meurtrière fût bien éloi-
gnée de la perfection où elle est parvenue depuis, elle
leur avait servi à détruire tous les moulins qui étaient
auprès de la tour neuve, et par conséquent au-delà de
i'île. (Voy. Tripaut, 3. — Voy. aussi ci-dev. , note 217,
p. M)
Î^OTE =9^^>, p. 69 On les poursuit dans la seconde^ celle
des Angustins....
Relativement à tout ce qui suit, jusqu'à la fin de l'a-
linéa du texte, voyez Daulon , dans Lenglet, ij, 117 et
suiv.; Laverdy^ 356, 357; Tripaut^ïO\\ Hist. delà Pucelle,
5i2 5 Chartier^ 23; Monstrelet, ij , 4-3; Chron. de France j
339 (mais en les comparant ensemble, comme nous
Favons fait dans toutes les notes précédentes).
* C'est le 11044 ^Ê la carte visuelle.
NOTES DE JEAÎs^'E D ARC.
2o5
Note "O^), p. 6g. La garnison des tourneîles,.,.
L'Histoire de la Pucelle , p. 5i2, dit « seulement
» qu'un cry annonça que les Anglois venoient à puis-
» sance du côté de Saint-Privé » J'ai préféré la ver-
sion de Tripaut, p. loi, qui me paraît plus vraisem-
blable , et qu'au reste la première ne contrarie point.
Note =^9^) , p. 69. Eprouvent le même sort que celles de
Saint-Loup...,
{Voy. les autorités de «0/^294» p- 204.. ) On y déli-
vra aussi beaucoup de prisonniers français. ( Voy. Tri-
paut ,101.)
Note ^97) , p. jo. Le conseil de guerre résiste.... Idem
(^Voy.., quant à ces propositions et délibérations, tourneîles.
Daulon dans Lenglet, t. 2 , p. 122 ; Chronique de France ,
339; et sur -tout Hist. de la Pucelle^ p. 5125 Paquerel
dans Laverdy, 291 , 32i , 359 , 36o.)
L'bésiîation du conseil est peu surprenante, d'après
tout ce qu'on rapporte des tourneîles. « La très-forte
M (dit Monstrelet, t. 2 , f. 4-3 ) bastille et forteresse du
j) bout du pont, qui étoit très-forte , merveilleusement
i> et puissamment édifiée , et si étoit dedans la fleur des
» meilleures gens de guerre d'Angleterre, etc.» (^Voy.
aussi ci-après noie 3io. )
Note ^9^), p. 70. La nuit du 6 au 7 mai....
( Yoy. Tripaut , 102 ; Hist, de la Pucelle , 5 12. )
Note ^99) , p. 70. Jeanne veille ai>ec eux....
(Yoy. Daulon dans Lenglet, t. 2 , p. 121, 122;
Chartier^ 20.)
2o6
Note 2°°) , p. 70. Evacuent d'eux-mêmes... la bastille de
Saint-PrÎQé....
( Voy. Hisl. de la Pucelle , 5 1 2 ; Cliron. de Fr. , 33g. )
Note 3"') , p. 70. Le 7 mai^ dès l'aube du jour....
Le samedi 7 mai. (Voy. Tripaut, 102; HhL delà
Pucelle^ 5 12 ; Lenglet ., t. i , p. 70.)
Note ^°^) , p. 7 1. La résistance des Anglais....
(V. Tripaut., 102, io3. )
Note ^°^), p- 71. Presque toute la journée.... Une blessure
que reçoit Jeanne....
{Voy. sur tout cela Tripaut ., io3 à 106; Daulon dans
Lenglet, t. 2, p. 122 et 1 25 ; Paquerel et Dunois dans
Laverdy, 822 , 36o à 362 ; Hist. delà Pucelle., 5i3 ; Char-
iier., 23; Berry ., 877, 378; Registres du parlement ., à^ns
Laverdy, 324- ; Monstrekt^ t. 2, f. 43 ; Chron. de Fr. , 339.)
Note 3°^), p. 7 1 . O/z yo*?/?^^ « /« retraite ; on s 'y disposait...
Dunois le déclare lui-même (p. 36o ) : Deponens l'o-
lebal quod ejoercitus retraheret in civitatem.
NoTE^"^), p- 71- Y planter sa bannière ., etc.
{Voy. pour tout ce qui suit {au texte) les autorités
de note 3o3. )
Il est inutile de répéter que dans tous ces récits nous
écartons le merveilleux que nos bons chroniqueurs y
ont joint comme si cela eût été nécessaire. Ainsi deux
d'entr'eux s'imaglnant donner plus de réputation à
Jeanne, en la présentant plutôt comme prophétesse
que comme guerrière intrépide , la font rester au lieu
où elle s'était retirée pour son pansement. Ils ajoutent
NOTES DE JEANNE d'aRC. 207
que là elle dit que quand la queue de son cheval *se
dirigerait contre le boulevart, il tomberait entre les
mains des Français; ce qui ne manqua pas d'arriver
( Voy- Tripaut, lo^; Hist. de luPucelle^ 5i3); et l'aris-
tarque Luchet ne manque pas non plus de triompher
de ces pauvretés. (Voy. Luchet , p. 323. )
Mais on nous permettra, peut-être, de préférer la
narration de l'immortel Dunois : Et Joanna posuit se
super lordum fossali ^ et instante^ ibi ipsâ exdstenie ^ Ari-
glici tremiieruut et effccii sunt pavidi; armaii vero Régis
resumpserimt animum et ceperuni ascendere ... BoUevardum,
fuit captum^ etc. (Voy. id. , dans Laverdy, 36 1 , 362.)
Note ^°^), p. 71. Le pont-lcvis s écroule^ etc....
( Voy. sur ces divers points Tripaut ^ 106; Hist. de la
Pucelle., 5i3; Dunois., p. 362; Daulon , dans Laverdy,
dans Lenglet , t. 2 , p. 128; Chartier ^ 23 ; Berry, ^'j'j ,
878 ; Laverdy., 323 ; Chronitjue de France., 339, )
Note ^"7) , p. 72. Autre bivouac de Jeamie....
(Y oy. Tripaut ., 107, 108.)
NoTE"°S), p. 72. Le 8 au matin..., les .Anglais font I-eyee
. ., du siège.
retraite.... "
Le dimanche 8 mai. ( Voy. pour tout ce qui suit dans
le texte, Tripaut, 108 à m ; LIist. de la Pucelle^ 5i4.;
Daulon dans Lenglet, t. 2 , p. 12S ; Dunois et autres té-
moins dans Laverdy , 362 , 363 ; Chartier, 23 , 24- ; Berry^
378; Lenglet, t. i , p. 73 ; Monstrelet, t. 2 , f. 4.3 ; Chro-
nique de France , 339. )
Note 309)^ p, y .3. Dissipé t armée sur laquelle ils comp^
talent le plus....
2o8 înOTES de JEAîSiîs'E d'arC.
Ils perdirent, suivant Hume, vj , 184, six mille
hommes , et furent jetés dans la consternation et le dé-
sespoir.... Selon Monstrelet, t. 2 , f. 4^3, six à huit
mille.
Ajoutons que leur plus habile général , Salisbury , et
deux de leurs plus vaillans guerriers , Glacidas et Lan-
celot, périrent à ce siège. Le dernier avait été tué le 29
janvier, d'un coup de canon. ( Voy. TripaiU^ 3i ; Mons-
Irelet , t. 2 , f. 38. )
Note ^''°), p. 73. Par les prodiges....
Si l'on se rappelle tout ce que nous avons dit des
fortifications anglaises , on verra que nous sommes au-
torisés à nous servir de cette expression. Un excellent
militaire, le duc d'Alençon , qui en vit les restes quel-
que lems après, et notamment les tournelles (elles ne
furent point détruites), s'écria qu'avec fort peu de
monde il y aurait résisté, pendant plusieurs jours, à
des armées considérables, e/, ajouta-t-il, sibi videtur
quod eum non cepissent... Ambroise de Lore , un des plus
vaillans officiers du siège, et Dunois, regardaient aussi
ces expéditions comme miraculeuses. (^\ oj » Laverdy ^
321 , 35g ; Lenglet ^ t. i , p. 72 et yS ; t. 2 , p. 128. —
Voy. aussi Thoniassin , 97- )
Note ^"), p. 73. Juscjues à Loches....
Charles était à Chinon dès le 21 avril 1429. ( Yoy.
D. Vaisselfe, iv, ^Ji* )
Selon la Chronique de France, f. 34-0, et Lenglet,
t. 3, p. 345 ( sans doute d'après cette Chronique ) , il
y était encore lorsque Jeanne vint le trouver après le
siège d'Orléans; tandis que, selon le même Lenglet,
t. 2 , p. i35 et suiv., qui soutient ainsi les deux versions
NOTES DE JEANNE d'aRC. 20^
sans s'en apercevoir; selon Villaret, xiv , 894» et se-
lon M. de Laverdy , pag. 32$ , d'après le procès de
Jeanne , le roi était à Loches.
Un compte du trésorier des guerres , puisé dans les
archives de la chambre des comptes, et publié par La
Roque , Traité de la Noblesse , ch. 4-3 , p- 238 , nous a
mis en quelque sorte sur la voie pour expliquer celte
contradiction, qui nous avait long-tems embarrassés ,
pour constater la conduite singulière de Charles, et
pour ajouter une nouvelle preuve à celles par lesquelles
nous avons établi que Jeanne ne fut point un instru-
ment de la cour.
Il est dit dans ce compte que , par des lettres-patentes
données à Chinon, le dix mai 1429, Charles ordonna
de payer diverses dépenses faites à Tours et ailleurs
pour l'équipement, l'entretien , etc. , de Jeanne et d'un
de ses compagnons.
D'autre part, 1° il est certain que Jeanne partit
d'Orléans le lendemain de la levée du siège , c'est-à-
dire le neuf mai ( Voy. les autorités de la note 3i2 , ci-
après); 2° suivant la déposition de Dunois (Voy. La-
verdy , p. 363 et 367 ) , celui-ci, après celte levée , se
rendit avec Jeanne auprès de Charles vil , qui alors
allait à Loches , dicta puella cum déponente et aliis
accessit ad Regem eiintem in loco de Loches,
Cela posé , il est clair, 1° que Jeanne et Dunois ren-
contrèrent Charles vu entre Loches et Chinon , et
revinrent avec lui à Loches ( ainsi, il est peu étonnant
que les auteurs ou témoins ne se soient pas accordés sur
l'indication de ces villes) ; 2° que vu la distance routière
qui sépare Orléans de Loches , ils ne purent le rencon-
trer, au plus tôt. que le onze ou le douze mai, le jour ou
•4
210 NOTES DE JEANNE D ARC.
le lendemain de son départ de Chinon pour Loches ;
3° que Charles ne se détermina à quitter Chinon que
lorsqu'il eut appris la levée du siège , parce qu'aussitôt
qu'elle eut lieu, c'est-à-dire dès le /îm// malin, le gou-
verneur d'Orléans dut, pour l'informer d'un événement
aussi important, lui expédier un courrier qui, quoi-
qu'il n'y eût point encore de poste , ne put employer
plus d'un jour et demi ou deux jours pour se rendre à
Chinon.
Quoique cette étrange inertie s'accorde avec le ca-
ractère de Charles , il est probable , vu la difficulté des
circonstances , que si Jeanne eût été un instrument de
Ja cour, on se serait plus tôt rapproché dulhéâlre des
événemens pour être à portée d'y veiller, et sur-tout
on s'en serait rapproché davantage. Mais loin d'en for-
mer le dessein, il paraît qu'on avait celui de se fixer à
Loches pour long-tems , puisque la cour y était encore
au commencement de juin , qu'on y avait même amené
Je dauphin (Foy. Lettre de Gui de Laval, dans le
Recueil de Godefrai , p. 895 ) , à peine âgé de sept ans ,
et qu'enfin Jeanne fut obligée d'y séjourner jusqu'à
cette époque pour solliciter Charles de consentir à l'ex-
pédition du sacre (^instantissimè et fréquenter insiîgabat
Itegem^ dit Dunois , d. p. 363 et 367 ).
{'lopositlon Note ^«a), p. ^3. Dès le^ mai....
sacre. (^Voy, pour ce qui suit, au texte , Tripaut., m , ii5
à n8; Lengkt, t. i, p. 75 et suiv. ; Laverdy^ 325; HisL
de la Puceîle , 5 1 5 . )
Note ^'•^) , p. 74- Des raisons fort plausibles.,,.
Hume, vj , 189 , dit que, quelques semaines aupa-
211
ravant , cette proposition eût paru de la dernière extra-
vagance.... Il ajoute que Charles résolut de suivre les
inspirations de la prophétesse, etc.... Hume prête sou-
vent à Charles une politique démentie par sa conduite...
11 en est de même de SmoUett , qui le fait marcher à
Beaugency, commander les troupes à Palhay, etc.
( Yoy. id. , viij , 69 , 70. ) En général les Anglais , con-
fondant les époques, présentent Charles comme un roi
très-habile , afin , sans doute , de donner à entendre
que Jeanne ne fut qu'un instrument de ses desseins.
Note 3*^) , p. 74.. Qu'on manquait d'argent...
(Voy. Lenglet., t. i , p. 78 ; Chariler^ 28. — Foy. aussi
ci-devant, note i5i , p. i4-4) Lorsqu'on se mit en mar-
che pour Rheims, tout ce qu'on put faire , malgré les
succès obtenus jusque-là, ce fut de ^ayer trois francs
de solde par homme d'armes. (Voy. Chartier, 28; Chro-
nique de France, 34-1 ; Hist de la Pucelle^ 620. (On y
dit que c'^étoit peu de chose. )
Note 2'^), p. 74.. Jeanne»... insiste....
(Voy. Chartier f 27; Tripaut, ii5, iiG; Laper dy^
328 à 33o ; Lenglet, t. i , p. 76 ; Hist. de la Pucelle, 5i5 ;
Chronique de France , 34-0 , v**. )
NoTE^'G)^ p. 74.. La réputation de Jeanne.... faisait
accourir des troupes....
{Yoy. Chartier^ 26, 28; Tripaut, 124, i25; Mons- 1429.
irelet, t. 2 , f 4-4> 45.) C'est aussi ce qu'écrit dans le ï"'"\
Expédition
de
■^ Consulter, à la fin, la carte du théâtre de la guerre, on l'Orléanais.-*
2« carte.
212
même lems ( le mercredi 8 juin 1429) Gui de Laval.
( Voy. Lettre dans Godefroi , p. 896 à 897. — Voy. en-,
core Chronique de France , 3^0 , v°. )
Note 3'7) , p, y4.. Huit mille hommes....
(Voy. Tripaut ., 118.) Mais ce nombre s'accrut bien-
tôt , et avant la fm du mois on avait déjà onze ou douze
mille hommes. (Voy. Tripaut , 124 , 12$ ; Lenglet , t. i ,
p. 82 ; Hume, vj , i85. )
Note ^'^) , p. 74- Us échouent dans leur entreprise,...
( Voy. Tripaut , p. 1 14 à 116.)
Note ^'9) , p. 74.. Douze cents hommes..,,
( Voy. Lenglet., t. i , p. 82. )
D'autres ne parlent que de six à sept cents hommes;
{^Voy. Tripaut, 119; Chartier, 2S.)
Note ^^°), p. 75. Le 11 juin les Français sont auprès
de Gergeau....
Quant à toute cette expédition, voyez Tripaut, 118
à 1^4 ; Lenglet, t. i , p. 82 à 84 j Hume, vj , 186; La-
verdy , 325 à 828 ; le duc d'Jlençon , ibid. , 363 à 365 ;
Chartier, 25 ; Hist. de la Pucelle , 5i5,5i6 (il y a quel-
ques fautes de dates , mais ce ne sont que des fautes
d'impression); Monstrelet , t. 2 , f 44 î Chronique de
France , 34o.
. N. B. Le duc d'Alençon commandait l'armée. (Voy.
Chartier, 25; Tripaut, 117.) Fait prisonnier à Ver-
neuil , il avait obtenu sa liberté en 1427 ( Villaret , xiv,
347) , niais en laissant des otages pour une partie de sa
NOTES DE JEANNE d'aRC. 2i3
rançon. Il les dégagea soit au moyen de ventes de terres ,
passées en décembre 14.28 et avril 1429 , au duc de
Bretagne {Actes aux Mém. de Bretagne , par D. Morice ,
ij,i2i3, 1220), soit à l'aide de vingt-quatre mille
écus que Charles vu lui donna en 14.27 et 1428. Enfin,
le duc de Bedfort le déclara quitte, même de ses foi et
promesse , le 2 1 mai 1 429 ( Actes cités dans thistoire du
duché d'Alençon, par Bry, 1620 , p. 32o) ; de sorte qu'il
put rentrer au service du roi après la levée du siège
d'Orléans.
KoTE 3^'), p. 75. Et SuffoicL... fait prisonnier,...
Un de ses frères (Alexandre de la Poole) y fut tué,
et un autre fait prisonnier. (Voy. Tripaui ., laS ; Char^
iier , aS ; Hist. de la Pucelle , 5i5 ; Monstrelet , t. 2 , f. 44 ;
Chronique de France , 34o. )
KoTE 3^*), p. 75. Le i5 le pont de Meung ., etc....
(Voy. Tripaut, i25 à 128; Laperdy.,32j',Lengleij
t. 1 , p. 85 à 88 ; Chartier., 2S à 26 ; Hist. de la Pucelle ,
5 1 7 ; Monstrelet , t. 2 , f. 44 ; Chron. de Fr. , 34o. ( N. B. Il
s'agit ici de Meun ou Mehung-sur-Loire. ) Après la
prise de Gergeau , la garnison anglaise de la Ferlé-
Hubert évacua cette place et alla renforcer celle de Beau-
gency. ( Voy. Monstrelet , ibid. )
Note 3^^) , p. yS. Cependant... Bedfort informé.... Bafaiîïe
( Voy. Monstrelet, t. 2 , f. 44- ) -pj^
av.
Note 3=^) , p. 76. Après cette jonction.,,.
A l'égard des détails de la bataille de Pathay, voyez
Tripaut, 12S à i3i ; Lenglet, t. i , p. 88 à 91 (il paraît
21 4 NOTES DE JEANNE d'aRC.
qu'il n'en a pas reconnu le jour, que détermine, au
contraire , Tripaut, ibid. ); Laverdy ^ 827, 828 ; Regis^
ires du parlement^ ibid. ; Chartier^ 26 , 27 ; Hist. de la
Pucelle, Si^;FIist. de Richemoat, 755, 756; Monsireîet^
t. 2, f- 4-4 ^^ 4^ ? Chronique de France^ 34-0.
Hume , vj , 186 , 187 , n'a point approfondi tous ces
détails. Il semble, par son récit, que Suffolck était en-
core à l'armée.
Note 3=^), p. 76. Fastol prend la fuite....
( Voy. Tripaut^ i3i ; Hist. de Richemoni, 706 ; Mons-
irelel , t. 2 , f. 45.)
, Les Anglais eux-mêmes en conviennent. (Voy.
Hume , vj , 187 ; SmoUetl^ viij , 70. )
Note 2^^) , p. 76. La reddition d^Ienville , etc....
( Voy. Tripaut^ i3i , i32 à i35 ; Chartier , 27 ; Hist.
de la Pucelle ^ 5 18.) On cite entr'autres Montpipeau ,
]VIarchenoir et Bon y. (Voy. Tripaut , ibid. )
Note ^^7) , p. 77. Jeanne,... le sollicite.... de recevoir les
secours du ronnétahle.i..
Il y a différentes versions sur la première entrevue de
Jeannf^ et du connétable, qui , selon les uns, y montra
beaucoup de fierté , et , selon d'autres , beaucoup
d'humilité. (Voy. Griffet, vlj, 34-6 et suiv.) Mais les
démarches de Jeanne et les perfidies de la Trémouille
ne sont point révoquées en doute. (Voy. à ce sujet
Tripaut., i32 à i34; Lenglet, t. i, p. 87, gi, 93; Char--
tierj 28; Hist. de la Pucelky $17, 5 19, 52 o; Hist. de Ri"
ckemont , 755 , 756 ; Chron. de France , 34o ? 34i ? Belle-
forêt^ ibid.)
Note ^-^\ p. 77. Il se tint fermé à Sully ^ etc.
«c Dont ceux de la cité (d'Orléans), qui l'avoient fait
» tendre et parer, en furent mal contents. » (Voy.
Tripaut, i32. — Yoy. aussi H/5/, de la Pucelle, 5 19.)
Note ^29), p. 77. Le 29 juin.... Expëdîtion
Le 29, jour de Saint-Pierre (Voy. Tripaut, i35 ; ^" s»*^''*-'-
Hist. de la Pucelle ^ Sig) , et non pas le 19, comme le
dit Lenglet, t. i, p.94— Au reste, il fourmille d'erreurs
quant aux dates.
On avait une armée de douze mille hommes. (Voy. i^^o-
Tripaut^ i35, i36; Hume^ vj , 190.) ^"'
Note 2^°), p. 77. Et cest sur-tout à Jeanne quon en
doit le succès.
Elle contribua notamment à la reddition de Troyes ;
elle accéléra la marche de l'armée, etc., etc. (Voy. au
surplus Tripaut^ i35 à 1^3 ; Lenglet, t. i, p. 95 à 109;
Chartier, 28 à 32; Berry^ 378, 379; Laverdy^ 33o, 33 1;
Hist. de la Pucelle ., 5 19 à 524.; Villaret, xiv, 4^17 à 42^;
Daniel^ vij , 72 à 76; Chron. de France , 34i, 342.) Un
des grands obstacles à l'expédition était le défaut d'ar-
tillerie , d'argent et de vivres. (Voy. Tripaut, i^j et
,39.)
Note 33i)^ p. 77. En donner les détails....
Ils sont d'ailleurs dans tous les historiens. (Voy. en-
Ir'autres ceux de la note 33o ci-dessus; Monstrelet, t. 2,
f. 4^, 47. — Voy. aussi, pour les stations principales,
l'explication de notre 2^ carte, § 5, n° 23, p. 209.) Dans le
même tems, Richemont se porta en Normandie, vers
Evreux ; diversion qui favorisa l'expédition de Rheims.
(Voy. Mo«j<re/e/, ib., f 46 et 5o.)
2l6 NOTES DE JEAîîNE b'arC.
Note ^^^\ p- 78. Qu'enfin le i-j juillet...
(Voy. Thomassîn ., 92, 102; Carte, dans Lenglet
t. 3, p. 127 ; Laverdy^ SSj ; Hénaut, an 14.28 , 1429; et
sur-tout Grîffet., vij, 74)
Suivant Monstrelet, t. 2, f. 47? c'est le huit juillet;
suivant. Villaret, xiv, 4^4^ le vingt-huit; suivant Len-
glet , t. I, p. 109, le dimanche sept; suivant Godefroy,
p. 332 et 523, tantôt le dix-huit, tantôt le vingt-huit.
Les erreurs de tous ces écrivains ont été causées par
le défaut de calendrier. Si Lenglet et Villarct , par
exemple , s'en fussent composé un , ils auraient vu
qu'après avoir fixe la fête de l'Ascension (Voy. le texte,
p. 68, et note 288, p. 2o3) au cinq mai , et le dimanche
suivant au huit, le second samedi et le second diman-
che de juillet , jours auxquels ils reconnaissent que
l'entrée et le sacre du roi dans la ville de Rheims
eurent lieu, ne pouvaient être ni les 6 et 7 , ni les 27
et 28 de juillet, mais bien les 16 et 17. Les 6 et 7 et
27 et 28 juillet furent des mercredis et des jeudis. Un
calendrier eût aussi épargné à Griffet ses longues re-
cherches pour la fixation de cette époque célèbre.
Lenglet aura sans doute copié Tripaut , p. i43 ;
mais , en calculant les jours que Tripaut note pour les
expéditions du voyage, on voit qu'il y a une faute
d'impression. (i\\ B. Voy. au reste ci-après la S'^ pièce
jusiijicaiive ., qui confirme noire opinion. )
- .y
Note ^•^^), p. 78. Considéré... comme un simple héritier
du trône....
C'était l'opinion générale... Jeanne elle-même n'ap-
pelait Charles que le Dauphin. (Voy. Tripaut, i45,
\lfi ; continuateur, f. B, p. xvij ; Hisi. de laPucelle, 524)
NOTES DE JEANÎÎE d'aRC. 21 7
Note 3^4), p. 78. Justpies à la fin de la campagne.... ^,'ùîrns.
Ces détails se trouvent également dans tous les bis- Y\n
toriens. (Voy. entr'autres les auteurs nommés dans la <le 1429.
note 33o, p. 2i5, aux pages qui suivent celles qu'on
y indique. — Voy. aussi Monstrekt , t. 2 , f. 4^7 à 56.)
D'ailleurs les faits les plus intéressans et les stations
principales de l'armée sont indiqués ci-après , à l'ex-
plication de notre 2« carie, n»* 24 à 29, et notes sS
à 39, p. 259 à 263.
Note ^^^\ p. 78. D\tne armée destinée a une croisade...
Elle était composée de cinq mille hommes qu'ame-
nait Winchester, et qui étaient destinés à combattre
les Hussiles. (Voy. Hume ^ vj, 194.- — Voy. aussi Mons-
trekt , t. 2 , f. 4-6.)
Elle fut levée en juin , et dès le i" juillet on convint
qu'elle serait pendant six mois au service de Bedfort.
Le 165 il envoya en Angleterre un héraut, pour en
presser le départ. Ses instructions attestent la révolu-
tion étonnante qui venait de s'opérer dans les affaires
de Charles vu. (Voy. Rapin-Thoyras ^ iv, 24.2 et 53o;
Rymer^ t. 10, p. 4^0, 421, 432.)
Note 2^^), p. 79. Une trèoe... pour les provinces....
Depuis le 28 août 1429 pour les pays au nord de la
Seine (de Nogent à Harfleur) , et depuis le 28 septem-
bre jusqu'à Noël pour les environs de Paris Elle y
fut publiée le i3 octobre. (Voy. Butillet, Rec. des Trai-
tés, 347, 363 (il cite les lettres de Charles, les villes
comprises, etc.); Regist, du Parlement., dans l'Hist. de
Paris de D. Felibicn, t. 3 , p. ôgi; Journal de Paris ,
127.)
j4.'»o.
mai.
2l8 NOTES DE JEANNE d'aRC.
Note ^^^ ^'*), p. yg. Grâce à l'intrépidité et aux exhor-
tations de Jeanne....
{\oy. Lenglet, t. i, p. 121; Dauîon^ ibid. , t. 2, p. 128;
Laoerdy^ ^%î ^t sur-tout même 2,^ carte ^ notel^o^ p. 264.)
Note ^^y), p. 7g. Ow la Pucellefut blessée pour la troi-
sième fois....
(La première fois aux tournelles, la seconde à Ger-
geau.) Voy. Chartier, 36, 87 ; Monstrelet , t. 2 , f. 5o, 5i;
Laverdy^ 338; Lenglet, t. i, p. 118; Chron. de France,
34-3; Tripaut, i65; Daniel, vij , 81, 82; Hist delà
Pucelle, S2S (ce dernier auteur cite même, p. 5 12 ,unc
quatrième blessure qu'elle reçut , selon lui , au siège
des Augustins). — V. sur-tout d. 2« carte, note 67, p. 262,
Note ^^7 ^'O, p. «^g. Philippe de dons et d'honneurs....
Le i3 octobre i^^g on le fit lieutenant-général d'une
partie du royaume ; et le 8 mars suivant on lui donna
la Champagne et la Brie. (Voy. Dutillet^^ec. des Trai-
tés , 34g et 363.)
Note ^^^\ p. 7g. Avait battu et fait prisonnier....
(Voy. Chartier, 4i; Monstrelet, t. 2, f. 67 ; et sur-tout
Lenglet, t. i, p. i25, et t. 3, p. i5o; et même 2^ carte ^
notes 47 à 5o , p. 267 à 270.)
Note ^-^a), p. 7g. La prise de la Pucelle....
(Voy. à ce sujet Chartier, 4^? 42; Berry, 382; Mons-
trelet, \. 2, f. 57, 58; Villaret, xv, 16; Laçerdy, 33g,
3405 Daniel, vij, gi à g3; Thomassin , io3; continua-
teur de Tripaut, f. C , p. iij ; Lenglet, X. i, p. 128 ; même
2" carte, notes 48 à 62 , p. 268 à 270.)
NOTES DE JEATîNE d'aRC. 219
KoTE ^^°), p. 79. Le dénuement où se troiioait Charles....
(Voy. ci- devant no/^5 i5i et 3i4, p. 1^4 et 211.) « Il
n'y a point de soulde , » dit Guide Laval. (Voy. lettre
cilée à noie. 3i6, p. 211.) Il faut ajouter la sagesse et la
dextérité de Bedfort, dont Hume, vj, 192 à 194 1 f^it
l'éloge.
Note 340 lIs)^ p^ go^ 5*^^ étrange conduite..,. Cnndnile de
Amelgard s'en plaint vivement. Selon lui, si Charles, *-•''•' '^'^^'^i'
vers cette époque, avait eu moins d'apathie et de goût 1429
pour les plaisirs, s il avait empêche les degats de ses
troupes et secondé le zèle des habitans de la Normandie,
il aurait pu recouvrer cette province. (Voy. Notice des
M55.,t. i,p. 4.19.)
Note ^^'), p. 80. De plus en plus ministre ou esclave..,
etc
(\oy. pour tout cela Charfi£r., 28, 64? 65; Berry^ ^
386; Hist. de Richemonty 7 56, 768; Villaret, xiv, 4ii?
474; XV, 32, i5o; Daniel^ vij, 112 à 11 5.) Charles
|)oussa la faiblesse au point de faire déclarer Louis
d'Amboise criminel de lèse-majesté ., pour avoir essavé
d'arrêter la Trémouille gouvernant le royaume, dit l'ar-
rêt.... Encore c'était la Trémouille lui-même qui avait
fait arrêter et qui retenait prisonnier Louis d'Amboise.
(Voy. Villaret, xiv, 477-)
Note 3^=), p. 80. De V attaquer et de le charger de fers...
II fut même blessé d'un coup d'épée... On le traîna
dans un château fort appartenant à un des conjurés.
(Voy, Chartier, 65 ; Berry, 386 : Chron, de France , 36o ;
Monstrelet, \]^i^i.')
220 NOTES DE JEAiSNE d'aRC.
Note ^^'^\ p. 80. L'impulsion donnée par Jeanne *...
C'est aussi la remarque de Thomassin. « Depuis le
» siège d'Orléans, dit-il, fol. 97, les Anglois ny leurs
» alliés n'eurent force ne vertu. »
Il faut également observer, avec Hume, vj, 194»
que l'enrôlement se faisait difficilement chez les An-
glais , « intimidés par le pouvoir magique et infernal
» de la Pucelle. »
Enfin , des actes du tems prouvent que la frayeur
qu'elle leur inspirait était si forte, que les enrôlés mêmes
n'osaient se rendre en France. Le 3 mai i43o, quelques
jours après le départ de Henri yi pour ce royaume , le
duc de Glocester fit à Cantorbéry des proclamations
dont voici le titre : Contra capitaneos et soldarios tergiver-
santes ^incaniationibus Puellœ terrijicatos. (Rymer, x, 4-59)
Note ^^^), p. 81. A combattre que les garnisons enne-
mies....
Hume parle de plusieurs places « que l'affection du
» peuple avoit livrées à Charles. » 11 ajoute que l'habi-
leté de Bedfort fut impuissante contre l'inclination des
Français à rentrer sous la domination du roi. (Voy,
id. ,195, 202. — Voy. aussi Monstrelet , t. 2 , f^ 4^ ^^ ^o ,'
v^; Chartier, 44 î 65, 66, 71, 89.) Parmi les places li-
vrées volontairement à Charles , il y en eut en effet que
les Anglais ne purent reprendre qu'après six ou sept
jQois de siège. (Voy. Monstrelet, ibid.)
« On ne peut trop insister sur cette vérité : le réta—
» blissement de Charles vu sur le trône de ses pères fut
» l'ouvrage de la nation. » {Villaret^ xiv, 26a.)
1435, Note 345)^ p, 81. Le duc de Bourgogne lui accorda la
sienne..,.
NOTES DE JEANÎîE D ARC. 221
Par ie traité de paix d'Arras. (Voy. VîUaret, xv, i8i
et suiv. ; Daniel, vij , 122 et suiv. ; Chartier, 84.; Chron.
de France^ 362.) Il est au Trésor des Chartres.
Hume, vj, 210, au sujet de cette paix, dit que, pour
calmer Philippe, Charles bannit de sa cour Duchâtel
et tous les assassins de Jean. Il se trompe de huit an-
nées. (Voy. ci-dev. le texte ^ p. 4i) et note 17g, p. i53.)
Un événement qui favorisa encore beaucoup Charles
dans ce même tems, fut la mort du duc de Bedfort
(i4- décembre i/^3S...Fiilarei, xv, 199)-
Nous n'en dirons pas autant de celle d'Isabelle (3o
sept. 14.35 , neuf jours après le traité d'Arras), précipi-
tée , à ce qu'on présume, par la douleur du triomphe
de son fils, parce que , depuis qu'elle l'avait fait dés-
hériter (à Troyes, ci-devant note i25, p. i36), elle
était méprisée et abandonnée, et vivait à-peu-près dans
la misère. (Voy. Villaret , xv, 194.; Monstrelei, ij , 117.)
Note ^^6), p. 8i. Il rentra dans sa capitale..,. i436.
Le vendredi i3 avril i436. (Voy. Villaret, xv, 211;
Hénaut, an i4-36; Daniel, vlj, 137 et suiv.; Journal de
Paris ,166; Chronique de France, 365 ; Dutillet, Rec. des
Traités, 35i.)
Au reste, il ne faut point prendre ceci à la lettre. Ce
furent les officiers de Charles vu, les Richemont, les
Dunois, etc., qui recouvrèrent la capitale. On s'attend
qu'au moins il se hâta de s'y rendre pour y affermir
son autorité et regagner l'affection des habitans, aux-
quels il était étranger depuis vingt années. Loin de là,
il n'y fit son entrée qu'au bout dç dix -neuf mois
(12 nov. 14.37), et à peine y séjourna-t-il trois se-
maines. « Le Roy se despartit de Paris le 3 décembre
222 ISOTES DE JEANNE D ARC.
w sans que nul bien y fît pour lors, et sembloit qu'il
>» ne fût venu seulement que pour voir la ville. » {Journal
de Paris, 178.) — Voy. ci-apr. , i^^^ Pièce justifie, note l^S),
Note 346 bis) ^ p 33, // donne des preuves... de valeur..*
Enlr'autres aux sièges de Montereau, en 14.37 , et
d'Harfleur, en 14.49 {Monstrelet ., t. 3, p. 24.)-.. Lors du
premier, Charles lit jeter de gros engins contre la ville,
« et lui-même de sa personne y prit moult grand tra-
» vail. » (/</. , ij , i4-i- — Voy. aussi Ser/y, 3g5.) Tel est
le récit des historiens (Chartier, p. g^? ^^ Chronique
de France, f. 328, et l'Hist. de Richemont ne disent
rien à ce sujet). Selon les registres du parlement (citéjï
par Villaret, xv, 2^1, et par le P. Anselme, Généalo-
gies, t. I, p. Ï16), Charles vu se précipita le premier
dans le fossé, le traversa ayant de l'eau jusqu'à la cein-
ture, planta une échelle, la monta l'épée à la main, à
travers une grêle de traits, etc.
Elooede Note 34?), p. 82. Il enlève peu-à-peu... dans Calais...
Chai les VII. Les Anglais essayèrent de rentrer dans la Guienne,
'* ' ^ ' mais ils furent battus complètement à Castilhon (à huit
lieues E. de Bordeaux , au mois de juillet i4.52).Talbot
termina dans cette action sa glorieuse carrière. (Voy.
Villaret, xvj , 72; Smollett, viij , 209, 22$; Monsirelet ^
t. 3 , f. 55 à 59.)
Les traités faits en i^Si, 14.^2 et 1 4.53, pour la sou-
mission des Etats et des villes de Guienne , sont cités
dans Dutillet, Rec. des Traités., p. 368, 369.
Outre Calais, les Anglais conservèrent encore en
avant, et à deux lieues au sud de cette ville , Guine et
liâmes. (Voy^ Monsirekt^ t. 3, p. 87.)
NOTES DE JEANNE d'aRC. 22^
Note 3^3), p. 82. Avaient oublié la route....
(Voy. ci-devant note 86, p. i25 j Hume, t. 5, p. 894;
Fillaret, xvj ,182; Monstrelei^ t. 3, f. 70 et 72.)
Note ^'^o), p. 82. Des nations étrangères... Gênes...
(Voy. Eloge de Charles vu , p. 8.) Les rois de Dane-
marck et d'Ecosse le nommèrent, en 14^7, arbitre de
leurs différends. (Voy. ?^i7/ûr<?;f, xvj, 209.)
Quant aux Génois, ils avaient chassé les Français en
1409, pour se donner au marquis de Monlferrat( Théo-
dore II , de la maison Paléologue , qu'ils chassèrent en-
suite en i4ï3).V. i?eVo//^/. de Gênes., Paris, 1750,1, 281;
même i'*^ Pièce justijicaiii>e ., notes 12 et 16.
Note ^^°), p. 82. Un jour de vlmsa.^ ce par semaine...
C'est l'expression naïve de l'auteur anonyme de son
Eloge, p. 5.
Les étrangers font aussi l'éloge de son administra-
tion. (Voy. Hume, vj, 23g.)
Note ^^'), p. 83. A mort un prince du sang....
Le duc d'Alençon.,. Il fut arrêté en i456, et con-
damné en x458. (Voy. Villaret, xvj , 160 et suiv. ; Da-
niel, vij, 293; Monsireletf t. 3, f. 67, 74 et suiv.)
Note 2^^), p. 83. Les finances sont assujéties à des rè-
gles, etc.
(Voy. Eloge de Charles vii,p.3,4, 6,7; Villaret,
xvj , iio.) « 11 voyoit chacun an et plus souvent le fait
« de ses finances, et le faisoit calculer en sa présence....
» 11 ne faisoit faire aucun pied nouveau ou changement
n de monnoie. » {Xà.EAoge, p. 6 et 7.— Voy. aussi Vil--
laret, xvj , 327 ; et ci-dev. note i5o, p. 144.)
224 NOTES DE JEANNE d'arc.
Note ^^^), p. 83. // laisse des fonds suffisanst...
( Voy. Eloge de Charles vu , p. 8; Villaret^ xvj , 3 14.)
Louis XI termina ce rachat un ou deux ans après la
mort de son père. (Voy. ib.^ xvij, 9.)
Note 3^^), p. 83. Les exactions sont réprimées....
( Voy. Eloge de Charles vu , p. 3 , 5 , 7 ; Villaret , xvj ,
110.)
Ce que nous disons en l'honneur de Charles dans
les notes 35o, 352, 353, 354 et 356, reposant princi-
palement sur le témoignage de l'auteur anonyme de
son Eloge, peut sembler n'être pas suffisamment jus-
tifié, parce qu'il est possible, dira-t-on, que cet auteur
ait été un de ses protégés ou favoris ; mais ce témoi-
gnage est fortifié par la meilleure de toutes les autorités
en cette matière , par le suffrage des representans de la
nation. Dans les états-généraux tenus à Tours en i484»
à une époque assez rapprochée ( Charles est mort en
l46i) pour que l'on connût encore bien son adminis-
tration , on en fait à chaque instant l'éloge. ( Voy. G«r-
nier (successeur de Villaret), xix, 268 et suiv.)
Note ^^^), p. 84. En procurant à Vunii?ersité....
En 1452. ( Voy. Villaret , xv , 58. )
Note ^^^) , p. 84. Il rétablit la méthode des élections....
(Voy. Eloge de Charles vu , p. 5 ; Villaret, xij , 21,
345.)
Ravages et NoTE ^^7) , p. 84. Charles V s en débarrassa....
cruauté des f Yoy, VHist. de Duguesclin par Guyard de Berville,
soldats. 1. \» . V
hv. 3 , t. I , p. 291 et suiv.)
îsOTES DE JEANNE d'aRC. 225
H fallait le plus souvent acheter leur retraite , tout
aussi bien que leurs services. (Voy. D. Vaissette , t. 4 »
p. 4-85 , 4-89, 492 ) etc. )
Note ^^^) , p. 85. Dès cet instant la France fut un champ
de brigandages. . .
Il serait trop long et trop pénible de rapporter tous
les faits qui le prouvent. Nous avions pris la note des
p^ges des auteurs du tems où il en est question; elle ne
remplit pas moins d'un feuillet. Bornons -nous à en
citer quelques-unes. (Voy. Laboureur., hist. 221 , 49^»
533, 688, 691, 739, 785,815, 938. —Monsirekt,
t. I , f. 23l , 240, 2497 271 , 295,305 , 320 J t. 2 , p. 2 ,
i5 , etc. — Juvénal, 292 , 467. — Journal de Paris , 22 ,
80, 95, 137, i52, i58. — Saint-Remi, 109. — Tri-
paut, 32 , 61 , 65. — Continuateur de idem, p. ic)6. —
uimelgaid , Notice des Mss. , t. i , p. 4^6, 4^9" —
Chartier , 39 , 67 , 68 , 96 , 99. — Voy. aussi D. Vais-
sette^ t. 4 7 p- 459 , 462, 470 7 473, 476 î 48<^ 1 4^5 ,
489, 492, etc.)
Note ^^9) , p. 85. Parce (ju elles naçaieni aucune disci--
pline....
( Voy, les auteurs cités à la note 358. — Voy. aussi
D. Vaissette , t. 4, p. 495 , 496 , 497- )
NoTE^^"), p. 85. Les citoyens.... et jusques aux ecclé-
siastiques....
( Voy. Jménal, 439 ; Choisy , 383 ; Tripaut , 18. )
Note 3^') , p. 85. Ils se vengeaient sur les soldats
épars....
î5
226 NOTES DE JEANNE d'aRC.
Il se forma souvent des compagnies de paysans qui
se tenaient en embuscade dans les forets , d'où ils atta-
quaient et détroussaient tout le monde. On les connais-
sait sous le nom de brigantins ^ pîquiers ^ porte- piques.
( Voy. Laboureur^ 1^7 i 77^ •> 7^^? 7^9? Journal de
Paris ^ io5; Hainaut, p. 243.)
Note ^^''), p. 86. De là un esprit de férocité....
Il n'y en a que trop d'exemples dans Thistoiredeces
tems. ( Voy. Laboureur , 107 ; Journal de Paris , 84. , 85 ;
Monstrelet, t. i , f . 269, etc.) Des brigantins mirent
un bacinet ardent sur la tête d'un noble , écorchèrent et
brûlèrent un prêtre , etc. (Voy. Juoénal, 52. )
NoTE^^^>, p. 86. On soufflait dans lame.... de F en-
fance...,
Monstrelet raconte qu'à un petit combat où les Bour-
guignons défirent (en i4.33) un détachement de Fran-
çais , soixante à quatre-vingts de ceux-ci furent pris , et
pour la plupart pendus ou tués le lendemain par ordre
de Jean de Luxembourg; qu'en poursuivant les
fuyards « plusieurs furent morts et pris; » et il ajouter
« Si fut ce jour le jeune comte deSaint-Pol (neveu de
n Luxembourg et âgé de quinze ans) mis en voie de
» guerre : car son oncle lui en feit occire aucuns , lequel
» y prenait grand plaisir. » ( Voy. id. , t. 2 , f. 92. —
\oy, AUSSI Villarei y xv, 160.)
Note ^^^\ p. 86. On condamnait au pillage et à l'in-
cendie....
(Voy, des exemples dans le Laboureur., p. 65, 78, 79,
53i , 789 , 947 7 etc. ; Saint'Remi, p. 109 ; Monstrelet ^
NOTES DE JEANKE d'aRC. 227
t. î , f. 276 , 284 à 288 , 3ii ; t. 2 , f. 69 ; Amelgard,
Notice des Mss. , 1. 1 , p. 4i3 , etc.
Note 3^^) , p. 86. Massacrer les prisonniers....
( Voy. Laboureur., 80 1 , 836 , 94.8 ; Saint- Rem i , 118,
i3i, 161; Monsireiety t. i, f. 234 , 267, 270,284.;
t. 2, f. 6, II , 22 , etc. ; Chartier, p. i3 ; Hist. de la Pu-
celle, 494» Juvénal., 4-39 1 4^5 , 49^ » Chronique Mss.,
540 ; Journal de Paris., 83; Z>. Vaisselle ., t. 4? P- 4^5, etc.
Note ^66) ^ p. 85, f/,^ <?Wy7/e ^c Liège....
( Voy. Monstrelet, t. 2 , f. 126 ; Villaret , xv , 219. ) Il
faut pourtant observer que le prêtre était plutôt guer^
rier lui-même qu'aumônier. (Voy. Monstrelet., ibid.)
L'évêque était Jean-sans-Pitié, de la maison de Bavière,
oncle maternel du duc de Bourgogne , Philippe-le-Bon.
(Voy. Fillaret, xv, 357. )
Note ^^7), p. 87. Une mort rapide....
On a àes exemples de prisonniers qu'on laissait mou-
rir de faim. ( Voy. Jui^énal, 4^5 , 490? Villaret, xiv,
104.)
Note ^^^), p. 87. Les maladies contagieuses et les fa^
mines....
(Voy. Laboureur., 833; Saint-Remi , 124 , i3o, i48,
i54 ; Monstrelet., t. i , f. 265 , 268 , 296 ; Juve'nal, 74 ;
Journal de Paris., 'j3 et I79 ; Chartier, 99; Smolletl^
viij , 125 ; Villaret, xv , 253 ; D. Vaisselle , iv, 467. )
Note 269), p. 87. Qu'on i>it les loups....
( Voy. Journal de Paris , 94 et 1 79 ; Villaret , xiv , 11 3 ;
Chartier., 99. )
228 NOTES DE JEANNE d'aRC.
Note ^7°) , p. 87. Divers corps de troupes réglées , etc..
Les ordonnances relatives à cette institution salutaire
sont malheureusement perdues ; * mais on trouve quel-
ques détails curieux dans la Chronique manuscrite d'A-
melgard, ( Voy. Notice de^ Mss. , t. i, p. 4^23. — Voy.
aussi Eioge de Charles vu , p. 5 à 7 ; Chartier, 109. )
En 14^7 , les commissaires du roi demandèrent aux
Etats de Languedoc 25o,ooo liv. , tant pour l'aide ordi-
naire que pour l'entretien de cinq cents lances (trois
mille cavaliers) et mille archers, qui devaient être
à la charge de la province. ( V. D, Vaisselle , v, 9. )
Note ^7'), p. 88. Le laboureur retourne , etc....
« Les gens d'armes vivoient sans aucune pillerie....
j) Les laboureurs ne laissoient point de labourer, n
( Eloge de Charles vu , p. 5 , 8. ) « Les gens d'armes se
» gouvernoient si honorablement,... qu'il n'y avoit
» brigand qui osât plus dérober sur les chemins... Ils
j> conduisoient et guidoient les marchands, etc. »
{Monstrelet^ t. 3, f. 87.)
Note ^7=) , p. 88. Un des principes oii>ifians...
(Voyez Vandermonde j Leçons d'économie politique ,
Ecoles normales , t. 3, p. i49' )
Note ^7^) , p. 88. Des royaumes étrangers....
Expéditions de Naples et d'Italie sous Charles viii ,
Louis XII , François i^^
^ Elles sont citées par Charles lui-même dans des lettres
de 1454. ( Voy. D. Vaissette , t. 5 , Preuves ^ p. i5. ) Les me-
sures préparatoires de l'institution avaient été prises par Tor-
donnance du 2 novembre 1439. ( Dans Fonfûnon^ iij , 162. ) ,
NOTES DE JEANNE D ARC. 229
Note ^7'+) , p. 88. Qui ne connaissaient plus la guerre....
Excepté pendant le seul tems des guerres civiles de
la fin du i6^ siècle , et de celles des camisarts.
Note ^7^), p. 89. Un seigneur de la maison de France... Prise de
Ti j T la Pucelle.
Il la livra...,
Lyonnel, bâtard de Vendôme. ( Voy. Villarei, xv , niai.
17 ; Monstrelef , t. 2 , f. 58; Laoerdy , 8. ) Il la vendit à
Luxembourg. ( Voy. Laver dy ., 8.)
Elle fut détenue , pendant plusieurs mois , dans divers
châteaux, et notamment au Crotoy et à Beaurevoir,
d'où on la transféra à Rouen. (Voy. Monstrelet ., ibid. ;
Lenglet ., t. i , p. i33; Laverdy ., 342.) Le roi d'Angle-
terre paya tous les frais du procès. (Voy. Chaussard, 68.)
Note ^7^) , p. 90. Aux théologiens de l'Université...
« L'Université de Paris a presque donné l'existence à
i> cette affaire par ses clameurs et ses démarches. »
( Laver dy ,18.)
« Elle prostitua aux ennemis de l'Etat les preuves du
i> dévouement le plus lâche et le plus servile. »> {Vil-
iarei, xv , 4o. — ^oy. ci-après note 378 ,«011.)
Note ^77), p. 90. La joie qu'ils témoignèrent....
(Voy. Lenglety t, i , p. i32 ; Monstrelet , ij , 58; Fil-
laret, xv, 19. )
Les habilans de Tours se conduisirent bien différem-
ment. Aussitôt qu'ils furent informés de la prise de
Jeanne , ils firent , pour sa délivrance , des prières et
des processions générales , où l'on pt)rta , à nu-pieds ,
les reliques des saints. ( Voy. Maan^ Hist. S. eccles. Tu-
rwiens. , 1667, p. 164.)
23o NOTES DE JEANNE d'aRC;
Procès de NoTE h^) , p. Qo. Eux-mêmes pressent Luxemlourg et
la Pucelle. „. .
,3 ,- sollicitent^ etc.
1430, 143 1. '
Nous allons donner une idée rapide des mesures an-
térieures au procès de Jeanne d'Arc, et de la marche
de ce même procès.
1. Presque aussitôt après la prise de Jeanne, l'Uni-
versité demande qu'on lui fasse son procès ; elle écrit
pour cela au duc de Bourgogne. (Voy. Laverdy ^ 8. )
2. Au bout de quelques jours , nouvelles lettres et au
duc de Bourgogne et à Luxembourg , pour qu'on
remette Jeanne à l'évêque de Beauvais et à l'inquisi-
teur ( le pape en avait envoyé un * en France ). ( Voy.
Zapcrû?/, 8etg.) Lenglet, t. i,p. i4-5, t. 2, p. i57,ditque
les lettres sont du 27 mai i^So; mais il est probable
que cette date convient tout au plus à la première lettre.
Le continuateur de Tripaut, f. C, p. viij , note là
date de l'une d'elles au i^ juillet i4.3o.
3. \I^ juillet i43o... Sommation de Cauchon , signifiée
par notaires, au duc, à Luxembourg et à Vendôme, de
lui remettre Jeanne , comme suspectionnée de sortilège ,
idolâtrie , etc., et au besoin , offre ( au nom du roi d'An-
gleterre ) d'en donner 6,000 fr... et si l'on n'en est
pas content, il porte cette offre jusques à 10,000 fr.
( Voy. Laoerdy, 11 , 12 ; Lenglet, t. i , p. 14.7 ; Continua-
ieur de Tripaut, f. C. , p. vj , où la lettre est en entier. )
*N. B. Le marc d'argent étant alors à 7 liv. 5 s,{^Voy.
Dupré de Saint-Maur, Essai sur les monnaies , in-^" ,
p. 2i5) , les 10,000 fr. offerts vaudraient à présent en-
viron 76,000 fr.
4.. 21 novembre i4.3o. Lettre de l'Université à Cau-
* Frère Jean ou Jacques Gravèrent , dominicain , inquisi-
teur-général en France. ( V. Lenglet^ t. a, p. iSg; Laverdy^ i43.)
23l
cbon et au roi d'Angleterre, toujours pour la rendition
de la Pucelle. (Voy. Laoerdy , 9 ; Lenglet , t. i , p. 148;
t. 2, p. i58. )
5. 28 décembre. Permission donnée à Cauchon , par le
chapitre de Rouen , d'instruire le procès dans son terri-
toire. ( Voy. Laoerdy , 16 ; Lenglet, t. 2 , p. i58. )
6. 3 janvier (toujours i4.3o , vieux style ). Lettres-
patentes de Henri vi , qui ordonnent la remise de Jeanne
à Cauchon. (Voy. Laverdy, i3; Lenglet , t. i , p. iffi ;
t. 2 , p. i58. )
7. ( g , i3 et n^ janvier ; 19 et 20 février.') Consulta-
tions sur l'afifaire.... Nominations des promoteur, gref-
fier , huissiers et juges-assesseurs.... Discussions sur une
difficulté de juridiction. Il s'agissait de savoir si Cau-
chon procéderait avec un délégué de l'inquisiteur * , et
c'est ce qui fut décidé et pratiqué. Ainsi, ce sont les
formes effrayantes de l'inquisition qu'on a suivies dans
ce procès! (Y oy. Laver dy^ p. i5 et suiv. , et sur-tout
p. 22 , 24. j 82 , 35 et 4-63 , où il démontre les abus de
ces formes. — Voy. aussi Len g ki , t. 2, p. i58 et iSg.)
8. {20 février.) Assignation pour être interrogée,
signifiée à Jeanne le 21 , jour de son premier interro-
gatoire Elle en a subi quinze jusqu'au milieu de
mars.
On lui a lu alors ses réponses, et on en a extrait
trente-huit articles ou propositions , qui ont formé au-
* Frère Jean Magistri ( ou Lemaitre ) , déle'gué de frère
Jean Graveront, ou viee-inquisiteur, ou vicaire de l'inquisiteur.
( Voy. Lenglet^ t. 2 , p. iSg ; Laverdy , 18.) 11 objectait qu'il
n'était vicaire que pour le diocèse de R^uen et qu il s'agissait
du diocèse de Beauvais. Fr. Gravèrent lui envoya dans la suite
une commission spéciale. (Voy. Lat^erdy , 20.)
232 NOTES DE JEAN^^E d'aRC.
tant de chefs d'accusation contre elle. ( Voy. Laoerdy^
p. 21 et suiv. , et ^wx-\.o\x\. Lenglei ^ t. i , p. i5oà 172;
t. 2, p. iSg. )
9. ( 27 mars etjeurs suivons. ) Elle est interrogée sur
cesarllcles. (V. Laoerdy^ p. 82 ; Lenglet, p. 174 et suiv.)
10. ( 2 aoril i43i ; lendemain de Pâques et jours sui^
oans. ) Les trente-huit articles sont réduits à douze.
Ces douze chefs d'accusation, que Laverdy rapporte
en entier (/9-5i à 98), et qu'il a la complaisance de
réfuter, se réduisent aux apparitions et révélations , à
ce qu'elle a pris un habit d'homme , à ce qu'elle s'est
précipitée d'une tour ( ce fut pour s'échapper de sa pri-
son ) ; à ce qu'elle a mis une croix en tête de ses lettres...
(Voy. aussi Luchet , 3gj ; ci-après 3^ Pièce justificative^
11. Les mêmes articles sont envoyés à àes docteurs,
licenciés, évêques, et à l'Université de Paris, pour
avoir leur avis sur le point de savoir si les propositions
qu'ils contiennent sont opposées à la foi. L'Université
s'assembla à la fin d'avril et au commencement de mai.
Elle décida que les apparitions, etc., procédaient de
Uélial, Satan et Belzébulh ; que Jeanne, en ce qu'elle
portait un habit d'homme, était suspecte d'idolâtrie et
d'avoir donné sa personne et ses habits au démon ^ en imi-
tant l'usage des païens, etc.* (Voy. Laverdy^ ibid. et
p. 34.5 5o , 59, 75. — Voy. aussi Lenglet ^ t. i , p. 178.)
* Elle ne s'en tint même pas là. Elle écrivit le i4 mai au roi
(l'Angleterre et à Çauchon (elle loue beaucoup celui-ci) pour
les exhorter à faire punir /r<?//<?y^/wOTtftrès-promptetnent. (Voy.
Lengïet , t. 2 , p. 160 ; Laçerdy , 54 et 55.)
Enfin peu de tems après le jugement de condamnation , elle
en fit l'apologie dans des lettres adresse'es ( 28 juin ) au pape ,
à l'empereur et aux cardinaux. ( Voy. Lenglet , t. 2 , p. i56 et
i6i ; Uist. universHat. Paris. , t. 5 , p. 4o6. )
NOTES DE JEANNE B ARC.
:33
12. Pendant cet intervalle , on continua le procès;
on fit à Jeanne diverses admonitions ou remontrances;
on la menaça de la torture , etc. Enfin , lorsqu'on eut
reçu l'avis de l'Université, le 19 mai, on condamna
Jeanne , mais en subordonnant son jugement à de nou-
velles admonitions^ dont la dernière eut lieu le 24. , en
présence d'un grand concours de peuple, et dans un
cimetière où Ton avait dressé un bûcher. (Voy. ÎMverilyj
p. 99 et suiv. ; Lenglet ^ t. i , p. 190 et suiv. ) Un théo-
logien indiqua à Jeanne les crimes qu'on lui imputait ,
et l'interpella indirectement de les avouer.
i3. Après avoir déclaré qu'elle se soumet à i'é-
ghse et au pape , la Pucelle répond « qu'aucun de ses
» faits et discours ne peut être à la charge de son roi ni
» d'aucun autre ; que s'il y a quelques reproches à lui
» faire (à elle) , ils viennent d'elle seule et non d'au-
î> cun autre. » (Voy. Laperdy , p. m , qui s'écrie avec
raison : Exemple admirable d'une fidélité à toute
épreuve , dans la plus terrible des circonstances ! )
i4.. Cauchon et le vice-inquisiteur , sans prendre l'a-
vis des juges, déclarent que le pape est trop éloigné;
ils insistent sur un aveu, et Jeanne gardant le silence ,
ils prononcent la condamnation, où ils ont Timptidence
de dire qu'elle a refusé de faire au pape la soumission
qu'elle venait précisément de répéter. (^Y oy. Laçerdy,
112, ii3. )
i5. Jeanne interrompt la prononciation pour réité-
rer sa soumission à l'Eghse , et , dit-on , en même tems
à tous ses juges. On dresse une rétractation ou abjura-
tion qu'on lui fait prononcer. Ensuite, abusant de ce
qu'elle ne sait pas lire , on substitue à cet acte une autre
rétractation où on lui fait mettre la marque qm lui le-
234 NOTES DE JEATSÎîE dVrC.
naît lieu de seing , et où elle s'avoue coupable de fautes
qu'elle avait toujours désavouées.Onla relève aussitôt de
l'excommunication , et l'on commue sa peine en une pri-
son perpétuelle , au pain et à l'eau. (Voy. Laverdy, n^.
à 1 18 ; Lengkt , t. i , p. 195 à iqS ; t. 3 , p. i53; Darti^
gny, vij, 66.)
16. Reconduite en prison et toujours chargée de fers,
le vice-inquisiteur lui fait prendre des habits de femme
et laisser auprès d'elle ses anciens habits d'homme
Trois jours après (le 27 mai), selon ce qu'elle rap-
porta elle-même, les garder lui enlèvent les premiers
€t l'obligent par conséquent à se vêtir des autres. Cette
atrocité n'est point prouvée ; mais ce qui paraît incon-
testable , ce sont les violences que l'on tenta contre elle
<^lepuis le 28 mai , et qui la contraignirent de prendre
vin habillement sous lequel elle pouvait beaucoup mieux
se défendre. (Voy. Lm^erdy ^ 1 18 et suiv. , 434 et suiv. ;
Lengkt^ t. I , p. 196; ci-après ;/o/<? 385 bis.)
17. Le 28 mai^ les juges se hâtent de se rendre à la
prison pour se convaincre du crime que Jeanne vient
de commettre , et ils ont un entretien avec elle à ce
sujet. Le 29, ils rassemblent une partie de leurs com-
plices et condamnent Jeanne au feu , sans interro-
gatoire, serment, admonition, etc. Ainsi, selon la
remarque de Laverdy , p. i23, un instant d'une simple
conversation a suffi , sans autre forme de procès, pour
l'envoyer au plus affreux des supplices !
Note ^79) , p. go. Au mépris de toutes les lois
La Pu celle n'étant point de son diocèse, etn'ayanî
point été prise sur son territoire , ne pouvait être sou-
mise à sa juridiction. (Voy. Lenglei^ i. i , p. 129; Vol-
NOTES DE JEÂÎsî^E d'aRC. 235
taire , Dict. philosoph.^ mot Arc ; Villarei , xv , 4^2 ; La-
cer dy^ 5i40
Note ^^°) , p. 90. Une quarantaine d'ecclésiastiques ou
de moines....
Plus de cent y ont assisté, mais il en est un grand
nombre qui n'ont opiné que dans certaines parties de
la procédure. Laverdy , p. 142 à i55, en donne la liste
avec des éclaircissemens. Hume, vj , 201 , remarque,
avec satisfaction , qu'on n'y voyait qu'un seul Anglais
(le cardinal de Winchester, dont nous avons parlé plu-
sieurs fois).
Note ^^') , p. 91. ^ préparer l'assassinat...
« Sa mort fut un véritable assassinat prémédité et
3> exécuté sous l'apparence de l'ordre et de la forme
» judiciaire. » (^Laverdy ^ 4^3.)
Note 3^='), p. 91. Voilà ^ en effet., ceux dont se ser-
virent ., etc....
{^Voy. sur tout ce qui suit (au texte), ci-devant,
notes 379 et 38 1 , et note SyS , n" i3 à 16 , et les extraits
des réponses de Jeanne^ dopnés par Laverdy , p. 36 à 4^9;
et Lenglet^ t. i , p. 52 et i5o à 178. )
Ajoutons qu'elle était détenue avec une incroyable
rigueur , qu'elle avait toujours les fers aux pieds et aux
mains ; que dans ses interrogatoires l'infâme Cauchon
ne cessait de l'accabler d'injures grossières , de la me-
nacer du feu, etc. ; que Ton falsifia plusieurs des pièces
sur lesquelles on fondait les accusations , telles que ses
lettres aux Anglais ( Voy. ci-après 3^ Pièce justificative) ;
et finissons par citer le témoignage de l'historien le plus.
236
^^OTES DE JEANNE D ARC.
célèbre des Anglais, qui convient que tous les discours
de Jeanne montrèrent de la fermeté ; que , quoique
fatiguée d'interrogatoires continuels , elle ne donna au-
cune prise par sesréponses , sauf sur les révélations , etc.
( Voy. Hume ,vj , 201.)
le
[œurs ^f)TE 2^^) , p. 92, Fut que par sa sagesse elle était h mo-
!a Pucelle. '^^^^ ^^ -^ow sexe....
11 n'y a qu'une voix parmi les nombreux témoins
( ci-après , note 390 ) de ces procédures , sur sa piété ,
sa charité envers les pauvres, son humanité envers les
soldats malades ou blessés; la sévérité de ses mœurs,
sa bravoure, etc., etc. (Voyez-en le résultat dans
Laverdy ^ 33 1 à 336, exLenglet^ t. i, p. 212 à 218.)
Bornons-nous à un ténnoignage non moins sûr. Nous
avons déjà rapporté («0^^248, p. l'Sg) ce qu'en dit
Hume. Ailleurs , vj , igg , 200 , il traite le procès que
BeJfort fit intenter à Jeanne, « d'action qui, soit
j) qu'elle appartînt à la vengeance ou à la politique ,
« éloit également barbare et déshonorante. » Il ajoute
qu'elle était prisonnière de guerre , qu'elle n'avait
commis aucun acte de mauvaise foi ou de cruauté dans
ses campagnes, et aucun crime dans la vie civile ;
qu'elle avait observé, avec rigidité, la pratique des
vertus et les bienséances de son sexe ; — « que les An-
» glais n'ont jamais rien reproché à la pureté de ses
i> mœurs >> Plus loin , p. 214. , en parlant delà mort
de Bedfort , il déclare « que sa mémoire est sans tache,
» excepté l'exécution barbare de la Pucelle....» Smol-
lett, viij , 86 , déclare aussi qu'on ne peut justifier sur
ce point la conduite du régent..,. Enfin , Carte ( dans
Lengkt , t. 3, p. iSg ) , qui se tait sur l'iniquité atroce
NOTES DE JEÂ^^NE d'aRC. 287
du jugement , avoue que « la chasteté de Jeanne n'a
w jamais été révoquée en doute , même par ses plus
ï* grands ennemis;.... qu'on ne peut assez admirer son
w courage , etc. »
Quant à son humanité, Jeanne déclara, et aucun au-
teur n'a non plus révoqué en doute sa sincérité sur ce
point, que si elle portait une bannière , c'est qu'elle ne
voulait tuer personne, ni même se servir de son épée.
ÇVoj.Villaret, xiv, 38g, d'après le procès manuscrit.)
Note ^^■i), p. 92. Les hîstoi'iens de son tems..,.
Nous aurions dû dire tous les écrivains.... Hordal
rapporte des passages élogieux de cinquante-trois au-
teurs de lout genre, historiens, jurisconsultes, poètes, etc.
( Voy. aussi Lenglet , t. 3, p. là igS) , entre autres du
célèbre pape Pie 11 {Hordal, p. 37 ). — Voy. ci-après
1^^ Pièce justijicatwe , noie ij.
Note 2^^), p. 92. RéQélaiions... dont tout le monde ad-
mettait la possibilité....
Les juges et consulteurs se réduisaient à dire qu'elles
ne venaient pas de Dieu.... Mais , d'ailleurs , à quoi pou-
vaient-ils le distinguer ? Aussi plusieurs des consulteurs
avaient-ils eu soin d'ajouter à leur avis que , si les
révélations venaient de Dieu, il n'était pas permis de
les interpréter en mauvaise part. ( Voy. Laverdy , 5o
à 53.)
Note ^85 bis ) , p. 92. Précaution de prudence....
Ellereprit ces habitspourpouvoirmieuxse défendre...
Lorsqu'elle les avait quittés on avait essayé de lui faire
violence dans la prison.... M. de Laverdy , p. 439 , pré-
sente ce fait comme constant.
a38 KOTES DE JE AISNE d'arC.
Note ^^^) , p. 92. Par le plus horrible des tourmens ...
3o mai i^Si... Nous n'avons pas le courage d'en don-
ner les détails ; on peut les voir dans tous les historiens,
entr'autres dans Lenglet^ t. i , p. 199; Baudot^ t. 1,
p. 421 ; Villaret^ xv, 71 , xvj , Sgo.
Note %), p. 93. Aux batailles d'Anthon, de Germi^
giry , de la Croiselie et de Chappe....
La première se donna à Anlhon , sur les bords du
Rhône , au nord-ouest du Dauphiné , le 1 1 juin i43o.
Gaucourt, devenu gouverneur de celte province (et non
du Languedoc, comme le dit Yiliaret , xiv, 479) )' ^^^^^
l'armée ennemie composée de Bourguignons et de Sa-
voisiens, et commandée par le prince d'Orange. (Voy.
Thomassin ^ f. 104. et suiv. ) On trouve dans cet auteur
de grands détails * sur l'invasion du midi de la France,
que ce prince avait commencée, et qui fut arrêtée par la
victoire de Gaucourt. ( Yoy. aussi , quant à la bataille ,
Valbonnais, Hisl. de Dauphiné ^ t. 2, p. 62 à 65.)
La deuxième se donna à Germigny , près de Roie en
Picardie , et la troisième à la Croisette , près de Châ-
lons en Champagne. Nous n'en connaissons pas les
époques précises ; mais il paraît que celle de Germigny
eut lieu au commencement de novembre i43o, puisque
Monstrelet, t. 2 , f. 65 , qui en raconte les circonstances,
annonce indirectement que c'est peu de jours après le
siège de Compiègne, que les Français firent lever au plus
tard à la fin d'octobre. (Voy. Chartier , 4-2; Chronique
de France j 355 , v^ (ils disent que le siège dura six mois ,
et il avait commencé en mai ) ; Daniel, vij , 94 ; Lenglet,
* V. les ci-après à la 2^ Pièce justificatii^e.
IsOTES DE JEANNE d'aRC. 289
t. I , p. i3i; e.t suT-iout ancienne Chronique, notice des
Mss., ij , 3o8 (elle fixe cette levée au 25 octobre ).
Chartier, p. 4.5, parle de la bataille de la Croisetle,
dont un témoin oculaire vint lui faire le récit, à la lin de
son chapitre de l'an i4-3o ; et la Chronique de France^
f. 356 , 357 , la place avant le combat de Chappe ( près
Troyes) , qui eut lieu le i3 décembre i4.3o. (Voy. Dom
Plancher^ Hisl. de Bourgogne ( il en donne les détails) ,
t. 4- 1 P- 1 4^ , 1 4-3. ) Barbasan commandait dans ces deux
dernières actions , et toutes les quatre sont, comme ou
le voit , antérieures au jugement de la Puceile.
Note 2^^> , p. gS. A Vexemple de Dunois.,..
( Voy. Tripaut^ g3; Lenglet, t. i , p. 62 ; t. 3. p. 208;
Laver dy , 3i7 ; Dartigny^ ij , 5o. )
Ajoutons que vers ce miême tems, Xaintrailles , fait
prisonnier près de Beauvais, fut échangé contre Talbot,
qui lui était pourtant bien supérieur en grade comme
en mérite. ( Voy. Berry^ 384 ; Char lier , 47- )
Note ^^9) , p. q3. De n'cwoir rien à répondre pour Justification
Charles yil.... Charles vii.
M. de Laverdy a entrepris le premier de le justifier
(Voy. id. , p. 1 56 à 170 ) ; mais il ne se fonde presque
que sur des conjectures. 11 prétend , par exemple, que
Charles ne pouvait proposer un rachat ou échange,
parce que Henri VI, comme chef de guerre , avait le
droit de ravoir un prisonnier quelconque, en donnant
dix mille francs.... Admettons que ce drofit soit aussi
bien prouvé qu'il l'est peu (quoi qu'en dise l'auteur) ,
est-il bien sûr qu'un Luxembourg , après avoir acheté
Jeanne , eût refusé de la revendre à celui qui en aurait
24o ÎJOTES DE JEANNE d'arC.
donné le prix le plus considérable ? Ce Luxembourg ,
sujet du duc de Bourgogne , aurait-il été retenu par la
crainte de mécontenter Henri qui , alors , devait tant
de ménagemens aux Bourguignons? Le contraire ré-
sulte de la lenteur de la négociation. Dès le 14. juillet,
Caucbon avait offert les dix mille francs (ci-devant
note 378 , n» 3, p. 23o) , et ce n'est qu'après le 3 jan-
vier , au bout d'environ six mois , que le marché a été
conclu.... Enfin, tant qu'il n'était pas conclu , Charles
pouvait racheter Jeanne , sans que Luxembourg vio-
lât ce prétendu droit de Henri vi ; et il s'écoula sept
mois et demi depuis la prise de la Pucelle jusques à
sa remise entre les mains de l'évêque de Beauvais....
Mais, pour trancher toute difficulté, où sont les dé-
marches que Charles a faites, soit pour ravoir Jeanne,
soit pour empêcher son supplice.^ On n'en cite pas une,
et tous les historiens se fussent empressés de rapporter
et même de louer tout ce qu'aurait entrepris le conseil
du roi , s'il avait seulement essayé la mesure la plus in-
signifiante.*
Note ^ô*^), p. g3. Sur des actes judiciaires....
C'est ce qu'on nomme \q procès de révision qui com-
mença en 1452 , fut aussitôt interrompu , et ensuite re-
* Voici une nouvelle preuve de la bonne foi de Jeanne. Si la
cour Veut formée au rôle qu'elle joua, n'aurait-on pas employé
toutes les mesures imaginables pour la délivrer ? Ne devait-on
pas craindre en effet, dans cette supposition , que Jeanne , soit
par un juste ressentiment de se voir sacrifiée , soit dans l'espoir
d'échapper au supplice , ne dévoilât tout ce qui se serait passé
(et combien les Anglais auraient tiré d'avantage d'un tel aveu!).
Néanmoins pendant la procédure elle fit constamment l'éloge
du roi. ( Voy. ci-devant noie 878 , x\9 i3.)
24 I
pris en i4-55. ( Voyez-en les détails dans La\?erdy^ 209
et suiv. , 247 à 54-1. — Voy. aussi Lengkt , t. i , préf. ,
p. 27 et suiv. ) On y entendit cent quarante-quatre té-
moins.... Nous avons indiqué, Jiote 242 , n** 2 , p. 180,
la profession de trente-quatre d'entr'eux ; parmi les
autres , on voit des princes du sang et généraux (le duc
d'Alençon , Dunois , Gaucourt), des évêques , des
prieurs , curés , théologiens , présidens , avocats , bour-
geois , etc. , etc.... On rendit ensuite un jugement par
lequel on déclara que dans le procès de condamnation
tout est faux, captieux, plein de calomnie, de ma-
lice , etc. (Voy. aussi Laverdy^ 4^0 ^^ ^^^ '■> Daniel^ 100
et suiv. )
Note ^O'), p. 94. Au lieu d'une vaine procédure....
N'oublions pas, toutefois, que Charles vu avait
accordé à Jeanne et à sa famille des lettres de noblesse.
(Voy. Lcnglet , t. i, p. 128; t. 3, p. 280; et ci-devant ,
note 243, n° II , p. i85. )
Note 39-) , p. 94. Des écrimins de son pays.... Imputalîons
Dubelley- Langey et Duhaillan , écrivains des i6« des auteurs
„ •> 1 T • • 1 -1 modernes,
et 17^ siècles. JLes critiques de ces auteurs sont dans
Lenglet., t. 3 , p. i65 et suiv., 171 et suiv Elles ne
sont fondées que sur des ouï-dire.... Lenglet les a dis-
cutées et réfutées. ( Voy. aussi Berihier, 480. )
Celles des écrivains du 18^ siècle n'ont pas plus de
fondement et ne méritent pas une réfutation. * Nous
* Telles sont celles de l'auteur de l'article Vaucouleurs du
Dictionnaire de géographie moderne de l'Encyclopédie par
ordre de matières , article qui presque d'un bout à l'autre est un
tissu d'erreurs.
16
242 Î^OTES DE JEAKNE d'aRC.
dirons pourtant un mot d'une imputation de l'abbé
d'Artigny ( t. 2 , p. 52 ; t. 7 , p. Sj et suiv.) , répétée ou
puisée à la même source par Voltaire (^DicL philosoph. ,
mot Arc ) , Beaumarchais , le marquis d'Argens et l'é-
diteur du journal de la Haye (ces trois derniers cités
par d'Artigny , vij, 63 à 65 ) , parce que Polluche, qui
leur a répondu ( même t. 7, p. 57 et suiv.) , a omis les
observations les plus essentielles.
Selon d'Artigny, Beaumarchais , etc. , Jeanne avait
été formée, avec trois autres filles , au rôle qu'elle rem-
plit , par un cordelier royaliste , nommé frère Richard ,
qui , pour exercer sur elle une plus grande influence,
lui donna trois fois la communion , le jour de Noël , à
Gergeau On cite sur tout cela le témoignage unique
du journaliste de Paris.
1°. Le journaliste ne mérite aucune confiance ; c'est
le plus fougueux partisan des Bourguignons qu'on ait
connu. Jusqu'à la reprise de Paris , en i436 , il ne
distingue le roi et ses partisans que sous la dénomina-
tion d'ArminaSj et il les accuse de toutes les horreurs
imaginables.
2°. Ce n'est pas le journaliste qui fait l'imputation ;
c'est (croirait-on que Voltaire et d'Argens se fussent
fondés sans s'en douter , il est vrai , sur une semblable
autorité? ) c'est un inquisiteur... Le journaliste rap-
porte, pages 14.1, i4-2, un extrait d'un sermon pro-
noncé à Paris par ce misérable , un mois après * le
supplice de Jeanne , et qui est rempli d'accusations ca-
lomnieuses et démontrées matériellement fausses.
* Le jour de Saint-Martin le Bou'iWant (Journ. de Paris,\^i.)f
correspondant au 4 juillet. {j4rt de vérifier les dates, éd. de 1770 ;
NOTES DE JEANNE d'aRC. 243
3°. Nous avons montré (wofe24-3, n» 12, p. 186)
qu'il n'y eut aucun moment où la cour ait pu vrai-
ment former Jeanne à son rôle. Frère Richart eut-il plus
de loisir? Il venait de Jérusalem; il arrive à Paris vers
le 12 avril 1^29 {^Journal, p. 119) , et il n'en part qu'a-
près la levée du siège d'Orléans , coïiime nous l'ap-
prend le journaliste lui-même , p. 121 et 122... Com-
ment a-t-il pu inspirer à Jeanne un dessein qu'elle
avait communiqué à Baudricourt plus d'une année aupa-
ravant? Comment put-il exercer de l'influence sur elle
lors de l'expédition d'Orléans, pendant toute la durée
de laquelle il demeura à Paris ?
4°. On ne parle plus de frère Piichard après son dé-
part, jusqu'à la prise de Troyes, c'est-à-dire jusqu'au
commencement de juillet 1429. Il était dans cette ville
et tenait par conséqi^ent le parti <\e.s Bourguignons; il
y essaya même d'exorciser Jeanne. (\ oy. Lenglel , t. i ,
p. 102.)
5°. Il paraît que ce moine changea alors de bannière
Il accompagna l'armée de Charles dans son expédition
de risle-de-France ( Voy. le texte , p. 'j^ et suiv. ) , et
prêcha en sa faveur. Le journaliste de Paris , p. 124 , se
plaint de ces démarches , mais ne dit rien de plus.
6". La triple communion de Gergeau , si elle est
vraie, ne signifie rien en cette occasion , parce qu'elle
ne put avoir lieu qu'à Noël 1429 , HUIT Mois après la
levée du siège d'Orléans , Gergeau n'ayant été repris que
le 12 juin précédent sur les Anglais, qui l'occupaient
depuis le 5 octobre 1428. (Voy. ci-devant le ^ea;/ô,
p. 74 ; Pollue he , p. 60 ; Hist. de la Pucelle , p. 5oo ; ci-
après , Explication de la carte 2.^ , note 42 , p. 263.)
ip". Quant aux prétendues compagnes que le véné-
*l44 NOTES DE JEAISNE d'aRC.
tablé inquisiteur donna ensuite à Jeanne d'Arc, le
journaliste de Paris nous apprend seulement, p. i34.i
que l'une de ces femmes fut brûlée à Paris le 3 septem-
bre i43o , et qu'elle faisait l'éloge de Jeanne.
Et voilà des argumens îrrésist'ihles que la bravoure et
les exploits de Jeanne sont du's à frère Richard!
Note ^9^), p. gS. La ville.... célèbre depuis celle èpoqut
une fêle...,
(Voy. Luchet^ p. 4*4» 4ï5; Laperdy , p. 219; Len-
glet, t. 3 , p. 259 et suiv. ; Daniel, vij , 67. — Voy. aussi
Polluche , p. m.)
Note ^9^) , p. gS, Lui a érigé un trophée...,
(Voy. Luchel, p. 67, ^16; Expilly , 352. — Voy.
aussi Polluche , p. 108. ) Il en est de même de la ville de
Rouen. (Voy. Daniel., vij, 104 ; Belbeuf, Recher-
ches , etc. , dans la Notice des Mss. , t. 3 , p. SSg. )
Le premier monument érigé (en i458) dans Orléans ,
à Jeanne d'Arc , est décrit et gravé dans les Antiquités
nationales de M. Millin , t. 2 , art. 9. Il a été détruit
depuis la publication de cet ouvrage (en lygS), et on
lui a substitué (en io85) une statue de bronze , qui est
aussi gravée et décrite dans l'intéressant Voyage au
midi de la France, du même auteur, t. 4 » p. 795.
L'un et l'autre sont également décrits aux pages 4^2
et suivantes d'un ouvrage récent de M. Chaussard , in-
titulé Jeanne d'Arc , ou Recueil historique et complet, etc.
(Orléans, 1806), que nous n'avons connu que pendant
l'impression du nôtre , et où l'on trouve : 1° un coup-
d'œil rapide (24 p^ges) sur le siècle de Charles vil ;
2.^ une analyse étendue du grand travail de M. de La-
NOTES DE JEANNE d'aRC. 2.^5
verdy, que nous avons cité si souvent; 3° un catalogue
bibliographique raisonné, instructif, et plus complet
que celui de Lenglet, des ouvrages en tout genre, soit
imprimés, soit manuscrits, où il est question de la
Pucelle; 4-° une notice des portraits, gravures et mo-
numens qui la concernent.
Au surplus , la statue de Jeanne et les autres figures
du monument détruit en 1793 ne dataient que du
16^ siècle. Elles avaient été substituées en 1571 aux
ligures primitives, brisées lors des guerres civiles reli-
gieuses en 1567. La destruction de celles-ci est d'autant
plus fâcheuse, que, selon la remarque de M. Chaus-
sard , p. 4-4-2 et 4-52 , sculptées vers i458 , à une époque
très-rapprochée du tems de Jeanne d'Arc, sa statue
devait reproduire ses traits avec exactitude.
Le même auteur, p. 458 et suiv. , donne une liste des
souscripteurs qui ont fait les frais de la statue de i8o5,
ouvrage distingué de M. Goix.
FIN DES NOTES.
EXPLICATION DES CARTES
•w-wx/vi
CARTE r,
ou CARTE VISUELLE DU SIÈGE D'ORLÉANS.
§ i*"^. Observations.
On a déjà indiqué, note i , n" 3, p. 99, les données
qui ont servi à dresser cette carte. Elle est simplement
visuelle , et réchelle qu'on y a jointe ne doit être regar-
dée que comme un moyen d'en apprécier les distances
avec quelque approximation. Néanmoins , on croit que ,
vu les soins qu'on a apportés en la composant , elle suf-
fira pour entendre tout ce qu'on dit du siège d'Orléans ,
soit dans l'ouvrage précédent, soit dans les auteurs
contemporains.
§ 2. Bastilles.
La position de plusieurs d'entr'elles n'a pu être dé-
terminée avec rigueur. On ignore le nom de celle du
n« 3 1 de la carte, qu'on a placée à ce lieu, parce qu'il
est dit positivement , dans V Histoire de la Pucelle^ p. 5oo
et Soi du Recueil de Godefroy, et f. i32duMss.B.R. ,
n» 10,297, que les Anglais en établirent sur tous les che-
mins passans. * Il en est de même d'une autre dont on
* On rapporte d'ailleurs ( Voy. Tn'paut ^ 83 à 8S) qu'un
corps d'Anglais se logea d'abord aux environs de la croix de
Fleury ( n° 4^ ^^ l^ carte ) , et que plusieurs jours après , les
Français se portèrent jusqu'à cette croix pour protéger des
marchands qui se rendaient à Orle'ans , et à la marche desquels
les Anglais mettaient obstacle ; ce qui annonce que les Anglais
s'e'taicnl ensuite établis entre cette croix et Orléans.
CARTE VISUELLE
DU SIEGE nORLÉAJVS
en 140-8 e^j.42,9.
'^
■0
C-eÂefâ de. mnlmn ^ '^ °Ti>ùi
"Q.
B'^.
'i^r>. ••■.■.-■- a'
58+24
4.7 û 64,
s* n 18.
^ . J . . Z, ^/a.,..
s. X-oty»
CAllTE PREMIÈRE. 247
n'a pu non plus fixer précisément l'assiette ; mais elle
devait être ou au n" 28, ou au n" 3o. On a aussi quel-
que raison de penser que la bastille de la Croix-Bois-
sée était vers le n° 26. Quant à celle du Colombier, il
est fort probable quelle était au n° 27 , parce que les
Anglais de sa garnison faisaient des excursions et li-
vraient des combats aux Orléanais aux environs du
colombier Turpin, qui, d'après ce qu observait Mi-
quellus au siècle suivant ( Yoy. Aurelîœ ohsidlo , etc. ,
p. 26, édit. de i56o), était dans le lieu qu'occupe à
présent la rue du Colombier, n" 22.
L'incertitude qu'on a éprouvée sur l'emplacement de
ces diverses forteresses \âent de ce que l'bistoire déjà
citée ne les nomme pas dans l'ordre où elles devaient
être entr'elles. A l'égard des autres bastilles , on croit
les avoir très - approximativement placées aux lieux
qu'elles occupaient.
§ 3. Désignations.
On verra dans l'Explication ci-après , § 5 , les divers
édifices , forts , etc. , désignés sur la carte. Obligé de
travailler sur une échelle fort petite , on s'est borné à y
marquer les points utiles à l'histoire du siège d'Or-
léans.
§ 4- Eglises brûlées.
Voici les noms des églises de la rive droite que les
Orléanais brûlèrent ( Voy. ci-dev., noie 216, p. iG5 ), et
dont parle Tripaut , p. 1 1 et i5 : Saint-Aignan, n° 5o de la
carte ; Saint-Michel , n** 5i ; Saint-Aux, ou Saint- A vit
( aujourd hui le séminaire. Voy. PoUuche , 127 ) , n" 54- ;
chapelle du Martroy , n» 55 ; Saint- Victor ^ au faubourg
de la porte Bourgogne , n*^ 52 ; Saint-Michel-sur-les-
248 EXPLICATION DES CARTES.
fossés, n» 56; les Gordeliers (depuis, les Récollets),
n» 60 ; les Jacobins , n° Sy ; les Carme^ , n° 59 ; Saint-
Mathurin , n0 23 ; Aumône-Saint-Pouaire , ii« 58 ; Saint-
Laurent , n« 25; Saint-Loup, n» 82; Saint-Marc,
n" 4-2 ; Sainte-Euverte , n» 18; chapelle Saint- Aignan,
11» 53; Saint- Vincent-des- Vignes , n" 4.1 ; Saint-Ladre
ou Saint-Lazare , n» 4-6 ; Saint-Pouaire ou Saint-Pa-
terne, n» 24; la Madeleine, n« 27; Saint - Gervais
( aujourd'hui Saint-Phallier V. Poliuche, 19 et i53) ,
§ 5. Explication des numéros de la Carie visuelle.
I , 2 , 3, 4î ^t ^1 7? 8, 9, 10 et II. Enceinte d'Or-
léans au tems du siège.
12, i3, 14., i5, 16, 17, 18, 19, 20, 8,9, 10, n
et I... Enceinte actuelle.
1. Notre-Dame de Recouvrance.
2. Porte etboulevart Renard.
3. Porte et boulevart Banier ( ancienne ).
4.. Poterne Saint-Samson.
5. Porte Parisis.
6. Evêché.
7. Porte Bourgogne (ancienne).
8. Poterne de la tour Neuve.
9. Tour Neuve.
jo. Poterne Chesneau.
II. Le Châtelet et porte du Pont ( ancien ).
12. Jardin de la ville et jadis porte de Saint-Laurent.
i3. Porte et faubourg Madeleine.
14. Porte et faubourg Saint-Jean.
i5. Porte Banier actuelle.
i6. Porte Saint-Vincent actuelle.
CARTE PREMIÈRE. 2^9
17. Porte Sainte-Euverte (murée depuis ).
18. Sainte-Euverte.
19. Porte Bourgogne actuelle, à l'extrémité de l'an-
cien faubourg. (Auprès est Notre-Dame
Duchemin, qui était jadis la chapelle Saint-
Aignan. — V. Expilly^ 345 ; Polluche. , 121. )
20. Tour de la Brebis.
21. Croix ?dorln.
22. Rue du Colombier.
23. La Visitation , jadis Saint-Mathurin.
24. Saint-Paterne , nommé jadis Saint-Pouaire. *
25. Bastille de Saint-Laurent,
26 et 27. Bastilles de la Croix Boissée et du Co-
lombier.
28 et 3o. Dans l'un de ces points devait être une
bastille. {Voy. ci-devant, § 2 , p. 24.6.)
29. Bastille de Saint-Pouaire.
3i. Ici devait être une bastille. (F. même §2, p. 246.)
32. Bastille de Saint-Loup.
. 33. Idem de Saint-Jean-le-Blanc.
34- Idem des Augustins.
35. Boulevart des Tournelles.
36. Les Tournelles.
37. Bastille du champ de Saint-Privé.
3*8. Idem de l'île Charlemagne.
39. Boulevart de la Belle-Croix de l'ancien pont.
40. Mottes des Poissonniers et de Saint-Antoine. **
4i . Saint- Vincent-des-Vignes , paroisse et faubourg.
* Les Anglais de la garnison de Saint-Pouaire (n» 29) ve-
naient faire le guet près de cette e'glise. (Voy. Tripaut, 92.)
** Cette île a été détruite lors de la construction du pont
actuel.
25o EXPLICATION DES CARTES.
4.2. Saint-Marc , paroisse.
43. L'Orbette. *
44- Isle qui était vis-à-vis Saint- Aigu an.
4.5. La Croix de Fleury.
46. Les Chartreux, jadis St-Lazare ou St-Ladre.
47. Saint-Phallier, jadis Saint— Gervais.
48. Le pont actuel.
49. Les trois faubourgs du Portereau.
50. Saint-Aignan.
5i. Saint-Michel.
52. Saint-Victor, faubourg de la porte Bourgogne.
53. Chapelle de Saint-Aignan.
54. Saint-Aux (ou Saint-Avit).
55. Chapelle du Martroi.
56. Saint-Michel-sur-les-Fossés.
57. Les Jacobins.
58. Aumône-Saint-Pouaire.
59. Les Carmes.
60. Les Cordeliers ( depuis, les Récollets).
* Les Anglais de la garnison de Saint-Loup ( n® 82 ) venaient
faire le guet à l'Orbette, — (Voy. Tripaui , 80; Guyon, Histoire
da diocèse d'Orléans j p. 316.)
H^
^^^^"*37l /V° / y THEATRE oje la GUERRE
AU TEMPS Je CHARLES VI et
^ T o I siy j - "I Je CHARLES' Vil etfurtout de
JEANNE dXRC
B.S.Hlr^^
EXPLICATIO^" DES CARTES. 2.5 I
CARTE ir,
ou CARTE DU THEATRE DE LA GUERRE
^11 tems de Charles vi et de Charles vu , et sur-tout de
Jeaî^ne d'Arc.
ARTICLE PREMIER.
Obserçations générales.
Cette carte contient la position de tous les lieux dont
il est question dans notre ouvrage ou dans l'itinéraire
de l'article deuxième. * Elle a été dressée sur la carte de
Hérisson pour les positions principales , les limites
des provinces et les villes. On y a ajouté les bourgs ,
villages et châteaux omis dans la carte de Hérisson à
cause de son peu d'étendue ; mais à un petit nombre
d'exceptions près , et afin d'éviter de la confusion , on
n'y a point compris les villes non citées dans notre ou-
vrage.
On répétera ici ce qu'on a déjà observé au sujet de
la première carte. Quelque soin qu'on ait apporté à
celle-ci , on ne la présente point comme un modèle
de précision géographique ; il suffisait, pour notre ob-
* Excepté loles bourgs , etc. , que lede'faut d'espace n'a pas
permis d'y placer ( mais on indique dans l'ouvrage les villes de
la carte dont ils sont voisins ) ; rio la partie méridionale de la
France .
2^2 EXPLICATION DES CARTES/
jet , que les positions y fussent fixées avec quelque
approximation.
iV. B. Les limites des provinces sont indiquées par de très-
petits points ( ) ; l3 route suivie par Jeanne d'Arc, par
des points alonge's, ou traits d'union ( ).
ARTICLE II.
Itinéraire des voyages ou expéditions de Jeanne d'Arc.
Voici un ouvrage entièrement neuf. Il est néanmoins
si utile pour donner une idée juste des travaux de Jeanne
d'Arc et de l'expédition la plus importante de Char-
les VII, qu'il est étonnant qu'on ne l'ait pas essayé
jusqu'à ce jour. Il est vrai que le tracé de cet itiné-
raire offrait de grandes difficultés. Les anciennes Chro-
niques sont incomplètes et souvent inexactes. Aucune
d'elles n'indique toutes les stations , et lorsqu'elles en
énoncent de semblables, plus d'une fois elles leur don-
nent des dénominations différentes, et varient sur leurs
époques , ou n'en indiquent point de précises. Presque
toutes omettent les stations intermédiaires. Enfin , les
indications sont rares , éparses , et en quelque sorte
noyées dans les volumes où l'on est obligé de les cher-
cher.... Toutes ces observations s'appliquent aux procès
de Jeanne d'Arc Il a fallu, pour se tirer de ce laby-
rinthe , user encore de la méthode indiquée ci-devant
à la noie V^^ n° m, p. 99, c'est-à-dire comparer soi-
gneusement toutes les relations, soit entr'elles, soit avec
des calendriers , des cartes , etc.
CARTE DEUXIEME.
25:
CALEÎ^DRIER
ANCIEN.
Mai.
Milieu
de mai.
1429.
Fév.
Avant
ses
expéd.
1428.
Mai.
Milieu
de mai.
Fe'v.
1429.
1428.
Fin
Fin
de fév.
de fév.
et 1"»
et lers
jours
jours
de mars.
de mars.
§ i^'^. Voyages aux environs de
Domrémy.
lieues.
1. DeDomréiïiyàNeuchâteau;
de Neufchâteau à Toul ; de Toul
à Neuf château ; de Neufchâleau à
Domrémy (i).
2. De Domrémy àVaucouleurs,
et retour , deux voyages (2).
3. De id. à Nanci, et retour (3).
4. De id. à Vaucouleurs, troi-
sième voyage (4)-
S 2 . Voyage à la cour de Charles vu.
5. De Vaucouleurs à Chinon,
i» en traversant beaucoup de ri-
vières , savoir (5):rOniain, le
Saux, la Marne, l'Aube, l'Ar-
mançon , le Serain , l'Yonne , le
Douant, le Loing, la Loire, le
Cher et l'Indre ; 2*' en passant par
Saint-Urbain ; ensuite près d'Au-
(i) Sur ces voyages, voyez ci-devant notes "xù^, 1104 > ^t ^4^»
n<» 2 , pages 181 et 179.
(2) Voyez note 2^3 , n*^* 4 > 7 ^* ^ •
(3) Voyez note 243, n° 9 , p. 184.
(4) Voyez note 24^ , no 10 , p, 184.
(5) Ces rivières sont indiquées ici dans leur ordre naturel ,
de l'orient à l'occident , de sorte qu'il sera facile de trouver
sur la carte celles dont I9 défaut d'espace n'a pas permis d'y
graver le nom.
254 EXPLICATION DES CARTES.
CALENDRIER lieues,
xerre ; enfin par Gien et Sainte-
Calherine-de-Fierbois (6). io4.
6, De Chinon au Coudray, et
jours du Goudray à Chinon (7). 6
1429.
jers
jours
de mars.
de mars.
(6) Le premier jour , Jeanne vint coucher à l'abbaye de Saint-
Urbain. {Réponse à son a* interrogatoire dans Luchet^ 38i.)
Sa route depuis Saint-Urbain jusqu'aux environs d'Auxerre a
été tracée par conjecture et d'après ce qu'observent les auteurs
ou témoins (Voy. nofe 243, n» 11, p. i85 ; Lacerdy , 3o3 ;
Zen g! et y i , 25 ; Tripaut ^ 49*» Histoire de la Pucelle , 5o5 ;
Belle forêt y 337 ) , qu'elle fut obligée de traverser plusieurs ri-
vières , et de faire beaucoup de détours pour éviter les places
ennemies, etc.
L'Histoire de la Pucelle {d. p. 5o5 ) ajoute qu'elle passa par
Auxerre « et plusieurs autres villes , villages et passages des
» pays ennemis. . sans aucuns empêchemens » Nous croyons
qu'il y a ici une faute d'impression ou de copie , et qu'il faut
\\vç.près2i\x lieu de. par. Il n'est pas vraisemblable qu'un cortège
de sept personnes ( Lenglet , i , 24 , ) armées eût pu passer
sans obstacle dans des villes de guerre. En conséquence, nous
avons tracé la route /?a<?j^ d'Auxerre et d'autres villes, et non par
Auxerre , etc.
D'Auxerre elle passa par Gien ( ici elle arrivât dans les
villes soumises au roi). — Danois dans Laverdy , 352, note 26.
De Gien, nous présumons qu'elle se dirigea sur Loches , par
Romorantin , Selles et Saint-Aignan , parce qu'elle parcourut
dans la suite la même route (Voy. ci-après n^ i4 et note 17 ,
p. 257 ) , qui, au reste , est à-peu-près en ligne directe.
Elle passa ensuite à Sainte-Catherine de Fierbois avant d'arri-
ver à Chinon. (Voy. Belleforèt, 35o ; Villaret^ xiv, 383.)
(7) Après son arrivée à Chinon , elle fut d'abord logée au
château du Coudray, ou elle reçut plusieurs cisiles. {Laperdy,
CARTE DEUXIEME.
2bb
CALENDRIER
ACTUEL.
1429.
Fin
de mars
et com*
d'avril.
Idem.
1428.
Fin
de mars
et 1429,
commt
d'av. (8)
Idem.
lieues,
7. De Chinon à Poitiers (9). 16
8. De Poitiers à Chinon.
§ 3. Expédition d'Orléans.
g. De Chinon à Tours ; de
Tours àBlois (10).
9 bis. De Blois à Chinon par
Tours, et retour à Blois (11).
22
44
3o6.) Quant à l'époque de son arrivée, voy. note ^i^Z , n» 12,
p. 186.
(8) Pâques, ou le premier jour de l'an 1^29, était le 27 mars.
{Tr/paut y 73.)
(9) Voyez dite nofe , ^43 , n^ 12.
(10) Voyez Laçerdy, 3 14 et 3i5; Lengîet ^ i, 5i.
(11) Lorsque Jeanne quilla la cour pour se rendre à Blois et de
là à Orléans, la cour était à Chinon. Nous avons dit (^notei!^,
no 12) que l'époque de son départ n'était pas précisément con-
nue. 1° Lenglet, t. i , p. Sg , fixe son voyage à Blois au 18 ou 19
mars, a*» Tripaut, p. 69, la dit arrivée dans cette ville le aa.
3® La lettre qu'elle y écrivit aux Anglais (Voy. Hist. de la Pue. ,
3o8 ; Tripaut ^ 6g; Belleforét ^ 338; Lenglet , t. i , p. 52 ) est da-
tée du mardi ou du samedi-saint, c'est-à-dire ou du ii
ou du 26 mars. ( On l'a jointe ci-après, à la Z^ pièce justifi-
cative , n» 4 )• 4° I' résulte d'un interrogatoire subi par Jeanne
le 10 mars i43i ( calendrier actuel ) , qu'elle était auprès de Chi-
non dans les premiers jours d'avril 1429, puisqu'elle y fixe cetle
station à deux années avant l'interrogatoire, et au mois d'avril,
immédiatement après Pâques ( \ oy. Lenglet ^ t. i , p. iSg ; La-
verdy, 6g) , et que Pâques de i^ag était le 27 mars, 5» Elle de-
256 EXPLICATION DES CARTES,
CALENDRIER
ACTUEL.
1429.
Fin
d'avril.
ANCIEN.
lieues.
1429. 10. De Blois à Orléans par la
d'avril. Sologne, ou le midi de la Loi-
re (12). i3
vait même y être encore le 21 avril matin , d'après les lettres-
patentes du même jour, citées dans un compte (Voy. Godefroy,
p. 007 ), et où l'on ordonne de payer 100 livres à l'un de ses
officiers pour les frais faits à Chinon ^\ ^oxsx ceux à faire au
çoyage quils avaient lors intention de faire.... pour le secours
d'Orle'ans. 6» Il résulte aussi de la narration de M. de Laverdy,
p. 3i5, fondée sans doute sur quelque déposition, que Jeanne
n'arriva à Blois que vers le 23 avril. ( Il annonce, en cflet,
qu'elle y resta trois jours , et qu'on en mit autant à se rendre
à Orléans ; or , on arriva le 29 à Orléans, )
Ces diverses leçons , si contradictoires au premier aperçu ,
se concilient très-facilement, en admettant, comme nous le
faisons au texte , n» 9 bis , pag. 255 , que Jeanne a fait deux
voyages à Blois , l'un après le 18 mars , l'autre après le 20 avril.
Pendant le premier, elle aura commandé ses bannières ou éten-
dards à Tours ( ils y furent faits et peints , suivant le compte
indiqué ci- devant, note 3ii , p. 209), et aura adressé (de
Blois ) ses lettres aux Anglais. N'en recevant pas de réponse
(ils retinrent même son héraut Voy. ci-dev. p. 93), elle
sera revenue à Tours, où elle aura pris les étendards, et de là,
pour demander les ordres du roi , à Chinon , d'où elle sera re-
partie le 21 avril soir ( après le paiement fait à son écuyer ) pour
Blois, où elle sera arrivée le 23 soir.
Au reste , ceci prouve encore que si Jeanne fut un instru-
ment de la cour , on eut bien peu de tems pour la former au
rôle brillant qu'elle remplit si bien. (Voy. d. note 243^
no 12 , p. 186. )
(12) Voy. Tripauty 88; Histoire de la Pue e île ^ 5io; Chron.
da France j 338, v^j Lenglet , i , 60.
CARTE DEUXIÈME.
25'
CALENDRIER
ACTUEL.
1429.
Mai.
. 9 ,.
jiisqu a
latin
du mois.
Idem,
Juin.
Premrs
jours.
1429.
^Jai.
. 9 „
]usqu a
la fin
dumois.
Idem.
lieues.
11. D'Orléans aux environs de
Pathay, dans la Beauce , et retour
à Orléans (i3); ensuite, attaques
diverses des bastilles , etc. (i4)- 10
12. D'Orléans au-delà de Lo-
ches (i5), et retour à Loches. 35
i3. De Loches à Tours ; de
Tours à Loches (16). 20
Juin. i4- De Loches à Saint-Aignan ;
Premrs ^^ Saint-Aifirnan à Selles ; de Sel-
jours. "
les à Romorantin ; de Romoran-
tin à Orléans (17). 29
(i5) C'était pour aller au-devant du second convoi. ( V. ci-
dev. texte , p. 65, et note 274 , p. 199, et les auteurs de Idi note 12,
page 256.) Lenglet , t. i , p. 64, prétend , sans citer d'autorité,
qu'il fut , comme le premier, amené par la Sologne. C'est une
erreur. Tous les auteurs s'accordent à dire que ce fut par la
Beauce, et la Chronique de France, 338, vo, ajoute, qu'on
l'amena jusques vers Pathay.
(i4) Voyez ci-devant texte , p. 65 et suivantes , notes 276 à
309 , p. 199 et suivantes.
(i5) ^0/. sur ce voyage , ci-devant, note 3ii, p. 208.
(16) L'Histoire de la Pucelle , p. 5i5 , et Tripaut , p. ii5,
indiquent plusieurs conseils tenus à Tours , d'où Jeanne dut re-
venir avec le roi à Loches , parce qu'il paraît par la lettre de
Gui de Laval, citée à la fin de la note 3ii, p. 208, qu'elle pré-
cédait le Roi, dans sa marche , à-peu-près d'une journée.
(17) Voyez la même lettre, la note précédente, et d'Alençon
dans Lacerdy, p. 363 , note 49- Jeanne partit de Selles le 6 juin,
17
'58 EXPLICATION DES CARTES.
CALENDRIER
1429.
Juin.
II et 12.
i3
et jours
Fîn
de juin.
Idem.
ANCIEN.
1429.
Juin.
II et 12.
et jours
suivans.
Fin
de juin.
Idem,
§ 4^. Expéditions des environs d^Or-
lèans , et bataille de Pathay.
lieues.
i5. d'Orléans à Gergeau, qui
fut pris (18). 4
16. De Gergeau à Orléans. 4
17. D'Orléans au pont de Meun
(prise). 3
18. Du pont de Meun à Beau-
genci (prise). 2
19. De Beaugenci à Pathay
(bataille). 7
20. De Pathay à Jenville (prise)
et environs (19). 5
21. De Jenville à Orléans (20). 7
22. D'Orléans à Sully ; de Sully
à Saint- Benoît- sur -Loire; de
Saint-Benoît à Châteauneuf; de
Châteauneuf à Sully ; de Sully à
Orléans; d'Orléans àGien(2i). 44
( Elle y était au moins depuis le trois. ) Même lettre y p. SgS ,
896.
(18) Voyez les autorite's de la note 020, ci-devant p. 206.
(19) Pour les voyages ou expéditions des n^s 16 à ao, voyez
ci-devant le texte , p. 74 , et les autorités de note Z11 à 826 ,
p. 207 et suivantes.
(20) Aboyez Tripaut , i32 ; Histoire de la Pucelle , 5 18 à la fin.
(21) Tous CCS voyages sont indiqués par l'Histoire de la Pu-
celle, p. 519, à l'exception de celui de Salnt-Benoit-sur-Lolre ,
dont parle le président Cliarle (dans Laçcrdy^ p. 3()7, note 58).
CARTE DEUXIEME.
269
CALENDRIER
1429.
39 juin
au
17 juin.
20 juill.
jusque
au
i3 août.
ANCIEN.
§ 5. Expéditions pour îe sacre de
Charles Vli.
lieues.
29 juin
au
sS.DeGien à Auxerre, d'Auxer-
re à Sainl-Florentin ; de Saint-
17 juill. Florentin à Troyes ; de Troyes à
Châlons-sur-Marne ; de Châlons
à Sepsaux (22); de Sepsaux à
Reims (23), en traversant ainsi
le Loing, le Douant, l'Yonne , le
Serain, l'Armançon, la Seine,
l'Aube et la Marne (24.).
§ 6. Expéditions de Vlsle-de-
France , de la Brie et environs.
24. De Reims à Saint- Mar-
coni ou Corbény (2 5) ; de Saint-
59
20 juill.
jusque
au
i3 août.
Il fut te'moîn , dit-il , d 'exhortations faites au Roi pér Jeanne ,
à Saint-Benoît, relativement à son sacre... Cela n'a pu se passet
que dans un des voyages de Sully à Châteàùneuf , Saint-Benott
étant situé entre ces deux villes.
Dans cet intervalle (le 26 juin), Tamiral de Giilant as-
siégea et prit Bony-sur-Loire,
(22) SepsauK , château de l'archevêque de Reims.
(23) Quant aux détails de cette expédition de Gien à Reims,
pendant laquelle les villes indiquées ci - dessus se soumirent
ou furent prises , coyez les autorités de la note 33o , ci-devant
p. 2l5.
(24) Ces rivières sont indiquées ici dans leur position natu-
relle , du sud-ouest au nord-est.
(25) On emploie ces noms indifféremment. ( Voye^ Tri"
paut , x46 ; Histoire de la Pucelle , 524 » Monstrelet ^ ij , 47')
26o
EXPLICATION DES CARTES.
CALENDRIER
lieues-
ACTUEL.
20 juill.
jusque
au
i3 août.
20 juill.
jusque
au
i3 août.
Marcoul à Vailly (26) ; de Vailly
à Soissons (27) ; de Soissons à
Château -Thierry; de Château-
Thierry à Provins (28).
25.De Provins à la Motte de Nan-
gis (29) ; de la Motte à Provins;
de Provins auprès de Bray (3o) ;
de-là , retour à Provins.
36
17
(26) On apporta ici à Charles les clefs de Soissons et de
Laon.' {Tri'paut y 146 ; Histoire de la Pucelle , 524- )
'. (27) Ici l'on apprit la soumission de Château - Thierry , de
Crécy enrBri«, de Provins, de Cpulommicrs et de plusieurs
autres villes. {T ri p aut ç.\ Histoire de la Pucelle ^ ibid. Voy. aussi
Monstrelet , ij , 49 ^^ ^o > <^1"^ cite ( outre les préce'dentes ) ,
quatorze vilks ou châteaux, et finit également par les mots et
plusieurs autres.
En calculant les diverses époques indiquées par Tripaul»
p. 146, il paraît qu'on dut arriver à Soissons vers le a3 au ^5
juillet. Il ajoute que le roi y fit séjour /7/z/- aucun tcms . ... Ce sé-
jour dut se prolonger jusqu'avi commencement d'août, puis-
jqii'à cette époque Charles fit délivrer à Jeanne un cheval ,
comme cela résulte du compte déjà cité à la note 3ii, p. 208.
._ (2^) Noy..Tiipûut , et Hisl de la Pucelle , ibid. ; îo p.ntid
(29) Château près de Nangis. (Voy, Hist. de la Puvéilè i^ttill \
Chronique de France , 34^; Tripaut. 147 : il dit Maugis , mais
c'est nne faute d'impression ). Le roi s'y avança pour présenter
ïa bataille au duc de Bedfort, qui s'était porté à Corbeil et
Melun ( et même jusqu'à Mpntereau , selpn Monstrelet, ij ,
47 ) ; mais Bedfort s'en retourna à Paris. {Mêmes auteurs/)
Le 7 août il avait envoyé une espèce de défi au roi. (Voyez
Monstrelet yWîià.)
(30) Cette marche rétrograde de Charles après la retraite de
Bedfort, qu'il eût au contraire fallu poursuivre , fut l'effet des
CARTE DEUXIEME.
261
CALE^DRIER
1429.
Août.
14 au 28
li
1429- 26. De Provins à Château-
i4au28. Thierry (3i); deChâteau-Thierry
à la Ferté-Milon (Sa) ; de la Ferté
à Crépy ; de Crépy à Dammar-
tin et environs (33).
27. De Damniartin à Crépy;
de Crépy à Baron et à Monlpi-
loy (34.) ; de Baron à Crépy; de
Crépy à Compiègne ; de Com-
piègne à Senlis *, de Seiilis à Saint-
Denis (35).
28
3o
insinuations des courtisans. Heureusement on ne put forcer le
passage de la Seine à Bray , ce qui obligea de revenir combattre
dans riIe-de-France. {Voy. mêmes auteurs. )
(3i) La Chronique de France, fol. 342, fixe le voyage ds
Château-Thierry à la veille de la mi-août.
(32) Dunois ( dans Laverdy, p. 369 , note 68 ) cite cette excur -
sion à la Ferte'.
(33) Voy. , sur les excursions du n» 26, Tripaut ^ i-JS à i5o ;
Jlist. de la Pucelle , 525; Chronique de France , Zl^i.
Les arme'es françaises et anglaises furent, pour la second*
fols, en présence; Charles était aux environs de Dammartin,
et Bedfort à Mitry, à deux lieues au S. O. de cette ville. Après
quelques escarmouches il se retira sur Paris. {Mêmes auteurs. )
(34) Ou Mont-Piloi, ou Mont-Piloer , ou Mont-Piloir,
bourg et montagne un peu au N. O. de Baron.
(35) Quant aux excursions du n» 27, voyez Tripaut^ i5i à 162 ;
Hist. de la Pucelle , 523 à 628 ; Chron. de France ^ f. 342 , 343.
Les mêmes armées se rapprochèrent encore. Celle de Charles,
était entre Baron et Mont-Piloi ; celle de Bedfort sur la petite
262 EXPLICATION DES CARTES.
CALENDRIER
1429.
29 août
au
11 sept.
Du 12
sept.
au
25 oct.
envir.
ANCIEN.
lieues.
1429- 28. De Saint-Denis à la Cha-
au pelle ( attaque de Paris ) ; de la
II sept. Chapelle à la Villette (36); de la
Villette à Saint-Denis (87). 3
Du 12 20. De Saint-Denis à Lagnv ;
au de JLagny a Provins ; de Provins
25 oct.
rivière qui passe à Baron- Toutes les dispositions furent faites
pour une bataille, et Jeanne fiit placée au corps chargé des es-
carmouches, avccDunois, Lahire, etc.. Ces escarmouches furent
assez vives, mais au bout d'un jour les deux armées se replièrent.
Ç Voy. mêmes auteurs. )
Le roi apprit à Crépy la soumission de Compiègne et de
Beauvais , et à Saint-Denis celle de Lagny. ( Voy. idem. ) II en-
tra à Compiègne le 22 août {Lenglet ^ t. i , p. 142; t. 2 , p. 160)
et à Saint-Denis le 29, selon l'Histoire de la Pucelle , 529, et
la Chronique de France, f. 343, \°. Selon Tripaut , p. 162,
Charles partit de Scnlis enviiion le dernier jour d'août.... Peut-
être même n'est-ce que le i^^ ou le 2 septembre, puisqu'il est
dit , dans le compte cité à note 3ii , p. 208 , que le roi fit donner
à Jeanne un second cheval , à Senlis , au mois de septembre. Mais
il est aussi possible que de Saint-Denis elle soit retournée à Sen-
lis pour cet objet. Il y aurait alors quelques lieues à ajouter à
l'itinéraire.
(36) On n'a pu graver sur la carte que l'un de ces deux bourgs ,
qui, au reste, sont très-voisins.
(37) Quant aux excursions du x\P 28 , voyez Tripaut , 162 à
167 ; Hist. de la Pucelle , 528, 529 ; Chron. de France ., 343.
Le 8 septembre on attaqua Paris. ( Voy. Laverdy, 338 ; Jour-
nal de Paris ., 127.) Jeanne traversa le premier fossé, entra
dans le second et le sonda, Blessée soudain d'un coup de flèche
CALENDRIER
14-29.
Idem.
Idem.
CARTE DEUXIÈME. 263
lieues,
à Bray ; de Bray à Courtenay,
en passant la Seine au-dessous
de Sens -(38) ; de Courtenay à
Château - Renard ; de Château-
Renard à Montargis ; de Montar-
gisàGien; deGien àBourges(39). 67
à la cuisse , elle ne voulut point renoncer à son projet; elle fit
apporter des claies et des fascines pour combler le fosse'; entre-
prise qu'elle n'abandonna qu'à la nuit; encore fallut-il l'en-
voyer chercher à plusieurs reprises. Sa plaie ne fut pansée
qu'après son retour. ( Voy. Tripauf , i65; Chartier , 36 ; Hist.
de la Pucelle , SaS ; Chron. de France , 343 ; Monstrelet , ij , 5o.)
(38) Bray se soumit cette fois à Charles et lui livra passage ,
tandis que Sens le refusa. (Voy. Tripaut ^ 1G8.) Ainsi Villaret,
xiv, 4^8, se trompe lorsqu'il place avant l'arrive'e de Philippe
à Paris (c'est-à-dire avant le 3o septembre.... ci-après /zo/(? 3y)
la re'duction de Sens et celle de Melun , qui n'eut lieu que
plusieurs mois après, ( Voy. note 45 , p. a66.)
(39) Quant aux excursions du n" 29 , voyez Chartier^ 37 ;
Berry^ 379? Chron. de France^ ^4"^» *^^ sur-tout Tripaut ^ 168
et 169.
En examinant avec soin la relation de Tripaul, et comparant
le tems qu'exigèrent les parties du voyage dont il omet les épo-
ques , et celles dont il indique les dates , et en tenant compte des
séjours, il paraît, i© que le roi quitta Saint-Denis le 12 septem-
bre et arriva à Gien le 19 ; 2° qu'il en partit vers le 20 ou le 11
octobre , et arriva à Bourges du 22 au 25. Il annonce , en effet ,
que Charles attendit à Gien aucuns jours y croyant avoir accord
avec le duc de Bourgogne , et qu'il s'en retourna à Bourges
lorsqu'il fut averti que le duc avait renouvelé son traité avec
Bedfort (on accorda seulement une trêve à Charles.... Voy. ci-
264
EXPLICATION DES CARTES.
CALENDRIER
1429.
D'ocl.
à déc.
§ 7. Expéditions et excursions du
ANCIEN. Berri et des environs.
lieues.
1429. 3o. De Bourges à Mehun-sur-
à déc. Yèvre ; de Mehun à Bourges ; de
Bourges à (4.0) Saint-Pierre-le-
Moutier (siège et prise) ; de Saint-
devant p. 78 et note 336, p. 217 ) , et était retotirné en Picar-
die.... Or, nous voyons par le Journal de Paris, p. 127 et 128,
que Philippe , arrivera Paris le 3o septembre , en était reparti
la veille de Saint-Luc, ou le 17 octobre. Il fallut bien ensuite
quelques jours pour en recevoir avis et se rendre à Bourges.
N. B. Les auteurs remarquent que dans toutes les excursions
ou expéditions décrites ci-dessus aux no* 28 à 29, Jeanne accom-
pagna toujours le roi.
(4o) C'est à Mehun qu'on arrêta les expéditions de Sainl-
Pierrc-le-Moutier et delà Charité.... L'assemblée de la com-
pagnie de Jeanne se fit ensuite à Bourges , d'où l'on se rendit à
Saint -Pierre-le-Mou lier. ( Fb/. Daulon dans Lcng/et , ij , 126.)
Jeanne montra aux attaques de Saint-Pierre le même courage
qu'à celles d'Orléans, de Paris , etc. Les Français ayant été re-
poussés lors de l'assaut , elle resta presque seule , et malgré les
exhortations des olficiers, près des fosses , exposée aux traits des
ennemis ( elle avait oté son casque ) , et cria à haute voix qu'on
apportât des fagots et des claies pour faire un pont.... On lui
obéit; oh passa les fossés et la ville fut prise en un moment,'
( Voy. Daulon , d. p. 126 et suiv. ) Chartier, Sg, et la Chro-
nique de France, 344, parlent aussi de cet assaut, mais sans
détails.
Nous ne connaissons ni l'époque , ni la durée précise de ce
siège Daulon , ibid, , dit qu'il dura aucun temps.... Comme on
Se rendit ensuite à la Charité où l'on était à la fin de novembre ,
iJ est probable que Saint-Pierre fui assiégé au commencement
<jLe ce mois.
ACTUEL.
ANCIEN.
CARTE DEUXIÈME. 265
CALENDRIER lieues.
Pierre-le-Moutîer à la Charité
(siège); de la Charité à Bourges;
de Bourges à Mehun (4-i)- 4-6
1429. 3i. De Mehun-sur-Yèvre à Ger-
dedéc §^21^ 5 ^^ Gergeau à Mehun (42). 36
1429.
Fin
de déc.
i43o.
Dejanv.
aux I^rs
jours
d'avril.
^i^9- 82. De Mehun-sur-Yèvre à Bour-
I J P lîîïî V
aux lers ges (4-3) ; de Bourges aux Marches
jours
d'avril.
(4i) Le siège de la Charité fui levé au bout d'un mois. ( Chron,
de France^ 344; ^crry^ 38i. ) Chartier, 3y , et Belleforêt (/V5/^. ,
353 , d'après l'interrogatoire de Jeanne ) en font aussi mention.
On peut présumer qu'on échoua par défaut de ressources et non
point de courage. A la fin de novembre , d'Albret et Jeanne ,
qui commandaient, réclamaient des secours en argent, faute de
quoi ils seraient , disaient-ils , obligés de lever le siège. Le 24 ,
la ville de Bourges établit un impôt d'un i3e sur le vin , et
chargea le fermier d'envoyer à d'Albret et Jeanne i3oo écus d'or
pour entretenir l'armée occupée au siège. {Voy. le bail dans
riiisi. du Berry par La Thaumassière , liv. 3 , chap. 28 , p. 161. )
Après la levée du siège on dut , pour rendre compte de 1 ex-
pédition , revenir à Mehun-sur-Yèvre , où il paraît que le con-
seil se tint pendant les mois de novembre et décembre.
(42) Jeanne avoue dans ses réponses qu'elle fut à Gergeau, où
elle coucha plusieurs nuits avec une femme nommée Cathe-
rine. ( Voy. Belleforêt dans la Chron, de France , f 353. ) D'un
autre côté , on lui impute d'avoir communié à Noè'l dans cette
ville. ( Voy. ci-devant note 392 , n» 6 , p. 243 ) : c'est donc à
celte époque qu'elle fit le voyage de Gergeau.
De Gergeau elle dut revenir à Mehun, où on lui donna des
lettres de noblesse le 29 décembre. ( Elles sont datées simple-
ment du mois , dans le Recueil de Godefroy, p. 898 ; mais La-
vcrdy, p. 34o , en fixe la date au 29. )
(43) De Mehun Jeanne vint sans doute à Bourge?. On sait
266 EXPLICATION DES CARTES.
CALENDRIER
lieues.
ACTDEL.
i43o.
Idem.
ANCIEN.
de Berry (4-4) ; des Marches de
1429. Berry à Melun, en passant par
Bourges , Gien et Montargis (45). 76
qu'elle y fit quelque se'jour après l'expédition de l'Isle-de-France
( Voy. Laçerdy, 334, 339 ) » ^^ ^^^^ ^^''^ "^^''s cette e'poque ,
d'autant que se.% lettres de noblesse furent enregistrées le 16 jan-
vier ( Voy. Godefroy , p. 899 ) à la chambre àç.^ comptes , que
Charles avait transfe'rée dans cette ville.
Nous perdons alors sa trace jusque vers la fin de mars. Il est
pourtant à pre'sumer qu'elle ne resta pas toujours à Bourges,
puisque Charles vil , qu'elle accompagnait ordinairement , se'-
journa pendant cet intervalle à Chinon ( il y était vers le mois
de janvier, ainsi qu'on peut l'induire de la Chronique de France,
f. 344 > v» ) , à Yierzon ( vers le 26 janvier ) , à Gergeau (en
février ) , et à Sully ( les 6, i3 et 28 mars ). Voy. Pièces fugi^
iiçes relatii>cs à VHîst. de France , in-4°, t. i , p. 94 » Histoire
générale de Languedoc , t. 4 , P- 47^-
(44) Jeanne était es-marches de Berry avant l'expédition de
Lagny, dont on parlera tout-à-l'heure. ( Voy. Chron. de France ^
345 , ligne 2. ) ( Chartier, p. l^\ , dit au pays de Berry. ) Ce mot
marches signifie en général frontières. Dans cette occasion il doit
s'entendre de la frontière méridionale du Berry, des points qui
le séparent de la Marche proprement dite , parce que les can-
tons de la Marche qui touchaient aux autres provinces s'appe-
laient les marches de telle province. On disait , par exemple , les
piarches du Limousin. ( Voy. Encycl. , Dict. géogr. , mot Marche.)
(45) Elle se trouva vers les fêtes de Pâques à Melun ( Voy.
Lenglet ^ t. i , p. 124; Belleforêt dans la Chronique de France ^
f. 353) qui, depuis peu, s'était soumis au roi.... (Voy. Char-
tier^ 4'4î ^^ffyi 38o ; Monsirelet ., ij , 56. ) Les points intermé-
diaires de la route la plus courte, des Marches à Melun, sont
Bourges j Gien et Montargis.
I
CARTE DEUXIÈME. 267
CALENDRIER
ACTUEL.
i43o.
Avril
et com-
mence
de mai.
§ 8, Expéditions de Lngny et Corn-
ANCIEN. piègne , ou dernières expéditions
de Jeanne.
lîeues.
i43o. 33. De Melun à Lagny (46).Dé-
et com- ^^^^^ ^^ Franquet d'Arras, aux
menct environs , et retour à Lagny (4.7). 9
de mai.
(46) N. B, Les historiens , tels que Berry, Chron. de France ,
f. 345 , et Monstrelet , t. 2 , f. 56 à 58 , sont peu d'accord , soit
cntr'eux , soit avec eux-mêmes , sur les dates et l'ordre des ex-
pe'dîtions ou excursions indiquées ci-dessus aux nos 33 à S;.... II
a fallu encore user de la me'thode cite'e plusieurs fois , pour trou-
ver l'itine'raire le plus probable de Jeanne d'Arc. Au reste , nous
avons accorde, dans celte occasion, plus de confiance à Mons-
trelet cju'aux autres historiens, parce qu'e'tant au sie'ge de Com-
piègne ( Voy. idem , f. 58 ), il devait avoir présens à la pense'e les
faits qui précédèrent la prise de Jeanne , d'autant qu'ils se pas-
sèrent dans l'intervalle de moins d'un mois.
(47) Voy. Chartier^ l^\ ; Lcnglet , t. i, p. i25, et t. 3 , p. i5o ;
Chron.de France^ 345, au commencement; Beîleforét , ibid. ,
352; Monstrelet^ ij , 5 7.
Monstrelet place le récit de la défaite et exécution de Fran-
quet après celui des expéditions de Noyon et de la prise de
Soissy ( ci-après , n» 34 et 35 ); mais , comme nous l'avons déjà
observé , il y a très-peu d'ordre dans son ouvrage. Il annonce
d'abord (f. 56), 1° que le duc de Bourgogne célébra la fête de
Pâques à Péronne (Pâques était le 16 avril); 2°^ qu'au com^
mencement de i43c (c'est-à-dire après Pâques ) il se rendit
avec ses gens d'armes à Montdidier, oîi il fut aucuns jours ;
3'' qu'il assiégea Gournay-sur-Aronde (à six lieues S.'O. de
Noyon ) , et se hâta de traiter avec la garnison , afin d'aller au
secours d'un château dont les Français levèrent le siège sur l'a-
vis de son projet; 4° qu'il alla passer environ huit jours à Noyon ;
5° qu'il assiégea Soissy.... Monstrelet raconte alors, f. 56, v®, et
268
EXPLICATION DES CARTES.
CALENDRIER
ACTUEL.
i43o.
Suite
de mai.
ANCIEN.
i43o.
Suite
de mai.
lieues
34.. De Lagny à Soissons, en
passant par Château-Thierry et
Crépy; de Soissons à Crépy ; de
Crépy à Gompiègne (^8). 36
57 , l'attaque de Pont-l'Evêque , et successivement rétablisse-
ment des corps de l'armée du duc dans les villages voisins de
Compiègne. Enfin il passe à la de'faite de Franquet, dont il fixe
l'époque au commencement de mai.
Si l'on suppute le tcms qu'exigèrent les marches diverses de
Péronne à Montdidier, de Montdidier à Gournay, de Gournay
à Noyon , de Noyon à Soissy, le siège de Gournay, etc. ; et si
l'on y ajoute les séjours à Montdidier et Noyon , on voit que le
duc ne put commencer le siège de Soissy qu'au mois de mai,
après la défaite de Franquet. Cette première époque une fois
déterminée, il est facile de fixer, avec assez de certitude, les
époques des dernières expéditions de Jeanne , et même défaire
accorder les historiens dans leurs récits, comme on le verra dans
les notes suivantes.
N. B. Villaret, xv, 7 etsuiv. , a commis beaucoup d'erreurs
quant à ces expéditions de Jeanne ou de Philippe. 11 les place
entr'autres avant le débarquement de Henri vi à Calais (jour
de Saint-George ou 28 avril Monstrelei , ij , 58 ) , qui est an-
térieur à la plupart.
(48) Le détour par Château-Thierry était nécessaire pour
passer la Marne, , et T.englel ( t. i , p. 128 ) suppose c^u'elle passa
par Crépy, puisqu'il annonce que de Soissons elle y retourna.
Le but de cette expédition était de secourir Soissy ( ou Pont-
à-Soissy, ou Choisy-sur-Oise ) , assiégé par le duc de Bourgogne ,
et situé entre l'Aisne et l'Oise , près de leur confluent. Il fal-
lait passer l'Aisne à Soissons; le gouverneur refusa le passage
(Voy. Lengletj\h\à.', Chron. de France , f. 345), ce qui força
Jeanne de retourner à Crépy et d'aller chercher un passage à
CARTE DEUXIÈME.
269
CALEÎnDRIER
ANCIEN
i43o.
Idem.
i4.3o.
Idem.
lieues.
35. De Compiègne à Pont-rE-
vêque ; attaque infructueuse de ce
bourg ; retour de Jeanne à Com-
piègne(49). 12
Compiègne pour înquie'ter au moins les convois des assie'geans.
( Voy. la ;7c/^ suivante. ) Berry, 38i, dit qu'on reçut Jeanne
dans Soissons , du moins pour y passer une nuit , et qu'elle alla
ensuite à Compiègne.
(49) Quoique le seul Monslrelet ( f. 56 vo et 57) parle de cette
expédition, nous n'he'sitons pas à la placer ici, par les molifs
déjà indiqués aux notes 46 et 47 » et parce que les Français du-
rent la tenter pour faire lever le siège de Soissy, poste impor-
tant qui les rendait maîtres du cours de l'Oise et de l'Aisne au-
dessus de Compiègne, et mettait obstacle aux entreprises que
Philippe pouvait former contre cette ville , ou les places, telle
que Lagny, situées au midi de l'Aisne. Philippe, qui sentait la
nécessité de s'en emparer, avait pris des mesures pour empê-
cher que la garnison de Compiègne n'interceptât ses vivres
(Voy. Monstrelet , ibid. ) qu'il tirait de Montdidler, Noyon et
autres villes de Picardie, et qui lui parvenaient, selon toute ap-
parence , par le pont ou port de Pont-l'Evêque, bourg situé à
600 toises au midi de Noyon , et défendu par un détachement
de l'armée anglaise. Il avait en conséquence placé un corps de
troupes dans les faubourgs de Noyon , afin d'être à portée de se-
courir les Anglais en cas d'agression. L'événement justifia sa
prévoyance. Jeanne d'Arc, Chabanne , Xaintrailles, etc., avec
deux mille hommes, vinrent en effet de Compiègne attaquer les
Anglais, et ils étaient au moment de les forcer, lorsque les
Bourguignons, postés à Noyon , accoururent , mirent les Fran-
çais entre deux feux, et les contraignirent à se replier sur Com-
piègne.
Cette exoédilicn fait d'autant plus d'honneur au courage de
270 EXPLICATION DES CARTES.
CALEISDRIER
i43o.
Suite
c!e mai.
Idem
jusque
au 2.4.
ANCIEN.
i43o.
Suite
de mai.
Idem
jusque
au 24-
lieues.
36. De Compiègne à Lagny ,
en passant par Crépy et Château-
Thierry (5o).
37. De Lagny à Compiègne par
Château -Thierry et Crépy (5i).
Sortie et prise de la Pucelle (Sa).
Total
902
Jeanne, qu'elle s'exposait à être coupe'e par Tarme'e bourgui-
gnonne chargée du blocus de Gournai. Mais si elle avait réussi ,
le plan de campagne de Philippe eût entièrement échoué,
(5o) Ce départ de Jeanne , de Compiègne , à la veille d'un
siège, paraît d'abord singulier. Mais tant que Soissy n'était pas
pris , il était difficile de connaître précisément les projets de
Philippe. En passant par Soissous, que le gouverneur Bournel
venait de lui vendre {Berry^ 38 1 ; Chron. de France ^ 345 ) , il
pouvait se porter sur Lagny, que son parti avait déjà essayé plu-
sieurs fois d'enlever à Charles vil. Le voyage de Jeanne à Lagny
explique d'ailleurs une de ses réponses ( Voy. Belleforêt dans la
Chronique ^ f. 35^ ) , où elle dit que le tribunal de Lagny em-
ploya quinze jours au procès de Franquet. Or, si elle ne fût pas
revenue à Lagny après l'expédition de Noyon , il eût été impos-
sible qu'elle s'y fût trouvée à la fin du procès.... Enfin Chartier,
p. 42, et la Chronique de France, f 345, disent positivement
qu'elle partit de Lagny pour Compiègne, lorsqu'elle apprit que
cette ville était déjà un peu à Vestroit.
(5i) Voyez la fin de la note précédente ; et , quant à la roule ,
le commencement de la note 48, p. 268.
(52) D'après ce qu'on a observé ( note 5o , à la fin ) , Jeanne
fut peut-être obligée de livrer un combat pour s'introduire dans
Compiègne. Le jour même de son arrivée {Fïtlaret^ xv, 18)
CARTE DEUXIEME. 27 1
§ 9. Piésumé.
Les voyages ou expéditions de Jeanne d'Arc , rela-
tifs à son projet de sauver la France, ont commencé à
la fm de février 14.28 ( Voy. ci-dev. § 2 , n« 5, p. 253 ) ;
ils se sont terminés au 24 mai i4-3o : ainsi , ils ont duré
en tout quinze mois (53).
Nous avons mesuré , avec exactitude , l'espace com-
pris , à vol d'oiseau, entre chacune des stations indi-
quées depuis le même numéro jusqu'à la dernière expé-
dition de Compiègne (n" Sy ), et nous avons trouvé que
Jeanne d'Arc a parcouru , dans ce court intervalle de
quinze mois , plus de neuf cents lieues ( de 2 5 au degré ).
Si l'on réfléchit maintenant qu'à cette époque les
grandes routes n'existaient point encore ; qu'il n'y
avait qu'un très-petit nombre de ponts; que le terri-
toire parcouru était semé de places eimemies ; que des
partis battaient sans cesse la campagne on sen-
tira que ce n'est pas exagérer que de porter à un tiers
de la distance, à vol d'oiseau , l'espace compris dans les
détours que nécessitèrent ces divers obstacles : de sorte
qu'au lieu de neuf cents lieues, Jeanne a dii en par-
courir au moins douze à treize cents ^ et cela sans
elle fit la sortie où elle fut prise , lorsque pendant la retraite elle
fermait l'arrière- garde.
(53) Remarquons de nouveau combien la comparaison des
calendriers est nécessaire à l'intelligence de l'histoire ancienne.
Si , en effet , on s'en rapporte uniquement à l'ancien calendrier,
comme ces voyages ont commencé ( Voy.^ même n^ 5 ) à la fin
de février i4-^ » et ne se sont terminés qu'au 24 mai i43o, on
serait porlé à croire qu'ils ont duré çHngt-sept mois au lieu de
quinze.
272 EXPLICATION DES CARTES.
parler des voyages qu'elle dut faire pendant les trois
mois et demi (Voy. ci-devant note 4-3, p. 266), à
regard desquels nous n'avons aucune notion (54-)
Enfin , remarquons que dans le petit intervalle où elle
fit ces longues excursions , elle prit part à plus de vingt
batailles, ou combats, ou sièges, ou levées de siège, etc.
Il nous semble que ce simple xésumé suffirait à l'é-
loge de Jeanne d'Arc.
{5^) Si Jeanne suivit alors la cour, comme on le présume
dans celle note , il faudrait ajouter plus de cent lieues au calcul
précédent.
CARTE DEUXIÈME. 2y3
ARTICLE III.
Table alphabétique des {>illes, bourgs, villages et châteaux
désignés dans /û 2™^ Carte.
N. B. Afin d'en faciliter la recherche, on donne ci-dessous
leurs degre's de longitude et de latitude.
Les chiffres les plus rapproche's des noms sont ceux des pages
de l'ouvrage où il en est question .... Les mots V. Tab. in-
diquent les villes, etc. , dont il est fait mention dans la dernière
table alphabe'tique.
On a aussi indiqué ci-après quelques bourgs que le de'faut
d'espace a empêché de placer sur la carte; mais on a désigné
en même tems les lieux de la carte dont ils sont le plus rap-
prochés.
Long. Lat.
Abbeville, iSg. 19 5o
Alençon, 83, i38. 17 4.8
Amiens. 19 ^9
Angers ^^ i38. * 17/^7
An thon. V. Tab. 22 4^5
Arras,2i9. 20 5o
Auxerre, i^o , 254 , 255. 21 ^7
Azincourt. V. Tab. 19 5o
Baron, 261. 20 ^9
Bar-sur-Ornam,ouBar-le-Duc, i85. 22 4^8
Baugé. V. Tab. 17 f^j
Beaugenci. V. Tab, 19 It-'j
Beaurevoir, 22g. 20 5o
Beauvais, 262. 19 4^9
Besançon. 23 l^.'j
Blois, 255, 256. I 19 4.7
Bony. V. Tab. 20 ^7
Boulogne, iSg. 19 5o
•i74
EXPLICATIOIVI DES CARTES.
Bourges, 20 , ^5, 127 , 263 à 266.
Bray , 260 , 263.
Calais , 1 , 82 , 268.
Ghâlons-sur-Marne , 238.
Châlons-sur-Saône.
Chappe, F". Tab.
Chartres, i45 , 160.
Châteaudun ,160.
Château-Neuf, 77, 160.
Château-Renard, 263.
Château-Thierry, 260 , 261 , 268 à 270.
(^haumont.
Cherbourg, 109, i25.
Chinon, 61 , 176 , 184. , 194» ^53 et suiv.
Choisy. Voy. Soissy.
Compiègne, 79 , 261 , 268 et suiv.
Corbeil, 260.
Corbéni. V. Saint-Marcoul.
Cosne,3o, 139, i45.
Coulommiers , 260.
Courtenay, 263.
Crécy en Ponthieu , 39.
Crécy en Brie j 260.
Crépy, 261 , 268 et suiv.
Crevant ou Cravant. V. Tah,
Dammartin, 261.
Dijon.
Domréml , 1 78 et suiv. , 253.
Estampes, i4i-
Evreux, i44î 21 3.
Fierbois ( Sainte-Catherine de ) , 254-
Long.
Lat.
20
47
20
48
19
5o
32
48
22
46
21
48
19
48
18
48
»9
47
20
47
21
49
22
48
16
49
^7
47
20
49
20
48
20
47
20
48
20
48
'9
So
20
48
30
49
21
47
30
49
32
47
23
48
19
48
18
49
18
47
CARTE DEUXIÈME. 275
Long. Lat.
Genève. 23 4^
Gergeau. V. Jargeau.
Germigny , 93 , 238. ^ 20 4^9
Gien , 77 , 78, 258, 259, 263, 266. 20 4^7
Gournay-sur-Aronde est un peu au N.
O. de Noyon. V. ce mot, et 267 ,268.
Gueret. 19 46
Guines, 220. 19 5o
Harfleur, 23 , i3o. 17 ^9
Ivry,39. 19 48
JanvlUe , ou Jenville , ou Yenville , 76,
160. 19 48
Jargeau , ou Jergeau , ou Gergeau.
Foy. Tab.
Labusslère. V. Tab.
La Chapelle est près la Vilietle. V. ce
mot, et 262. *
La Charité, 265.
La Croisette. V. Tab.
La Ferté-Hubert ou la Ferté-Senne-
terre , 160, 2i3.
La Ferté-Milon , 261.
Lagny, 262 , 267 et sulv.
La Gravelle. V. Tab.
Lamotte-Nangis , prèsNangis. V. ce mot.
Langres.
Laon , 260.
La Rochelle.
Laval, 148, i55.
Lavillette ,262.
Le Coudray, 254- #
'9
47
a2
46
ao
47
aa
48
'9
47
20
49
ao
48
16
48
aa
47
21
49
16
46
16
48
20
48
18.
47
.76
EXPLICATIOÎ^ DES CARTES.
Long.
Lat
Lé Crotoy, 229.
ï9
5o
Le Mans, i55.
17
48
Lille, 33.
20
5o
Loches, 73, 210, 257.
18
^7
Lyon, 32.
22
45
Mâcon, 39, 14.7.
22
46
Marches de Berry, 266.
19
46
Marchenoir, 160, 214.
19
47
Meaux. V. Tab.
20
48
Mehun-sur-Loire. V. Tab.
19
47
Mehun-sur-Yèvre , 264. , 265.
^9
47
Melun , 137 , 260 , 266.
20
48
Metz.
23
49
Meulan. V. Tab,
^9
49
Mitry est un peu au S. O. de D
ammar-
tin. V. ce mot et 261.
Montargis, i55, 263, 266,
20
47
Montdidier, 267.
20
49
Montereau. V. Tab.
Montpiloy est un peu au N. O.
de Ba-
ron. r. ce mot et 261.
Mont-Pipeau , à 2 lieues N. de Mehun-
sur-Loire. V. ce mot et 160 ,
214.
Moulins.
20
46
Nancy, 181 , 184.
23
48
Nangis , 260.
20
48
Nantes.
16
47
Neufchâteau, 181.
23
48
Nevers.
20
46
Nogent-le-Roi , 160,
19
48
Nogent-le-Rotrou, 160.
18
48
CARTE DEUXIEME.
277
Long.
Lat.
1,217.
21
48
20
49
''
^9
47
20
48
19
48
20
49
r, 160.
19
48
18
46
Nogent-sur-Seine , 217.
Noyon, 268, 26g.
Orléans. F. Tab»
Paris. F. Tab.
Pathay. V. Tab.
Péronne, 267.
Pluvier ou Pelivier, 160.
Poitiers, Sg , 187.
Pont-à-Soissy. V. Soissy.
Ponl-rEveque , bourg à 600 toises au
midi de Noyon. ^. Noyon.
Pontorson, 42.
Provins , 260 , 262.
Puiset ouPuiseaux, 160.
Rambouillet, 160.
Rennes.
Reims. V. Tab,
Roanne.
Rochefort , 160.
Romorantin, 254, 257.
Rosbecq. V. Tab.
Rouen, 33, i34, i38, 244-
Rouvray. V. Tab.
Roye , 238.
Saint-Aignan , 255 , 257.
Sainl-Benoît-sur-Loire , 258.
Saint-Denis, 261 , 262.
Saint-Florent, ig4.
Saint-Florentin , 25g.
Saint-Jame-de-Beuvron. V. Tab.
Saint-Marcoul , ou Corbéni, 260.
16
48
20
48
20
48
ï9
48
17
48
21
49
21
46
19
48
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47
21
Ko
18
49
ï9
48
20
49
ï9
47
20
47
20
48
16
47
31
47
16
48
21
49
2?^ EXPLICATION DES CARTES.
totiR. Lat.
20
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r>«
22
48
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20
^9
20
48
21
^9
20
4->
20 ^9
Saiiil-PJerre-Ic-Moutlers, 79, 3G4.
277.
Saint-Riquier. T. Tah,
Saint-lJrbaiu,253, 25^.
Sainie-(]athcrine. V. Fierbois.
Selles , 254, 257.
Seiilis, 261.
Sens , 137 , 263.
Sopsaux , 259.
Soissons , 2G0 , 268 et siiîv.
Soissy, ou Pont-à-Soissy, on Cholsy-
le-Bac, ou Choisy-sur-Oise , 267
à 2G9.
SuJly, 77, 160, 258 , 266. 30 Y
Thoury, à une lieue E. de Jeuville. / ". ce
mot et iGo.
Toucques, i32.
Toul, 181 , 253.
Toiîivs, 14.5, 255.
Troyes , i36 , 2i5 , 209.
Vailly, 260.
V^iucouleurs, 181 à i85, 253>
Vaudemont, i85.
Verdun.
Verneuil. /'. Tah,
Vezelay, i4^o.
Viei7:on, 366.
Ycnville. J . Janvilie.
FIN DE l'explication P£S CARTES
17
•'^9
23
48
18
47
\
48
21
49
23
48
23
48
23
49
i8
48
21
47
^9
47
pip:ces justificatives.
*/w%/v*. ■«/vx/vw •vx'V'wx
PREMIÈRE PIÈCE.
Notice d'un Manuscrit inédit de la Biblio-
thèque publique de Grenoble , contenant les
Poésies d'Ant. Astezan , d'Âst en Piémont.
N. B. Cette notice , lue au Jycee de Grenoble en 1800, a
été imprimée dans le Magasin encyclopédique de M. Millin ,
8* année ou 1802, tome i»"" (i) ; mais il i'y était glissé Leau-
coup de fautes, et nous y avons fait aussi plusieurs additions.
Nous l'insérons ici parce qu'on y trouve divers détails,
soit sur Jeanne d'Arc , soit sur divers personnages ou évé-
nemens dont nous avons fait mention ci-devant.
PREMIEPtE PARTIE.
Description du Manuscrit,
A la première colonne de la première page de ce ma-
nuscrit, on lit ce titre , écrit en lettres routes:
Ad illuslrissimum principem et excellentissimum domi-
(i) Elle fut aussi adressée à la classe de littérature et beaux-
arts de l'Institut, dont le secrétaire , M. Viliars, répondit, le
i^ avril 1802 : " La classe a lu avec beaucoup d'intérêt votre
i> notice.... On a même arrêté qu'elle serait renvoyée à la com-
)» mission chargée d'examiner et recueillir les notices et extraits
» des manuscrits que doit publier l'Institut. C est une justice
» qu'on a rendue a un travail bien fait et digne d'être mis au
* jour. >*
28o
PIECES JUSTIFICATIVES.
niim^ dominum Karohim^ ducem Aurelianensem et Me-
diolanensem Antonii Astezani chls Astensis Uhellus incipit
de admirabili terre motu qui in regno NeapoUtano acci-
dit anno Christi millesimo quadringenlesimo guinf/uagesimo
sexto ^ die quarto derembris, nec non de apparitione cru-
cijîxi apud Capuam dicti regni cioiiatem.
Ce titre n'est point le titre propre de tout le manus-
crit, mais celui seulement de l'une des pièces qu'il
contient, pièces dont voici la table :
1. Du tremblement de terre du royaume de Naples,
et de l'apparition du crucifix à Capoue. Feuillet i
2. Félicitations sur l'acquisition de Gênes, adres-
sées à Charles vu , roi de France. 6
3. Traduction des poésies du duc d'Orléans. 9
4.. Quatre livres d'élégies. ii3
5. Trois livres d'épîtres héroïques. i35
6. Un livre sur l'apparition de la croix à Bayonne. i53
7. Un livre intitulé De refunerea. i55
On donnera à la troisième partie une notice de ces
divers ouvrages.
A la Jtête de la deuxième colonne de la première
page, on lit ces mots : Ex ïihris Claudii Expilly (avec
paraphe), 1607; ce qui. annonce que le manuscrit
a appartenu à Expllly, président au parlement de Gre-
noble (2) , dont la bibliothèque existe en grande partie
dans celle de ta ville de Grenoble , formée par les soins
(2) Expilly a pu se procurer ce manuscrit pendant divers
voyages qu'il fit en Piémont, et notamment en 1606, époque
où il fut un des commissaires chargés de régler les limites de la
France et du Piémont du côté du marquisat de Saluées. (Voy.
sa çùe ■; par Boniel; p. 58.)
PREMIERE PIÈCE. 28 I
du savant évêque Caulet, et acquise de ses héritiers par
plusieurs de nos concitoyens.
Le manuscrit est en très-beau parchemin de 32 cen-
timètres de hauteur sur 24. de largeur. Il contient i58
feuillets ou 3 16 pages ; chaque page est divisée en 2 co-
lonnes de 32 à 34 lignes; les alinéa y sont en général
séparés par un assez grand espace. Les marges des côtés
ont 13 2 centimètres de largeur; la marge supérieure
en a 3 , la marge inférieure 7.
Les premières pages de la plupart des livres que nous
avons cités sont entourées d'un filet d'or et d'une bro-
derie en fleurs peintes en or et en diverses couleurs.
Quelques autres n'ont une broderie que dans un des cô-
tés ou à la marge supérieure et inférieure. Les premières
lettres des principaux alinéa sont de grandes majuscules
dorées et peintes alternativement en rouge et en bleu ;
celles des autres alinéa sont des majuscules moyennes
en bleu et en rouge sans dorure ; celles de chaque ligne
sont de petites majuscules écrites à l'encre ; enfin les
lettres ordinaires ont 2 millimètres de hauteur.
On n'y remarque aucune figure, à l'exception d'un
ange supportant les armoiries de la maison d'Orléans,
écartelées avec celles de Valentine de Milan (3); d'un
paon et de deux oiseaux de chasse. L'ange se trouve
àans la première lettre de la traduction des poésies
d'Orléans , et les oiseaux dans la broderie servant de
cadre (feuillet 9).
Il ne peut guère y avoir d'incertitude sur l'âge de ce
(3) Epouse de Louis, duc d'Orle'ans, frère de Charles vi ,
dont nous avons parlé ci-devant, p. 10. Elle e'tait fille de Jean
et sœur de Jean- Marie et Philippe- Marie, derniers ducs de
Milan, de la maison Galeas-Visconli. (Voy. aussi p. i53.}
282 PIÈCES J/USTIFICATIVES.
manuscrit. La dernière page contient deux e'pitaphes de
Charles vu, roi de France, mort en i4-6i ; l'impri-
merie était déjà inventée. Il n'est pas vraisemblable
qu'il soit beaucoup postérieur à cette époque.
Quoiqu'il y ait dans ce manuscrit, comme dans ceux
du quinzième siècle , un grand nombre d'abréviations y
avec un peu d'attention , on le lit très-aisément , parce
que les lettres sont bien formées et très-distinctes les
unes des autres.
Toutes les recherches qu'on a faites jusqu'à présent
annoncent que ce manuscrit est original. Ce qui sem-
blerait le prouver, c'est que Muratori , dans sa notice
des œuvres d'Astezan {Scripior. rer. italicamm, t. i4. ♦
p. 1008), ne fait aucune mention de celles que nous
allons analyser Nous ne croyons pas non plus qu'on
ait publié quelque notice de ce manuscrit.
SECONDE PARTIE.
Notice sur Antoine Astezan et ses Ouvrages.
Muratori a publié dans son grand ouvrage (4-) «n
manuscrit d'Astezan , intitulé De varietate foriunce (5 ) ,
et Ta fait précéder d'une notice sur la vie et les ouvrages
de ce poète, notice qu'il a extraite de ce même manus-
(4) Rerum italicarum scri'ptores, t. i4 , p. 1007. Muratori fit
des recherches sur Astezan, d'après un passage de l'histoire de
Savoie , où Guichenon met , au nombre des écrivains d'Ast ,
Antoine Astezan , poète qui a e'crit en çers élégiagues.
(5) La bibliothèque de Turin possède un 2^ exemplaire de ce
manuscrit. Il s'y trouve quelques différences de copie!, qu'on a
notées dans la table des Mss. de cette bibUolhèque , t. 2.
PREMIÈRE PIÈCE. 283
crit. Nous en allons donner un précis, auquel nous join-
drons quelques observations.
Antoine Astezan, poète recommandable pour le tems
auquel il écrivait, naquit en i4-i2 , à Villeneuve-d'Ast ,
où ses ancêtres, chassés d'Ast par une faction , s'étaient
réfugiés depuis iSag. S'il faut en croire ce poète, sa
famille, avant cette époque fâcheuse (6) , était distin-
guée," et par sa noblesse, et par son opulence; mais
elle déchut bientôt de sa splendeur. Pierre Astezan,
son père, scribe public, c'est-à-dire chancelier ou
notaire de l'université de Villeneuve , et qui professait
en même tems la grammaire et les mathématiques, l'en-
voya, en 1^27, à Turin, et, en 1^29, à Pavie, pour
y apprendre la grammaire et la rhétorique. Les institu-
teurs d' Astezan furent Yalla , Yeggio et Antoine Fer-
rari, religieux carme. Les deux premiers étaient des
littérateurs célèbres dans leur siècle.
Astezan , craignant d'être attaqué de la peste , quitta
Pavie en i43i ; mais le même motif l'écarta bientôt de
Gênes, son nouveau séjour. 11 vint alors, suivant le
conseil de son père, se fixer à Ast, où il enseigna la
littérature.
Muratori ajoute qu'il ne voit pas bien clairement
quelle fut ensuite la destinée du poète d'Ast. îl induit
d'un passage de son li^Te que le duc d'Orléans, ayant
recouvré la ville d'x\st vers i/f^y? le nomma capitaine
du château de Mont-Raynier, et son premier secrétaire
tlans cette ville. Enfin il pense que le pocme De varie-
iateforiunœ a été composé vers Tan i4.5o.
Nous allons faire quelques observations sur cette notice.
(6) C'est à cette même époque que cette famille fut appele'e
du ncm à' Astezan ^ à cause de la vijle d'où elle e'talt originaire.
284 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
i» Astezan paraît effectivement être né en 14.12. Dans
notre manuscrit ( à la fin du i^"^ livre des élégies , f*^ 122 ) ,
il annonce qu'il a atteint sa trentième année, et l'épi-
logue où il fait cette annonce est datée de il^.l^.i.
2"* Dans lépitaphe de Pierre Astezan, son père
QMss.,f° 1 58), Antoine nous confirme que Pierre était
de famille noble, et professeur à Villeneuve. Il ajoute
qu'il laissa plusieurs filles et quatre fils tous très-écl aires.
3" Antoine Ferrari , religieux carme , Tun des insti-
tuteurs d' Astezan, dont il était compatriote, venait
d'être nommé évêque de Tortone, lorsqu'il mourut
{Mss., fi iSS).
4." Notre manuscrit nous donne sur la vie d' Astezan
quelques détails que Muratori ignorait. C'est à Pavie
qu'il composa la plupart de ses poésies légères (M55. ,
fi 122). Il abandonna le genre badin en i44-i -, époque
à laquelle il se maria à la fille de Barthélémy Carrari ,
chirurgien d'Ast {ihîd. et i56). Il fit un voyage en
France vers i4-5o , et il y resta (principalement à Blois
et à Tours) pendant les années i45i et i452 , ainsi que
nous l'apprenons de plusieurs lettres héroïques que
nous analyserons à la troisième partie. Retourné dans
son pays, il y vivait encore à la fin de i46i , puisque
notre manuscrit est terminé par plusieurs épitaphes de
Charles yii, mort le 22 juillet de la même année.
5° Muratori se trompe lorsqu'il dit (p. 1008) que le
livre De iHirieiate fortimœ a été composé par Astezan
vers i45o. Dans le chapitre 9*^ du livre i«^ de cet ou-
vrage (p. 1019), Astezan fait des reproches aux Génois
sur ce qu'ils souffrent que leurs filles soient très-fami-
lières avec les garçons. Il leur cite une aventure dont
il a été témoin en France , auprès d'Orléans. Quod ego
PREMIÈRE PIÈCE. 285
çîdi per gallica rura Ager Aurelianensi paiilum semotus
ab urbe. Comme , ainsi que nous l'avons dit , il était en-
core en France en 1^52 , le poème publié par Mura-
tori est d'une date postérieure.
G'' C'est encore après cette époque qu'Astezan a fait
sa traduction latine des poésies du duc d'Orléans , poé-
sies qu'il ne connut (ainsi qu'il le dit, feuillet 9) que
pendant son voyage en France.
^'^ Astezan n'a pas seulement écrit envers élégiaques,
mais encore en vers héroïques. Dans notre manuscrit,
ceux de sa traduction des poésies d'Orléans, des quatre
livres d'élégies, du livre De refunerea^ de la description du
tremblement de terre de Naples, et de Tépître à Char-
les VII sur l'acquisition de Gênes , sont de la première
espèce. Ceux des trois livres de lettres héroïques, et de
l'apparition du crucifix à Baïonne , sont de la seconde.
8^ Le marquis de Monlferrat (ci-après, note 16)
l'avait chargé de faire un poëme sur l'histoire de la mai-
son de Paléologue. Celte commission excita l'envie
d'un jeune poète , dont les calomnies déterminèrent
Astezan, du moins il le dit, à suspendre son travail déjà
commencé vers 14.48. Réfléchissant ensuite que ses vers
avaient l'approbation de plusieurs littérateurs célèbres ,
tels que Veggio , Philelphe et Guarini , il le reprit bien-
tôt (il parle de tout cela dans la 7* épître, liv. 4 ^es
élégies, feuillet 129). Il n'est pas néanmoins probable
qu'il l'ait achevé , car on trouve dans une de ses épîtres
(ci-après, note 3g) un fragment sur la même famille,
qu'il n'y a placé , selon toute apparence , que pour
tirer quelque parti de ce qu'il avait fait.
9° Nous allons à présent hasarder notre opinion sur
le mérite littéraire de l'auteur du manuscrit.
286 PIÈCES JUSTIFiCAïiVES.
Aslezan nous a paru un bon et facile versificateur,
mais un poète au moins médiocre. Ses ouvrages sont en
général aussi abondans en mois que pauvres en idées.
11 se plaît sur-tout à répéter et à reproduire sous un
grand nombre de formes la même pensée , quelque
commune qu'elle soit. 11 n'emploie pas avec moins de
complaisance les comparaisons, sans s'inquiéter si elles
sont ou ridicules , ou disparates , ou fausses , et les
siennes le sont presque toujours. Un citoyen obscur,
ou tout-à-fait inconnu de Gênes, sera, par exemple,
mis bien au-dessus des Pompées , des Scipions , des
Crassus; les vers du duc d'Orléans vaudront mieux
que ceux d'Ovide; les peintures du premier barbouil-
leur de vitraux d'églises sont au moins dignes d' Ap-
pelles , etc. (7).
Malgré ces défauts , nous pensons avec Muratori
qu'Astezan est un écrivain recommandable pour le tems
où il vivait.
Observons aussi qu'il était versé dans la littérature
latine ; les ouvrages des poètes lui paraissent sur-tout
très-familiers.
TROISIÈME PARTIE.
Notice des diverses Poésies d'Astezan contenues dans ce
manuscrit.
N° I. Livre sur le tremblement de terre qu'éprouva le
royaume de ISaples, le 4 décembre i4.56, et sur l'ap-
parition du crucifix à Capoue (i^"^ feuillet).
Du Tremblement de terre.
^ Il n'y a point eu, dit Astezan, de si grand désastre
(7) Ces comparaisons sont aussi très-souvent tirées de la my-
PREMIÈRE PIÈCE. 287
depuis le déluge : plusieurs villes ont été détruites ; plu-
sieurs milliers d'hommes ont péri. Nous rapporterons
les noms de toutes les villes qu'il annonce avoir été ren-
versées ou submergées. Cette notice peut être utile
pour l'histoire de Naples (8).
« Urbs Arianensis , Aliphi , Boiani , Sancta-Agatha ,
» Asculus, PaduUarum-Terra, Castellonus, Sanctus-
3) Maximus, Fornellus, Guardia, Cerritum, Fiesso-
» lonum, Rocha-Vallis-Obscure , Voltorinum, Cas-
j) trum— de -Sanguine , Sanctus- Angélus, Peschum,
» Castrum-Caramanici, Turris-Comara, Civitella ,
j) Locus-Rippe , Sanctus-Luppus , Casetinum , Locus-
i* Carpinonum, Bicheri, Campus-Bassus, Gomitatus
» ( pêne totus ) NoUisii , etc. »
Noms des pilles à qui ce tremblement a causé de grands
dommages.
« Mechera, Morchona, Acerre , Sanctus-Germa-
y» nus, Olivetum, Pezolum, Meon, Capua, Quinque-
thologie. « Alcyone et Ceyx, dit-il à Florida ( ci-après , ëpît. i6,
du no zj, ) , ne se séparaient pas avec autant de douleur que je
me sépare de vous. »
« Ceyx , dit-il à Silanus ( ci-après , ép. 3 , du n^ 5 ) , n'aimait
pas tant Alcyone , ni Yphise Yanthe , ni Perse'e Andromède ,
ni Orphée Eurydice , que Philostrate aime Phanie. »
(8) Nous avons parcouru beaucoup de vieux historiens d'Ita-
lie. Aucun ne donne sur ce tremblement de terre d'aussi grands
détails qu'Astezan. Ils disent en général qu'il y eut un grand
nombre de villes détruites, et ils se bornent à en citer quel-
ques-unes. ( Voy. à ce sujet Annales P lacent inl ab Antonio de
'Mipalta, dans Muratori , t. 20, p. 900 ; Annales Bonincontru ,
id., t. 21, p. iSg ; Giornali Napolitani ^ id., p. ii32; Annales
Forolmenses, llîid., t. 3i, p 2a4 ? Histon'aNapolitana Ludovici
288 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
j) Alte -Ville - Comltis , CoUella- Sancli - Framondi ,
n Bénévent,.. «
Quid Beneoentanam memorabo cersiôus urbem
Cui fuit ex tanta parte ruina data
Ut non immerito Maleventi nomine diii
Possit ut antiquo t empare dicta fuit,
« Arpinum (à qui il ne put rien servir d'avoir pro-
w duit Cicéron et Marius) , Nola, Sora, Salernus, la
i> ville fondée par Enée , Canne , Sulmo , la ville où
j> est né Ovide. »
Le tremblement commença deux heures avant le
jour, et decimo unius hore dur a vit.
La ville fut presque entièrement détruite. Astezan
cite , entr'autres édifices renversés , plusieurs églises
et un mur construit par les Romains , mur le plus an-
cien qu'on connût.
Eveillés par la commotion , les habitans se sauvèrent
dans la campagne , sans se donner le loisir de prendre
leurs vêtemens. Dans le même tems une tempête af-
freuse brisa la plupart des vaisseaux qui se trouvaient
dans le port; et les eaux des puits les plus profonds
versèrent.... Il remarque aussi que de toutes les cloches
de la ville il n'y en avait plus que septc^n pussent rendre
des sons.
Tu m Pedicatus detestahantur iniçui ^
Turpe scelus , Domine , crimen et horriliîe ; .
Iratumque Deum clamabant esse supremum ,
Propter id, atque urbem perdere veïle suam
de Rainio, id., t. 23, p. a3i.) Plusieurs autres chroniques du
tems ne parlent point de ce fle'au , mais les auteurs ci-dessus
s'accordent à le peindre comme le plus épouvantable dont on
eût mémoire et dont l'histoire fil mention.
PREMIÈRE PIÈCE. 289
Sicut et antiquo submersit tempore binas ,
Urbes ob tantum crimen et acre s celas (9).
Il y périt cent mille âmes.
Apparition du Crucifix.
A la même époque (au mois de décembre ) le Christ
apparut dans les airs à plus de vingt mille hommes qui
faisaient une procession à une lieue de Capoue. Il était
attaché sur la croix sainte ; sa mère était à ses côiés!....
Qui p'urrait révoquer en doute une apparition dont
furent témoins, pendant quatre heures, tous les habi-
tans d'une grande ville (10)?
A cette occasion, Astezan chante une espèce de can-
tique où il rappelle la plupart des miracles que l'Ecri-
ture nous apprend avoir été opérés par l'Eternel.
Il revient ensuite au tremblement de terre de Naples,
qu'il attribue à la colère céleste , excitée par les trois
causes suivantes :
i^ Les vices du peuple : 2° le parjure du roi, qui ne
s'est pas servi , contre les infidèles, des décimes accor-
dées par le pape ; 3° son usurpation du royaume de
Naples sur René (11), à qui il appartenait.
(9) Ce passage , et plusieurs autres que nous citerons en don-
nant l'extrait des livres suivans (entre autres du liv i^r Elegoruntj
n° 2 ; liv. 2, nf"s 3, 4 e* ^> etc.) montrent que les mœurs de
ces lems étaient plus corrompues que certains auteurs ne le
pensent.
(10) Un autre auteur parle de cet éve'nement, et il le pré-
sente plutôt comme un phe'nomène que comme un miracle.
Apparuere , dit-il , quatuor stellœ mirabiles ab oriente in occiden-r
tem fortiter pergentes^ et erant quasi in modum crucis. ( Annales
de Ripalta , dans Muratdri , t. 20, p. goS.)
(11) René d'Anjou, que Jeanne 11, reine de Naples, avait
19
200 PIECES JUSTIFICATIVES.
Il exhorte enfin Alphonse à accomplir son vœu et à
restituer les Etats par lui usurpés , et les Napolitains à
renoncer à leur vie criminelle. Peuvent-ils se plaindre
d'un désastre dont ils avaient été prévenus ainsi que
les Ninivites le furent du leur par Jonas? N'ont-ils pas
vu plusieurs fois cette année une comète ? La queue d'une
comète n'est-elle pas, selon tous les devins, un signe non
équivoque de menaces ?
Cette pièce est terminée par un envoi au duc d'Or-
léans, et est datée d'Ast, le i" avril i^^J.
N° II (feuillet 6).Epître de féhcitation adressée à Char-
les VII, au sujet de l'acquisition de Gênes, et datée
d'Ast, le 23 mai i4.58.
Il annonce que plusieurs Génois puissans , exilés par
la faction de Frégose , doge de Gênes , qui dominait
alors dans cette ville, avaient invité le roi d'Aragon
(Alphonse ) à venir s'en emparer ; mais que la flotte de
ce monarque avait été prévenue par celle de France ,
commandée parle duc de Calabre (Jean , fils de René
d'Anjou) ; que la plus grande partie des habitans ap-
pelaient les Frc^giçais , et que ceux-ci leur ayant apporté
des vivres (la famine y régnait) , avaient été très-bien
accueillis ; que le doge Frégose leur avait remis tous
les forts, etc. C'est le 9 mai soir qu'eut lieu cette
occupation.
Quelques jours après arriva la flotte du roi d'Aragon.
appelé à la succession de ses états. Alphonse , roi d'Aragon,
s'en empara sur lui en ï44i-
René d'Anjou était en même tems duc de Bar; c'est lui dont
ona parlé ci-devant , note 243, no 10, p. i85.
PREMIÈRE PIÈCE. 29 I
Astezan prédit à son amiral qu'il échouera dans ses pro-
jets, et il l'exhorte à s'en retourner dans ses ports (12).
Cependant Thistoire nous apprend que Gênes n'évita
d'être prise que grâce à la mort d'Alphonse , arrivée
le 23 juin suivant.
N» III ( feuillet 9 ). Traduction en vers latins des
poésies du duc d'Orléans (i3).
Cette traduction est précédée d'un prologue où As-
tezan fait le plus pompeux éloge du duc d'Orléans ,
pour avoir composé en prison la plus grande partie
d'un si bel ouvrage. Il avait souvent , dit-il , admiré
Ovide , qui avait fait ses vers en exil ; son admiration
cesse lorsqu'il lit ceux du duc d'Orléans. Il se félicite
ensuite de Ihonneur que lui procurera sa traduction.
Nous ne dirons rien des poésies duduc d'Orléans(i4.).
Il en existe un manuscrit à la Bibliothèque royale ; et
plusieurs ouvrages très-répandus en ont donné des no-
tices (i5). La traduction d'Astezan est assez fidèle ;
(12) Nous avons fait menlion , ci-devant p 82 , et note 34g,
p. 223, de l'expulsion des Français et de leur rentre'eà Gènes-
( Voy. aussi Réi'olut. de Gènes y i^So , t. i, p. 270. ) On y fixe ce
dernier événement au 11 mai i458.
(i3) Charles d'Orléans, fils de Louis, petit-fils de Charles v,
père de Louis xii , et grand-oncle de François i^»^. Fait prison-
nier à Azincourt (ci-dev. p. 22 et 129), il ne recouvra sa li-
berté qu'en \l\^\o. Il avait des droits au duché de Milan, comme
fils de Valentine; mais il ne put obtenir que le comté d'Ast (vers
1447)' — Voy. Villaret^ xv, 299, l^\^ , et-ci-après note 39.
(i4) Elles sont écrites en regard de la traduction.
(i5) Académie des ïnscriplions, t. i3: Bibliothèque fiançaisf?
392 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
mais elle n'a ni la précision ni les grâces de l'original.
Le passage suivant ( feuillet 78) mettra à portée d'en
juger :
Le temps a laissié son manteau
De vent de froidure et de pluye
Et s'est vestu de broderie
De soleil raiant clei* et beau
Il n'y a beste ne oiseau
Qui en son jargon ne chante ou crye
Le temps a laissié son manteau
Rivière fontaine et ruisseau
Portent en llurée jolye
Gouttes d'argent d'orfèvrerie
Chascun s'abille de nouveau
Le temps a laissié son manteau
Tempus çuod régnât clamidem dimisit acerham
Ventorum nec non frigo ris ac plucie.
Et comptas Claris radiis solaribus atque
Formosis. Vestes induit inde novas
Non est nunc aies ; non est nunc bellua , quœ non
Cantet vel clamet more sonoque suo :
Tempus quod régnât clamidem dimisit acerham
Ventorum nec non frigoris ac plucie.
de Goujet, t. 9; Annales poétiques, t. i; Nouvelle Bibliothèque
des Romans, 2e année, t. 3, p. 104.
N. B. Depuis la première édition de cette notice , M. P. V.
Chalvet, professeur d'histoire et bibliothécaire de Grenoble,
dont les lettres et l'amitié pleurent la mort prématurée (1807), a
publié les Poésies de Charles d'Orléans , telles qu'elles sont dans
notre manuscrit (in-12, Grenoble, i8o3) Le passage ci-
dessus est à la page îDy. Au commencement du volume est un
précis sur la vie de Charles.
PREMIÈRE PIÈCE. 290
Et fluçii ei fontes et rivi in signa jocoste
Latitiœ varia nunc tcgumcnta ferunt.
Argenti çario textas ex ordine guttas.
Assumil i^esies nunc sibi quisque nôças.
Tempus quod régnât clamidcm dimisit acerbam
Ventorum nec non fn'goris ac pluvie.
La traduction de ces poésies occupe les deux tiers
du manuscrit; l'autre partie contient quatre-vingt-quinze
pièces de vers sur différens objets. La plupart d'entre
elles ne méritent pas une notice , il suffira d'en indi-
quer le sujet; nous ne nous arrêterons qu'à celles qui
offriront quelque passage remarquable.
N° IV (feuillet ii3). Elégies. Livre i". 16 Pièces.
I. Epître à Jean-Jacques, marquis de Montferrat (16),
à qui Astezan adresse ses poésies dans l'objet d'exciter
sa gaîté.
. . . Lege et risum cape prestantissime princeps
Si mea sunt risu carmina digna tuo.
2 A Florida de Pavie, sa maîtresse. Invitation de céder
à l'amour. «Ne crains point, lui dit-il, qu'on s'aperçoive
de notre affection : je trouverai quelque vieille matrone,
(16) Jean- Jacques Pale'ologue, d'une branche cadette de la
maison impe'riale de Constantinople, souveraine du Montferrat
depuis i3o6. Il était fils de The'odoie 11, dont nous avons parlé
note 349, p- 223. De'pouille' de ses e'tats en i43i , par Philippe -
!Marie Visconti ( ci-dev. note 3, p. 281) , il les recouvra en i433j
et mourut en i445. Astezan (11 l'annonce, feuillet 127) lui de'dia
le i<=i" livre des éle'gies, et les trois autres à Jean , Théodore et
Bonifare , ses enfans ( ci-après /?tf/<?j- 18, 19 et 20),.. Les dédicaces
sont dans les premières épîtres de chaque livre.
'2g 4 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
rusée et fidèle , qui, séduite par mes présens, pourra
servir d'intermédiaire à notre correspondance. »
Ne super hoc timeas. Vetulam cautam aiguë fidelem
Inçeniam , precio protinus ïpse meo ,
Quœ mandata gueat nostrum utriusque referre.
3. Au jeune Gallus. Il lui apprend comment il doit
se conduire pour se faire aimer de Philomène. Il lui
conseille sur-tout d'user de ruse , et de se méfier de sa
belle lorsqu'elle lui demandera de l'argent. Il lui ra-
conte à ce sujet une aventure plaisante arrivée au cé-
lèbre Crassus.
L'épouse d'un pauvre laboureur, dont il était épris ,
lui accorda un rendez-vous, du consentement de son
mari. Elle exigea seulement qu il lui payât d'avance les
cent sesterces , prix de son infidélité , et qu'il quittât
ses habits en arrivant chez elle. Le laboureur revêtit
les habits de Crassus, et se rendit à son palais au mi-
lieu de la nuit. Il éteignit avec adresse les flambeaux
qu'une esclave apportait à son arrivée. Craignant en-
suite que le son de sa voix ne le dévoilât à l'épouse du
riche luxurieux, il la forr.a de se taire en répondant
par quelques coups aux douceurs que dans son erreur
elle lui débitait. Il vint remettre enfin à leur place les
habits dérobés , avant que Crassus eût quitté le lit qu'il
souillait. Crassus ne se douta de la revanche qu'on ve-
nait de prendre qu'aux questions ingénues que lui
adressa son épouse sur son silence obstiné , sa colère
et ses transports amoureux de la nuit précédente.
4-. Epitaphe de la chienne de Jean-Jacques, mar-
quis de Montferrat.
5. Epitre à Sorica , qui méprisait son amant.
6. Epitaphe du singe de Barthélemi Vicomte , évêque
PREMIÈRE PIÈCE. 295
de Nôvare, (nommé en 1^29, mort en 1457... Voy.
Italia sacra ^ ci-dessous, note 17 )•
7. Epître à Jean Mutias, de Gênes, ami d'Astezan.
8. A Philomène, sur ce qu'elle ne Toalaitpas regar-
der G allas , son amant.
9. Salut à la maison de Florida.
10. Epître à Florida. Remercîmens de ce qu'elle
a reçu les présens et porté les bouquets de lauteur...
Vœux pour la matrone qui a persuadé Florida.
11. A JEnéas Silvius Piccolomini, de Sienne, poète
et orateur.
<f Pendant qu'éloigné de nos pays, lui dit-il, vous êtes
absorbé par les affaires les plus importantes , Cintbie ,
votre maîtresse , que vous préférez à toute autre (17) y
(17) ^néas Silvius, né en i4oo, à Corsiniano , près de Sienne,
fut secrétaire de plusieurs prélats au concile de Bàle , et notam-
ment de l'évêque de Novare , dont notre poète a loué ci-devant
\e singe. Il revint avec lui à Novare, où il est probable qu'il se
lia avec Astezan. Après avoir été employé dans une foule d'af-
faires importantes , il fut successivement évêque , cardinal , et
enfin pape en «458, sous le nom de Piz il. (Voy. Italia sacra ,
Rome, i652, t. 4, p- 981; Gesta pontificum ^ par Pabtjus, Ve-
nise, 1688, t. 3 , p. 583; PU II Commentarii ^ etc., par Jean
Gobelin , i6i4 , p- 2 )
La petite épitre d'Astezan nous apprend une anecdote que
nous avons vainement cherchée dans la vie de cet homme cé-
lèbre , et dans plusieurs ouvrages relatifs à l'histoire des papes...
Il parait même, par les expressions d'Astezan, que Cintliie
n'était pas la seule maîtresse d'^ïneas.. . ]Mais il est juste d'ob-
server que cela se rapporte à une époque { vraiseraLlablemeut
de i43o à i44o) où M.i\izs Silvius n'avait pas été promu et ne
devait guère espérer de parvenir aux dignités ecclésiastiques, qu'il
remplit avec tant d'éclat dans la suite.
Rappelons aussi qu'/Enéas Silvius a fait l'éloge de Jeanne
d'Arc (Voy. ci-dev. note 384, P- 23;.)
296 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
a été atteinte d'une maladie dangereuse à laquelle elle
a échappé , grâce à mes soins. »
12. Contre un orfèvre qui, par ses mauvais propos,
troublait Astezan dans son amour pour Florida.
Bacchus voulut que tout ce que toucherait Midas se
changeât en or : <f Puisse, s'écrie le poète, puisse Cupi-
don tinfliger un supplice inverse , et que tout l'argent
ou or que tu travailleras se change en fumier! »
In çilem çcrlat mox tua dextra Jimum !
i3. Eloge de la belle et jeune Hippia.
i4^. A Cupidon... Plainte de ce qu il est malheureux
dans son amour pour Florida.
i5. A la jeune Adamas... Après des détails sur sa
beauté , est-il étonnant , lui dit-il , qu'on vous nomme
D/a772tt«/ (Adamas) ? Veuillez au moins ne pas avoir la
dureté de cette pierre précieuse , dureté qui est si
grande, qu'aucun métal ne peut briser le diamant. ( Il
n'y a, ajoute-t-il, que le sang de bouc qui ait la propriété
de le dissoudre.)
16. Plainte sur le départ de Florida.
N" V (feuillet 117). Livre 2. 7 Pièces.
1. Epître à Jean, fils aîné de Jean-Jacques, mar-
quis de Montferrat (18). Astezan lui envoie ses vers
pour le distraire des soins du gouvernement.
2. Fable adressée à un goutteux... Il a pour but d'y
prouver que la goutte attaque ordinairement les riches.
Il y délaie dans cent vingt vers l'ancienne fable de
la goutte et de l'araignée , si bien rendue depuis par La
Fontaine avec trois fois moins de mots.
(18) Jean iv, marquis de Montferrat après son père Jean-
Jacques. Il mourut en i4^4-
PREMIÈRE PIECE. 297
3. Fpître au jurisccn>ul e Sllanus. Il l'entretient du
mariage de Phanie et Philostrate , qui s'aimaient ar-
demment.
4.. Epître au prince Boniface de Montferrat (19) ,
contenant le récit de ce qui s'est passé aux noces de
Cassius et de Sentiola.
Un ami de Cassius le fit cacher après le repas dans
la chambre de son beau-père, où sous un prétexte
adroit il engagea Sentiola à se réfugier. Le frère de
l'épouse, instruit de l'aventure, présenta une jeune
et belle sei^ante aux conviés, nolens sodales expertes ve~
neris esse siios. Il paraît qu'Astezan était du nombre.
5. Epître au médecin Bombelle de Ceva Récit
d'une autre anecdote.
On envoya des troupes à Ceva, qu'on craignait de
voir attaquer. Cette ville jouissait depuis long-tems d'une
paix profonde. Un nommé Cormitus, qui n'avait jamais
vu des getis de guerre , s'imagina à l'aspect des nou-
veaux-venus qu'ils sortaient armés du sein de leur mère.
Charmé de cette décoration , il désira vivement d'a-
voir un enfant qui en fut revêtu. Dans cet objet , il
prie un soldat
Uxorem graçîdam reddat ut ipse suam.
Le soldat crut d'abord que c'était une plaisanterie,
et il n'accepta la proposition que lorsque Cornutus lui
eut donné de l'argent.
Uxor cui notas s impie x erat ipse maritus
Gaudei in ampîexus posse subire novos.
Presertim quoniam informis gracilisque maritus
Non pot erat çenerem sat satiari suam.
(19) C'est vraisemblablement Boniface y, marquis de Mont-
298 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Mais , pour obtenir cet enfant désiré , il fallait en-
core que la femme se soumit à une condition difficile :
qu'elle résistât pendant deux jours à un besoin im-
périeux.
Miles Comuto dicit : ui uxor
Concnbitu pregnans sit sua fada nopo
Ut puerum armatum paritura. Sed est necesse
Per biduum conjux mingat ut l'psa nihil ^
Nam si fors conjux urinam emiserit y unà
Emittet pueri se mina jacta sui
Fidèle à cet avis, le howComutas ne perd pas de
vue sa femme. Malheureusement il est obligé de sortir
avant la iin du deuxième jour, et sa femme va satis-
faire dans son jardin le besoin dont elle était tour-
mentée. Un limaçon venait de naître au même lieu.
Cornutus ^ à Taspect de ses cornes, simagine que c'est
le fruit qu'il attendait; il se désole sur ce que le même
instant a vu naître et périr son enfant armé. Il mande
tous les prêtres de Céva pour célébrer ses funérailles;
les prêtres , irrités, et croyant que Cornutiis les joue, se
saisissent de Timbécille et lui infligent un rigoureux
supplice.
6. A l'abbé de Saint-Quentin. Fable dont voici le
sujet : Pourquoi la fortune est si favorable à certains
hommes, et si contraire à d'autres? Elle n'a pas
moins de cent cinquante-quatre vers.
7. Titre de cette pièce : /« pcdicones. Quod pedica-
ius virîum non sohim In homine sed etîam in helluaturpe est.
« Comment, s'écrie Astezan, éviteraient-ils la puni-
tion due à leur crime , lorsque Dieu l'inflige aux ani-
ferr:^t en i483, après ses frères Guillaume vii et Jean iv, et
par conse'quent troisième fils de Jean-Jacques Paléologue.
PREMIÈRE PIÈCE. 291)
maux mêmes qui s'en som rendus coupables ? Et il cite
à ce sujet magnus qui geminos asimis vitiârai aselLos ^
qu'un énorme morceau de grêle tua sur la place....
Cela est arrivé récemment , dif-il, au mois de juillet ,
la septième année du pontificat d'Eugène lY (en
i438). »
8. Astezan avertit que s'étant marié en i4.4i 1 <^t
ayant atteint sa trentième année , il abandonne la poé-
sie gaie pour la poésie sérieuse.
N« VI (feuillet 122). Livre 3^. 26 Pièces.
i.Epître à Théodore de Montferrat , protonotaire
du Saint-Siège (20)... Il lui annonce qu'il avait adressé
un grand nombre de vers à un grand nombre de personnes,
pour se faire nommer professeur de rhétorique à Gênes,
ou être chargé , sous une récompense , de chanter les
grands hommes de cette ville célèbre. Le duc d'Or-
léans est heureusement venu dans ce pays (21). La
réputation d'Astezan a pénétré jusqu'à ce prince, qui
n'a pas voulu que le poète en fût réduit à être obligé de
quitter sa patrie ; mais l'a mis en état , par ses lar-
gesses, d'habiter où bon lui semblerait.
Les 25 pièces qui suivent sont adressées au doge ,
au capitaine , au chancelier , à plusieurs sénateurs , no-
bles (22) , et jurisconsultes de Gênes. Il fait l'éloge de
(20) Théodore, quatrième fils de Jean- Jacques Paléologue ,
fait cardinal en i4<î4 > mort en 1481. (Voy. Fasti Cardinalium ,
Venise, 1701, t. 2, p. 35i.)
(21) II était dans le comté d'Ast vers 144? et i448. (Voy. Vîl-
iarei , xv, 44^; Monstreîet ^ 1. 3, f. 5.) .
(22) Tels que les Doria , les Fiesque, les Fre'gose , les Lo-
mellini , les Spinola , les Vivaldi.
3oO PIÈCES JUSTIFICATIVES.
tous ; il les compare aux Grecs et aux Romains les
plus célèbres ; il leur dit qu il leur porte la plus vive
affection ; mais bientôt le bout d oreille perce : c est un
emploi de lecteur , de professeur ou d historien qu il
réclame. Et enfmil se restreint à obtenir au moins des
secours qui le mettent en état de faire le voyage de
Gênes (23) , ou qui réchauffent sa muse. Reconnais-
sant de leurs services , il portera jusques aux cieux les
noms de tous ces Génois, les rendra immortels par
ses vers, en fera des milliers pour eux, etc. (24).
Aucune de ces pièces ne mérite une mention parti-
culière (25).
(23) Il invite (f. 126) les sénateurs, s'ils lui accordent une place,
à l'en informer d'avance, afin qu'il mette ordre k ses affaires:
Tante namque vie nolim perferre laborem
Aut sumptum , nisi sim certior ante rei.
Et il ajoute plu; bas:
Vercor si hâc tempe state çenirem
Ne frustra tantum conficeretur iter.
C'est le passage des Apennins, qui parait si effrayant au poète;
Il a de'crit dans la suite ce passage au poé'me De Varietate For-
tunée y lib. I, cap. II, et il y reproduit les mêmes idées.
Heuï heu\ quale mihi tumfuit illud iter.
Credo me tantos nunquam potuisse labores
Nec tam difficiles sustinuisse vias.
Cependant il n'y a qu'une vingtaine de lieues d'Ast à Gênes.
(24) Te carminé ad astra feram . . .faciam arbitrio carmina mille
tua Ces offres sont presque à chaque feuillet des livres 3^
et 4'=-
(aS) On pourrait néanmoins citer une maxime dont il se
sert (feuillet 124) pour consoler le doge des attaques de l'en-
vie : « On ne peut jamais obtenir de la gloire sans y être ex-
* /
PREMIERE PIECE. JOI
N» VII (feuillet 128.) Livre 4.^ 14. Pièces.
La plupart des pièces de vers contenues dans ce
livre renferment aussi des demandes de secours , des
protestations d'amitié et de soumission, des éloges, etc.,
adressés à des Génois, au marquis de Montferrat (26),
au comte d'Angoulême, au cardinal de Chypre (27),
au prince de Piémont , au chancelier de Savoie , ant
duc d'Orléans , à l'envoyé des Milanais.... Dans les
deux dernières, dont l'une fut débitée au même duc,
à Villeneuve d'Ast, le poète félicite les habitans
d'Ast et de Milan ; les premiers, de ce qu'ils ont ac-
quis le duc d'Orléans pour souverain ; les seconds , de
ce qu'ils veulent le reconnaître.
Ce 4-*^ livre est daté d'Ast, en 14.4.8 (28).
!N° VIII (feuillet i35). Lettres héroïques. Liv. 1".
3 Pièces.
I. A Charles VII. Eloge de ce prince.... Astezan lui
dédie ce livre , et le félicite de ce qu'il a recouvré dans
posé ; elle s'attache à la gloire comme la rouille au vieux fer. >»
£7/ sequitur ferrum mordax rubigo çetustum ,
Virtutem liçor sic solet ipse sequî.
(26) C'est dans celle-ci qu'il parle du poëme indiqué ci-dev.
partie 2 , n» 8, p. 285.
(27) Jean, comte d'Angoulême, fils de Louis, et frère cadet
de Charles, duc d'Orle'ans (ci-dev. note i3 , p. 291) , et grand-
père de François l^"^. (Voy. Anselme, Généalogies de France,
1726, t. I, p. 209.)
Hugue de Lusij^nan , frère du roi de Chypre , cardinal en 1426,
mort en i44^' ( ^ oy- Fasti Cardinalium ^ 1701, t. 3, p. 2o3.)
(28) Ici et dans les lettres suivantes Astezan prend la qualité
de premier secrétaire du duc d'Orléans.
3o2 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
une année la Normandie et tout récemment la Guien-
ne (29)... II espère que bientôt par la prise de Calais ,
il purgera d'ennemis le territoire français...
2. Au duc d'Orléans.
Cette épître contient une histoire abrégée de la vie
de Jeanne drArc jusqu'au siège d'Orléans. Nous nous
y arrêterons beaucoup plus qu'aux autres ouvrages
d'AstezanÇparce qu'elle sert en quelque sorte de pièce
justificative à plusieurs points du nôtre. Le témoignage
d'Astezan peut être de quelque importance : il écrivait
en 1^35, cinq ou six ans après les aventures de Jeanne
d'Arc, et sa place de premier secrétaire du duc d'Or-
léans le mit dans la suite à portée de s'assurer de l'exac-
titude de son récit.
Jeanne d'Arc naquit le jour de l'Epiphanie , dans
un village situé auprès de la frontière de Champagne ,
de parens honnêtes et pieux. Ce jour même les ha-
bitans de ce village , agités d'une joie dont la cause
leur était inconnue , coururent çà et là et chantèrent
pendant deux heures. On donna à la Pucelle le nom
d'une fontaine sainte du lieu.
Son père lui confia de bonne heure (à sept ans ) la '
garde de ses troupeaux. Elle s'acquittait un jour de ce
soin ( elle avait alors douze ans ), lorsque , à l'invitation
d'une bergère , elle se rendit dans un pré où ses com-
pagnes se défiaient à la course. La sienne fut si rapide
qu'on s'écria d'une commune voix que ses pieds ne pa-
raissaient pas toucher la terre. Pendant qu'elle se repo-
sait de ses fatigues , un jeune homme lui apparut et lui
(29) La Normandie fut recouvrée en i449 c* i45o, et la
Guienne en i45i. ( Voy. ci-dev. note 34? j P- 222 ; Villaret, \v,
455 et suiv. ; xvj , 27 et suiv.)
PREMIÈRE PIÈCE. 3o3
dit de se rendre auprès de sa mère, qui la demandait.
Persuadée que c'était son frère ou quelque voisin qui
lui transmettait cet ordre , Jeanne s'acheminait vers la
maison paternelle, quand tout-à-coup sa mère lui
vint au-devant et la querella de ce qu'elle abandonnait
son troupeau. Jeanne , surprise , retourna sur ses pas.
A l'instant les nuées devinrent étincelantes , et une
voix en sortit qui lui dit qu il fallait changer de vie :
que Dieu T avait choisie pour sauver le royaume de
France , qu'elle eût à se rendre auprès de Charles vu,
et à lui enjoindre de se conformer à ses avis.
Jeanne , étourdie de cette vision , qu'elle se rap-
pela souvent, garda néanmoins le silence pendant près
de cinq ans (3o). Sur ces entrefaites, les maux des Fran-
çais parvinrent à leur comble ; la même voix se fit
encore entendre et adressa à Jeanne des reproches sur
sa négligence.
Quelque positif que fût cet ordre , Jeanne était in-
décise. Elle repassait dans son esprit les obstacles
qu'elle aurait à surmonter: par exemple , elle ne con-
naissait ni le roi , ni le chemin qu'il fallait suivre pour
arriver jusqu'à lui « Dieu le veut ainsi, s'écrie
« alors la voix: va-t'en dans la ville de Champagne ,
w la seule qui soit restée fidèle au roi ; le gouverneur
» te conduira à ce prince (3i). »
(3o) Ainsi, selon Astezan , elle avait dix-sept à dix- huit ans
lorsqu'elle se rendit auprès de Baudricourt ; ce qui s'accorde
avec sa déclaration. (Voy. ci-devant no/e 242, n» i, p. 177.)
(3i) Ce re'cit des visions de Jeanne est différent de ceux des
auteurs et des procédures : nouvelle preuve que le merveilleux
qu'on a mêlé à son histoire était le fruit de l'imagination de se*
contemporains. (Voy. ci-dev. noU ^43, n" i4, p- iBS)
3o4 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Jeanne cède enfin. Elle se rend auprès du gouver-
neur , qui , soit qu'il fût mû par un motif d'humanité ,
soit qu il eût élé averti par quelque ordre divin , lui fit un
bon accueil (82) , et la conduisit au roi sans qu'il lui
arrivât le moindre accident, quoiqu'il eût pris son che-
min à travers les ennemis (33).
Illius adçenfum rex senserat. Aique suorum
Consilio procerum minime decreçerat il' a m
Audire an le dies très (34) dum venisset ad ipsum.
A peine Jeanne approche, que les cœurs de tous ces
conseillers ^ont changés : elle est approuvée par des
théologiens.
Post hœc rex prudens astutè fungitur ej'us
Colloguio ut meliits nympham dignoscere passif.
Mox per non nullas mulieres queerit honestas
Ipsias mores agnoscere çirginis omnes.
Omnibus in rébus virgo reperitar honesta.
Non content de cette enquête , Charles ordonne
■ Quadraginta diebus
Illam sen>ari mulieres inter honestas.
Et l'on reconnaît que Jeanne
Nulla penitus leçitate movetur (35).
Il l'envoie alors secourir Orléans, assiégé depuis long-
(32) Au contraire ; il la rebuta d'abord. ( Voy. ibid. , n© 8 ,
p. 184.)
(33) Ce ne fut point Baudrîcourt qui la conduisit, (Voy. ib.^
n» 10.)
(34) Ceci confirme l'observation pre'sentée à la fin de la
note 257 ci-devant, p. 194, où même Ton ne parle que de deux
jours.
(35) Voy. sur-tout ce passage j note 243 , n© 13, ci-dev. p. 186.
PREMIÈRE PIÈCE. 3o5
lems. Elle sauve cette ville , quoique les ennemis fus-
sent très-nombreux et qu'elle eût peu de monde avec
elle. Beaucoup furent tués ou s'enfuirent, et elle fit
un grand nombre (//2«î/mm) de prisonniers.
Elle retourne alors auprès du roi , qui lui vient au-
devant , l'accueille avec transport , la fait asseoir quel-
que tems à ses côtés (36). Elle le supplie de la ren-
voyer combattre le reste des ennemis. On lui donne
des troupes. Elle leur enlève des villes , les combat ,
les défait, en prend un grand nombre , met en fuite
des chefs aguerris , recouvre en peu de tems une vaste
étendue de territoire ; enfin , tout le monde lui attribue
le salut de la patrie.
Tanins eral pudor Ituic et ianta modestia ut l'psa
Esse fidereturmirœ Lucrecia famœ (3 7).
Elle buvait , mangeait -et dormait peu. Elle passa six
jours et six nuits sous les armes, sans se reposer. Elle
se tenait bien à cheval, se plaisait à l'entretien des
hommes , et méprisait celui des femmes. ( Verha (>ana
fugiens. )
Dieu voyant enfin que la France pouvait se soutenir
par elle-même, la priva du secours de Jeanne.
Cette épître , datée d'Ast, en i435, est terminée
par un éloge du duc d'Orléans , une exhortation faite
à ce prince de supporter patiemment sa captivité, etc.
3. Epître à Biaise de Asireo , amiral génois. Il le fé-
licite de ses derniers exploits , et sur-tout de la victoire
(36) Les auteurs ne parlent point de ceà circonstances , quî
néanmoins ne sont pas improbables.
(37) Voy. note 383, ci-dev. p. 236.
20
3ob PIÈCES JUSTIFICATIVES.
qu'il a remportée sur le roi d'Aragon (38). Cette épîlrç
est datée de Pavie , en i436.
N» IX. (feuillet i4-o). Lettres héroïques, Liv. 2^
5 Pièces.
Les trois premières lettres de ce livre sont datées
d'Ast, en i4.4^^t i44^7 c* adressées au marquis de Sa-
luées , au comte de Dunois , et au doge de Gênes. Elles
ne contiennent que des éloges ou des offres de célé-
brer leurs hauts faits, etc.
La 4-^ , datée de i448 , est adressée aux sénateurs et
principaux citoyens de Milan. Elle contientunlong éloge
du gouvernement monarchique. Astezan soutient que
Jésus- Christ lui-même préfère ce régime , puisqu'il
n'a pas voulu naître sous la république romaine , mais
bien au commencement de l'empire , après la clôture
du temple de Janus.
Il demande alors aux Milanais pourquoi ils diffèrent
de se soumettre à la domination de son prince et maître,
le duc d'Orléans , dont il expose les droits héréditaires
comme fils de Valentine , etc. (39) , et dont il fait en-
(38) Alphonse v, roi d'Aragon , qui fut battu et fait prison-
nier le 5 août 1435, dans une grande bataille navale que lui li-
vrèrent les Génois , alors soumis à Philippe - Marie , duc de
Milan. ... Ils prirent aussi le roi de Navarre , le prince de Ta-
rente, etc. Mais Philippe les renvoya tous sans rançon. (Voy.
Résolut de Gènes ^ 17S0, t. i , p. 249: Aslreo y est appelé
Asseretlo.) Astezan e'gale ici Aslreo aux Déclus , aux Scipion ,
aux Alexandre, aux Pompe'e , etc.
(34) Il rappelle que Jean Gale'as (ci-devant noie 3 , p. 2B1 )
avait assure' , en cas d'extinction de sa postérité masculine , le
duché de Milan aux cnfans de sa fille C'était en effet une
PREMIÈRE PIÈCE. Soy
suite l'éloge.... Il dit entre autres qu'il est le prince le
plus religieux du monde.
... Hic etenim patitur jejuni'a tanta
Totgue prcces supcris et çerba precantia dicit
Quotidie , ut nullus faciat se plura sacerdos.
Il loue encore sa générosité.
Argentum large large consumpsH et aurum.
Et néanmoins ( malgré sa longue captivité )
Non çendidit oppida terre
Nil cuiquam reddere débet
Quin imb multi reges ducesque patentes
Penè sibi innumerum sese debere fatentur
Aurum. Quod tribuent sibi dum res exigit ipsa
Aut aurum dantcs aut ipsius arma juçantes , etc.
Il ajoute qu'il leur procurera la paix , et qu'ils se cou-
vriront de gloire en le reconnaissant , etc.
5. A Juvénal des Ursins , chancelier du roi
Charles vu (4.0).
Après des protestations d'amitié, ill' exhorte à pro-
téger les poètes.
Quamçis sint muneris aurî
Argentique inopes
Par eux seuls on peut acquérir de la renommée.
disposition du contrat de mariage de Valentine. ( Voy. Villaret,
XV, 416.)
Il ne faut pas rejeter, a-t-ildit aupai'avant, ceux qui ne suc-
cèdent que par les femmes, et il a cité pour preuve la maison
Palëologue , qui acquit de cette manière la souveraineté du
Montferrat (par le mariage de l'empereur Andronic avec Yo-
lande , he'ritière de ce marquisat).
(4o) Frère de l'auteur de l'histoire indique'e ci-devant note i,
n^'s 5 et 7, p. io3.
3o8 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
( Idée qu'il met en avant dans presque tous les ou-
vrages ci-dessus. )
En vain quehjues philosophes ont-ils dit qu il fallait mé-
priser la gloire , leur nom , écrit à la tête de leurs traités , at-
teste qu'ils étaient aussi jaloux de vivre dans la posté-
rité que tous les autres hommes , qui ont toujours ce
but en vue (4ï)-
|;i II finit par demander à Juvénal de lui faire accorder
assez de biens pour qu'il puisse s'occuper uniquement
de chanter les hauts faits des Français , qui ne seraient
connus que d'eux-mêmes s'ils étaient célébrés dans
leur langue , tandis que le latin en instruira toutes les
nations.
A Blois, i4-5o.
JN» X (feuillet ilfi). Lettres héroïques. Liv. 3«.
Ce livre ne contient qu'un prologue adressé au
comte d'Angouleme, et une longue lettre dans la-
quelle il décrit au marquis de Montferrat (Jean iv)
les choses admirables qu'il a vues en France , et qui
sont si nombreuses que Virgile ni Homère ne pour-
raient suffire à leur description.
§ I". Paris. La plus belle ville du monde. Voici
les principales choses qu'il y a admirées :
1. Ses ponts superbes, couverts de maisons, ponts
qu'on traverse sans croire passer sur un fleuve (il y a
été trompé lui-même).
2. Les palais des rois et de la famille royale.
3. Le Palais de Justice. Il y admire sur-tout les di-
(4i) Celte pensée est tirée de Cicéron : pro Archiâ poctâ^
d[i. 26.
PREMIÈRE PIÈCE. 3o9
verses espèces de marchandises qu'on y vend, lin,
îaine , soie , or, argent, fer, toute espèce de métal et
d'habillement.
Dhersosgue libros diçcrsis artibus aptos.
Des joujous pour tous les âges.
Non desunt pupee gratis sima dona tenellis
Virginibus miro cultu formâgue decorâ
Ily a des monumens de la victoire de Godefroy sur
le dragon.
Cujus pellîs adhiic muro est affxa palatii (42).
4.. La Bastille.
5. Les églises très-riches et les peintures de leurs
vitrages.
6. La Sainte-Chapelle, où il remarque sur-tout une
patène d'or transparente comme du verre , et les re-
liques qui sont fermées sous trois clefs -, une de ces
clefs est confiée au grand-chambellan, le comte de
Dunois; la deuxième, au recteur; la troisième , à l'or-
fèvre du Roi , pour vérifier et réparer les bijoux. On dit
qu'il s'y trouve le fer de la lance de saint Longin, qui
a percé Jésus-Christ ; l'habit sans couture qu'il a porté
dans son enfance , habit fait des mains de la Sainte-
Vierge , qui occulté crescehat taniînn (juantiim corpus su-
blime gerentis ; l'éponge qu'on lui présenta sur la croix ;
un des trois clous dont il fut également percé ; sa
(42) L'histoire des croisades fait mention d'un ours e'norme
tué par Godefroy de Bouillon, et d'un serpent dont Geoffroi
de la Tour débarrassa un lion que ce monstre étouffait de ses
replis. (Voy. Ma/mbourg, 1686, t. 2, p. i-o3 et 160.) Ce dernier
événement semble être celui dont parle le poète ; cependant les
mots Gothofredus eXprinceps qu'il emploie se rapportent mieux à
Godefroy de Bouillon,
3 10
PIECES JUSTIFICATIVES.
couronne d'épines , ( c'est bien la même , dit Astezan ,
puisqu'eile a des fleurs et qu'on sait que cette cou-
ronne Oeuril au jour de la mort de Jésus-Christ);
le saint- suaire ; une partie du linge avec lequel
Joseph Tensevelit; celui dont Jésus -Christ se cei-
gnit lorsqu'il lava les pieds des apôtres; son- sceptre;
une partie de son tombeau; sa chaîne; le bois de la
vraie croix ; le lait de la Vierge , et une partie des poils
qui ont précédé ses cheveux; les chefs des saints Biaise ,
Clément, Siméon, etc, etc.
7. L'ègiise de Notre-Dame ; ses admirables sculp-
tures, qui représentent l'Kistoire sainte; le colosse
de saint Christo-^he.
8. Les Gélesiins , où se trouve la chapelle du duc
d'Orléans , qui contient des tableaux dignes d'Apelles ^
et le tombeau de son père Louis. Ce dernier a comblé
de bienfaits cette église ; il a , entre autres , fondé une
messe solennelle qu'on dit chaque jour pour le repos
de son ame. (^^^oy. ci-dev. p. 10 et suiv. )
9. L'Hôpital , auquel sont attachés un physicien , un
chirurgien , deux médecins , et un pharmacien qui
prépare et administre ce qui est prescrit par les mé-
decins.
10. L'Université, où l'on enseigne, entre autres, la
théologie et le droit canonique ; mais non pas le droit
civil.
11. Quatre-vingts collèges , où il y a des bourses.
12. Le Parlement, dont la réputation d'équité est
si grande , que les étrangers , les païens même lui
soumettent quelquefois leurs causes.
i3. Les ouvriers, en général très-habiles.
14. La multitude incroyable d'habitans , de prêtres^
PREMIERE PIÈCE. 6 I t
et de chevaux. Pour donner une idée du nombre des
derniers, ii dit qu'il n'a jamais passé sur les ponts où
habitent les orfèvres et les bijoutiers , sans rencontrer
des chevaux blancs et des moines noirs.
Miror et innumeras forma pressante puellas
Tarn lascivo habita cuitas adeoguc facetas
Ut Priamum aut Vetercm succendcre Ncstora possint (43).
§ 1. La forêt de ViNCENNES. Son château entouré
d'un triple et quadruple rang de fossés et de murs. Son
temple, qui entretient quinze prêtres ; son parc , si pro-
pre à la chasse et si fourni de gibier de toute espèce ,
sangliers, daims, cerfs, lièvres, lapins (on en voit
quelquefois rassemblés par milliers).
§ 3. Le bourg de Saiist-Deîsis , où le corps du saint
a été transporté à l'aide d'un miracle.
lies mira est caput ipse saura Dionisius illuc
Truncatum portons reguiet>it in illo.
On croit aussi que l'église de Saint-Denis a été sacrée
de la propre main du Christ, selon le témoignage
d'un lépreux qui avait couché dans l'église , et dont
le Christ transporta la lèpre aux murs de Féglise pour
qu'il ne doutât pas de la réalité de sa vision. Aussi a-
t~on recueilli et conserve-t-on encore avec soin cette
lèpre.
11 admire encore les tombeaux des rois et les trésors
qui y ont été conservés miraculeusement. Le pontife
les cacha dans la terre , et les Anglais les cherchèrent
(43) On trouve la même comparaison dans son poëme De
Varictate Fortunes , 11b. I, cap. 8 ; Murafbri , t. i4, p. iOi6.
Ut çuicumçue senex incendi possit amore ,
Ut Friamus valcat , Nestor et ipse capi.
3l2 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
vainement. Les Anglais ont tres-peAi ou même nont point
de religion; ils ne se font aucune peine de profaner les
temples ; aussi Dieu les a punis et les a fait écraser
par Charles vu , roi le plus religieux <^.e ce tcms.
Ils ont étrangement dévasté Saint-Denis, qui était le
premier bourg de France , comme Paris la première
des villes; le Roi commence à le rebâtir.
§ 4- CoucY , château du duc d'Orléans, situé sur
les frontières de Picardie, à cinq lieues à Touest de
Laon.... Astezan le nomme Conciacum, et le diction-
naire géographique , Codiciacum.
Sa tour est la plus haute de France ; on compte dans
son escalier deux cent vingt-deux degrés ; elle a trente-
trois grandes brassées de hauteur et autant, dit-on ,
dans les fondations ; ce qui est possible , puisque son
puits a plus de quarante brassées. Elle contient un
moulin à bras et un four. Elle est ronde et a soixante
brassées de tour. Ses murs ont vingl-cinq pieds d'é-
paisseur ou quatre brassées et demie. Elle a dans l'in-
térieur cinquante pieds de large et quatre-vingt-six
vers son sommet. Elle est couverte de plomb. On
conserve sur le toit des poissons comme dans un vi-
vier. (Miracle semblable à ceux de Deucalion.) Sur
la porte on voit les portraits de deux princes , dont
l'un l'avait fait bâtir , et l'autre avait tué un lion qui
dévastait tout le pays. La figure du lion y est aussi.
Il y a quatre tours un peu moins grandes, dans cha-
cune desquelles sont trois chambres surmontées de
voûtes admirables. Au rez-de-chaussée est une prison
(^Junnanus carcer') assez douce pour les petits délits;
pour les crimes , il y a sous terre un affreux cachot. La
chapelle contient plusieurs bustes, et sa voûte est ornée
PREMIÈRE PIÈCE. 3l3
de plusieurs peintures. Celles des vitrages surpassent
tout ce qu'on peut imaginer. Elles représentent plu-
sieurs sujets tirées de l'Histoire sainte et moderne ,
mais elles ont été détruites en partie dans les dernières
guerres. (La trahison avait livré cette tour (44) qui est
imprenable.) Jean, duc de Berri (45), offrait douze
mille écus d'or de ces peintures.
La salle du château est superbe ; deux cents pieds
de long sur cinquante de large; une voûte très-élevée ;
beaucoup de grandes fenêtres; quatre belles cheminées,
dont deux fort bien décorées, sont à la tête de la salle.
Entre ces deux cheminées est une tribune élevée et
remarquable par la beauté de ses ornemens. Toutes
les figures sont faites de la même main , et si je ne
l'eusse vu de mes propres yeux , je n'aurais pu croire
qu'on pût sculpter sur une pierre très-dure les feuilles
et les fruits des arbres , et autres objets très petits.
De cette tribune, les seigneurs, séparés du peuple ,
peuvent voir les jeux qui ont lieu dans la salle. Les fi-
gures de Josué , Judas Machabée , David, Hector,
César, Alexandre , Arthus , Charlemagne et Godefroy
de Bouillon , que les Français appellent noveni viri
prohi , y sont sculptées sur de la pierre blanche. Louis ,
duc d'Orléans (^Voy. ci-devant note i3, p. 291 ), père
de Charles, qui a beaucoup augmenté ce château, leur
a joint le portrait de Duguesclin ( de Claschin) , le plus
grand guerrier de son tems.
(44) Monstrelet, t. i, ch. 2o3, f. 270, année i4 18 , donne les
détails de la surprise de ce château, dont Sainlrailles était gou-
verneur pour le duc d'Orle'ans.
(45) Celui dont il a été question ci-devant , p. 6 et suiv.
3l4 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Dans une autre chambre sont novem muUeres probcc :
Sémiramis, Thomirys, Deïphile, Lampedo , Mena-
lippe , Marpesie , Orithée, Penthasilée et Hippolyte.
Toutes ces figures sont admirables. Deux cheminées,
artistement travaillées, ornent encore cette chambre;
il y a un cabinet caché dans le mur, où le prince peut,
en secret , assembler son conseil et faire tout ce qu'il
veut.
Je passe sous silence la cuisine, digne de Néron ; les
écuries ; les escaliers pris dans le nmr; le portail; la
cave , dont l'escalier a 40 marches , et à côté de la-
quelle est un souterrain propre à surprendre les enne-
mis ; un puits , au bas duquel est un autre souterrain où
le seigneur de Couci cachait ses trésors et bijoux; la
porte du château, etc.
§ 5. Lyon, jadis le siège de la rhétorique. La Saône
la divise en deux parties. Le Rhône baigne ses murailles,
et sépare la France de l'Empire (4^)- Ces deux fleuves
rendent la terre fertile ; les monts qui la défendent por-
tent du vin et des fruits; sur ces monts on voit deux
temples, des tombeaux de martyrs, une partie de la co-
lonne à laquelle fut attaché Jésus-Christ.
La Saône {Sangona) a reçu son nom du sang des
martyrs qui en a teint les eaux. Auprès de la ville est
Bustum
Qui tmïgo iumulus geminorum fertur amnnfium.
On dit que ces deux amans sont Hérode et sa femme.
On dit aussi que Pilate est né à Lyon d'un commerce
illégitime. Son père , très-illustre, s'appelait Tus^ et sa
(46) Au tems d'Astezan, le Dauphiné était encore regardé
comme terre de l'Empire.
PREMIÈRE PIÈCE. 3l5
mère , filie d'un meunier, se nommait Fila , d'où vient
le nom de Pilaius.
Le temple de Saint-Jean a cent chanoines. La ville
est dominée par un château. ïi y a tant de jeux et de vo-
lupté , qu'on pourrait l'appeler la ville d Epicure.
g 6. Bourges. Jean , duc de Berri , y a fonde une
chapelle dont les figures sont peintes avec tant d'art
qu'elles paraissent vivantes. Je ne parle ni des fenêtres
peintes , ni des reliques renfermées dans des caisses d'or
et d'argent , des pierres précieuses , d'une croix d'or, du
temple magnifique de Sainl-Etienne , qui renferme ,
dit-on , le corps de ce saint ; du palais du prince , aussi
riche que celui de Crassus. Quoiqu'il ne soit pas fini, on
y a déjà employé cent mille écus d'or (^l^']').
§ 7. Blois. Il y a , près de la Loire , sur une colline ,
un château fort et si vaste , qu'il peut loger plusieurs
milliers d'hommes et de chevaux. Il renferme un temple
également très-vaste, auquel sont attachés beaucoup
de prêtres. On y admire un orgue (le plus grand que
j'ai vu) qui a, dit-on, quatorze cents tuyaux d'élain ,
dont j'en ai observé de si larges qu'un homme pourrait
y passer. Au milieu du bourg est une fontaine qui suffit
à tous les habitans. Les filles ont un teint naturel très-
coloré; je les préfère aux filles de Lombardie. La terre
est fertile , très-riche en vignes, forêts , prés et eaux.
§ 8. Orléans. Cette ville est très-peuplée , sur-tout
d'ouvriers ; son université supplée à celle de Paris pour
l'étude du droit. On y voit le couteau dont Jésus perça
l'agneau; les vases dans lesquels on versa le poison des-
(^7) Voyez, au sujet de tout ceci, ci-devant p. 6 et suiv., et
notes 25 et suiv. , p. ii4«
3l6 PIÈCES JUSTIFfCATIVES.
tinc à s. Jean , poison qui , grâce à Dieu , ne lui fit aucun
mal. Ce canton produit du blé , du vin , des pommes ,
des noix. Il y a des prés et des forets. La Loire fertilise
Orléans, Tours, Blois, Baugenci, etc. On la traverse
sur plusieurs ponts fortifiés de tours ; celui d'Orléans
est le plus beau d'entre eux. Le palais des ducs est auprès
de la rivière.
§ g. Tours. Charles \'II y a bâti un très-beau palais.
C'est là que , depuis sa fuite de Paris , saisi d'un juste
courroux, il fait le plus souvent sa résidence (4^8). La
ville de Tours est très-riche -, le terrain très-fertile. On
y voit le corps de S. Martin , et Tépée avec laquelle il
coupa son habit pour le partager avec un pauvre; les
rorps des sept dormons.
§ lo. INoYON , ville de S. Eloi , dont Astezan y a vu
les instrumens , le marteau et Venclume.
§ II. Senlis et CoMPiÈGT^E. Il passe sous silence la
première, ainsi appelée {Si/oanectum) parce qu'elle est
entourée d'une forêt.
Le bourg de Compiègne a été engraissé parles inon-
dations. On y voit l'anneau et le voile de la Sainte-
Vierge,
§ 12. Lâon, ville très-forte, située sur une montagne;
pays très-fertile en vins et autres fruits. Il y a une très-
belle église. Non loin de là (à trois lieues) est le temple
si connu de tous les Français, dédié à Notre-Dame-de-
(48) Ce passage d' Astezan est pre'cieux. Il supple'e au silence
des contemporains sur les motifs de Charles, qui, en effet, de-
puis qu'il eut recouvté Paris (ci-devant no/e 346, p. 221) , vint
très-rarement dans cette ville ; son ressentiment était juste,
mais sa conduite était-elle politique?
PREMIÈRE PIÈCE. SlJ
Liesse , qui fait assidue des miracles célèbres dans tout
l'univers.
§ i3. SoissoNS. Il est traversé par une rivière qui fer-
tilise sa vallée , et près des bords de laquelle est un châ-
teau fort du duc d'Orléans, qui domine la ville.... Le
coi'ps de S. Sébastien est dans son église.
§ i4. iVMiEiss. Une partie de la ûice de S. Jean-
Baptiste est à Amiens-, la partie supérieure de la tête à
Saint-Jean-d'Angely (^9) ; son menton à Lyon, et les
cendres de son corps à Gênes. Le temple d'Amiens est
le plus beau de France , quoique plusieurs lui préfèrent
celui de Chartres. On doute que celui de Milan les sur-
passe , quand même on le finirait. S'il a tant parlé de
temples et de reliques, contre Tusage des poètes, ajoute
Astezan , c'est que la France seule lui a paru surpasser
la Lomhardie dans ce point.
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur les
villes de France. Ecrit à Blois en 14.01.
N° XI (feuillet i53). Livre sur l'apparition de la croix
à Baïonne, dédié à Charles vu.
L'Aquitaine tire son nom des fleuves , étangs et lacs
dont elle est remplie. Clovis soumit le premier la Gas-
cogne. Les Anglais ,
Barbara gens . aliéna pctens et semper anhelans
Et nusquam contenta suo
l'enlevèrent et la conservèrent long-tems. Charles vu ,
après avoir soumis la Normandie dans l'espace d'un an,
reprit la Gascogne en un été (Astezan voudrait célé-
(49) On prétend même y posséder toute la tête. (Voy Des-
cription de la France^ par l'abbé de Longuerue, partie i^'e, p lôo )
3l8 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
brer ces guerres merveilleuses ; la pauvreté ne lui en
laisse pas le loisir), et fit ensuite assie'ger Baïonne avec
une armée formidable (5o).
La sainte croix apparut tout-à-coup pendant plus
de deux heures dans les airs. Le ciel était pur. Elle était
petite, fixe et entièrement blanche. Elle fut vue par les
citoyens de Baïonne , par la garnison anglaise , par les
troupes de Charles, et parleurs auxiliaires, les Espa-
gnols, les Ecossais.... LesBaïonnais, fondant en pleurs,
se rendirent aussitôt à Charles vu. Ce signe miracu-
leux, et sur-tout la couleur de la croix (5i), leur an-
nonçait que le Ciel se déclarait en sa faveur Im-
précations du poète contre les Anglais; éloges de
Charles vu Astezan le prie de lui accorder du re-
pos , c'est-à-dire les moyens de célébrer ses exploits.
A Tours, février i4.52.
N*^ XII (feuillet i55). Livre De Refunerea. 27 pièces.
Ce livre est adressé à Thomas Francus, Grec, phy-
sicien royal (médecin du Roi). Il contient deux épi-
grammes et vingt-quatre épitaphes dont nous allons
donner la notice.
(5o) Au mois d'août i45i.. . . L'armée était commandée par
les comtes de Foix et de Dunois. . . . Baïonne se rendit le 26.
(Voy. Slonstrelet, t. 3, f. 38 à 4o; Fillaret, xvj , 38 à 42.)
(5i) Les Français portaient la croix blanche, et les Baïon-
nais la croix rouge. {\oy. Monsirelef , ibid.) Selon lui, la croix
apparut seulement une demi-heure. Ni lui ni Astezan ne disent
comme Villaret, l'ùid., qu'elle fût surmontée d'une couronne,
et que celle-ci se soit changée en fleurs de lis Au reste ,
Astezan assure que les députés de Baïonne racontèrent cet évé-
nement à Charles vji , en présence d'un grand nombrede sei-
gneurs, de magistrats, etc.
PREMIÈRE PIÈCE. JI9
1° L'épitaphe de Guarlni de Vérone (52) que l'on
croyait mort (sa réponse à Astezan suit cette épitaphe) ;
2^ de Ferrari , d'Ast , carme, éveque élu de Tortone ;
3° Louis Tition, conseiller et secrétaire du marquis de
Montferrat ; 4^° de Barth. Caprée, chanoine de Novane;
5» trois de Jean-Jacques, marquis de Monlfen at ;
6'' Louis Guascho ; 7° Jean Percival Pvotarius ; 8^ Pe-
trlna, jeune fille ; 9° Argenline , femme de Jean Be-
noît Rotarius, d'Ast ; 10° Trinia , jeune fille ; 1 1^ Angia ;
Animi femina vilis erat
Dégénères démens hœc preponebat amantes
Nobilibus ; famulos anieferebat hen's.
Nemo siui gratus prestans ç'iriute , sed omni's
Scn'us , et acceptas rusticus omnis erat
12° Jean Yelsecher, général autrichien ; iS" Bartli.
Carrari , chirurgien d'Ast , beau-père de l'auteur ;
14° Gérard Macheto, éveque de Castres, confesseur du
V\o\ (53); i5» Elisabeth, duchesse d'Orléans, et veuve
du roi d'Angleterre (5^) ; 16^^ deux, faites par anticipa-
(Sa) Un des plus savans hommes du quinzième siècle, et un
des restaurateurs des lettres en Italie C'est le bisaïeul de
l'auteur du Pastor fido Il mourut en 1460. ( Voy. Bayle ^
mot Guarin.)
De telles liaisons annoncent qu'Astez>?n jouissait d'une grande
ve'putation.
(53) Confesseur de Charles vu et conseiller-d'état, mort
en 1448.
(54) Elisabeth, ou Isabelle de France, fille de Charles vi,
veuve de Richard il (ci-devant note 84, p. ï^^), épousa en 1^06
Charles, duc d'Orléans. Elle mourut en 1409, laissant une fille
qui fut mariée en 1421 {jubente pâtre ^ dit Astezan) à Jean, duc
d'Alençon, dont nous avons parlé plusieurs fois Le P. Anselme
{Généalogies ^ t. i, p. 208 et 2-3) observe que ceile-ri , morte
320 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
tion, pour le tombeau de Charles, duc d'Orléans, et d'a-
près ses ordres ; précédées d'un envoi à Jean , marquis
de Saluées; 17° Pierre Astezan père, professeur (55) ;
iS*^ Andrionus de Brena, d'Ast; 19» trois de Charles vu,
mort en 14.61. Dans la première, il dit, entre autres,
que Charles délivra la France de ses ennemis :
Auxilium imprimis illi p restante Johanna
Virgine : guœ cœli nuncia régis erat.
ce qu'il répète à-peu-près avec les mêmes expressions
dans la seconde A la fin de la première, on lit en-
core :
At succès sorem (Louis xi ) tantâ virtute rel///u/i,
Ut de se non sit spes capienda minor.
Il règne dans toutes ces épitaphes le même ton de
louanges. Les morts célébrés sont presque toujours au
moins égalés aux personnages les plus fameux de l'his-
toire ancienne ou de la mythologie.
La chapelle du cardinal Ardicin de La Porte, de No-
varre (56) , et celle du beau-père d' Astezan , sont le
sujet des deux épigrammes ou plutôt des deux inscrip-
tions de ce livre.
en 1432, lie laissa point d'enfans ; cependant Astezan dit ex-
pressément que le duc d'Alençon en eut ires pan>o tempore naios.
Après la mort dlsabelle, Charles e'pousa Bonne, fille du con-
nétable d'Armagnac.
(55) Celle-ci est termine'e par ces vers touchans :
Lector ab his paucis multas inteliige laudes ;
Pressa dolore manus scribere plura neguit.
(56) Savant jurisconsulte, fait cardinal en 14^6, mort en
1434. (Voy. Fasti cardinalium ^ t. 3, p. 2o3.)
PIÈCES JUSTinCATIVES. 021
DEUXIEME PIECE.
I)e V expédition projetée en i43o par le prince
d'Orange contre le midi de la France , et
terminée par la bataille d'' Anthon.
N. B. Nous avons tiré ce fragment de l'histoire ine'dite de
Thomassin ( Voy. ci -devant note i, No IV et 22 ; et note 887,
page io5 et 238 ) , et nous y avons joint des notes explicatives
et supplétives, dont plusieurs ont été extraites des pièces justi-
ficatives de \ Histoire du Dauphine, par Valbonnais, t. I, p. 62
et suivantes.
« MESSlRELoysde Challoiis, seigneur d'Arlay et prince
d'Orange homme et vassal du Daulphiné comme des-
sus est déclaïré , voyant le royaulme bien au bas et petit estât
et que le roy daulphin avoit petite puissance, voyant aussi
que tous les nobles du Daulphiné portant armes estoient
demourés à la bataille de Vernueil comme dessus est dict
et que le Daulphiné pour lors estoit de petite et poure
défense, mit en son dampne propos et délibéra de con-
quérir et usurper le Daulphiné, et voyant qu'il n'avoit
point de port sur la rivière du Rosne pour entrer au
Daulphiné procura et fit tant que la reîessée (veuve ) de
feumessire Bertrand de Saluées qui estoit mort en ladicte
bataille de Vernueil lui remit et transporta tous les
droits et actions qu'elle pouvoit avoir au chasteau d' An-
thon, et aux chasteaux de Colombier et Saint-Ro-
main (i) , où ladicte reîessée n'avoit point de droit.
(i) Anthon-sur-le-Rhône ( Voy. la 2e carte ).... Colombier, à
3 lieues au sud , et Saint-Romain , à 2 lieues au sud-est d' Anthon,
31
322 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
>i Et soubs couleur dadict transport l'an 1^28 , près de
la fm du mois d'avril , ledict prince envoya de ses gens
devers ladicle relessée , qui estoit dedans ledict cliastel
d'Anthon qui les mit dedans et s'en alla. Tantost après
ledict prince y envoya deux cents hommes d'armes les-
quels passèrent par le port d'Anthon et fournirent le
chastel de gens d'armes et de traits ; puis prinrent ledict
Colombier et Saint-Romain et les garnirent aussi de gens*
Paravant ledict prince avoit mis grosse garnison au chas-
teau d'Aulberive (2) près de Vienne. Après qu'ils eurent
ainsi garni secrettementlesdictes places ils les firent fort
fortifier, puis coururent par les mandements desdictes pla-
ces et aultres du pays voisines , en prenant prisonniers,
bestes et aultres biens de ceulx du pays et firent forte guerre
auDaulphiné (3) qui dura jusqu'à la bataille d'Anthon.
Au Daulphiné n'avoit point de gouverneur, car quand
messire Mathieu de Foix, comte de Comminges, gou-
verneur du Daulphiné lequel estoit compagnon d'arme$
dudict prince, sceut que ledict prince vouloit faire guerre
au Daulphiné , laissa le pays et résigna son office à mes-
sire Raoul y seigneur de Gaucourt^ lequel vint à Grenoble
pour prendre possession dudict office ; et après ce qu'il
l'eut prinse vinrent nouvelles que du tout la guerre estoit
oincte, dont il fut bien esbahy, disant fauldra-il que le
pays se perde en mes mains ? fut mise la chose en délibé-
ration qu'il estoit de faire. La chose estoit ainsi comme ea
(2) Auberive , à 3 lieues au sud de Vienne , 12 lieues au sud-
ouest d'Anthon.
(3) Ils s'emparèrent de divers châteaux, et notamment: 1° de
ceux de Puslgnan et d'Azieu, près Gênas, à 2 et 3 lieues au
sud' ouest d'Anthon; ao de Falavier, près la Verpillière , à 6
lieues au sud.
DEUXIÈME PIÈCE. 3 23
désespoir veu qu'on avoit souvent escrit auroy daulphin
qu'il y voulsist pourvoir, et qu'il aVoit rescrit que consi-
déré les grans affaires qu'il avoit , qu'on fist le mieux
qu'on pourroit, veu aussi que le pays estoit dépourveu de
gens de défense. Toutefois fut délibéré qu'il estoit expé-
dient que ledict gouverneur incontinent se transportast à
la côte S.-Andrieu (4) près desdicts ennemis , et qu'il
menast avecques lui messire Jehan Girard son lieute-
nant, messire Jehan Dury, messire Loys Portier, Jehan
de la Barre trésorier et mol conseiller dalphinal e^i des no-
bles ce qu'il pourroit avoir et que là on avisast au mieulr
qu'on pourroit sur la défense du pays ; et fut dict que
pour les avoir falloit faire empruncts parmi le pays pour
avoir argent promptement et puis on feroit une taille
pour restituer. Tout ainsi fut faict(5). Monsieur le gou-
verneur après lad. délibération alla au royaulme et au
paysdeVellay (6) où estoit ung capitaine appelé Rodri-
gues de Yillendras du pays d'Espagne , lequel il amena
avecques ses gens et leur fut baillé argent pour passer, et
passèrent sur le port de Vienne (7). Messire Humbertde
Grollée mùtre^c/zû/duDaulphiné, capitaine des frontières
de Lyonnois et de Masconnois fit amas de gens ce qu'il
put tant du Daulphiné que d'ailleurs , lesquels avec les
gens dudict Rodrigues , mesdits seigneurs gouverneur et
(4) La côte Saint- André , à 10 iieues au sud d'Anthon.
(5) On résolut de lever cinquante mille florins. On envoya
aussi , mais sans succès , deux ambassades au duc de Savoie
( Ame'de'e viii) pour le prier de ne fournir aucun secours au
prince d'Orange... Celui-ci avait au contraire dans ion arme'e
cinq capitaines savoisiens.
(6) A Annonay
(7) Le 26 mai i^So.
B^i PlÈCiES JUSTIFICATIVES.
mareschal, tout droit menèrent devant Aulberive et y
donnèrent l'assault (8). Ceulx de dedans au comnnence-
ment vaillamment se défendirent , puis eurent le cœur
failly et se rendirent, leurs biens saulves, après ce qu'ils
eurent rendu la grosse tour. L'on fut esbahy comment ils
avoient esté si lasches de aussitost se rendre attendu que
la tour estoit forte et de grande défense et qu ils estoient
beaucoup de gens bien habillés. Ils s'en allèrent ungbâton
au poingt. Après ce que la dernière tour fut rendue ,
monsieur le gouverneur en fit abattre lapluspart; l'aultre
demourant y est encore, en signe que la place et le sei-
gneur ont esté rebelles à leur prince et inféaux et de ce
doit-on avoirgrande souvenance et mémoire perpétuelle.
j> De ladicte place d' Aulberive M, le gouverneur et
M. le mareschalavecquesladictecompaignie s'en allèrent
par toutes les places que les Bourguignons tenoient et
les prinrent toutes (9) jusqu'au chastel de Colombier qui
estoit très bien fortifié et y avoit bonne garnison. Là mi-
rent le siège etdedans peu de temps après donnèrent plu-
sieurs assaults , finalement ledict chasteau fut prins et
tous ceulx qui estoient dedans ; ce fut le samedi 10 juin
i4-3o.
» Ledict prince partit de Bourgongne à grande et no-
ble armée tant pour renforcer ses gens qui desjà estoient
en Daulphiné comme pour le conquester et passa le
Rosne au port d'Anthon ledict jour ignorant que ledict
Colombier fust prins; et quand il fut dedans le chasteau
d'Anthon il se fit appeler daulphin de Viennois et donna
les offices du pays, et des chaste aux, villes et aultres biens
dudict pays il disposa à son plaisir; et les distribua debou-
(8) Le 28 mai.
(9) Entre autres Pusignan, le 7 juin, et Azieu, le 8.
DEUXIÈME PIÈCE. 3 2 5
che à ceulx qui estoient avecques lui , en soi moult glo-
rifiant et disant qu il les feroit tous riches ; mais sa gloire
ne dura guière dieu merci.
» Mesdicts seigneursgouvemeuretmareschaldésirant
tirer à Anlhon pour mettre le siège devant et pour des-
chasser ceulx qui y estoient, ignorant que le prince y fust
arrivé, y envoyèrent Daulphin le hérault pour savoir du
commis des Bourguignons. Quand il fut là il trouva le—
dict prince. Il fut prins et détenu, et par lui il (le prince)
sceut comment C olombier étoit prins et pour ce il fit son-
ner ses trompettes et à toute son armée que moult faisoit
beau voir à belles bannières et estendards déployés, des-
marcha dudict Anthon pour tirer audiet Colombier en
belle bataille bien ordonnée ; et envoya deux gentils-
hommes devant pour savoir comment il estoit de Co-
lombier : lesquels furent prins et interrogiés où estoit le
prince et respondirent qu'il estoit près de là au rivage
d'ung bois oùii faisoit des chevaliers pour donner la ba-
taille. Lors mesdicts seigneurs gouverneur et maresclial
mirent en délibération qu'ils dévoient faire et plusieurs
grans difficultés y avoit de donner bataille sans le sceu
et commandement du roy daulphin, mesmement consi-
déré qu'ils estoient peu de gens au regard des ennemis et
si la bataille se perdoit tout le pays seroit perdu sans
nul contredict et en après tout Languedoc et Lyon-
nois.Par ainsi le demourant du royaulme seroit en branle
d'être ainsi du tout perdu : et puis fut dict au contraire
que attendre la licence et secours du roy ce estoit néant
veu que le prince estoit si près et en si grande armée ;
d'aultre part de non donner bataille «t laisser aller par
le pays Tarmée du prince et défendre les places que ce
ne seroit que guerre guerroyable pour gaster le pays e|
326 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
à la fm le perdre. Et pour ce fut délibéré et conclu de
courre sur lesdicts Bourguignons et les surprendre etpar
celui moyen à Taide de Dieu on viendroit au-dessus et
seroit saulvé le pays veu que le prince avoit très mau-
vaise querelle et venoit contre son scel , ses promesses
et son serment , et contre les appoinctements qui para-
vant avoient esté prins avecques lui de non faire guerre
ni donner dommaige au pays. Geste conclusion prinse
Rodrigues dict: mes gens sont estrangiers et de diverses
nations, je ne me oserois pas bien fier en tous. Pour ce
je vous prie que me fassiez cest honneur que j'aie l'a-
vant-garde et à l'aide de Dieu je m'y porterai tellement
que vous en serez bien contents. Mesdicts seigneurs gou-
verneur et mareschal eurent considération aux paroles
dudict Rodrigues et à ce qu'il estoitestrangier et avoit li-
béralement octroyé de venir au secours du pays lui pas-
sèrent sa requeste dont il les remercia et en fut très
joyeulx. Ce faict fut crié que incontinent chascun fust
monté et habillé (lo) ; que Ton oyst messe et se mist
chascun en bon estât et puis bust légièrement. Après fut
dict publiquement que s'il y avoit personne qui eust
point de pour, qu'il se retirast. Lors chascun respondit
qu'il avoit bon cueur, puis leur fust dit vous serez tous
riches en ceste journée ; le prince d'Orange nous vient
assaillir en nostre pays à son très grand tort et nous
avons juste et raisonnable cause de nous défendre ; Dieu
nous aidera. Pour ce ne soyez esbahys s'ils sont plus
que nous. L'avant-garde , la bataille et les ailes selon le
(lo) Qu'on pansât les chevaux, qu'on mît les selles, que
chacun montât et s'allât placer près de l'étendard de son ca-
pitaine ( ces proclamalions se firent au son de la trompette )-
V, Processus super insulta guerres Anihonis , dans Valbonnais , il>
DEUXIÈME PIÈCE. S2-J
peu de gens qu'il y avoit furent très-bien ordonnées et
chascun avoit très grand cueur et joyculx de bien faire
son devoir. Et ainsi se départirent (ii) dudicl lieu de
Colombier pour aller au-devant dud. prince qui desjà
estoit en une grande plaine entre Anthon et Colombier
faisant ses chevaliers comme dict est ; et quand il vit les
Dalphiniens il n'en fit pas grand compte veu le petit
nombre qui estoit au regard de ses gens et ne tenoit pas
moins que quand viendroit à l'assemblée, que Rodrigues
et ses gens ne s'enfouyssent et que du demeurant tantost
en viendroit au-dessus (12). Quand nos gens furent près
à coup subitement et à grands cris frappèrent dedans les
gens du prince tant qu'ils les rompirent et mirent en dé-
sarroy (i3) et à donc le prince honteusement s'enfouyt
et fut poursuivi jusques au port d' Anthon (i4-) où il passa
(11) Sono iubœ repelito. . .. On laissa auparavant des gens de
traits et fantassins à la garde des bagages ; et le gouverneur, (^ene-
rabili signo sanctœ crucis prœmisso ^ se mit en inarche vers midi
Voy. Processus , etc.
(12) A l'aspect de l'arme'e du prince , Gaucourt rangea 1.»
sienne et lui fit une exhortation; Grollëe se jeta à genoux, et
invocjua Dieu à haute voix. . . l^a mèle'e commença au son d'un
grand nombre de trompettes. Voy. Processus, etc.
(i3) Beaucoup, après avoir abandonné leurs chevaux, s'en-
fuirent comme des lièvres. Les uns se cachèrent dans les blés ou
bois voisins, où ils furent découverts, dépouillés et tués par
les paysans; d'autres, au nombre de plus de deux cents, se
noyèrent en traversant le Rhône La bataille fut finie vers
deux heures après midi. Voy. Processus y etc.
(i4) II reçut plusieurs blessures — Il était tellement couvert
de sang qu'on ne pouvait le reconnaître. ... II s'enfuit à toute
bride , et se ferma dans Anthon. . . Mais, au milieu de la nuit,
encore effrayé, il passa le Rhône tanquam latro avec quelques
soldats, abandonnant à Anthon son artillerie, ses traits, et des
328 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
et laissa sur la place sa bannière et son estendard et toute
son armée de laquelle y en eut plusieurs morts et en espé-
cial le comte de et sa compaignie d'Allemands qu'il
menoit. Là fut la plus grande mortalité et des vifs la plus-
part fut emprisonnée et les autres s'enfouyrent (i5). La-
dicte desconfite par la grâce de Dieii fut faictel'an i4.3o,
le 1 1 juin , qui estoit dimanche , et fête de la S.-Trinité
et de S. Barnabe apostre; en bon jour bonne œuvre.
» Long-temps paravant en Viennois on avoit accous-
tumé de dire Dieu : te conduise et le marqhé d'Anlhon,
pource qu'au marché d'Anthon.chascun n'y gaignoit pas.
Aussi ne fil ledict prince sur ceste desconfite. Doresna-
vant les joennes gens duDaulphiné réduiront leur mé-
moire et leur aage comme faisoient paravant les anciens
quand ils estoient interrogiés de leur aage et mémoire,
ils disoient quil leur souvenoit des Bretons (ce fut une
compaignie de gens d'armes qui passèrent par le Daul-
phiné et y firent plusieurs maulx).
y> De là on alla à Anthon où Tonne trouva pas grande
résistance (i6). Ainsi parla grâce de Dieu et miracu-
leusement tout considéré le Daulphiné fut délivré des
mains des ennemis et eschappa le grand péril auquel il
vivres pour deux ans, etc. Voy. Processus^ etc.... Chorier^ t. II,
p. 427, dit au contraire qu étant poursuivi après la bataille, il
s'élança à cheval dans le Rhône, et traversa ce fleuve la lance
à la main.
(i5) Il y eut plus de 5oo prisonniers, tant Bourguignons que
Savoisiens ; plus de 460 tués On prit 1200 chevaux , dont la
plupart furent vendus trois jours après à Crémicu (à trois lieues
au sud-est d' Anthon). Voy. Processus y etc.
(16) Le lendemain , 12 juin.... Et le i5 on prit Falavier....
On confisqua en même tems plusieurs châteaux apparlenans au
prince d'Orange, dans le Gapençais et les Baronnies.
DEI'XIÈMF, PIÈCE. 320
cuyda estrc et pour ce de ceste bataille le Daulphiné à
tous temps en doit faire grande joie en remerciant Dieu.
Mesdicts seigneurs le gouverneur et mareschal, pour
prier Dieu pour les morts et pour perpétuelle mémoire
de ceste louable besongne ordonnèrent qu'au cbamp où
avait esté faicle la bataille l'on fistune belle cbapelle bien
rentée pour y dire messe tous les jours, mais rien ne
s'y est encore faict et Dieu en pourroit estre mal content.
L'on a bien faict et très-bien faict aucunes peinctures ,
messes et commémoration pour ceulx qui moururent à
Yernueil comme dict est. Ceste bataille estoit et doit es-
tre de plus grande commémoration pour remercier Dieu
et à Thonneur de tout ce ; car si le prince eust obtenu vic-
toire plus grande mortalité y eust eu et sans comparaison
que audit Vernueil (17), tant de ceulx qui estoient en
ladicte bataille comme des ault res que l'on eust tués après
et sans les aultresinnumérables inconvénients et qui pis
est on eust perdutout le pays avec les aultres pays comme
dict est. Pour ce y doivent adviser ceulx du Daulpbiné de
faire leur devoir et qu'ils ne soient pas ingrats envers Dieu
car grand et périlleux péché est que ingratitude. Si Ton
a faict commémoration de ceulx qui sont morts à Ver-
nueil Ton doit mieulx faire commémoration pour la
grande grâce que Dieu afaicte de saulverles corps et les
âmes avecques leurs femmes et enfants, et tous leurs biens.
» Ladicte bataille comme dict est fut faicte entre Anihon
et Colombier et plus près de Colombier que d'Antbon.
Du costé du prince avoit environ 800 chevaliers et
escuyers sans aultres gens. Il y mourut ung très bel et
(17) Thomassin veut dire sans doute q^'il y eût plus pe'ri de
Dauphinois qu'à Verneuil , où il y en eut 3oo de tues ( Choiier^
liist. du JDaup/uné y t. Il, p. 422).
33o PIÈCES JUSTIFICATIVES.
notable chevalier de Bourgongne appelé messire Loys
de la Chapelle , qui fut porté à Crémieu et là est se-
veliau couvent des Augustins. Tous les aultres notables
en bien grand nombre furent prisonniers et ont payé
de grans rançons. La journée fut très bonne pour les
gens de nostre part et bien a esté raison et oultre ce on
les doit avoir fort en mémoire perpétuelle car ils ont
mis leur vie pour la défense de la chose publique du
Daulphiné et aussi duroyaulme ; le roi n'a pas mis cel-
lui-ci service et les auUres quelles bons et loyaulx
Dalphiniens ont faicts au temps passé comme sera dict
ci-dessous sur monseigneur qui est à présent (i8).
Lcdicl prince en ladite bataille laissa sa bannière que
ledit Pxodrigues fit porter en son pays , et aussi y laissa
son estendard grand et bien pompeux ; la moitié rouge
et Taoltre perse : au plus hault ung soleil d'or qui estend
ses ravs au long de l'est endard jusques au bas. Il fut
porté à (Grenoble et là est encore en la chapelle de
messieurs les Daulphins. Les aultres bannières et esten-
dards des capitaines pareillement y demeurèrent. L'es-
tendard du seigneur de Salleneuve, blanc et rouge, fut
porté audict Grenoble et mis en la grande église ; les
aultres furent portés en d'aultres lieux.
. Par ceste manière onpeultcongnoistre comment il en
prend aux présomptueux et gens outrecuidés et or-
gueilleux. Ledict prince fit une très grande despense pour
mettre à exécution son mauvais et dampne propos et
tout perdit en une heure et qui pis son honneur, il estoit
de Tordre du duc de Bourgongne laquelle lui fut ostée
pour ce que honteusement s'en estoit fouy et con-
damné de jamais avoir bannière ne estendard jusques à
(i8) Louis, daiiplilri, depuis Louis Xi.
DEUXIEME PItr.E. 00 1
ce que les aie recouvrés en aullrc juste et raisonnable
et honorable bataille. Mais jamais ne le fera car il est
vieulx et pour ce porte en sa devise non plus , laquelle
j'ai veue depuis sur le portail de Lyon-le-Sauhiier , où
estlahoreloge. Monseigneur m' a envoyé souvent devers
lui et lui ai ouy dire que si la chose estoit à faire , que
jamais ne la feroit et de l'avoir faict fort se repent ; mais
c'est trop tard. Je me voulus enquérir pourquoi il por-
toit cette devise et depuis quand Tavoit prinse; il me fut
dict qu'il Tavoit prinse depuis ladicte bataille, etl'avoit
prinse pour ce que monseigneur de Bourgongne lui dit
qu'il falloit qu'il retournast à Anthon en Daulphiné pour
recouvrer ce qu'il avoit perdu ; mais il lui respondit non
plus , et depuis a porté cellui mot. D'aultre part ledict
prince a faulsé son hommage , sa foi , ses promesses,
son scellé et son serment, dont il est crimineulxen plu-
sieurs cas et digne de grande pugnition au regard de sa
personne ; et se doivent confisquer tous les biens qu'il
tient à hommage du seigneur Daulphin ; et avec ce il
est tenu à grands intéresJs pour les grands dommages
que monseigneur le Daulphin et le Daulphiné ont souf-
ferts par ladicte guerre. J'ai fairl ungtrailiépar manière
de mémoire , du commandement exprès de la bouche de
monseigneur et lui en ai envoyé le double qui se com.-
mence ainsi : S'ensuivent les mémoires^ etc. Il seroit trop
long pour mectre ici ; toutefois n'est-il pas de mectre en
oubli ; une fois justice se remectra sus.
» Avecledictprinceavoitlesplns espéciaux et vaillants
de Savoie et qui pis est des terres qui sont de Thom-
mage du Daulphiné. Ils n'y allèrent pas sans le congé et
vouloir de leur seigneur le duc de Savoye dernièrement
mort qui estoit consentant de ladicte enlreprinse et avoit
3o2
PIECES JUSTIFICATIVES.
certaines paches et convenances avec ledict prince. De
ceste matière j'en ai faictungauitre Iraitié lequel se com-
mence ainsi : Pour remontrer^ etc. , qui ne se doit pas
mectre en oubli , comme a esté dict de l'autre.
« Tantost après ladicte bataille mesd. seigneurs gou-
verneur et mareschalavecques leur armée s'en allèrent en
la principaulté d'Orange et d'assaultde bonne et juste
guerre conquirent la ville et le chastel (19) et toutes
les aultres places de la principaulté. Ceste matière est
comprinse bien au long aud. traitié du prince d'Orange.
j> De ladicte bataille d'Antbon s'en est suivi unggaige de
bataille de l'an i4.3i entre ung gentilhomme de Bour-
gongne nommé Loys de Maulpre appelant et ung autre
gentilhomme du Daulphiné nommé Pierre Pèlerin dé-
fendeur et appelé. La journée dud. gaige devant mon-
dict seigneur le gouverneur esleu à ce par lesdictes parties
fut tenue à Vienne le dixième jour de juillet l'an que
dessus, et là se trouvèrent environ de 7 à 800 chevaliers
et escuyers tant du royaulme de l'obéissance du roy que
du Dauphiné , dont les Anglois et Bourguignons furent
bienesbahys, car ils ne cuidoient pas que attendu les
pertes que le roy avoit faictes l'on peust encore trouver
si notable et belle compaignie en l'obéissance du roy, la-
quelle chose porta depuis grand prount au roy daulphin
etpourlacause que je fus présent j'en ai faict ung traitié
et procès-verbal qui se commence ainsi : Au nom de notre
seigneur, etc. auquel au temps advenir ceulx qui voudront
faire gaige de bataille pourront avoir recours pour
avoir advis comment ils se devroient maintenir et pro-
poser le cas d'ung costé et d'aultre. J'en ai faict ici men-
tion pour ce que c'est Thonneur du Daulphiné et tous
(19) Orange fut assiégé le 29 juin , et pris le 3 juillet.
DEUXIÈME PIÈCE. 333
ces trahies se doivent mectre en la chambre des comptes
avecques ce registre* «
Remarque concernant Thomassin.
Nous avons dit, note 24^1, page lyS, que le té-
moignage de Thomassin , quant au projet attribué à
Charles VII de se retirer en Dauphiné, nous paraissait
d'un très-grand poids. Il faudra peu d'observations pour
justifier notre opinion. Thomassin est non-seulement
un auteur contemporain , mais il a été à portée , par
ses emplois , de vérifier beaucoup de fails secrets de
l'histoire de son siècle. Il était dans la force de 1 âge (20)
et pourvu de la charge de conseiller au conseil delphi—
nal (21) lors du siège d'Orléans. Il avait en outre fait
plusieurs séjours dans cette ville ou à Paris (22). Quel-
ques années après que Louis xi eut obtenu de Charles vu
(en i44o) Tadministralion du Dauphiné, il chargea
Thomassin , comme le plus ancien de ses officiers (23),
et comme ayant beaucoup de lumières et d'expérience ,
de composer le recueil manuscrit d'où nous avons tiré
le fragment précédent. Ce recueil est donc officiel, et
tout annonce que les relations qui y sont faites eurent
l'approbation de Louis xi.
(20) Il annonce dans son manuscrit, f. 86, cju'à l'âge de seize
ans, à la Saint-Jean de 14^75 il alla étudier à l'université d'Or-
léans. Il avait donc environ trente-sept ans à l'époque du siège.
(21) Voir le fragment pre'ce'dent , page 323. D'après son ma-
nuscrit, f. 162 , des 1426, il avait été commissaire pour im rè-
glement de limites entre le roi et le comte de Savoie.
(22) Voir la note 20 ci-dessus , et la nole^^ , ci-devant p. i3o,
(23) C'est ce qui est exprimé dans les lettres-patentes de sa
commission, datées de Romans le ao mai i456. Mss.y f i^f.
334 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
TROISIÈME PIÈCE.
Lettre de Jeanne d'' Arc au duc de Bourgogne ,
jusqu'à présent inédite ; suivie de ses lettres
aux Anglais et au comte dArmagnac.
I. Un nous a procuré, pendant l'impression de notre
ouvrage , une copie figurée de cette lettre (i) , qui est
conservée dans les archives de Lille. Quoique Jeanne
d'Arc, ne sachant ni lire, ni écrire (2), fut réduite à
dicter ses lettres (3) , qu'il fût par-là facile de lui
en attribuer auxquelles elle n'aurait point eu de part,
ou d'altérer celles qu'elle aurait dictées (4), qu'enfin
aucun auteur contemporain ne fasse mention de celle-
ci, cependant nous sommes persuadés de son authenti-
cité. Nous nous fondons entre autres sur la conformité
de son style avec celui des lettres écrites aux Anglais (5)
et au comte d'Armagnac, que l'on produisit pendant le
procès de Jeanne, et sur l'exactitude de ce qu'elle y
énonce relativement au sacre de Charles vu.
(1) Nous la devons à la complaisance de M. D*, homme de
lettres, recteur de l'académie de ***.
(2) Voy. ci-devant note SçjS , no i5 , p. a33.
(3) Thomassin ^ f. tjS , dit positivement qu'elle dictait ses let-
tres : « Fil escrire des lectres qu'elle-mesme dicta. ...»
(4) C'est ce qui est arrivé... Voy. ci-après notes 10 à i5,
pages 337 et 338 , et ci-devant note 33^ , p. 235.
(5) Lenglet et Tripaut n'en donnent qu'une. Thomassin ,
f. 95 et 96, en rapporte quatre , dont il avait vu lui-même les
copies, mais qui ne semblent que des fragmens de celle qu'on
va rapporter (ci-après n» IV, p. SSj),. où ce qui est énoncé dans
tes quatre se trouve compris.
TROISIÈME PIÈCE. 335
ÎI. Considérée quant à son étal matériel , la lettre
est écrite en caractères gothiques, avec beaucoup d'a-
bréviations; mais elle se lit très-aisément. Elle a dix-
sept lignes et demie, qui ont chacune deux cent soiîtante-
dix millimètres de longueur. Elle est pliée à-peu-près
comme nos lettres ordinaires , mais sous un format assez
grand et presque carré, de centquarante-neuf sur cent
trente-cinq millimètres. Vers le bas de la partie exté-
rieure pliée , il y a pour toute adresse : Au Duc de Bour^
goin^ne.
III. Voici ce que contient l'intérieur :
f Jésus Maria (6)
Hault et redouble prince Duc de Bourgoi'ngne Jehanne la
pucelk vous retjui'ert de par le roy du ciel mon droilurier
et souuerain seigneur que Le roy de France et vous faciez.
bonne paix ferme qui dure longuement^ pardonnez lun a
lautre de bon cuer entièrement ainsi que doiuent faire loyaulx,
christians , et sil vous plaist a guerroier si alez sur les Sar-
razins. Prince de Bourgoingne je vous prie supplie et requiers
tant humblement que requérir vous puis que ne guerroiez plus
ou (au) saint royaume de France^ etfailtcs retraire incontinent
et hriefment voz gens qui sont en aucunes places et foriesses
(forteresses) dud, saint royaume^ et de la part du gentil roy
de France il est prest de faire paix a. vous sainte son hon-
neur sil ne tient en vous et vous fais a sauoir de par le roy du
ciel mon droiturier et souuerain seigneur pour votre bien et
pour votre honneur et sur voz vie que vous ny gaigncrez point
bataille a lencontre des loyaulx François, et que tous ceul%
qui guerroient ou (au) saint royaume de France guerroient
(6) Le mot Jésus est ainsi écrit: Jhus.
336 PIECES JUSTIFICATIVES.
contre, le roy Jhus ( Jésus ) roy du ciel et de tout le mondg
mon droiturier et souuerain (y) seigneur et vous prie et re-
quiers a jointes mains que nefaittes nulle bataille ne neguer-
roiez contre nous vous voz gens ou subgiez et croiez seurement
que quelque nombre de gens que amenez contre nous quih
ny gaigneront mie et sera grant pitié de la grant bataille et
du sang quy y sera respendu de ceulx qui y vendront (vieiî-
dront) contre nous, et a trois sepmaines que je vous auoye es-
rript et enuoie bonnes lettres par (8) ung herault que /eussiez
au sacre du roy qui aujourduy dimenche xvij'"^ jour de ce
présent mois de juillet ce fait en la cite de Reims (9) dont je
nay eu point de réponse ne nouy oncques puiz nouuelles dud.
herault. A Dieu vous commens et soit garde de vous sil luy
plaist, et prie Dieu quily mette bonne paix. Escript aud. lieu
de Reims led. xvif^^ jour de juillet.
(7) Droiturier et souverain seigneur. . . Ces expressions ue sont
pas dans les lettres suivantes ; mais Jeanne s'en est servie dans
ses interrogatoires. Voy. Lai>erdy^ p. 44-
(8) Les auteurs ne font non plus aucune mention de cette pre-
mière lel[re adresse'e à Philippe-le-Bon , ni de l'arrestation du
héraut de Jeanne. Elle fut e'crite probablement de Sully, de Saint-
Benoit , ou de Cliâteauneuf, villes où la pucelle était vers la
fin de juin , et où Texpédition du sacre fut définitivement ré-
solue. Voir ci-devant le texte ^ P- 77 î ^t V itinéraire^ p. 258. L'ar-
restation du héraut est une preuve que Philippe n'avait point ,
comme certains auteurs l'ont pensé , tacitement consenti à ue
mettre aucun obstacle à l'expédition de Reims. S'il eût été en
bonne intelligence avec Charles, il n'aurait pas, contre toutes
les lois de la guerre , retenu le héraut.
(9) Ce passage est précieux. Voilà enfin un monument au-
thentique de l'époque précise du sacre de Charles vii. Il con-
firme ce que nous avons observé à ce sujet, ci-devant note 332,
page 2i6 (imprimée loug-tenis avant que nou.* connussions (a
lettre ).
TROISIÈME PIÈCE. 33 7
IV. Nous allons maintenant rapporter comme pièces
de comparaison les lettres aux Anglais et au comte d'Ar-
magnac, telles qu'elles nous sont données par Lenglet,
tome h" (10). Nous y joindrons les notes où il remarque
les altérations qui y furent faites.
Lettre aux Anglais.
\ Jésus Maria, f
îioy d' Angleterre , et vous duc de Bedfort , qui vous dictes
régent le royaulme de France : vous Guillaume de, la Poule y
comte de Suffort , Jehan sire de Tallebot , et vous Thomas
sire d' Esclaves ( Esc ailes), ^m/wm* dictes lieutenants dudict
duc de Bedfort , failles raison au roy du c^W rendez à la pu-
celle (11) qui est ici envoyée par Dieu le roy du ciel
les choses de toutes les bonnes villes que vous avez prises et
violées en France : elle est ici venue de par Dieu pour récla-
mer le sang royal ; elle est toute prête défaire paix si vous
lui voulez faire raison ; par ainsi que la France vous mettez,
sus et payerez ce que vous l'avez tenue. Etentre vous archiers ,
compaignons de guerre gentils et aultres (jui estes devant la
ville d'Orléans^ allez vous-en en voire pays de par Dieu, et
si ainsi ne lefaittes , attendez les nouvelles de la pueelle^ qui
vous ira férir briefment à vos bien grands dommaiges : roy
(10) La lellre aux Anglais est dans d'autres auteurs , tels que
ïrlpaut, 6g, mais avec quelques variantes. Nous nous sommes
aussi servis de la leçon de Laverdy , Si à 85 , qui ne diffère de
celle de Lenglet que dans un très-petit nombre de mots.
(11) Ce qui est ici en romain a été changé et altéré par les
juges. Au lieu de rendez à la pucel/e, etc., il y avait , dans la
lettre originale, rendez au roy les choses de toutes , etc. Interro-
gatoire du 22 février i43i. ( Note de Lenglet. )
22
338 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
d 'Angleterre^ si ainsi ne lefailtes\e suis chief de guerre (12)
et en qiœlcjue lieu que je attendrai {\ù) vos gens en France^ je
les ferai aller ^ oeuillenl ou non oeui lient ; et si ne veulent obéir
Je les ferai fous occire. Je suis ici envoyée de par Dieu le roy
du ciel cor^s pour corps (i4) P^^^'f ^^^us bouter hors de foute
France ; et si veulent obéir ^ Je les prendrai â mercy ; et n'ayez
point en votre opinion . car vous ne tiendrez point le royaulme
de France; Bien le roy du ciel., fils de sainte Marie (i5) :
aifis le tiendra le roy Charles vray héritier; car Dieu le roy
du ciel le veut , et lui est révélé par la pucelle , lequel entrera à
Paris en bonne compaignie. Si ne voulez croire de par Dieu
les nouvelles de la pucelle., en quelque lieu que vous trouverons^
nous fér irons dedans, et y ferons ung si grand hahay, que en-
core a-t'ilmil ans que en France ne fut si grand; si vous ne
faittes raison, croyez en fermement que le roy du ciel envoyera
plus de force à la pucelle que vous ne Vy sauriez mener de
fous assaulx à elle et à ses bons gens d'armes, et aux horions
i>erra-t-onqui aura meilleur droit du roy du ciel. Vous, duc de
Bedfort , la pucelle vous prye et vous requiert que vous ne vous
fassiez mie destruire : si vous lui faittes raison , encore pour-
rez vous venir en sa compaignie , ou que les François feront
le plus belfaictque onCquesfutfaictpar la chresiienté; et faittes
responses si vous voulez faire paix en la cité d'Orléans; et si
(12) Je suis chief de guerre : Ces mots ne sont pas dans l'ori-
ginal. ( Note de Lenglef. )
(i3) Il faut lire attindrai. ( Note de idem. )
(i4) Corps pour corps , et chief de guerre* Nie que ces mots
soient dans l'original de ses lettres. Interrogatoire du 22 février
i43i. ( Note de idem. )
(i5) Ceci paraît une espèce d'attestation <îu nom de Dieu.
( Note de Laçerdy^ 83. )
TROISIÈME PIÈCE. SSq
ains ne îe f alites ^ de vos biens grands domaiges vous sou-
vienne ôriefment. Escrit ce samedy semaine sainte (16).
V. La lettre suivante est une réponse à une lettre
dans laquelle le comte d'Armagnac consultait Jeanne
sur lefaici des papes , dit-il; observant qu il y avait alors
trois contendans à la papauté : le premier, Martin-Çw/w^,
auquel il avoue que tous les rois chrétiens obéissent ; le
deuxième, Clément yii (17), demeurant à P^niscelle ,
au royaume de Valence , en Espagne ; elle tiers,, qu'on,
ne sait où il demeure , Benoît xiv.
Lettre au comte d' Armagnac .
Jésus f Maria.
Comte dJrmignac^ mon très cher et bon amy^ Jehanne la
pucelle vous fait sçavoir que votre message est venu par devers
moi,, lequel m 'a dîct que l'avez envoyé par deçà pour sçavoir de
moi auquel des trois papes que mandez par mémoire vous
deviez croire ; de laquelle chose ne vous puis bonnement faire
sçavoir au vrny pour le présent, jusques à ce que je sois à Paris
ou ailleurs à requoy ; car je suis pour le présent trop empes-
chée aux faicts de la guerre ; mais quand vous saurez que je
serai à Paris, envoyez-moi ung message par devers moi,, et je
vous fer ai sçavoir tout au vrai auquel vous devrez croire (18),
(16) Dans Tripaut, 70, et Thoniassin, f. 95, la date est du
mardi. Voy. ci-devant, note 11 de l'itinéraire, page 255.
(17) Tel est le nom que le comte donne à cet anti-pape. Si
on l'eût reconnu comme pape légitime , on Tappeileroit , dans
l'ordre de l'histoire , Clément viii.
(18) Jeanne s'est plainte , dans le cinoulème interrogatoire,
qu'on avait altéré ses lettres. Il paraît que ce fut sur-tout cette
réponse , où elle semble en doute sur le pape auquel ou doit
obéissance. Elle dit qu'elle obéissait au pape séant à Rome
34o PIÈCES JUSTIFICATIVES.
et que en aurez sçu par le conseil de mon souverain seigneur le
roy de tout le monde , et que en aurez affaire à tout mon pou-
voir . A Dieu vous commens ; Dieu soit garde de vous. Escrit
à Compiègne (19) /e xxij'^^ jour d'août (14.29).
( Martin v, élu par le concile de Constance après l'abdication
de Grégoire xii , et la déposition de Jean xxiii et de Be-
jioît XIII ) , et que telle était la réponse qu'elle avait faite au
messager du cornle d'Armagnac. ( Obserçation de Lenglet. Voy.
aussi Laçerdy, 44- )
N. B. Ce comte d'Armagnac était Jean iv, fils du fameux
connétable dont nous avons parlé plusieurs fois. . . . Voyez ci-
après la table, p. 35 1, mol Armagnac.
(19) Ceci prouve que, comme on l'a remarqué à la note 35
de l'itinéraire , ci-devant p. 262, le roi entra à Compiègne le
22 août , puisqu'il était ordinairement accompagné de Jeanne
d'Arc.
Flî^ DES PIECES JUSTIFICATIVES.
TABLE CHRONOLOGIQUE
Bes principaux faits dont il est question dans
cet ouvrage.
T. signifie texte , n. note , p. page.
i38o. Etat florissant de la France à l'avènement de
Charles vi.... Ses relations, alliances, e\.c, ■— Texte ^
page I à 4 ; note 2 à i3 , page 1 08 à 1 1 1.
i38o. Régence du duc d'Anjou , oncle du roi. — T.,
^. 5; w. 14. à 20, ;?. III.
i382. Administration de Philippe-le-Hardi , duc de
Bourgogne, et de Jean, duc de Berri, oncles du roi.
— T., p. 6; n. 21 à 3i, p. 112.
i388. Administration de Charles vi et de ses minis-
tres; sadémence. — r.,/>. 8; /2. 32 à 38, /9. 116.
1392. Deuxième administration de ses oncles. — T. ,
p, 9; n. 39 à 4.1,;?. 117-
1398. Idem , des mêmes et de Louis , due d'Orléans ,
frère du roi, et de la reine Isabelle de Bavière. — T.,
p. 10; n. 4-2 à 56, p. 117.
i4o4.. Mort de Philippe.... Intervention de Jean-
Sans-Peur, duc de Bourgogne. — r., /?. 12; n. 57 à
62 , P' 120.
i4o5. Divisions entre les princes, la reine, etc.—
T., p. i4; ri.^?> à 65,/?. 121.
1407. Meurtre du duc d'Orléans.... Apologie et do-
mination de Jean.- T. , p. i5 -, n. 66 à 71, p. 121.
i4io. Guerres civiles.... Partis des Bourguignons et
342 TABLE CHRONOLOGIQUE
des Armagnacs.... Bouchers et écorcheurs.... Proscrip-
tion des Armagnacs. — T. , p, 16; n. 72 à 77, p. 122.
i4.i3. Partis des modérés et du dauphin Louis. Ils
se saisissent de Paris et se lient aux Armagnacs.... Op-
pression des Bourguignons. — T.^ p. 17 ; «.78 à 83 ,
p. 123.
i38o à i4i2. Belations de la France avec l'Angle-
terre : 1° sous Richard 11 (i38o à iBgg). Trêves et
traités. — T., p- 18; n. 84.,/?. 124.
2°. Sous Henri tv ( i4o2 à i^-io ). Excursions sur les
côtes; combats partiels sur mer, etc. — T.^p. 18; n. 85
et 86 , p. 125.
3°. Idem (i4ii, 1412).... Traités horlleux du duc
de Bourgogne, et ensuite des autres princes français
avec Hpiri iv.... Son armée ravage la France. — T.,
p. 19 ; n. 87 à 92 , p. 126.
i4i3. Mort de Henri iv. Portrait, projets et con-
duite de Henri v. — T.^ p. 21 ; n. gS à gS, p. 128.
i4i5. Bataille d'Azincourt.... Factions diverses en
France.... Mort du dauphin Louis.... Le comte d'Ar-
magnac nommé connétable. — T., p. 22 ; n. 96 à 102,
p. 128.
i4^6, 1417- Traité ignominieux de Jean, duc de
Bourgogne.... Mort dti dauphin Jean et du duc de
Berri.... Le nouveau dauphin (Charles vu) appuie le
connétable.... Administration tyrannique de celui-ci....
Sa conduite imprudente envers Isabelle.... Conquête
de la Normandie par les Anglais.... La France est sac-
cagée.— T., jo. 23; n. io3 à III, p. i3o.
î4i'3 , 1419. On livre Paris au duc de Bourgogne....
Massacres des x\rmagnacs.... Il négocie avec le dauphin
DES PRINCIPAUX FAITS. 343
Charles.... Il est ensuite massacré. — T. , p. 2S ; n. 112
à 122, p. i32.
i4i9î 1^20. Philippe -le -Bon , nouveau duc de
Bourgogne.... Désastres du dauphin Charles.... Il est
déshérité.... Traité de Troyes.... La couronne de France
est donnée à Henri v.... Son voyage en Angleterre....
Bataille de Baugé.... T. , p. 28; n, i23 à i3i,y3. i35.
i^ai, i4-22. Belour de Henri..,. Ses conquêtes....
Celles de Philippe.... Bataille de Saint-Riquier.... Le
dauphin lève le siège de Cosne.... Mort de Henri.... Le
duc de Bedfort, régent.,.. Le duc de Glocester, prolec-
teur en Angleterre Mort de Charles vi. — T. , /o. 29 ;
n. i32 à 14.1, p' i38.
1422. Charles vu est appelé roi de Bourges.... Etat
des deux partis ; leurs provinces , richesses , commerce ,
alliés (les Ecossais sont ceux de Charles), troupes , gé-
néraux, finances , revenus.... Talens des ducs de Bour-
gogne et de Bedford.... — T., p. 3i ; n. 142 à i5i ,
/?. i4i.
1422. Conduire de Charles vu dans sa jeunesse
(i4i8 à 1422. — T. ^ p. 35; et n. i5i bis, p. i45)....
Idem depuis son avènement.... Crédit, tyrannie, pil-
lage, etc., de ses favoris.... Perte de Meulan. — T.,
p. 35 ; n. i52 à i58, ys. 145.
1428. Le duc de Bretagne se joint aux Anglais.... Les
Ecossais et les Milanais envoient des troupes à Char-
les VII.... Batailles de Crevant, de la Gravelle et de la
Bussière Mariage de Bedfort. — T. , p. Sj ; n. iSg à
164 , p. i46-
1424, i425. Bataille de Verneuil.... Conquêtes des
Anglais.... Diversions heureuses opérées par deux dif-
344 TABLE CHRONOLOGIQUE
férents de Glocester avec le duc de Bourgogne (relati-
vement à Jacqueline de Hainaut) et avec l'évéque de
Winchester.... Long voyage de Bedfort en Angleterre.
— T. ^ p. 39 ; n, i65 à 175, p. i48.
1424 à 1426. Divisions de la cour de Charles vu...
Bichemont , connétable , lui procure l'alliance du duc
de Bretagne et fait renvoyer les ministres.... Il prend
Pontorson Les manœuvres de Giac , favori de
Charles , le font battre à Saint-James-de-Beuvron....
Exécution de Giac et de Beaulieu, son successeur..., La
Trémouille , nouveau favori.... Dunois fait lever le siège
de Montargis. — T. , p. 4i ; «• 176 a 188 , p. i52.
1427. Betour de Bedfort.... La Bretagne et la Navarre
accèdent au traité de Troyes. Troubles et guerre civile
dans le parti de Charles vu , excités par la Trémouille.
— T. y p. 45; n. 189 et 190, p. i55.
1428. Etat des deux partis, leurs provinces, troupes,
alliés , etc.. Buine de la France (ses expéditions à
l'étranger, de i382 à i4i6; n. 201, p. i5(S); favoris et
indolence de Charles vu ; rapacité des courtisans , etc.
^-T. , p. 45; n. 191 à 2o5, p. i56.
1428, juinet à octobre. Ouverture de la campagne....
Conquêtes en Champagne.... Prises des villes voisines
d'Orléans; leurs garnisons se joignent en partie aux
Anglais. — T. , yo. 5i ; n. 206 à 208 , p. 160.
1428, octobre. Siège d'Orléans.... Sa garnison.... Sa
situation.... Les tournelles.... Approche de l'armée an-
glaise , commandée par Salisbury ( sa mort ). — T. ,
/?. 5i ; n. 209 à 2i5, jo. 161.
1428, octobre. Incendie des faubourgs et églises
Attaque et prise des tournelles.... Béparations et cons-
DES PRmCIPAUX FAITS. 34"^
truclions réciproques de boulevarls sur le ponf. — T. ,
^. Sa; «. 216 à 222 , p. i63, V. aussi carie visuelle, ex-
plication , ^ ^ , p. 2^-j.
1^28, octobre à janvier. Description de la circonval-
latlon d'Orléans, bastilles (leurs noms et positions,
n. 223 et même explicai.^ § ^ iP- ^i^) 1 fossés, ponts , etc.
Sorties , détresse des assiégés , etc. — T. , p. 53 ; n, 223 à
22g, ;?. i65. (Traité avec les Ecossais , 72. 14.7 et 24.1*,
p. 14.3 et 176; aide accordée par les Etats, V, d. n. 24i *,
p. 176.)
1428 .février. Convoi amené aux Anglais par Fastol...
Sortie d'Orléans.... Journée des Harengs.... Orléans of-
fert au duc de Bourgogne.... Consternation de la cour
de Charles vu.... Le duc de Bar l'abandonne.... On
propose de se relirer en Dauphiné. — T". , ya. 54 j n. 200
à 241 •> p- 171-
1428, mars. Arrivée et promesses de Jeanne d'Arc.
{T. ^ p. 56 ). Discussions sur son âge (18 ans ) et sa pro-
fession (bergère). (iV. 242,;?. 177). Digressions sur ses
premières années Son éducation, ses occupations;
ses voyages à Neufchâteau , Nancy, Toul et Vaucou-
leurs(/2. 2^3 , n° I à g, p. kSo). Troisième voyage à
Vaucouleurs, et voyage de Vaucouleurs à Chinon
Elle ne fut point un instrument de la cour... {^Ibid. n° 10
« if^., p- 184. V. aussi explication de la 2^ carte, n. 5 à 8 ,
p. 253. ) La cour n'eut d'autre mérite que de lui four-
nir des occasions d'exercer son courage. Réponse aux
objections des Anglais et autres.... Secret prétendu dé-
couvert à Charles... Motifs du merveilleux qu'on em-
ploya... Superstition de son siècle. ( T. , /?. Sy ; n. 244 ^
255 , p. 189.) Son adresse à l'exercice de la lance, et son
éloquence. — T. , ^. 60 ; n. 256 à 260, p. igS.
346 TABLE CHRONOLOGIQUE
14.28, 7nars^,el i^ag, ai>riL Instances de Jeanne d'Arc
auprès de la cour.... Son influence sur les soldats fran-
çais et anglais (ceux-ci la traitent de sorcière). Convoi
conduit à Orléans.... Son entrée dans cette ville.... Ses
reconnaissances des bastilles.... Sommations aux Anglais.
— T. , yo. 62 ; 72. 261 à 273 , p. 196. V. aussi explication
de la 2^ carte ^ n. 11 et i3 , /?. 255 et 257.
14.29, mai. Le 4, 2« convoi.... Découragement des
Anglais.... Sortie des Français du côté de Saint-Loup....
Ils sont repoussés.... Jeanne les secourt et les ramène
au combat.... Attaque de la bastille de Saint-Loup....
Talbot veut la secourir.... Il est contenu.... Prise de la
bastille et du clocber de Saint- Loup. — T., p. 64.;
n. 274. à 287 , p. 199.
1429 , mai. Le 5 , conseil et préparatifs.... Le 6 ,
passage de la Loire pour attaquer les bastilles de la rive
gaucbe.... Evacuation de Saint Jean-le-Blanc... Attaque
des Augustins.... Les Français se replient..,. Jeann^ les
ramène.... Prise des Augustins.... Conseil..,. Investisse-
ment des tournelles... Bivouac de Jeanne... Evacuation
de la bastille de Saint -Privé. — T., p. 68; n. 288 à
3oo, /?. 2o3.
1429, mai. Le 7, attaque du boulcvart et du fort des
tournelles.... Jeanne est blessée.,,. On ordonne la re-
traite.... Jeanne ramène les Français au combat....
Prisedes tournelles.... Glacidas et les Anglais se noient....
Le pont est rétabli.... La nuit, nouveau bivouac de
Jeanne.... Le 8, évacuation des autres bastilles.... Re-
traite des Anglais.,.. Résumé des succès obtenus. — T.,
p. 70; n. 3oi à 3io, p. 206.
1429 , mai et Juin. Indolence de Charles Yll... Voyage
DES PRilSCIPAUX FAITS. 347
de Jeanne à Loches.... Proposition du sacre... Expédi-
tion de l'Orléanais.... Attaque de Gergeau.... Jeanne
est blessée et renversée.... Elle encourage les soldats....
La ville est prise ainsi que Suffolk, son gouverneur....
Prise de Meun , de la ville et du château de Beaugency,
— T. !f p. 78; «. 3ii à 822, p. 208. V. aussi explication
de la 2^ carie ^ n9^ 12 à \% et leurs notes ^ p, 2.S'].
i/^t^g^juin. Bataille de Pathay... Défaite des Anglais ;
prise de Talbot.... Fuite de Fastol.... Reddition de
Jenvllle, etc. Voyage de Jeanne à Sully, auprès de
Charles vu.... Prières pour Richemont.... Apathie de
Charles.... Le sacre est résolu. — T.,p, 'jS; n. Sso à
328, p. 2i3; explication de la 2^ carte ^ n^^ 19 à 22 et
note 1 1 , sur idem , p, 258.
1^29, 2 (^ juin au i^ juillet. Expédition du sacre....
Attaque ou soumission d'Auxerre , Saint-Florentin,
Troyes , Châlons , Sepseaux , Reims.... Sacre. — T.,
p. 77; n. 329 à 333, p. 2i5 ; même explication^ § ^»
p. 269.
14.29, juillet (le 20) à octobre. Expédition de Tlle-
de- France , de la Brie et environs.... Prise ou soumis-
sion des villes suivantes : Saint-Marcoul , Vailly, Sois-
sons, Laon, Château-Thierry, Crécy, Coulommiers ,
Provins, Nangis (bataille offerte aux Anglais), la
Ferlé-Milon , Crépy, Dammarlin (bataille offerte iW.),
Compiègne , Beauvais , Lagny, Saint-Denis, etc., etc.
Attaque de Paris.... Troisième ou quatrième blessure
de Jeanne. Ensuite retour à Bourges, par Bray,
Courtenay, Château - Renard , Montargis et Gien....
Trêve avec le duc de Bourgogne. — T. , p. 78 ; n. 334^
à 337 bis, f. 217 ; sur-tout même explication , § 6 , et
notes. 25 à 39 de id. , p. 259.
348 TABLE CHRONOLOGIQUE
1429,^/2 d'octobre aux, premiers jours d'avril. Expé-
ditions ou excursions du Berri eL environs... Attaque et
prise (le Saint-Pierre-le-Moutier... Courage de Jeanne..
Siège de la Charité.... Voyages de Gergeau et autres....
Jeanne est ennoblie , etc. — V. même explication , § 7,
et les notes 4.0 à 4-5 , de id. , p. 264.
i43o , ^rt d'avril jusqu'au 2^ mai. Expéditions de
Lagny.... Jeanne défait et prend Franquet.... Id. de
Soissons, Noyon et Compiègne.... Courage et prise de
Jeanne. (T., p. 79; n. 338 et 339, p. 218; sur-tout
même explication^ § 8 et notes {6 kS2 de id. , yo. 267). Ré-
sume des voyages , expéditions , etc. , de Jeanne. — K.
D. explication , § 9, /?. 27 i. iV. fi. D'autres faits de i43o
et 143 1 sont indiqués ci-dessous, à la fin de cette table.
i43o à i436. Apathie de Charles... Nouvelles dissen-
tions de sa cour.. . Les Français se rangent d'eux-mêmes
à leur devoir Traité (i435) avec le duc de Bour-
gogne.... Soumission ( i43G) de Paris.... Triomphe de
la France assuré. — T. , /?. 80 ; n. 34o à 346 , /?. 219.
1437 à 1461. Charles change de conduite.... Eloge
de son administration et énumération des bienfaits dont
la France lui est redevable, sur-tout de la formation des
troupes réglées, de la dispersion des bandes qui rava-
geaient la France, de l'expulsion des Anglais, etc.
Tableau de leurs ravages et de nos malheurs , etc. ;
ensuite de la puissance et du bonheur de la France, etc.
— T., p. 82 ; n. 347 à 374» P- 222.
i43oet i43i. Procès, persécutions, condamnation
et supplice de Jeanne d'Arc. Son éloge, ses vertus , etc.
— T., p. 89; n. 375 à 386; sur-tout n. 878 oCi est l'a-
nalyse des procédures , p. 229.
DES PRITSCIPAUX FAITS. 349
Inaction de Charles.. Au lieu de proposerun échange
des prisonniers faits à cette époque aux combats d'An-
thon , de Germigny, de la Crolselle et de Chappe , ou
bien de racheter Jeanne , etc. , on- se borne , vingt-cinq
ans après, à faire la révision de son procès. '— T. ,
p. 92; n. 387 à jqi , p. 238.
Kéfulation des calomnies des écrivains modernes....
Honneurs rendus ou à rendre à Jeanne d'Arc. — T. ^
p. 94 ; n, 392 à 394, P' 24 1-
im DE LA TABLE CHRONOLOGIQUE.
TABLE ALPHABETIQUE
DES MATIERES.
ytîiNEAS SiLVius OU Pie II , pape , fait 1 eioge de Jeanne d'Arc ,
pages 237 et 296 ; anecdote inconnue le concernant, 295 ;
autres faits , l'bid.
Albret ( Guillaume d' ), officier tué à Rouvray, 173.
Alençon ( le comte d' ), prince du sang; traité, 20.
( le duc d') , fils de idem; sa rançon; commande Tarajée ,
212 ; sa condamnation, 223 ; autres faits, ig4, 212, 241, 319.
Alliances . .. VoyezTvz\\és.
Alphonse s, roi d'Aragon, s'empare du royaume de Naples, 289;
est défait prt-s de Gènes , 3o6.
Amédée VIII ^ duc de Savoie, secourt le prince d'Orange, 323.
Amiens , choses remarquables dans cette ville, Si;.
Anglais ^ défaut de religion , ambition , etc. , 3i2, 3 17 ; courage ,
197; est abattu à l'arrivée de Jeanne d'Arc, ibid.
Angleterre. Son état à la mort de Charles v, i ; de Charles vi,
3i ; au tems du siège d'Orléans, 49 5 divisions des princes , ré-
gences, etc., 3, 32, 110; autres faits, 82, i43. — K. aussi
Bedfort , Henri , Richard , etc.
Angouléme ( Jean, comte d' ) , aïeul de François ic, 127, 3oi.
Anjou ( Louis, duc d' ) , régent de France ; administration , ex-
pédition à Naples , sa mort, 4 > 1 1-- — Louis et René j ses pti-
tits-fils. . . V. Sicile
Anselme (le P. ) , réfuté ,319.
Anihon. Bataille, 93, 238; récit détaillé, faits qui la précédè-
rent et suivirent , etc., 321 et suiv.
Argens ( le marquis d' ), réfuté , 242.
Armagnac (le comte d' ). Portrait; sa conduite tyrannique et
celle de son parti, i6 et suiv. ; laS et suiv. ; sa mort , i33.
Armagnac ( le comte d' ) , son fils , consulte Jeanne , 339.
Armagnacs ( parti des ). Leur nom est donné long-temps au
parti de Charles vil, 242. — V. Armagnac
Armée de Charles Yii, 33, 46, 157.
352 TABLE ALPHABÉTIQUE
Arondel^ général anglais, i44«
Artigny ( l'abbé d' ) , ouvrage , 107 ; opinions citées , disculées ou
réfutées , 107 , 242.
Asiréo^ amiral génois, victoire navale, 3o5.
Ast^ recouvré par Charles, duc d'Orléans, 283.
Astezan. Notice sur son manuscrit , 279 et suiv. ; sur sa vie et
ses ouvrages , 282 et suiv.
Auberhe ^ château , pris et repris, 822, 324.
Auteurs cités dans notre ouvrage ( liste des ) , 102 et suiv.
Autorités des faits cités dans notre ouvrage, 98.
Azafy château, assiégé par Charles VII, i45.
Atieu^ château, pris et repris, 822, 324.
^zZ/z^oa/-/. Bataille , 22, 128.
Bar ( René , duc de ) adhère au traité de Troyes , 176 ; autres
faits, i85, 290... /^.Sicile.
Barbazan ; son éloge; pris à Melun ; quand délivré, i3G;
vainqueur à la Croisette et à Chappe ; 98; 239.
Bastilles des Anglais au siège d'Orléans; noms et position, i65
et suiv. et 246 ; i^^ de id. , i64; leurs attaques, prises et évacua-
tion, 66 et suiv., 201 et suiv.; leur force, 65, i63, 201 , 2o5, 208.
Batailles ou combats... V. Anthon, Azincourt , Baugé , Cas-
tlllon , Chappe, Crevant, Germlgny, Harengs, la Bussière,
la Croisette, la Gravelle , Pathay, Rosbecq, Rouvray, Saint-
James, Saint-Riquier, Verneuil.
Baudot de Juilly. Histoire et opinions discutées ou réfutées,
108, i34, 166.
Baudricûurt rebute et ensuite accueille Jeanne d'Arc, et l'en-
voie à Charles vii , 184 et suiv. , 243 , 3o4.
Baugé ^ bataille, 29, i38.
Baïonne ^ assiégé et pris par Charles vil , 3 18.
Beaugency ^ pris, 160; repris, 75,211, 258. — ^. aussi 2i3.
Beaulieu , favori de Charles vu , 4^ > 44-
Beaumarchais , réfuté ,242.
Beauvais ( Pierre Cauchon , évêque de ) , fait acheter Jeanne
d'Arc, dirige et instruit son procès, la persécute, fait brû-
ler, "etc. ; .90 et suiv. ; 23o et suiv, — Il n'était pas son juge
naturel , 23.4.
DES MATIÈRES. 353
Bedfort {\e duc de), oncle de Henri vi. Eloge, talens , 34,
49 et 236; nommé re'gent de France, i4i ; victoires, 23 et
Sg; mariage, 38 et 147 ; voyage en Angleterre, 4» et i5i ;
sa mort, 223; le supplice de Jeanne est une tache à sa me'-
moire, 236; autres faits, 34, 87, 45,54,75, i4o, i4i , i56,
109 , 162 , 2i3 , 260 à 262.
jÇ^'m (Jean, duc de), oncle de Charles vi. Portrait, de'pre'-
dations , 6 et suiv. , ii4ct suiv. , 3i5; traité honteux , 20 ; sa
mort, i3i ; il laisse beaucoup de reliques, ii4; autres faits,
3i3,3i5.
Berthier (le P. ) , opinion citée , 188.
Béziers , assiégé par Charles vu , i45.
Beuil^ officier, 161.
Blois, Choses remarquables à id. , 3i5.
Bony ^ pris par Culant , 259.
Bordeaux , i , 33.
Bouchers. Leurs massacres et liste de proscription, 17, i23.
Bourbon ( le duc de ) , traité honteux , 20.
Bourdon^ favori d'Isabelle, noyé, i32.
Bourges. Choses remarquables, 3i5.
-5i?z^/-^c^;7^ (Philippe-le-Hardi , duc de), oncle de Charles vi.
Portrait, ambition, déprédations, puissance formidable, etc.,
6 à 12 , 112 à 120 ; il meurt insolvable , ii4 et 120.
Bourgogne ( Jean-sans-Peur , duc de ) , fils du précédent. Por-
trait, intrigues; est aimé des Parisiens; guerres civiles; fait
assassiner le duc d'Orléans; protège les bouchers, i3 à 18,
120 à 123 ; traités honteux avec l'Angleterre, 20 à 23, et
i3o; sanctionne les massacres des Armagnacs, 26 et i33 ;
s'unit avec Isabelle ; traite avec Charles vu et est massacre ,
27 et 134.
Bourgogne ( Philippe-le-Bon , duc de ). Eloge , portrait , 28 et
34 ^ victoire, 3o et 139; rupture heureuse avec Glocester,
4o, 49 et i5o ; ou lui offre Orléans, 55 et 174 ; fait une trêve
avec Charles , puis reste uni aux Anglais , 78, 217, 263 et 336 ;
expéditions de Soissy et Compiègne , .267 et suiv. ; il traite
enfin avec Charles vu , 81 , 83 et 220 j autres faits , 42 ? 3» »
23o , 240 , 264.
23
354 TABLE ALPHABETIQUE
JOouniel , gouverneur de Solssons , 270 , 26S.
Brabani ( le duc de ) , 4o > "So.
Brest , loç).
Bretagne (le duc de). Traite tantôt avec les Anglais, tantôt
avec les Français, 3; , 38, ^t » 4^ > 49 . i55 ; autres faits , 3 ,
110 , 125 , i55.
6â'/^/?û^A/>/-; nécessite' pour l'histoire, 100 , 271.
Capeluche , bourreau, 26.
Capoue. Apparition de la croix , 289.
Cartes du siège d'Orle'ans, 246etsulv. ; du théâtre dé la guerre
et des voyages de Jeanne , aSi et sulv.
Casti'tte, alliée de la France , 2 ; attaquée par le duc de Lcn-
castre ,110.
Castillon ^ bataille, 222.
Cauchon , évêque. V . Beauvais.
Chabanes , officier , 161 , 269.
Chabot , officier tué à Rouvray , 173.
Ctiahet , professeur d'histoire à Grenoble; éloge et mort, 292.
Champeaux ^ ministre des finances; déprédations, i4j.
Chappe ^ bataille, 93, 238.
Charles V. Etat florissant de la France à sa mort , 1 à 4 > »«
à m ; autres faits, 84 et 224.
Charles VI. Expéditions, administration, caractère, démence,
dénuement, etc. , 6à 12 , 112 et sulv. ; son nom sert aux di-
vers partis, 22 et sulv. ; sa mort, 3i et \l^\ ; état affligeant
de la France Sous son règne, 46-
Charles VII. Sa naissance, i53 ; se laisse diriger par le comte
d'Armagnac, 24 et i3i ; est sauvé des massacres, 27 , i34;
traite avec Jean, duc de Bourgogne ; n'a aucune part à son
assassinat, 27 et i34; faiblesse de son parti , 2g et i35; il est
déshérité , 29 et i36 ; état de ses forces à son avènement , 3^1
et sulv. , 141 et siiiv. ; activité avant cette époque, et apathie
postérieure, 35 etsuiv.; i45 etsuiv. ( K aussi ci-après Orléans
et Paris ) ; sa faiblesse pour ses favoris, ministres, etc. , 35, 4^
et suiv, , 77 , i4^> "^^ ^^ ^"''^- > ^'9 ' ^'^'^ ^^ ^^^ forces en
1428 , 4^ et suiv. , i56 et suiv. ; conseillé de se retirer en
Dauphiné , 56, 174 el 333 ; Jeanne d'Arc ranime son parti et
DES MATIERES. 355
delerniine à secourir Orléans, 6i el suiv. , 196; il se ticnL
d'abord éloigne de l'armée, 73, 77, 208, 2i5; elle l'engage
à l'expédition du sacre, 77 , 2i5 et suiv. , a5g et suiv. ; divi-
sions dans sa cour , 80, 214, 219; tableau et éloge de son ad-
ministration et de sa conduite dans les vingt-cinq dernières
années de son règne , 8i, 222 et suiv. ; il ne fait rien pour
délivrer Jeanne d'Arc, 92 et 139; il recouvre la Normandie
et la Guienne , 3oi , 3oa ; sa dévotion , 3 12 ; il se tient éloigné
de Paris, 3 16; sa mort , 284, 320.
C/jar/i'cr^ historien , témoin oculaire, io5.
Chàteaubrun ^ officier tué à Rouvray , 173.
Chaumont^ officier, 161.
Choisy ( l'abbé de ) , opinions citées , etc. , i34.
Cîarcncc ( le duc de ) , frère de Henri v, défait et tué à Baugé,
29 et i38.
Clermont (le comte de ) , envoyé à Orléans , 176.
CUsson, connétable; sa cruauté; 8 et 116.
Colombier^ château pris et repris, 322, 324-
Compagnies ( grandes ). Leur formation et leurs ravages en
France, 84, 224, 16, 32, 47, etc.
Compiègne. Choses remarquables, 3i6; se soumet à Charles vit,
262 , 340.
Coucy, château du duc d'Orléans, livré par trahison, 3i3 ; sa
description , 3 12.
Craon ^ ennemi de Clisson , 8 et 116.
Crevant, siège et bataille, 37 et 147.
Croix. Apparitionsà Capoue , 289; à Baïonne , 317.
Croix-Boissée. Bastille au siège d'Orléans, 167.
Cuîant ^ amiral , 176; prend Bony, 269.
Daniel { le P. ) , opinions citées, discutées ou réfutées, i5i,
166 , 170, 174.
Daulon j écuyer de Jeanne > 190, 201.
Dauphinois. Plus de 3oo tués à Verneuil , 322 , 329.
Dauphins. V. Jean et Louis... id. d'Auvergne, i53.
Duèelley-Langey , calomnies sur Jeanne réfutées , 241.
Duguesclin , connétable , 2 et 8.
356 TABLE ÂLPHAEÉTFQUE
Du^a///an, culomiiles sur Jeanne réfutées , 241.
Diinois , ou le bâtard d'Orléans. Sa naissance et regrels de la
duchesse , ï53; gendre de Louvet, ibid.\ fait lever le siège de
Montargis, i55; va dans Orléans, 161, 176 • est blessé à la
iournée des Harengs , et néanmoins dirige la retraite , 55
et 174; accompagne Jeanne d'Arc, 6461209; force les Anglais
à rendre son héraut , gS et aSi) ; dépose dans le procès de ré-
vision , 24, 206; concourt à la reddition de Paris, 221.
Ecosse , alliée de la France ; traités , 2 , \Çy\ envoie des secours,
33,87, ^9» ^^^' '4^' ^4^' ^°" connétable, 173, 176.
Edouard III, roi d'Angleterre, 2, i8, 20, 109.
Eglises d'Orléans, brûlées, i63 et sur-tout 247.
Elisabeth. V. Isabelle.
Expéditions de la France à l'étranger, 126, i58.
Expilly, président au parlement de Grenoble , 280.
Expillfy écrivain; où il a puisé, 107. V. Pollucbe,
Falapier, château pris et repris, 822, 828.
Fastol ou Falstol/y général anglais , triomphe à Rouvray , 55
et 171 ; fuit à Patliay , 76 et 214.
Facoris àç. Charles vu. F. Beaulieu , Charles vii , Giac, la
Trémouille.
Finances. Mauvais état, dissipation, etc. , 34, i44» *4'^-
Flandre. Expédition, 6 et ii3.
France. Etat. V. Charles v, Yi et vu, et compagnies; son terri-
toire et ses richesses, 3i.
France ( maison de ). Ses branches , m.
Franquei d'Arras, défait par Jeanne, 79 et 267.
Frégose ^ doge de Gênes, 290.
Gale as , duc de Milan , et ses fils , 281 , 3o6, 149. V. Milan.
Gaucourt ^ gouverneur d'Orléans, 67 et 201 ; vainqueur à An-
thon , 93 , 288 et 822 ; témoin au procès de révision , 241.
Gênes. Renvoie et rappelle tour-à-tour les Français ; veut se
donner à la France , 2 , 49 » 82 , 1 10 , i58 , 228 et 290.
Gergeau , pris par les Anglais, 160 , 162; repris par Jeanne,
75 et 212 ; autres faits , 166, 218; 24^'
G&rmigny, Bataille, 93 et 238.
DES MATIÈRES. 35;
Giac ^ favori de Charles vu, 4^ , i53 et i54'
Glacidas^ "commandant des tournelles , 70, 71 el 208.
Glocester (le duc. de ). Ses différents avec le duc de Bourgogne
et 1 evêque de \'N^inchester , 38 à 40, i^i , i5i.
Gravèrent ( Frère Jean ) , inquisiteur en France , 23o.
Griffet ( le P. ). Opinions cile'es , etc. , i35, 2i4 , 216.
Groslée y un des chefs à la bataille d*Anthon, 323 , etc.
Guan'ni, bisaïeul de l'auteur du Pas for Fido • Sig.
Gui'e/ine ,Tecou\Yée par les Français, 222 , 3oi.
Hainaut (Jacqueline de ) , 4o et i5o.
Harengs ( journées des ) , 54 et suiv. , 171 et suiv.
Harjleur. Siège et prise , 23 et i3o ; repris, 222.
Henri IV ^ roi d'Angleterre ; auparavant duc de Lencaslre..
Détrône Richard ; sa politique envers la France , sa mort ,
18 à 21 , 125 à 127.
Henri Vy son fils. Portrait, conduite, -victoires, conquêtes, 21
3 23, ia8, 129, i32 et i36 ; fait roi de France; voyage,
29 et i36; retour, conquêtes, mort , 29, i37 à i4o.
Henri VI , son fils, 3i , 220 , 23o , 240 , 268.
Hire (la), célèbre capitaine , 69, 161, 167, 176.
Histoire de la Pucelle ; éloge de cette chronique , 99 et io5.
Hume ^ historien, opinions citées, discutées ou réfutées, i25,
129, i35, i5i, i55, i56, i65, 177, 187, 189, 202 , 208 ,
2i4, 221 , 235 , 236.
Inquisition. Ses formes effrayanlos ont été' employées dans le
procès de Jeanne d'Arc , 23i.
Isabelle de Bai>iere ^ 10 à 12, 22, 25, 28, 121 et 182 ; fait dés-
hériter son fils ; sa mort ,221.
Isabelle ou Eliiabel/t , sa fille, femme de Richard 11 et de
Charles, duc d'Orléans, i25 et 319.
Itinéraire de Jeanne d'Arc, 252 et suiv.
Jacques /«'', roi d'Ecosse , i43 , i44-
Jean dauphin, second fils de Charles VI ; sa mort , 24 , i3i , 100.
Jean-le~Bon , roi de France , i et loB.
Jean-sans-Peur- V. Bourgogne,
Jeanne û'Arc. Sa naissance, 3o2; son âge , 177 à 179 et 3c3i
bO TABLE ALPHABETIQUE
son pays , ses père , mère et oncle , î8i et i83, n^s i el 6 cl
3o2 ; son éducation, ses occupalions, sa conduite dans sa
jeunesse el sa profession , 179, n° 1 et 181 , n^s iet4el3o2;
petits voyages aux environs de Domrémy , 181 , n^* 3 et 4 > et
184 no g ; ses re'vélations et son projet de sauver la France ,
i83 , no 7 , et 3oj ; premier voya;;e à Vaucouleurs , où el!e en
fait part , long-tems avant le sie'ge d'Orléans; elle est rebutée,
i83 , n'' 7, et 184 , no 8 ; elle est accueillie à un troisième , et
envoyée en France : toutes ces courses prouvent qu'il n'y eût
point d'artifice , 184, n^^ g et 10. Voyages à Chinon , à Poi-
tiers et à Blois ; autres preuves , i85 à 187, et 253 à 256 et 3o3 ;
opinions des anciens et des modernes sur Jeanne réfutées,
57 et suiv. ; elle ne fut point formée au rôle qu'elle joua ; ses
démarches furent uniquement le fruit du civisme et de l'en-
thousiasme , 5g et suiv., i83 el suiv., 187 , n» i3 , 189 et suiv.,
241 ( poyez aussi ci-après Richart) ; ce qu'on peut penser du
merveilleux qu'on employa , 5g , 187 , n^ i3 , 190 et suiv. ; sur
ses révélations, Sg ; sur les examens auxquels elle fut soumise,
187, 3o4; sur son adresse à l'exercice delà lance et du cheval.
Go et 193; sur son éloquence, 61 et 194 à 19^ '■> elle se présente
à la cour , ranime les esprits abattus, promet de faire lever
le siège d'Orléans et de conduire le roi à Reims, 56 et 62; les
Français reprennent el les Anglais perdent courage ;, ceux-ci
la croient magicienne, 63 , 197, 220; elle opère une espèce de
révolution , 217. — Elle conduit un premier convoi à Orléans,
reconnaît les bastilles des Anglais et letirfait des sommations,
64 et 198; elle protège l'entrée d'un deuxième convoi, et est
d'avis d'attaquer les Anglais, 64 , 199 et 257 ; vole au secours
des Français repoussés dans une sortie ; repousse les Anglais ;
attaque et prend la bastille de Saint-Loup, 66 et 67 , 201 à
2o3 ; conseil ; attaque des Augustins ; les Français se replient
et sont poursuivis; Jeanne repousse encore les Anglais, et
ramène les Français à l'attaque ; prise des Augustins , 68 , 69
et 2o3 à 2o5 ; elle obtient qu'on fera le siège des tournelles ;
passe la nuit au bivouac; attaque ; elle est blessée; les Fran-
çais font retraite ; après son pansement , elle les ramène el
plante sa bannière sur les bords du fossé ; prise du boulevart ,
DES MATIÈRES. 359
tlîi fort , elc. , 67 à 72 , 2o3 à 207 ; second bivouac de Jeanne ;
leve'e du sie'ge, 72 et 207 ; voyage à la cour, 70 et 208 ; elle
rencontre le Roi , 208 a 210; accueil qu'il lui fait, 3o5 ; elle
insiste pour qu'on aille à Reims ; on arrête de reprendre aupa-
ravant les places voisines d'OiIe'ans ; sa rcputalion fait accou-
rir des troupes, 78, 210, 211, 257 et 258 ; attaque de Gergeau;
deuxième blessure de Jeanne ; elle enhardit les Français ; prise
de la place , et de Mehun, Beaugency, etc. , 7^ et 75 , 212 et
2i3; bataille et victoire de Fathay, 75 et 76, 2i3 et 214 :
voyages ^e Jeanne à la cour; elle sollicite pour la rentrée en
grâce du conne'iable et pour le sacre ; expe'dition de Reims ; ses
services, 77, 78, 214 à 216, 259; expe'dition de l'Ile-de-France
et de la Brie ; Jeanne est au corps des escarmouches ; attaque
Paris ; est blessée pour la troisième fois ; accompagne toujours
Parme'e du roi, 78 , 217, 2i8et sur-tout 289 à 2G3 ; attaque et
prise de Saint-Pierre-le-Moutier ; bravoure de Jeanne , 7g,
264 et 265 ; siège de la Charité , 264 et 265; ses voyages à Ger-
geau, Mehun, Bourges, etc.; elle est ennoblie, 265 et 2G6 ;
expédition de Lagny ; elle défait et prend Franquet d'Arras,
2663268; expédition de Soissons et Soissy; elle attaque les
alliés près de Noyon , 2G8 à 270 ; retour à Lagny; expédition
et sortie de Compiègne , où elle est prise , 270, 271, 79;
elle se rend au bâtard de Vendôme ; est vendue à Luxem-
bourg ; détenue dans plusieurs châteaux; joie des alliés et des
Parisiens, 89, 229. — L'université de Paris et Cauchon deman-
dent qu'elle soit poursuivie; elle est revendue dix mille francs,
89, 23o et 23i , nos I et 4 ; analyse de son procès , où Ton a
employé les formes de l'inquisition, et où préside avec Cau-
chon un inquisiteur, 23i à 234, ^°* ^ 21 17 > ses juges,
leur caractère , leurs affreuses manœuvres ; ils commi-
rent un véritable assassinat , go , qi , 234 à 236 ; son supplice,
238 ; ses mœurs, ses vertus , etc. , sont attestées unaiiiinemenl,
92, 236 , 3o4, 3o5; son procès estt revu , et sa condamnation
cassée, 93 et 240 ; imputations calomnieuses des écrivains pos-
térieurs réfutées , notamment quant shfrère Ricbart , g4; 241
à a44; sou éloge ; fêtes et trophées en son honneur, gS, 96,
2-^4? itinéraire et cartes ; voyages et expéditions, loo, 246 et
36o TABLE ALPHABÉTIQUE
suiv. ; résumé de ces voyages et expéditions, 271 ; lettres de
Jeanne d'Arc au duc de Bourgogne , 334 '•> ^"x Anglais , 337 -,
nu comte d'Armagnac , 33g.
Jeanne II , reine de Naples , 28g.
Journal de Paris. L'auteur est un partisan effréné des Bour-
guignons , io4, 2^2.
Jufénal des Ursins , historien , io3.
Jut>énal , chancelier de France, son frère, 307.
La Bussière, bataille, Sg et 148.
La Chapelle , officier bourguignon , tué à Anthon , 33oo
La Croisette. Bataille , Ç|3 et sSg.
La Grai>eîle. Bataille , 3g et i48.
Lancetot ^ général bourguignon, tué au siège d'Orléaiis, 52 et
208.
Laon , choses remarquables à /</. , 3i6.
Lu T remouille ^ favori de Charles vu ; exactions ; divise la cour;
fait la guerre à Ricbemont ; est arrêté , 44 ? 4^ » ^° > 77 > ^^ »
2i4, 2ig.
Laf^erdy (M. de). Ministre d'état; éloge de ses extraits des
Mss. de Jeanne d'Arc, 107; opinions citées, discutées ou
réfutées , 202 , 20g , 23g , 256.
Le Laboureur. Opinion sur son histoire de Charles vi, io3.
Lencastre (le duc de), oncle de Richard II, fait la guerre à la
Castille , 10g.
Lencastre ( le duc de ) , son fils , détrône Ricbard ; est roi sous
le nom de Henri iv. V. ce mot et p. 18.
Lenglel{ l'abbt-). Opinions citées, discutées ou réfutées, 106,
i83, 202, 208, 2i3, 2i5,2i6, 255, 207; a pillé , dit-on ,
Riche r, 107.
Lescûl , officier , tué à Rouvray , 173.
Liège (Jean-Sans-Pitié, évêque de). Sa cruauté, 88 et 227.
Loches , C!iarles VU y résidait souvent , 20g , etc.
Lore ( Ambroise de ) regarde les expéditions de Jeanne comme
miraculeuses, 208.
Lorraine ( le duc de) consulte Jeanne , 184, no g.
Louis y dauphin, fils aîné de Charles vi ; lieutenant-général ;
sonparfi, sa mort , etc. j, 16, i8 , 22,23, 129.
DES MATIERES.
36
Louis , duc d'Orléans. . . Voyez ci-aprcs Orléans.
Louis XL y son éloge, 32o; autres faits, 210, 33o , 333.
Louf'et y ministre de Charles vu; sa puissance, i53.
Luchet { le marquis de ). Ses critiques de Jeanne, de son in-
fluence, etc. , re'fute'es , 174, 177, iqS à igS , 207.
Lussan (IM"e de ). Opinions citées, discutées ou réfutées, 106,
i35.
Luxembourg ^ général bourguignon ; achète et revend Jeanne ;
89, "go, 229, 23o, 240 ; enseigne à son neveu à tuer les pri-
sonniers , 226.
Lyon, choses remarquables, 3i4.
Magisiri ( frère Jean ) ou Lemaitre , vice-inquisiteur , assiste au
procès de Jeanne , 23i.
Marches. Sens de ce mol , 266.
Meaux^ pris par Henri v , 29 et i38.
Mehun-sur-Loire y pris par les Anglais ; repris par les Français,
160 , 75 , 2i3et 258. V. Jeanne.
Meulan , pris par Bedfort , 37.
Milan ( duché de ) , assuré au duc d'Orléans , 3o6, 291.
Milan ( le duc de ) secourt Charles vu , Sg et 14S. V. Galéas,
Mœurs corrompues , 60 , 289,
Monnaies. Leurs altérations , 34, ^44» ^'^^•
Mons-en-Vimeu. V. Saint-Riquier.
Monstrelet , écrivain bourguignon; opinions citées, discutées
ou réfutées, io5, iS;, i38, i^o, 146, 166, 176,216, 267;
est au siège de Compiègne , 267.
Montereau , pris par Henri v, i36 ; repris par Charles VU , 222.
Montferrat. V. Paléologue.
BToulier ( Saint-Pierre-le ). V. Jeanne.
Naples expéditions, 5, 4y > 1^8 , 228 ; tremblement de terre ,
286.
Navarre ( roi de ) , 109 , 120 , i56.
Nimes y assiégé par Charles vil , i45.
Normandie, conquise par les Anglais, 24, i34, 219; recouvrée
par Charles VII , 222 , 3o2.
Noyon , expéditions près de cette ville , 267, 268 ; choses remar-
cjuables, 3 16.
362 TABLE AL?HABÉTI<?UE^
Orange y pi is par Gaucoarl et Groslec , 332.
Grange ( prince d' ) , allié des Bour^^'uignons , est battu à An-
thon, 32 et 238, 32 1 et suiv.
Orléanais y conquis par les Anglais, 5i et î6o ; repn's par les
Français , sous Jeanne , ^5 , 212 a 21 j , 258.
Orléans. Les Anglais prennent \e?, villes voisines, 5i, 160;
est le boulevarl des e'tats de Charles vil, 5i et i56 ; son
siège, 52; erreurs <]es historiens sur ce siège, et carte qu'un,
en a faite , 99, 100, i65, 199,, 2^^; sa garnison nombreuse,
sa situation , brûle ses faubourgs et leurs églises , 52, 161 à
165 ; courage he'roïque de ses habltans , 53 et 164 ; circon-
vallation et fosse's ; leur détresse, 53, i65 et 170 ; ils offrent
de se rendre au duc de Bourgogne, 55, 174, 170. V. pour
le reste du siège , Bastilles et Jeanne. Us sont fâche's de ne pas
voir Charles VII, 77 et 2i5; fête et monument en l'honneur
de Jeanne , 95 et 244 > choses remarquables , 3x5.
Orléans ( Louis , duc d' ) , frère de Charles VI , porirait , dé-
bauches , déprédations, mauvaise administration; est assas-
siné, ioài5, 117a 121, 3x3.
Orléans ( Charles , duc d' ) son fils , i6 et 20 ; fait prisonnier à
Azincourt , 129 et 291; recouvre sa liberté en i^^o» 291;
avait des droits au duché de Milan, 291, 3oG ; n'obtient que
le comté d'Ast, 233, 291 , 299; ses poésies, 291 ; il épouse
Elisabeth, veuve de Richard il , 3i9, et ensuite la bile du
connétable d'Armagnac, ib.
Paléologue ( maison ) ou de Monlferrat. Une de ses branches
cadettes acquiert le Montferrat par les femmes , 293 , 3o7 ;
Jean-Jacques ( marquis de Montferrat) , Jean , Théodore et
Bonlface, ses enfans , 293 , 296 à 299 , 285 , 223.
Papes et antipapes au tems de Jeanne , 339.
Pâques^ commencement de l'année, tableau des jours de Pâques,
de i4oi à i43i, p. loi.
Paquerel (le P. ) , confesseur de Jeanne , 190.
Paris. Avantages de sa possession , 142; les partis se le dispu-
tent, 17, 23, 24, 123, 124; est livré aux Bourguignons,
massacres des prisons , it> et i32 ; attaqué par Jeanne , 79 ,
et 262; joie de ses habifans à la nouvelle de la prise de
DES MATIERES.
363
Jeanne, 90 et i-ag; est rendu à Charles vu, qui n'y vient que
tard et fort rarement, 81 , 221 et 3iG; choses remarquables,
008 à 3i I. ♦
Parlâment de Paris, sa réputation , 3io.
Pasquier. Ses erreurs sur Jeanne ,178.
l^athay , bataille , 76 et 21 3.
Pe//'/ ( Jean ) , cordelier, apologiste de l'assassinat du duc d'Or-
léans, i5 et 122.
Philippe de Valois , roi de France , i , 84 , 108,
Philippe-le-Hardi ; id. le Bon. V- Bourgogne.
Pie II ^ pape. V, /Ene'as.
Pièces justificatives, i» Manuscrit d'Asie zan , 279; 1^ id. de
Thomassin , 32i ; 3» lettres de Jeanne d'Arc, 334-
Polluche ^ historien, 108; copié parExpilly, 107.
Pont-VEvéque , près Noyon , attaqué par Jeanne , 269.
Prisonniers de guerre massacrés, 86, 227.
/"/■/jo/jj-... Massacres... Voy. Paris, Bourgogne, etc.
Procès de Jeanne d'Arc... V . ce mot et Cauchon.
Propinces de Charles vii , 3i , 4^, i4i) i56.
Pusignan , château pris et repris , 322 , 324.
Papin-Thoyras , opinions citées, discutées ou réfutées, 127,
128 , i3i , i4o , 178.
Piays ( le maréchal de ) eat à Orléans, 177.
Pieligues... du duc de Berri , ii4 ; de la Sainte-Chapelle , 3o9;
de diverses villes, 3ii, 3i5à 317.
Picims. Expédition et sacre, 56 , 62 , 73, 77, 2i5, 209
Richard II ., roi d'Angleterre; traités avec la France; est dc-
. trôné , 2, 17, 109, iio, I24-
Piichart ( frère ) , cordelier. Il est faux qu'il ait pu inspirer à
Jeanne le rôle qu'elle joua, puisqu'il ne la vit pour la pre-
mière fois qu'à Troyes , long-tems après le siège d'Orléans et
l'expédition pour l'Orléanais, 242 à 244-
PLichcmont ( le courte de ) , connétable de France; démêlés avec
les favoris et ministres de Charles VII ; expéditions , elc , i^i à
43, 5o , 77, 80, i5i, i52, 221.
Richcr ^ historien ; opinion sur son ouvrage; il a été pillé, dit-on,
par l'abbé Lenglet , 107; cité, iSq,
364 TABLE ALPHABÉTIQUE
Robcrt-Ie-]\Taçon ^ chancelier de Charles vil , \h\.
Rochecho!jart ( Louis de ) , tué à Rouvray , 173.
Rosbecq , bataille ,6, 1 13.
Rouçray ^ idem, ou Journée dos Harengs. V. ce mot.
Sacre de Charles vu , e'poque véritable , 216 , et sur- tout o3G
Saint-Denis ^ choses remarv}uables , 3 11.
Saint Esprit^ assiégé par Cliarles vil , 1^5.
Saint-Foix. Opinion sur le meurtre de Jean, i35.
Saint-James de Beuvron ; siège et déroute , l^-x et 44*
Saint Jean~le-Hlanc , bastille d'Orléans, 69, i66, 168, 2o3, 204.
Saint Laurent , idem, 167 et 169.
Saint-Loup , idem, 66 à 68 , 1G6 à 169, 201 et suiv. , aSo.
Saint-Pot (le comte de) tue des prisonniers, 226.
Saint- Pouaire , bastille d'Orléans , 168, 202, 249*
Saint-Priçé , idem , 69 , 70 , 168, i6g , 2o3 à 2o5.
Saint-Remiy historien, partisan des Bourguignons , io4; opi-
nions citées ou réfutées, i34, i38.
Saint-Riçuier, ou Mons-en-Vimeu , bataille, 3o et 139.
Saint-Romain , château près Colombier, 32i.
Sainte-Severe^ maréchal de France, 161 , 202.
Saintrailtes... V. Xainlrailles.
Salisbury , général anj^lais ; son éloge , ses conquêtes ; assiège
Orléans, y est tué, 34, 52, 162; autres faits ; 37, i38, i83,
208.
Sentis^ origine de son nom, 3i6.
Sicile (rois de) , Louis m , duc d'Anjou , 142 ; René , son frère ^
duc d'Anjou et de Bar, 176, i35 , 289, 290.
Smollett. Opinions, citées, discutées ou réfutées^ i25 , 120,
140 , ï66, 211.
Soissons , vendu à Philippe-le-Bon , 270... F", aussi 268 , 317.
Sommerset , général anglais, 34-
Sommière. Assiégée par Charles vu, i45-
Suffolk y général anglais, éloge, 34; victoire à Crevant, 38;
remplace Salisbury à Orléans, 52, 162, 166; est pris à Ger-
geau , 75 , 2i3 et 214 ; autres faits, i55.
Superstition au tems de Jeanne, 191 , 197.
Tables.., 1° des lieux indiqués dans la carte du siège d'Orléans ,
DES MATIERES. 365
248 el suiv. ; 2.^^ alphabétique des villes, bourgs, etc., de la
:2e carie , 27^ et suiv.; 3° chronologique des principaux faits
de notre ouvrage, 34i et suiv. ; 4° alphabétique des matières
(ou présente table) 35i et suiv. ; 5^ des matières selon l'or-
dre de ce volume, ^67.
TalLot y général anglais, son éloge , 34 et i44; un des comman-
dans au siège d'Orléans, Sa , 67, 202 ; défaite! pris à Pathay,
76; échangé , 23g ; prend le Mans et Laval , i55 ; est tue à
(^aslilhon , 222.
Tannegui Duchâlcl , ministre et favori de Charles vu, le sauve,
27 et i34; se retire de la cour, 4- et i53, 221.
Témoins au procès de révision de Jeanne, profession, noms,
etc. , 180 , 241.
Thomassin , historien , io5 ; suffrage de grand poids, 175 et 333 ;
opinions citées , etc., i3o , i3i , 190; notice sur sa vie, ses
emplois, son ouvrage , 333 ; fragment que nous en avons tiré ,
321 et suiv.
Tournelles (les ) , boulevart et fort d'Orléans, situation, 82, 161,
168 et 2o3 ; force, 70, i65, 2o5, 208; pris par les Anglais,
53 , i63 à i65 ; attaqués et repris par Jeanne d'Arc , 69 à 72 ,
2o5 à 207.
Tours ^ choses remarquables , 3iG; Charles y réside souvent, il.;
Processions pour Jeanne d'Arc, 229.
Traités, alliances, etc.; Arras, 81, 221; Bretigny, i36; Delft,
i5o ; Troyes , i36; avec l'Ecosse , i43; autres , 17 , 20 , 23 ,
126, 129, i3o, i39 , 142, 263.
Transtamare ( Henri ) , roi de Castille ,2.
Trêves ^ i^, 78, 125, 217, 263.
Tripaut , chroniqueur, son éloge , 99, io6."
Université de Paris ; persécute Jeanne d'Arc, 90, 229 et suiv. j
justifie sa condamnation , 232 ; est réformée par Charles vu,
83, 224.
Valentine àe. Milan, 149, 253, 291, 3o6.
Vaudemont ( le comte de ) , i85.
Vendôme ( le bâiard de ) , vend Jeanne d'Arc , 229.
Verneuil , bataille, Sg et l^o , 149.
366 TABLE ALPHABÉTIQUE , etc.
Viîlandras , chef de partisans , prend part à la balaille d'Anthon ,
323 el siiiv.
Villaret ^ continuateur de l'histoire de Fiance de Velly, io3;
opinions cite'es, discutées ou réfutées, io3, io4, ii3, 116,
120 , 128 , i2f), i3o , i3i, 134, i37, iSg , i4o ? ^49' i^i , 162 ,
i57, 162, 166, 167, 172, 173, 175, 20g, 216, 220, 222,
263 , 268.
Visconti y duc de Milan , i49' • ^ Gale'as.
Voltaire f opinions citées, discutées ou réfutées, i35, 177, igS
242.
T'farçvick , général anglais; éloge, 34; Dunois lui fait lever le
siège de Montargis , i55.
Winchester {^ le cardinal de) , divisions heureuses avec Glocestcr,
4i et i5i ; amène à Bedford une armée levée pour une croi-
sade, 78 et 217 ; est au nombre des juges de Jeanne , 235.
Xaintrailles ( Poton de ) , valeureux capitaine français , 03 , 167,
176, 191, 239, 269.
York ( le duc d' ) , oncle de Richard , 109.
FIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE.
TABLE DES MATIERES
SELON l'ordre de CE VOLUME,
J Pages.
EANNE d'arc , OU Coup-d'Œil sur les révolutions de
France au tems de Charles vi et de Charles vii , et sur-
tout de la Pucelle d'Orle'ans... Discours ou texte. ... i
Note première du Coup-d Œil, etc. , où il est question du
plan de l'ouvrage, des citations, abre'viations, calendrier,
ouvrages cite's , etc tj7
Note deux et suivantes io8
Explication des cartes jointes à l'ouvrage 24*^
Carte première ou carte visuelle du sie'ge d'Orle'ans , ^ i ,
observations ; § 2 , bastilles ; § 3 , de'signations ; § 4 >
églises brûle'es ; § 5 , explication des n»* de la carte vi-
suelle 248
Carie deuxième, ou carte du théâtre de la guerre, au
tems de Charles VI et de Charles Yii , et sur-tout de
Jeanne d'Arc aSi
Article I«r. Observations générales ih
Article II. Itinéraire des voyages ou expéditions de Jeanne
d'Arc , § I , voyages aux environs de Domrémi ; § 2 , à
la cour de Charles vil ; 5 3 , expédition d'Orléans ; 5 4 »
idem, des environs d'Orléans; § 5, idem, du sacre;
5 6, de riIe-de-France, Brie, etc. ; § 7, du Berri, etc;
§ 8, de Lagny et Compiègne ; §9, résumé 271
Article III. Table alphabétique des villes, bourgs, villages
et châteaux désignés dans la 2^ carte , avec leurs degrés
de longitude , latitude, etc 273
Piemière pièce justificative. Notice d'un nianuscrit inédit
d'Astezan . où il est question de Jennne d'Arc et de di-
vers person nattes ou événemens mentionnés dans le
Coup-d'Œil et les notes 279
368 TABLE DES MATIÈRES.
Pages .
Deuxième pièce justificative. Fragment d'un manuscrit
inédit de Thomassin , où il est question des mêmes ob-
jets, et sur-tout de la bataille d'Anthon 32i
Troisième pièce justificative. Lettre de Jeanne d'Arc au
duc de Bourgogne, jusqu'à pre'sent inédite; suivie de
ses Lettres aux Aiîglais et au comte d'Armagnac. . . 334
Table chronologique à^% principaux faits dont il est ques-
tion dans le coup-d'œil , etc 34 1
Table alphabe'tiqiie des matières 35 1
^^* Voir, au mot Jeanne d'Arc, ci-devant pages 357 ^
36o , un sommaire chronologique de la vie de notre he'roïne.
Erratum. Page 6o , ligne 2 , au lieu du i4^ , Usez du iS^.
FIN.
Extrait du Catalogue des Livres de fonds qui se
trouvent chez PlLLET, imprimeur-libraire^ me
Christine , is» 5.
i<'HERMiTE de la Chaussée-d'Antin, ou Observations
sur les Mœurs et Usages des Parisiens au commence-
ment du 19e siècle ; avec cette épigraphe :
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.
BoiLEAU, Art -poéùque.
Par M. de Jouy, membre de l'Académie française.
Cinq fortsvol.in-i2, orne's de douze charmantes gra-
vures et de fleurons.
Prix 18 fr. 75 c.
Le même, cinq vol. in-8° 00 . . o .
Papier ve'lin 5o '. . o .
Guillaume le Franc-Parleur , ou Observations sur les
Mœurs et Usages Parisiens au commencement du
19e siècle , faisant suite à THermite de la Chaussée-
d'Antin , et par le même auteur. Deux vol. in-12,
ornés de quatre jolies gravures et de fleurons 7 f 5o
Le même, 2 vol. in-S» 12 o c.
L'Hermite delà Guiane, ou Observations sur les Mœurs
françaises au commencement du 19*^ siècle; faisant
suiteàl'Hermite de la Chaussée-d'Antin et au Franc-
Parleur , et par le même auteur. Trois vol. in- 12 ,
ornés de jolies grav. et de fleurons. Prix. 11 f a5
Le même, trois vol. in-S». Prix 18 oc.
Nota. Chaque çolume se vend séparément. Il y en a de
diverses reliures dans les deux formats.
On trouve dans cet ouvrage ,• dont le succès va toujours crois-
sant, une peinture fidèle des mœurs, des usages et des habitudes
des Français de toutes les classes. Tous les journaux de la capitale
ont rendu compte avec éloge de ce livre , qu'ils placent sur la li-
gne du Spectateur Anglais. Les premiers volumes sont à leur Lui-»
tième édition. Il en a paru des traductions en Angleterre , en Al-
lemagne, en Russie, en Ita'ie.
Histoire de l'Ambassade dans le grand -duché de Var-
sovie en 1812 ; par M. de Pradt , archevêque de
Malines, alors ambassadeur à Varsovie, avec cette
épigraphe :
Discite justitiam moniti, et non temnere reges.
Huilieme édition , revue et corrigée. Un vol in-S".
Prix i^ {. ^o c.
Nota. Tous les exemplaires portent le chiffre et la signature du li-
braire-éditeur.
Histoire de Louis XVI , roi de France et de Navarre ,
contenant le Récit complet des événemens qui ont
amené la chute du trône et la mort de cet infortuné
prince. Dédié aux Français. Un vol. in-S'', orné du
fac simile du testament de Louis XVI. Prix 6 f. o c.
Jeanne d'Arc, ou Coup-d'Œil sur les révolutions de
France au tems de Charles VI et de Charles VII , et
sur-tout de la Pucelle d'Orléans; ouvrage composé
d'après les documens les plus précieux et les plus au-
thentiques, et accompagné de toutes les pièces justi-
ficatives et de la correspondance de Jeanne d'Arc. Un
vol. in-80, orné de cartes, et d'un portrait de cette
célèbre héroïne. Prix 6 f. o c.
Lothaire, tragédie en 3 actes, par MM. H. Bis et F.
Hay. In-80. Prix 2 f. o c.
Œuvres complètes de J. La Fontaine, précédées d'une
nouvelle Notice sur sa vie, avec les Notes et Remar-
ques de Chamfort , Voltaire , La Harpe , Marmon-
tel , Guillon , Gaillard, Geoffroy, Solvet , etc., ses
commentateurs, et desObservalions nouvelles. Edition
plus complète que toutes celles qui ont paru jusqu'à
ce jour, ornée d'un portrait de La Fontaine, d'un
fac simile àe son écriture , d'une vignette représentant
la maison du célèbre fabuliste à Château-Thierry,
telle qu'elle existait en i8i4, et de i5 gravures pour
les fables. Un vol. in-80 de 1000 pages, divisé et pou-
vant être relié en deux parties. Prix pour les souscrip-
teurs 12 f. o c.
Pour les personnes qui n'ont pas souscrit i5 . o .
Il en a été tiré quelques exemplaires papier vélin sa-
tiné. Prix 3o f. o c.
Nota. Les Contes de La Pontaioe, qui peuvent être livrés à
part, si ou le désire, forment la dernière partie de l'ouvrage.
Eloge historique de Marie- Clotilde-Ade'laïde-Xavier
de France , reine de Sardaigne , avec des notes et des
pièces ine'dites. Un volume in -8°, avec gravures.
Prix 2 fr. 5o c.
Essai sur la Monarchie Française, ou Précis de l'His-
toire de France , considérée sous le rapport des
arts et des sciences, des mœurs, usages et institu-
tions des ditïérens peuples qui l'ont habitée, depuis
l'oii^ine des Gaules jusqu'au règne de Louis XV ;
suivi d'une Notice sur les Grands Capitaines qui se
sont distingués depuis Henri- le-Grand. Par F. Rouil-
lon-Petit, ex-professeur de philosophie et de rhé-
torique. Un fort vol. in-i2. Prix. . . . 3 fr. o c.
Essais historiques sur Paris, pour faire suite aux Essais
historiques de Saint-Foix ; par Aug. Poulain de St.-
Foix neveu. Deux vol. in-i2 , ornés du portrait de
l'oncle. Prix 3 fr. o c.
Histoire des Croisades, par M. Michaud , de l'Aca-
démie française ; tome 3. Un gros volume in-8o, orné
de cartes. Prix 7 fr. o c.
Les tomes i et a i4fr. oc.
Histoire de Christine, reine de Suède, avec un Précis
historique de la Suède depuis les anciens tems jusqu'à
la mort de Gustave-Adolphe-le-Grand , père de la
reine; par J. P. Catteau- Calleville , membre de
l'Académie royale des sciences de Stockholm , de
celle des belles- lettres , histoire et antiquités de la
même ville , etc. , auteur du Tableau de l»mer Bal-
tique , etc. Deux v. in-S» avec portrait. lo Ir. o c
Journée de l'homme des champs , ou Manuel des
cultivateurs ruraux , dans les principes d'Olivier de
Serres, de l'abbé Rozier, et de divers autres savans
agronomes , anciens et modernes, regnicoles et étran-
gers ; par P. L. Durouëdic, auteur delà Ruche
Pyramidale , des Feux Crépusculaires , etc. Un vol.
in-i2. Prix ï fr. 25 c.
Leçons élémentaires de Cosmographie, de Géographie
et de Statistique, à l'usage des jeunes personnes et
des maisons d'éducation. Par M. Graberg de Hemso.
Un volume in-i2. Prix. . . .- . . . . 2 fr. o c.
Le Guide des Epoux et des Epouses, ou des Moyens
d'être heureux en mariage dans toutes les classes de la
socle'te'; où l'on indique les causes qui produisent les
mauvaises unions, amènent e\ entretiennent la dis-
corde , le trouble et le desordre dans les ménages ; où
Ton pre'sente en même tems les moyens de bien as-
sortir les e'poux et les e'pouses; de les rendre fidèles;
de les pre'server et gue'iir de la jalousie , etc. , et de les
faii e jouir de la pnix et du bonheur dans le mariage.
Ouvrage utile non-seulement aux personnes nouvelle-
ment et anciennement marie'es, mais encore aux
veufs, A'^euves, et à tous les jeunes gens d'âf;;e à con-
tracter le mariage. Par M. Léopold, ancien avocat.
Un vol. in-i2. Prix i fr. 5o c.
Le Rideau levé , ou Coup-d'Œil général sur les prisons
de Paris, offrant un grand nombre d'anecdotes sur
les prisonniers de toutes classes qui y ont été détenus
depuis 20 ans. Un vol. in- i 2 , grav. Prix . 2 fr. o c.
Lettres de Ninon de Lenclos au marquis de Sévigné ;
Correspondance de cette femme célèbre avec Saint-
Evremont ef madanie de Maintenon ; Notes histo-
riques et explicatives sur chaque lettre, par M. G.
des H. ; Histoire de Ninon. Trois v. in-i8 , bien
imprimés, et ornés de trois jolis portraits de Ninon,
de Saint-Evremont et de Marion de Lorme. Prix 4 f
Lettres du comte de Chesterfield à son fds Philippe
Stanhope, envoyé extraordinaire à la cour de Dresde,
avec quchjues pièces diverses. Nouv. édit. Quatre v.
in-i2. Pj^x 10 fr. o c.
Manuel de Santé , ou Description alphabétique et rai-
sonnée des maladies les plus communes , et des di-
vers accidens auxquels on est exposé; suivie àe&
moyens les plus prompts, les plus sûrs, les plus fa-
ciles de les prévenir , ou d'y remédier avec succès ;
oiivrage où la médecine-pratique est mise à la por-
tée de tout le monde , et devient très-utile aux
pères de famille , aux mères qui nourrissent . aux
curés , aux cliefs des lycées , des maisons d'édu-,
cation , des comités de bienfaisance , aux voyageurs
et à tous ceux qui se consacrent au soulagement de
l'humanité. Un vol. in- 18, Prix 3 fr. o c.
m.
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